Quels sont les thèmes majeurs de la littérature du Moyen-Orient ?

Découvrez, dans ce tour d’horizon de la littérature moyen-orientale, leurs thèmes de prédilection, à savoir l’identité, la foi, l’exil, la politique et la place de la femme.

L’identité

La question de l’identité est celle qui passionne le plus les écrivains du Moyen-Orient si on en juge le nombre de livres consacrés à ce thème. Un intérêt qui se justifie par les nombreux bouleversements politiques, culturels et sociaux qui secouent cette région du monde. Pour ces auteurs, la question du "Qui sommes-nous" est alors une préoccupation majeure. Les auteurs explorent dans leurs écrits toutes les facettes de l’identité individuelle comme de l’identité collective : ethnique, tribale, nationale, religieuse ou encore linguistique. 

On retrouve tout particulièrement ce thème de l’identité et de la quête de soi dans la littérature palestinienne, comme chez un des poètes contemporains les plus lus et les plus traduits à travers le monde : Mahmoud Darwich. Mahmoud Darwich, palestinien, a vu son village être rasé par les forces sionistes, ce qui l’a contraint à fuir au Liban avec sa famille. Ses poèmes se font l’écho de ce déracinement, de son refus d’une assimilation forcée. Mêmes thèmes de l’identité chez les écrivains kurdes également, qui à travers leurs écrits évoquent souvent cette lutte pour la reconnaissance et la préservation de leur identité linguistique et culturelle.

La foi

La religion et plus largement tout ce qui se rapporte à la spiritualité au sens large imprègnent la littérature moyen-orientale. L’islam au même titre que le judaïsme ou encore le christianisme sont des terreaux d’inspiration fertiles pour les écrivains. La foi est envisagée sous deux angles différents en littérature. D’une part, la foi qui sauve, réconforte et guide face à l’adversité. D’autre part, la foi remise en question, sujet de doutes, de critiques, de questionnements, d’interprétations multiples. Des autrices comme Joumana Haddad, libanaise, illustrent dans leurs écrits la façon dont la foi peut être déconstruite ou réinterprétée.

L’exil et la nostalgie

L’histoire du Moyen-Orient est marquée par d’importants mouvements de population, d’exils volontaires ou contraints, de migrations forcées. Et la littérature moyen-orientale reflète tout naturellement cette dure réalité, se fait l’écho de ces millions de personnes obligées de tout abandonner pour fuir les persécutions politiques ou ethniques, les conflits et les difficultés économiques. À l’exil sont souvent associés le déracinement, la nostalgie pour la terre natale et ses traditions, l’impression de perte et d’arrachement. Les auteurs vont alors s’appliquer à évoquer les défis que représente l’adaptation à un nouveau cadre de vie, à une nouvelle culture, tout en restant très attachés à leur passé, à leurs racines. Des auteurs comme l’Anglo-Libyen Hisham Matar, dont le père est mort dans les geôles de Kadhafi, évoquent avec force ces expériences d’errance et de déracinement.

La politique et la résistance

La littérature moyen-orientale se révèle être la majorité du temps une littérature engagée. Elle se fait l’écho des réalités douloureuses et complexes de la région, dans laquelle censures, coups d’État, guerres civiles, régimes autoritaires et occupations des territoires marquent les esprits. Les écrivains deviennent alors les porte-paroles des populations opprimées, se servant de leurs écrits pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme, la corruption et les injustices de toutes sortes. 

Des auteurs, comme le turc Orhan Pamuk, donnent ainsi une voix aux victimes, préservent la mémoire des évènements et plaident en faveur d’un avenir meilleur. Orhan Pamuk a ainsi souvent dénoncé les dérives de son pays (absence de liberté d’expression, montée de l’islamisme), qu’il tient responsable du génocide arménien et des massacres kurdes.

La place de la femme

Au cours des dernières décennies, on a vu s’élever la voix des femmes en littérature moyen-orientale. Ces écrivaines ont particulièrement mis l’accent sur la place des femmes dans des sociétés le plus souvent régies par des traditions et lois patriarcales. Leurs œuvres insistent sur la complexité des rôles féminins, les défis qui sont les leurs face aux traditions ancestrales, au patriarcat, aux normes sociales et religieuses. Des écrits très souvent engagés, qui invitent à lutter pour l’autonomie et l’émancipation des femmes. Les autrices n’hésitent pas à aborder des sujets tabous en littérature moyen-orientale, comme la sexualité, le mariage forcé, les violences faites aux femmes dans la société comme au sein même de la famille. Ou encore la quête de liberté individuelle et d’expression. C’est le cas notamment de l’écrivaine, journaliste et poétesse libanaise Jocelyne Saab, fervente militante pour la défense du droit des femmes.