
Claude Roche
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Descriptif auteur
Claude Roche a 59 ans.
Ancien directeur du management de la R&D d'Orange Labs, il est actuellement titulaire de la chaire de management de l'innovation de l'ISEN (Institut Catholique de Lille),
Claude Roche a menée une double carrière d'enseignant et de consultant, mais avec un même fil conducteur : comprendre les enjeux de la dématérialisation de l'économie et les difficultés de la pensée économique à y faire face.
Son doctorat de philosophie - obtenu en 90 - est centré sur l'origine de ces difficultés qu'il voit dans la méconnaissance des fondements de la pensée économique classique ; et plus particulièrement de ses origines philosophiques. Le doctorat est publié en 91 sous le titre : "la connaissance et la loi dans la pensée économique libérale (classique)"
En 91 il devient consultant en management et va s'intéresser à la manière dont les praticiens d'entreprise font face à cette situation. Il pointera notamment la tension croissante entre le pilotage financier l'entreprise et les exigences d'efficacité du travail immatérielle : une tension particulièrement sensible dans l'innovation. "Connaissance capitale" fait le bilan de cette expérience.
Depuis 2010, il participe au projet de refonte des formations d'ingénieurs de l'ICL et anime un groupe de recherche sur le management des connaissances.
Durant cette période Claude Roche rédige et publie de nombreux articles sur l'ensemble de cette problématique
On en trouvera une présentation détaillée dans l'article mis en ligne ci-après : "remettre la pensée économique sur ses pieds"
Structure professionnelle : ISEN 41 Bd Vauban 59 800 Lille
Titre(s), Diplôme(s) : Docteur en philosophie Ingénieur ENPC
Fonction(s) actuelle(s) : Consultant
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LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Remettre la pensée économique sur ses pieds
"La justice et la vérité sont les fondements de la société" John Locke - considerations on money
Avec la crise financière, le procès de la science économique est désormais engagé. Et coupable cette science l'est à coup sûr, puisqu'elle n'a manifestement pas compris comment fonctionne le marché du capital, alors qu'il s'agit là de sa principale mission. Mais pourquoi donc ? Nous proposons quelques éléments de réponse
La monnaie est une institution
On le sait peu, et même si cela peut apparaître paradoxal, la science économique ne s'est jamais interrogée sur la nature de la monnaie. Une telle question serait même "une ânerie" selon J. Hicks. Il était donc prévisible que cette science s'aveugle à la première crise financière comme on l'explique dans l'article : "une métaphysique qui se présente comme science" (référencé ci-après)
Mais cet "oubli" ne tient pas du hasard. La monnaie est - comme le système financier - une réalité d'ordre institutionnel, elle ne se comprend pas en dehors du discours qui la fonde ; et l'institutionnalisme en Europe s'ancre dans la philosophie morale. Alors soyons clair : les économistes ont toujours refusé de prendre en compte cette philosophie, et c'est là l'origine de leur erreur. Une erreur qui se traduit par une double incompréhension
La science économique ignore jusqu'au sens de ses propres concepts
Tous les concepts économiques sont issus de l'économie politique (classique). Mais justement ce courant de pensée était à l'origine un projet institutionnel : son horizon était celui d'un système monétaire et financier à construire. Notre premier travail a donc été de reconstituer le sens de la théorie classique, un sens littéralement déconstruit par les économistes modernes.
L'oubli scandaleux de la pensée économique de LOCKE
Locke est le fondateur du libéralisme ; et pourtant l'économiste Locke est toujours méconnu. Dans ce paradoxe gît l'origine première des difficultés de la pensée moderne. Notre propos a été de comprendre en quoi et de réhabiliter cette pensée.
Dans "la connaissance et la loi, dans la pensée économique libérale (classique)" - L'harmattan, nous montrons comment s'est construite la démarche institutionnelle de Locke ; car Locke - c'est peu connu - est le théoricien des premières institutions financières modernes. Ce texte fait le lien entre le problème de la mesure du capital, posé par Locke, et sa théorie monétaire
L'article "Locke et la fondation de la pensée libérale" - référencé ci-après - est un point d'appui pour ce travail de réhabilitation : il décrit la structure conceptuelle d'un texte difficile en même temps qu'il répond aux interprétations assez "ésotériques" de Foucault, Schumpeter et même Blaug.
Mais on le sait, le libéralisme de Locke fait l'objet aujourd'hui d'une tentative de déconstruction radicale - sans doute facilitée par la lecture dogmatique que l'on a souvent fait de Locke. L'article "La mécompréhension moderne de Locke" - référencé ci-après est une réponse a cette tentative en même temps qu'une démonstration de l'unité des pensées économique et politique de Locke.
Or ce que dit l'économie politique est simple lorsqu'on la lit pour ce qu'elle est : pour elle le marché du capital est à la base de la cohérence économique, mais son enjeu est en priorité celui de l'équité des transactions. C'est donc pour garantir cette équité que les systèmes financiers modernes ont été constitués : précisément pour garantir valeur de la monnaie et objectivité de la mesure économique
L'économie de l'immatériel face au problème de la mesure
Que ce projet ait permis la richesse et la cohésion de nos sociétés modernes l'histoire l'a amplement prouvée. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Nous le savons : l'économie est aujourd'hui largement dématérialisée ; on parle même d'une économie de la connaissance. La question qui se pose est alors de savoir si les principes des classiques sont viables aujourd'hui.
Nous pensons qu'on touche là à la principale difficulté de notre économie moderne, et elle concerne abord le management des entreprise. Celui-ci en effet qui se voit traversé par une tension indépassable décrite dans "Connaissance capitale" - L'harmattan. D'un côté le pilotage financier lui impose l'adage selon qui "il n'est de réalité en entreprise que si elle est mesurable". Mais tel n'est pas l'avis de cette réalité, l'action étant de plus en plus dépendante des compétences, des connaissances et même des réseaux : bref l'intérêt à long terme de l'entreprise contre ses propres outils de pilotage
Pour ce que nous avons vu il s'agit là hélas de la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Le poids de l'idéologie financière est tel et au-delà l'oubli que ce problème de la mesure y compris est inhérent à notre économie se transforment aujourd'hui en logique mortifère : notre thèse est qu'on est là à l'origine des faiblesses des entreprises françaises, de ses difficultés d'innover et de sa désindustrialisation. Cf nos deux articles : la connaissance dans l'entreprise (à paraître) et (titre à venir)
Puisse le lecteur nous aider à mieux expliciter cette problématique, à prolonger notre interrogation pour aboutir à la vision économique alternative dont nous avons besoin.
Une métaphysique qui voulait se présenter comme science
On partira donc de l'échec de ce courant de pensée comme d'un fait acquis. Mais que faire de ce constat ? Faut-il chercher aujourd'hui une autre théorie pour l'économie, une autre construction de la science économique ? C'est un réflexe que l'on a déjà eu lors de périodes analogues : on a souvent cherché dans les apories de l'homo oeconomicus ou celles de l'équilibre économique le secret de ces erreurs récurrentes. Keynes, après tout est issu de tels débats.
Mais disons-le d'entrée, il s'agit là d'une impasse. Car lorsqu'on cherche à construire une autre science économique, on part forcément d'un présupposé implicite qui se trouve être le même que celui des auteurs que l'on critique : on suppose qu'une science économique est quand même possible. Autrement dit, car telle en est la définition, on pose par hypothèse qu'il est possible de construire une connaissance objective et surtout autonome de l'univers économique : autonome signifiant que l'on s'abstrait du champ de la philosophie politique et morale (rigoureusement parlant : l'on proscrit tout jugement moral ou normatif). Keynes disait souvent " en ce qui me concerne je suis un amoraliste"
Or c'est justement ce dernier point - cette indépendance proclamée du savoir économique - qui doit être aujourd'hui remise en question. Elle le sera d'ailleurs de façon inexorable puisque la crise actuelle touche au rapport intime qu'entretient la monnaie et l'univers marchand qu'elle est censée servir : et comme on le verra ce rapport est politique avant que d'être économique. La question soulevée par la crise n'est donc pas de contester telle ou telle hypothèse, de rejouer en quelque sorte la guerre des keynésiens et des monétaristes, mais elle est celle de la légitimité de cette science économique : id est sa finalité et les principes de sa méthodologie et au-delà les modes de connaissance économiques qu'elle nous a caché
C'est ce que nous nous proposons de faire dans ces quelques articles, pour arriver à cette double conclusion qu'il convient bien de re-définir les règles institutionnelles concernant la monnaie et notamment d'y condamner la spéculation. Mais nous ajouterons que ce n'est pas la fonction de réserve de valeur qu'il faut mettre en question mais sa fonction de mesure (nous donnerons quelques indications en ce sens)
Il faudra cependant du temps pour arriver à cette conclusion, et surtout de la rigueur dans l'argumentation : car il n'est pas courant, y compris sur ce blog, de contester la démarche scientifique pour aborder une réalité sociale. Et pour tout dire, le risque de la subjectivité en devient permanent. Pour éviter ces travers je vais m'appuyer sur le texte de référence sur la question de la science : les prolégomènes de Kant (les prolégomènes sont écrit après la critique de la raison pure à la fois comme commentaire et comme généralisation)
Un texte étrangement prémonitoire d'ailleurs, et jusque dans son titre, puisque Kant va l'introduire ainsi " or ce n'est pas une chose si inouïe qu'après avoir longuement travaillé à une science quelqu'un s'avise de la question suivante : à savoir si de manière générale une telle science est possible et par quels moyens " [Kant - prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science - la pléiade ] Et telle est bien notre situation que d'avoir à nous interroger - 150 après sa création - sur ce qui fonde in fine la légitimité de la science économique
Le marché réel et le marché en tant qu'objet de la science économique
La position de Kant repose sur trois idées dont nous n'énonçons ici que les deux premières
" Il n'est de science que mathématique " : cela veut dire que la science ne peut prétendre à la valeur universelle que sous la forme d'un calcul rationnel ; c'est la base de l'objectivité
Mais cette mathématique " n'atteint pas le réel en lui-même ", cela signifierait que ce réel serait lui-même mathématique. En fait la démarche de la science procède toujours par une définition préalable de son objet pour le rendre accessible à son savoir mathématique pour le " mesurer ".
Il s'agit là de la thèse centrale du kantisme, mais aussi, hélàs, de la plus difficile à comprendre pour un scientifique : car Kant dit précisément que la science peut décrire la réalité - Kant est un admirateur de Newton - mais sans prétendre à en atteindre la nature intime " la chose en soi " : elle procède pour lui par une re-construction préalable, et c'est cette reconstruction dont elle va faire son objet : lequel objet devient alors l'objet de la connaissance. Il faut donc distinguer dès qu'on parle de science entre le réel et l'objet que l'on connaît.
Précisons toutefois : car en disant cela Kant ne soutient pas que l'objet connu puisse être totalement abstrait de la réalité, qu'il soit un pur construit comme le soutient un fort courant moderne (et dont certains économistes ont cherché à bénéficier de l'écho). Pour parler comme le pragmatisme américain : il ne prétend pas que le réel serait la somme des jugements scientifiques à son endroit. Au contraire : la science est connaissance expérimentale et c'est bien du réel qu'elle tire l'essentiel de ses informations, un rapport au réel qui demeure et s'opposera à toute subjectivité. Mais la science accède à ces informations selon des règles précises, lesquelles justement modifient ce réel pour le rendre accessible à notre connaissance " L'entendement ne puise pas ses lois dans la nature, il les lui prescrit " En d'autres termes, ce sont les caractéristiques formelles de notre connaître qui vont façonner le réel que nous pourrons ensuite connaître (mesurer). D'où la célèbre formule : " les conditions de possibilité de l'expérience sont les conditions de possibilité de l'objet de l'expérience". [kant - critique de la raison pure]
Evidemment ce mode de connaissance exige des conditions en retour, notamment sur le type de mathématiques que l'on peut déployer. Et disons-le d'entrée c'est ce point que vont totalement manquer les historiens de la pensée économique moderne (cf article à venir). Mais arrêtons-nous là pour le moment car on peut voir, rien qu'avec cette formule - où git la crise de la science économique.
Le marché, la monnaie et le concept scientifique de monnaie
En effet s'il existe une notion indiscutable en matière économique c'est bien celle qui décrit son OBJET, c'est-à-dire la réalité qu'elle cherche à connaître. Cette réalité c'est ce qu'on appelle " le marché " et elle désigne un phénomène précis : l'interdépendance des transactions, le fait qu'une action sur l'intérêt à Paris, est liée à une vente de marchandises à Francfort ou un investissement à Stockholm. Ce phénomène semble évident pour nous modernes, car il ne tient qu'au seul " fait " de la monnaie, c'est-à-dire à la généralisation de la médiation monétaire (disons pour aller vite ici : à partir des XVI, XVIIème siècle). Et l'on soupçonne aisément pourquoi la science économique a pu se croire fondée de prendre ce marché pour OBJET : car c'est bien en langage mathématique que la monnaie effectue cette liaison, et la démarche scientifique s'en trouve presque d'entrée légitimée. Depuis cette époque donc, lorsqu'on parle de marché, c'est cette réalité monétisée que l'on désigne et lorsqu'on parle de science économique c'est la structure des valeurs lisibles dans cet ensemble que l'on cherche à expliquer.
Cela on pourra tous l'accepter. Mais si l'on suit Kant, alors on se rendra compte que la science ne décrit pas directement ce phénomène de marché, même si le plus souvent elle en a l'illusion. Ce qu'elle décrit en fait c'est une réalité de marché " formatée " et formatée à partir de ses propres outils connaissance : c'est-à-dire en clair de ses propres outils de mesure des valeurs, qu'elle va ensuite lire sur le marché. Ainsi cette proposition banale qui dit qu'un surcroit de consommation entraine un surcroit d'investissement (dC dI) : on cherche bien ici à décrire des faits réels exprimés en vraie monnaie. Mais en réalité on parle de deux concepts statistiques (C et I) exprimés non pas en monnaie réelle, mais dans une même unité logique : le concept de monnaie que s'est choisi la science. Et c'est sous ce concept qu'elle va ranger les mesures, qui de consommation et qui d'investissement.
La science le reconnaît d'ailleurs lorsqu'elle dit qu'elle raisonne " en valeur " [Hicks, valeur et capital] : cela ne veut pas dire qu'elle raisonne en monnaie, même si parfois elle parle de " dollars ", mais cela signifie qu'elle mobilise d'entrée un concept de monnaie, et qu'elle range toutes ses observations dans cet univers quantifié. Et Hicks est sur ce point fondateur de la science économique moderne. Il y a donc deux réalités convoquées par la science économique
Un marché réel, avec une monnaie réelle,
Et une représentation de ce marché, construite à partir d'un concept préalable de monnaie.
La crise de la science économique est celle de son concept de monnaie
Evidemment cette dualité soulève la question du sens de ce concept de monnaie, puisqu'on le voit, c'est lui qui détermine toute la construction postérieure de la science économique. Mais il s'agit d'une question aisée à décider si on remarque la contrainte épistémologique qui pèse sur cette " monnaie " : celle de répondre des exigences logiques des propositions mathématiques de la science. Ce qui veut dire que la monnaie sera définie par sa fonction : money is what money does (Hicks) et possèdera cette caractéristique essentielle d'être une réalité homogène et quantifiable (in fine elle n'apparaîtra que sous la forme d'une quantité unidimensionnelle).
Et c'est ce dernier point qui nous amène à notre conclusion : car nous le savons ici, ce concept de monnaie a peu de choses à voir avec la réalité. PJ l'a amplement démontré et l'on se contentera ici de renvoyer à son " argent mode d'emploi " : la monnaie d'aujourd'hui est un ensemble disparate formé d'argent - qui est un gage réel, auquel se rajoutent des créances de tous types plus ou moins solide etc.. Sur le plan mathématique qui nous intéresse ici, c'est-à-dire sur le plan de sa fonction de mesure des valeurs, c'est donc un ensemble foncièrement hétérogène.
Dire avec la science que la monnaie est homogène est donc prendre le risque de s'illusionner, c'est-à-dire de construire un univers conceptuel non seulement différent - il l'est par définition - mais divergent de la réalité. C'est donc bien prendre ce risque d'illégitimité que nous pointions au début de cet article.
Il est logique que la crise éclate maintenant
Mais on peut aller plus loin maintenant et comprendre pourquoi de telles questions se posent seulement maintenant.
Car si concept de monnaie et monnaie réelle divergent sur le fond, les différences peuvent être faibles en pratique ; et ne l'oublions pas la science n'a jamais prétendu aller bien au-delà d'une certaine approximation.
Tant donc que la monnaie restera raisonnablement stable, la science aura alors des chances de prévoir le réel de façon suffisante et honnêtement parlant, tel a été le cas et sur de longues décennies depuis la naissance de la science. Le XXème siècle l'a donc vue se déployer et Samuelson n'était pas infondé lorsqu'il la qualifiait " de reine des sciences humaines "
Mais aujourd'hui le roi est nu : car non seulement la monnaie de la science diverge de la monnaie réelle, et notamment ignore les effets de l'hétérogénéité de la monnaie réelle, mais la science est incapable par construction de s'en apercevoir : puisque cette monnaie est à la base de toute sa conceptualisation.
Ainsi cette fameuse théorie des anticipations rationnelles base logique de l'idée " d'efficience des marchés " : tant que les acteurs ont fait comme si la monnaie en leur possession était "homogène " -i.e : tant que les risques d'insolvabilité étaient connaissables - la théorie a pu " marcher " et démontrer montrant (la prétendue) inutilité d'une banque centrale prévisible ; mais que le doute pénètre les esprits et les acteurs réels se détourneront des calculs pour se positionner par rapport à leur monnaie réelle : c'est-à-dire aux risques d'insolvabilité qu'elle porte. Bref, ils se transformeront en des spéculateurs imprévisibles. Mais il ne s'agit que d'un exemple. Car il en est de tous les concepts macroéconomiques comme de cette théorie : s'ils ne perdent pas toute réalité comptable, ils perdent leur capacité explicative ? Et n'est-ce pas là l'enjeu de la science économique ?
Nous sommes donc aujourd'hui face à une crise ouverte de la science économique avec tout ce que cela comporte comme délégitimation des savoirs des experts mais aussi comme risque de démagogie. Aussi importe-t-il d'en mesurer toute la portée, ce que nous ferons dans les prochains articles en montrant la dimension institutionnelle de ce fameux marché
Car bien évidemment tout n'est pas à jeter dans la connaissance que nous avons du monde économique. Et la notion de marché conserve un certain sens (on verra en quoi ci-après). Mais ce qui change désormais c'est la démarche que nous allons prendra laquelle n'aura plus de raison d'exclure la philosophie politique et morale..
Signature :
Claude Roche
Nota : dans cet article nous avons pris le terme générique de science pour désigner la science telle qu'elle se présente aujourd'hui tous courants confondus car ils mobilisent la même "monnaie". Une telle approche mérite doit être complétée par la genèse de ce courant de pensée, en montrant en quelque sorte "comment on en est arrivé là".
LOCKE et la fondation de la pensée économique libérale (classique)
" Le grand Locke, dans sa controverse avec Petty fut le premier à défendre la théorie de la double valeur de la monnaie " J. M. Keynes
Signature :
Claude Roche
Bibliographie
ANDREADES André - Histoire de la Banque d'ANGLETERRE - Paris - Arthur ROUSSEAU - 1904
BLAUG Mark - La pensée économique : origine et développement - Paris - ECONOMICA - 1981
BÖHM-BAWERK Eugen von - Histoire critique des théories de l'intérêt du capital - Tome premier - Paris - GIARD et BRIERE - 1902
FOUCAULT Michel - Les Mots et les Choses, une archéologie des sciences humaines - Paris - Gallimard - 1966 -
HAYEK Friedrich von - Denationalisation of money - Londres - Institue of Economic affairs - 1967
HEIDEGGER Martin - Qu'est-ce qu'une chose ? - Paris - NRF Gallimard - 1971
HEKSCHER Eli F. - Mercantilism - London- Allen and Unwinn - 1955
HICKS John R. - Lectures on money - in Collected essays in economic theory - Vol 2 : money, interest, and wages - Oxford -Blackwell - 1982
KANT Emmanuel - Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science - In : Oeuvres Philosophiques - -la Pléiade NRF - 1985
LOCKE John - Some considerations of the consequences of the lowering of interest, and raising the value of money; in a letter sent to a member of parliament - (1691) - 129 pages - in Works of John LOCKE - Deuxième tome - 1768
LOCKE John - Traité de Gouvernement civil - Paris - GF Flammarion 1984 - 403 pages
LOCKE John - Essai Philosophique concernant l'entendement humain - Paris - VRIN - 1973
MARX Karl - Critique de l'économie politique - 176 pages - In MARX - Oeuvres Economie -Paris - la Pléiade NRF 1977
NEWTON Isaac - Principia mathematica - Traduction Marie-Françoise BIARNAIS - Paris - Collection Epistémé Christian Bourgois - 1985 - 296 pages
PETTY William - Traité des taxes et contributions - Verbum Sapienti - Quantulumcumque oncerning money - in Oeuvres économiques - Paris - Giard et Brière - 1906
RICARDO David - Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Champs Flammarion - 1977
RICARDO - Projet d'établissement d'une Banque Nationale -(1824) - in ANDREADES - Histoire de la Banque d'ANGLETERRE
SMITH Adam - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations - Paris - NRF Idées Gallimard 1976 - 433 pages
Notes :
1 : Nous reprenons ici la définition de Blaug et, au-delà, de toute la tradition de l'économie politique.
2 : W. Petty. Traité des taxes p 48
3 : W. Petty. Quantulumcunque p 484
4 : J. Locke - Some considerations upon lowering the interest and raising the value of money. Le texte n'est que partiellement traduit. Nous suivrons cette traduction, et suivrons l'original pour le reste. La pagination est celle de l'édition Mc Leod.
5 : E. Hekscher - Mercantilism - p 203 - t II
6 : L'argument de Smith est que le déficit d'or provoqué par l'achat de biens d'équipements peut être compensé, car " les billets circulant des banques [privées c.r.] sont l'espèce... qui paraît la plus propre à remplacer un instrument de circulation... extrêmement dispendieux - l'or - par un autre qui coûte infiniment moins " [La richesse des nations, pp150,151].
7 : Nous utilisons le terme " classique " dans ce paragraphe consacré à la dimension théorique de la pensée libérale qui donnera l'économie politique classique.
8 : Vent signifie " flux d'échange sur un bien ", ce qui lui confère la forme du rapport d'un flux à un stock : " vent is the then passing from one owner to another in exchange ". On notera la similitude avec la définition de la densité chez Newton.
9 : J. Schumpeter - Histoire de l'analyse économique - p457 - TI
10 : Conversation personnelle avec F Perroux.
11 : Le lecteur notera que nous continuons à suivre la logique du texte de Locke. Notre 2 ème paragraphe s'est appuyé sur l'insert théorique de 25 points. Le passage auquel nous allons faire référence, bien qu'inséré en début de texte, a été rajouté - signe que le débat public se portait sur l'essentiel - près de dix ans après la rédaction du coeur du texte
12 : Dans une première approche on peut s'appuyer ici sur la distinction de Searle entre règles normatives et règles constitutives. Les premières régulent des comportements; les secondes créent ces comportements qui reposent sur elles. Mais la vraie différence se joue au niveau de l'esprit du droit naturel. Cf J de Munck - L'institution selon Searle
13 : J Locke - Deuxième Traité de Governement civil - p 198/199
14 : J Schumpeter - Histoire de l'analyse économique
15 : Qui correspondait à une réévaluation de près de 50 % !
16 : Ainsi cette formule en conclusion du livre I :" toute proposition d'une loi nouvelle qui vient de la part de la classe industrielle doit toujours être reçue avec la plus grande méfiance " p 123
17 : Blaug -Histoire de la pensée économique - p7
18 : Schumpeter - Histoire de l'analyse économique - p 459
19 : Foucault - Les mots et les choses - p13
20 : Foucault emploie le terme de transcendantal externe pour signifier l'immédiateté de l'élaboration du concept (vide de catégorie monétaire) cf ci-après
21 : L'histoire des idées pour Foucault aurait négligé l'impact de Leibniz " le modèle leibnizien se trouve au couer de la pensée classique " p 71
22 :
LA MECOMPREHENSION MODERNE DE LOCKE
"Le grand LOCKE, dans sa controverse avec PETTY, fut peut-être le premier qui ait exprimé en termes abstraits le rapport existant entre le taux d'intérêt et la quantité de monnaie".
(KEYNES - La théorie générale)
1 : J Locke : Deuxième Traité de Gouvernement Civil, TGC.
2 : P Manent : Dix leçons sur le libéralisme, p97
3 : J Locke : Some considerations upon lowering the interest of money and raising the value of money, SC & J Locke : Further considerations on the value of money, FC
4 : Q Skinner : Meaning and context, p78 (à vérifier)
5 : Q Skinner : conférence à la bibliothèque nationale
6 : Locke : Essai philosophique sur l'entendement humain- III 11 16 (à vérifier)
7 : J Dunn : La pensée politique de John Locke, PPL- p 126
8 : P Laslett : Préface au deuxième traité de gouvernement civil, PDT - p 85 (à vérifier)
9 : J Locke, notes manuscrites, citées par Dunn, PPL p221
10 : Keynes, cité par E Hekscher "mercantilism"
11 : Le texte des premières "Considerations" n'étant que partiellement traduit en français, nous citerons en français cette partie traduite, sous la même abréviation, SC.
12 : J Tully : Locke, droit naturel et propriété, DNP - p137
13 : Locke se contente en fait de renvoyer aux sociétés réelles, connues de ses lecteurs, où la loi civiles garantit les propriétés acquises selon les règles de la nature.
14 : R Ashcraft : La politique révolutionnaire de Locke, PRL- p586 à vérifier
15 : W Paterson, cité par A Andréadès : Histoire de la Banque d'Angleterre, HBA -p84
16 : Pour le premier board of trade convoqué par Shaftesbury - 1672 cf Ashcraft- PRL-pp
17 : Cf sur ce point très controversé : C Roche - "la connaissance et la loi dans la pensée économique libérale (classique) - L'Harmattnt 92
Notes :
Bibliographie légère :
P Manent - 1987 - Histoire intellectuelle du libéralisme, Paris, Calmann Levy
J Dunn - La pensée politique de J Locke : une présentation historique fe la thèse exposée dans les deux Traités de Gouvernement - Trad JF Baillon - PUF 91 - Paris
J G Pocock - vertu commerce et histoire : essai sur la pensée et l'histoire politique du XVIIIème - Trad H. Aji PUF 98
R Ahcraft - la politique révolutionnaire de Locke et les deix "Traités de gouvernement civil" 95 PUF ? trad JF Baillon. PUF
J Locke : two treatises critical edition by P Laslett Cambridge University press 60
J Tully - 1992 - Locke, Droit Naturel et Propriété, Paris, PUF, Trad : C Hurtner
J Locke - Some considerations upon lowering the interest of money and raising the value of money, further considerations on the value of money, in.. J Locke - 1796 - several papers relating to money, interest and trade,- London Churchill
& Quelques réflexions sur les conséquences de l'abaissement de l'intérêt et de l'élévation de la valeur de la monnaie. Dans une lettre envoyée à un membre du parlement, 1691 ; traduction de P Taieb.
A Andreades -1901 - Essai sur la fondation et l'histoire de la Banque d'Angleterre (1694-1844). Paris Rousseau 1901
Q Skinner -1988 - Meaning and context : Q Skinner and its critics - edited by J Tully, Cambridge, Cambridge : polity press
Hekscher Eli - Mercantilism - Translation M. SHAPIRO - Deuxième tome - London- Allen and Unwinn - 1955 - 367 pages
J M Keynes - la théorie générale de la monnaie de l'emploi et de l'intérêt - traduction J. de LARGENTAYE - Paris - PAYOT - 1982 - 382 pages