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Dieudonné Brou Koffi

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LES ARTICLES DE L'AUTEUR

1. "La coopération Afrique-Occident au crible de la discographie de Tiken Jah Fakoly" in Le paradigme'Afrique-Occident' dans une dynamique de globalisation (Dir. N'guessan Kouadio Germain), Abidjan, Inidaf, 2017, pp. 378-393. <em></em> <em></em>

Citation :
Le reggae est une musique de contestation et de dénonciation de la domination.



LA COOPÉRATION AFRIQUE-OCCIDENT AU CRIBLE DE LA DISCOGRAPHIE DE TIKEN JAH FAKOLY

Dr. Brou Dieudonné KOFFI
Université Alassane Ouattara
koffibroudieudonne@gmail.com

Résumé
Le reggae est une musique de contestation et de dénonciation de la domination. Depuis sa naissance dans les années 70 en Jamaïque jusqu'à son enracinement dans l'Afrique actuelle, il s'insurge contre l'exploitation de certains peuples par d'autres. L'esclavage, la colonisation, le travail forcé et le néocolonialisme sont ainsi des thèmes caractéristiques de cette musique très politiquement engagée. Tiken Jah Fakoly, reggaeman ivoirien, ne se dérobe pas à cette mission contestataire du reggae. Il est indubitablement la voix africaine la plus engagée contre l'esclavage, la colonisation, la coopération et la mondialisation qui représentent à ses yeux des paradigmes qui expriment la perpétuation de la mainmise de l'Occident sur l'Afrique (Françafrique et Y'en a marre, 2002 ; L'Afrique doit du fric, 2004 ; Pauvre et riche, 2014, etc.). C'est justement cette indignation de Tiken Jah face à la domination de l'Afrique par l'Occident que ce texte vise à analyser. Il s'agit précisément de scruter, à travers la discographie de cette figure de proue du reggae en Afrique, la représentation artistique de la coopération entre l'Afrique et l'Occident. Pour ce faire la problématique suivante s'avère nécessaire : Quelles critiques la discographie de Tiken Jah, et par ricochet l'art, adresse-t-elle à la coopération entre l'Afrique et l'Occident ? En quoi ces critiques sont-elles fondées ? Quelles pourraient être les implications de ces critiques ? La réponse à de telles questions exige un recours aux différents albums de l'artiste, à des ouvrages relatifs à la politique africaine et à l'actualité sociopolitique du continent africain.

Mots-clés : Babylone, colonisation, contestation, coopération, engagement politique, esclavage, mondialisation, Occident, reggae.


Abstract
Reggae is a music of protest and denunciation of domination. Since its birth in the 1970s in Jamaica until its roots in present-day Africa, it rebels against the exploitation of certain peoples by others. Slavery, colonization, forced labor and neo-colonialism are thus characteristic themes of this very politically committed music. Tiken Jah Fakoly, an Ivorian reggaeman, does not shirk this reggae protest mission. He is undoubtedly the African voice most committed to slavery, colonization, cooperation and globalization, which in his view represent paradigms that express the perpetuation of the domination of Africa by the West (Francafrique and Y'en a marre, 2002; L'Afrique doit du fric, 2004, Pauvre et riche, 2014, etc.). It is precisely this indignation of Tiken Jah faced with the domination of Africa by the West that this text aims to analyze. It is precisely to scrutinize, through the discography of this figurehead of reggae in Africa, the artistic representation of the cooperation between Africa and the West. In order to do this, the following problematic is necessary: What criticisms does Tiken Jah's discography, and indirectly art, address to cooperation between Africa and the West? How are these criticisms based? What might be the implications of these criticisms? The answer to such questions requires the artist's various albums, books on African politics and the current socio-political situation on the African continent.

Keywords: Babylon, colonization, contestation, cooperation, political commitment, slavery, globalization, west, reggae.


Introduction

La politique africaine est indéniablement influencée depuis l'aube des indépendances par des puissances occidentales. Dépassant les limites d'une simple coopération avec l'Afrique, des États occidentaux exercent une influence sur la gestion publique des pays africains. Ils participent visiblement et activement à la politique africaine. Ils décident toujours pour l'Afrique indépendante et présupposée souveraine. Les élections faramineuses et leurs cortèges de crises postélectorales ou de rébellions armées sont gérés et supervisés essentiellement par les puissances occidentales. La validation et la crédibilité des élections africaines censées décider des dirigeants du continent dépendent essentiellement d'elles.
Très impliquées dans le jeu politique en Afrique, il est évident que les puissances occidentales soient responsables de la situation cataleptique du continent africain déterminé par des crises sanitaires, militaires, alimentaires, etc. La France et l'Angleterre, ainsi que leurs alliés européens et américains ont une bonne part de responsabilité dans le sous-développement de l'Afrique. Plusieurs intellectuels africains dénoncent ouvertement l'imputabilité de l'Occident. Des penseurs comme Kwame Nkrumah et Franklin Tavares, parmi tant d'autres, s'insurgent contre la politique occidentale en Afrique et appellent à la décolonisation effective du continent africain. Pour le penseur ghanéen, les guerres fratricides qui empêchent l'unité africaine est l'œuvre des pays occidentaux dont leur devise est: "diviser pour régner" (K. Nkrumah, 1994, p. 78). L'écrivain capverdien, Tavares, accuse particulièrement les multinationales occidentales qui, paradoxalement, prospèrent en Afrique en dépit des crises. Pour lui, ce sont les multinationales occidentales qui financent essentiellement les rébellions. C'est pourquoi l'Afrique devrait leur intenter un procès devant les juridictions internationales adéquates : "les Africains doivent traduire les multinationales devant la Cour Pénale Internationale" (P. F. Tavares, 2005 : p. 97). Ainsi, même si l'on doit admettre que "l'Afrique [est en partie] malade de ses fils d'aujourd'hui" (E. K. Tigori, 2005, p. 81), la responsabilité occidentale dans les crises de l'Afrique indépendante mérite d'être dénoncée. C'est justement ce que font les musiques politiquement engagées, "c'est-à-dire destinées à dénoncer les déviations sociopolitiques" (B. D. Koffi, 2017, Bayeux, p. 88).
Emboîtant le pas aux intellectuels et dirigeants africains qui estiment qu' "aujourd'hui, notre plus grande tâche est la libération finale de ces Africains encore dominés par l'exploitation et sous le contrôle de puissances étrangères" (Hailé SELASSIÉ, extrait de son discours du 25 mai 1963 à Addis-Abeba), ces musiques décryptent la politique africaine et fulminent contre les Occidentaux. Si le Rap politique avec des artistes comme le Tunisien El Général et le Burkinabé Smockey a engendré l'hymne de plusieurs mouvements populaires de la société civile en Afrique, le reggae, "reconnu comme une musique de combat" (B. D. Koffi, 2015, Cotonou, p. 224) est de loin la plus engagée à la fois contre les déprédations des dirigeants africains et le néocolonialisme.
Depuis Bob Marley et d'autres pionniers comme Peter Tosh, Burning Spear, Jimmy Cliff, Joseph Hill, cette musique d'origine jamaïcaine très présente sur la scène africaine se veut fondamentalement une arme contre Babylone, c'est-à-dire "toute la société oppressive occidentale" (B. Blum, 2000, p. 107). Alpha Blondy, la figure emblématique du reggae africain suivant la voie tracée par ces précurseurs jamaïcains s'attaque particulièrement à l'"armée française" (A. Blondy, Armée française, 1998), le symbole de la domination politico-militaire de la France, ex-colonisatrice de la plupart des pays africains. Il ordonne à cette armée étrangère qui s'immisce dans la gestion des affaires publiques dans les pays africains de se retirer pour que les Africains puissent jouir véritablement de leur indépendance politico-militaire. D'autres reggaemen africains comme le Sud-Africain Lucky Dube, le Guinéen Takana Zion, les Burkinabés Sams'K Le Jah et Jah Verity, les Ivoiriens Tangara Speed Goda, Jim Kamson et bien d'autres encore dénoncent plus ou moins la domination de l'Afrique postcoloniale par l'Occident. Toutefois Tiken Jah Fakoly le poil à gratter des dirigeants africains dont "les plus politiques et révolutionnaires de ses chansons sont consignées dans quatre albums, à savoir Le Caméléon (2000) ; Françafrique (2002) ; Coup de gueule (2004) et African revolution (2010).... (B.D. Koffi, 2017, Sarrebruck, p. 27) s'impose comme le plus directement et durement engagé contre l'Occident.
C'est cet engagement politique de Tiken Jah Fakoly que ce texte vise à approfondir pour mieux scruter l'impact de l'Occident dans la politique africaine. Il s'agit ainsi de répondre à des questions suivantes : En quoi la musique engagée constitue-t-elle une nouvelle forme de participation politique de la société civile en Afrique ? Comment Tiken Jah Fakoly dévoile-t-il la participation politique de l'Occident en Afrique ? Toutes ces questions ramènent à une plus englobante : Quelle est la représentation artistique de la participation politique dans l'Afrique postcoloniale ?

I. La musique engagée, un moyen de participation politique dans l'Afrique multipartite

À l'instar de l'art, de l'économie, de la médecine, et de bien d'autres champs d'action aux buts spécifiques et aux exigences intrinsèques, la politique est une activité. C'est même l'activité qui semble coordonner toutes les autres. Elle nécessite de ce fait des spécialistes, des experts, c'est-à-dire ceux qui sont formés et disposés à l'exercer. Ces derniers sont des hommes politiques, c'est-à-dire des agents sociaux dotés de dispositions particulières leur permettant d'exercer une influence sur les collectivités. Julien Freund, l'auteur de Qu'est-ce que la politique, consolide bien l'idée qui fait de la politique un travail aux missions propres. Pour lui, "elle est alors l'activité sociale qui se propose d'assurer par la force, généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde intérieure d'une unité politique particulière en garantissant l'ordre au milieu de luttes qui naissent de la diversité et de la divergence des opinions et des intérêts" (J. Freund, 1967, p. 177). Par ces propos, le socio-philosophe français indique que la politique est le domaine de la gestion des divergences en vue de la concorde et de l'harmonie sociale.
Si le politique apparaît d'ores et déjà comme le spécialiste de cette activité architectonique qu'est la politique, force est de reconnaître que tout le monde peut y participer, plus ou moins. La participation politique n'est donc pas l'apanage des technocrates, des politiciens. La société civile peut également s'engager politiquement en fonction des actions et des pratiques politiques. Dans l'Afrique multipartite, la participation politique de la branche musicale de la société civile s'impose de plus en plus.
Le Zouglou, le rap politique et le reggae apparaissent de loin comme les trois genres musicaux qui fournissent à l'Afrique ces artistes les plus politiquement engagés. Né dans les années 1990 sur le campus universitaire d'Abidjan et propagé dans les cités estudiantines, le Zouglou se présente fondamentalement comme une musique de dénonciation des tares de la société et des dérapages politiques. Il décrit les conditions de vie pénibles des populations et adresse sarcastiquement des coups de gueule aux politiques qui portent atteinte aux principes de la démocratie et aux droits fondamentaux de leurs concitoyens. Même si aujourd'hui ce genre musical qui caractérise culturellement et artistiquement la Côte d'Ivoire s'est beaucoup métamorphosé, l'essentiel demeure. Pour preuve, en pleine rébellion ivoirienne, des artistes Zouglou n'ont pas hésité, individuellement ou à travers des collectifs, à appeler à la résistance contre la France qu'ils considéraient comme la branche occidentale de ce soulèvement contre le pouvoir de Laurent Gbagbo. Le groupe Espoir 2000, Yodé, Bagnon et Vieux gazeur, des stars nationales de cette musique de résistance ont composé ainsi David contre Goliath non seulement pour dévoiler la responsabilité de l'Occident dans la crise ivoirienne, mais surtout pour exhorter le peuple ivoirien à la résistance : "l'ennemi…petit à petit s'est dévoilé…résistons car on n'a qu'un seul pays". Cette chanson constitue également un appel au respect de la souveraineté des pays africains, notamment de la Côte d'Ivoire "l'ONU, c'est pour vous…Mais la Côte d'Ivoire, c'est pour nous" (Espoir 2000 et al, 2004, David contre Goliath). La participation politique des artistes du zouglou ressort également à travers d'autres titres engagés comme : Libérez mon pays, Chant pour Gbagbo, etc.
Né aux États-Unis dans les années 1990, le rap politique est une branche du rap qui se distingue par son souci de conscientiser, d'éduquer et surtout de critiquer la mauvaise gouvernance et toutes les autres formes de la gestion antidémocratique. Cette forme contestataire du rap s'est enracinée dans l'Afrique d'aujourd'hui avec des artistes plus ou moins connus comme l'Ivoirien Billy Billy, un critique et persifleur patenté de la Refondation et du Changement. Cet artiste qui vraisemblablement se retrouve en exil pour son engagement politique est auteur des titres bien célèbres en Côte d'Ivoire comme Bété a réussi (2010); Dioula a pris coupe (2013 ; Lettre au président (2013). Le premier titre dénonce la mégalomanie des politiciens ivoiriens sous le pouvoir de Gbagbo tandis que les deux derniers décryptent le régime Ouattara.
Ancêtre du rap, le reggae est le plus politiquement engagé de toutes ces musiques contestataires. Depuis sa naissance à la fin des années 1960 en Jamaïque, le reggae combat toutes les formes d'injustices et se propose comme la voix de tous les peuples asservis et exploités. De ce fait, les artistes de reggae appellent à des gestions plus justes dans l'intérêt des gouvernés, qui malheureusement sont incessamment victimes de la mauvaise gouvernance de leurs élus. Même si la Côte d'Ivoire s'impose comme le premier pays de reggae en Afrique avec ses icônes Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, et d'autres stars nationales comme Ismaël Isaac, Fadal Day, Jim Kamson, Kajeem, cette musique de combat politique se retrouve dans toute la partie subsaharienne du continent africain. Du reste de l'Afrique de l'Ouest à la Corne de l'Afrique, jusqu'à l'Afrique australe, l'Afrique dénombre divers reggaemen qui contestent sans cesse la mauvaise gestion de leurs États. C'est cet enracinement du reggae en Afrique qui est exprimé de la manière suivante : "le reggae est devenu aujourd'hui une musique africaine. En dehors de la Côte d'Ivoire, de nombreux artistes se sont révélés dans d'autres pays. En guise d'exemple, il y a le célèbre Lucky Dube d'Afrique du Sud ; Jah Lude d'Éthiopie ; Jah Verity et Sana Bob du Burkina Faso ; Takana Zion de la Guinée, etc." (B. D. Koffi, 2017, Sarrebruck, p. 83).
Tous ces trois genres de musique ont ainsi en commun l'engagement contre la mauvaise gestion des ressources africaines. Elles sont prisées par les populations parce qu'elles font leurs combats politiques. Ces combats politiques à l'ère de l'Afrique postcoloniale multipartite visent essentiellement à instaurer une Afrique véritablement démocratique. Ils visent donc des changements politiques dans la plupart des pays africains caractérisés par des élections truquées, des tripatouillages des textes constitutionnels et le culte du tribalisme.
L'impact de l'engagement politique des artistes africains sur le changement politique est palpable. L'insurrection populaire d'octobre 2014 au Burkina Faso, qui s'est soldée par l'éviction de Blaise Compaoré du pouvoir est, pour une bonne part, l'œuvre des artistes politiquement engagés comme Sams'k le Jah et Smockey. L'on pourrait les considérer justement comme la branche musicale du mouvement social Balai Citoyen, l'avant-garde de ce soulèvement contre le régime antidémocratique de Blaise Compaoré. Tout comme au Burkina Faso, la musique engagée, notamment le rap politique, fut à l'honneur en Tunisie et en Égypte. El Général, artiste tunisien incarnant ce genre musical dans la partie septentrionale du continent africain a influencé indéniablement le Printemps arabe. Pour preuve, "sa chanson Rais Lebled, sortie en décembre 2010, est décrite par le magazine Time comme l' "hymne de la révolution du jasmin et des protestataires de la place Tahrir au Caire ˮ" (Voir la biographie de l'artiste El Général sur Wikipédia). Ce qui signifie qu'il a contribué par le rap politique au changement politique à la fois en Tunisie et en Égypte où respectivement Ben Ali et Moubarak s'étaient érigés visiblement en monarques et totalisaient chacun plus de deux décennies de pouvoirs.
Même si au Sénégal le mouvement Y'en a marre composé en partie par des artistes du rap politique n'a pas chassé directement la "dynastie Wade" du pouvoir, l'on doit reconnaître sa contribution au dévoilement du dévoiement du pouvoir de l'historique opposant sénégalais devenu président. À travers Y'en a marre, des artistes engagés comme Foumalade, Simon, Kilifeu et surtout Cheikh Oumar Cyrille Touré, alias Thiat ont contribué à des protestations contre le tripatouillage constitutionnel et contre le népotisme. La sanction populaire de Wade par la voie des urnes est incontestablement tributaire à ces actions des artistes engagés.
La participation politique des artistes les érige parfois au rang d'opposants politiques ou de journalistes. De même que ces derniers, les artistes politiquement engagés sont parfois traqués, emprisonnés, exilés ou intimidés. Au Burkina Faso, Sams'K le Jah, par exemple, a été plusieurs fois intimidé et secoué sous le régime de Blaise Compaoré. Le passage suivant pourrait mieux rendre compte de cette intimidation qui n'a point altéré l'engagement de l'artiste : "en 2007, alors qu'il vient de donner un concert appelant à la liberté de la presse au Burkina Faso et à ce que justice soit faite pour Norbert Zongo (…), la voiture de Sams'K Le Jah est brûlée sur le parking du studio de Ouaga FM et il reçoit plusieurs menaces de mort" (Sams'K, Wikipedia). En Tunisie, El Général a été jeté en prison par le régime de Ben Ali dès la sortie de sa chanson Rais Lebled en 2010. En Guinée, le reggaeman Elie Kamano a été arrêté en juillet 2017 pour avoir manifesté officiellement son refus de voir Alpha Condé briguer un troisième mandat, chose qui serait anticonstitutionnelle.
Si les exemples d'artistes maltraités par des régimes antidémocratiques abondent, l'on doit admettre que le cas de Tiken Jah Fakoly peut particulièrement retenir l'attention. Artiste cauchemardesque pour tous les dirigeants de la Côte d'Ivoire post-Houphouët Boigny, Tiken Jah Fakoly se trouva contraint à l'exil au Mali sous le régime de Laurent Gbagbo où un commando tristement connu sous le nom d' "escadron de la mort" semblait avoir pour mission de faire taire, dans la mesure du possible, tous ceux qui se mêlaient aux affaires publiques du pays à contre-courant. Pour pouvoir donc continuer à participer artistiquement à la politique ivoirienne, Tiken Jah Fakoly n'eut ainsi d'autres choix que de fuir son pays natal pour le Mali où il est toujours officiellement basé. L'engagement politique du reggaeman ivoirien ne dérangea pas que des politiques ivoiriens. Il eut des effets au-delà des frontières. Ainsi, fut-il déclaré persona non grata au Sénégal en 2007, sous le régime de Wade. Des titres comme Y'en a marre (2002) critiquant la prévarication des dirigeants africains et Quitte le pouvoir (2004) s'adressant aux vieux présidents, concernent particulièrement l'octogénaire Wade qui manifeste toujours le désir de revenir au pouvoir. En juin 2015, les autorités de la République Démocratique du Congo expulsent Tiken Jah de leur pays depuis l'aéroport. Malgré les justifications diplomatiques, l'évidence est éclatante : Tiken est dérangeant pour un pays où le président semble prêt à retarder au maximum les élections présidentielles et utiliser tous les moyens antidémocratiques pour se maintenir le plus longtemps que possible au pouvoir.
Bref, symbole de l'engagement politique des artistes, Tiken Jah Fakoly est diversement menacé par des politiciens africains. Ces menaces n'ont jusque-là point changé sa volonté de participer à la démocratisation et à l'indépendance effective de son continent. D'ailleurs, c'est cette volonté fondamentale qui justifie sa contestation de la coopération entre l'Occident et l'Afrique.

II. Tiken Jah Fakoly et la contestation de la coopération entre l'Occident et l'Afrique

Considéré comme un "penseur au même titre que tous ceux que nous étudions dans nos universités" B. D. (Koffi, 2014, 134), Tiken Jah Fakoly égrène à travers ses divers répertoires l'essentiel des problèmes de l'Afrique postcoloniale. La problématique des relations entre l'Afrique et l'Occident est un pan essentiel de son engagement politique qui va au-delà des frontières des scènes de concert. Les discours, les interviews, les lettres ouvertes, le parrainage et le soutien de la société civile africaine, constituent des moyens divers utilisés par l'artiste pour participer à la gestion des sociétés de son temps. Tous ces moyens s'appuient à l'ère des Nouvelles technologies de la communication et de l'information sur Facebook qui a contribué à déboulonner des prévaricateurs à la tête des États africains depuis des décennies. Mais que reproche-t-il exactement à l'Occident dans sa coopération avec l'Afrique indépendante ?
Tiken Jah Fakoly, comme beaucoup d'intellectuels africains, notamment des panafricains, est convaincu que les Occidentaux ont "partagé Africa sans nous consulter, sans nous demander, sans nous aviser" (T.J. Fakoly, Plus rien ne m'étonne, 2004) pour leurs intérêts personnels. C'est, au regard de l'artiste, pour continuer à régner qu'ils ont divisé le continent africain en séparant des empires, des tribus et même des ethnies : "une partie de l'empire Mandingue se trouva chez les Wolof ; une partie de l'empire Mossi, se trouva dans le Ghana ; une partie de l'empire Sossou, se trouva dans l'empire Mandingue…" (Plus rien ne m'étonne, 2004). De ce fait, aucun Africain ne devrait être surpris de la continuation de la domination occidentale en Afrique, malgré la proclamation des indépendances sur le continent.
Cette continuation de la domination à travers des différents mécanismes et paradigmes est particulièrement relevée par Y'en a marre (T.J. Fakoly, 2002) : "après l'abolition de l'esclavage, ils (les Blancs) ont créé la colonisation ; lorsque l'on a trouvé la solution, ils ont créé la coopération ; comme on dénonce cette situation, ils ont créé la mondialisation ; et sans expliquer la mondialisation, c'est Babylone (l'Occident) qui nous exploite…". La coopération entre l'Occident et l'Afrique apparaît ainsi comme une autre expression de la colonisation. C'est l'exploitation de l'Afrique par d'autres moyens. C'est donc du "blaguer tuer" (T. J. Fakoly, Françafrique, 2002), c'est-à-dire du mensonge.
En considérant ces propos, il ne serait pas saugrenu de conclure que "le but de la présence des Occidentaux semble n'être rien d'autre que la domination et l'exploitation du continent. C'est certainement ce qui fait dire à Fakoly que le Blanc qui met pied en Afrique "n'est pas là pour rien". (B. D. Koffi, 2014, p. 57). Dès lors, qu'ils coopèrent avec l'Afrique sous le nom d'explorateur, de missionnaire ou d'investisseur, les Occidentaux semblent avoir toujours un but essentiel qui ne rime pas avec la coopération honnête dont rêve Tiken Jah et tous les Africains éclairés : profiter des ressources du continent au détriment des Africains.
Cette coopération a déjà causé assez de problèmes à l'Afrique qui demeure paradoxalement le continent le plus riche et à la fois le plus pauvre de la planète. Tiken pense d'ailleurs que ce "paradoxe historique" (T. J. Fakoly, Pauvre et riche, 2014) doit être dénoncé à la tribune de l'Organisation des Nations Unies. La situation léthargique de l'Afrique favorisée par sa nébuleuse coopération avec l'Occident fonde ainsi la critique de Tiken à l'égard des Occidentaux qu'il semble présenter comme les premiers responsables des diverses crises africaines : "Ils [les Occidentaux] ont brûlé le Congo. Enflammé l'Angola. Ils ont ruiné le Gabon. Ils ont brûlé Kinshasa" (T.J. Fakoly, Françafrique, 2002). De ce fait, les Occidentaux apparaissent comme des pyromanes qui allumeront toujours le feu pour mieux profiter des ressources naturelles du continent : "Ils [les Occidentaux] nous vendent des armes ; pendant que nous nous battons, ils pillent nos richesses" (T.J. Fakoly, Françafrique, 2002). Dès lors, tous ceux qui pensent que la présence de l'armée française et les autres armées occidentales sur le continent garantissent la paix et la stabilité pourraient se tromper. Ce n'est pas à eux d'offrir le bonheur aux Africains. En d'autres termes, " personne ne viendra changer l'Afrique à notre place" (T.J. Fakoly, African revolution, 2010).
Alpha Blondy, partageant le même avis que Tiken Jah Fakoly sur le danger que représentent les armées étrangères pour l'Afrique, ordonne à l'armée française de quitter son continent. Cette injonction est proclamée de la manière suivante : "armée française, allez-vous-en" (A. Blondy, 1998). L'histoire de la pensée politique pourrait donner raison à Tiken Jah Fakoly, Alpha Blondy et tous les reggaemen qui refusent les armées étrangères ou les accusent de maintenir l'Afrique dans les guerres et la misère. De grands théoriciens de la politique ou des polémologues comme Nicolas Machiavel admettent que les armées étrangères sont source de menaces perpétuelles. Pour l'auteur du Prince, les armées étrangères sont "inutiles et dangereuses" (N. Machiavel, 1986, p. 62). Sokhna Diop, dans sa réflexion sur les alternatives pour l'Afrique, renchérit les propos machiavéliens en affirmant que les armées occidentales sont "plus nuisibles qu'utiles" (S. C. Diop, 2008, p. 23).
Dès lors, il apparaît que Tiken Jah a des raisons qui lui donnent raison de critiquer la coopération entre l'Occident et l'Afrique. Que ce soit dans le domaine politique ou au niveau militaire et même au plan économique, cette coopération semble profiter à l'Occident au détriment de l'Afrique. En dénonçant cette coopération qui maintient l'Afrique au rang de continent le plus pauvre de la planète, il s'agit pour Tiken Jah Fakoly et les autres artistes politiquement engagés de mettre fin à toutes les pratiques injustes de l'Occident en Afrique. En fait, la justice est l'enjeu de la participation politique de la plupart de ces artistes.
Que ce soit dans le reggae ou dans les autres musiques engagées comme le zouglou et le rap, la justice occupe une place essentielle. Dans le reggae, par exemple, des pionniers comme Peter Tosh ont dédié un Album à la justice : Equal rights (1977). À travers son célèbre titre Get up, Stand up, il appelle les peuples opprimés, colonisés, exploités par Babylone à se lever comme un seul homme et à lutter pour leurs droits, pour la justice :
Get up, stand up
Stand up for your rights
Get up, stand up
Don't give up the fight
Comme Peter Tosh et d'autres pionniers jamaïcains, Alpha Blondy n'a pas caché son engagement contre l'injustice. Outres plusieurs chansons dénonçant des travers politiques au niveau de la Côte d'Ivoire, il s'est insurgé contre l'Apartheid en Afrique du sud à travers son titre Apartheid is nazism (1985).
Comme tous les autres reggaemen et artistes politiquement engagés, Tiken Jah Fakoly, auteur des titres comme Discrimination (1999); Justice (2004), est venu au reggae pour combattre l'injustice. Il précise cette motivation dans sa préface au livre de Bruno Blum : "la société dans laquelle je vivais recelait beaucoup d'injustices et j'y [dans le reggae] ai trouvé une source d'inspiration" (B. Blum, 2010, p.9). La place de la justice dans sa discographie est donc manifeste. Mais en quoi sa critique de la coopération Occident-Afrique rime-t-elle avec la consolidation de la justice ? En quoi consiste la justice envisagée par Tiken Jah Fakoly à travers sa dénonciation de la domination occidentale dans l'Afrique d'aujourd'hui ?
En critiquant la coopération Occident-Afrique, Tiken Jah Fakoly envisage l'ouverture véritable des frontières. Autant les Occidentaux, sous les étiquettes diverses d'investisseurs ou de touristes peuvent venir en Afrique "quand ils veulent, comme ils veulent et faire ce qu'ils veulent", les Africains doivent avoir le droit d'aller facilement en Europe et en Amérique, sans être obligés de passer par des bateaux clandestins. C'est à travers le chant Ouvrez les frontières (2007) qu'il dénonce cette injustice qui consiste à empêcher la plupart des Noirs à aller visiter le monde occidental pour des opportunités d'emplois. Toutefois, cette chanson, Tiken Jah le précise, n'est pas une invitation à l'émigration, car il est convaincu que la place des Noirs se trouve en Afrique, ce continent "en jachère" (T. J. Fakoly, Ma Côte d'Ivoire, 2007) où tout reste possible. Pour l'artiste, très optimiste, le monde de demain se construira absolument avec l'Afrique : "Sini yé farafina yé" (T. J. Fakoly, Dakoro, 2014). Il n'y a pas de raisons que les bras valides désertent le continent pour aller ailleurs. Ouvrez les frontières appellent simplement à des coopérations plus justes où les Africains ont le même droit que les Occidentaux.
En dénonçant les dérives de la coopération entre l'Occident et l'Afrique, Tiken Jah plaide sans doute pour la reconnaissance des valeurs africaines. Le continent de l'artiste n'est pas un monde où on ne sait que tendre la main. Les Occidentaux devraient cesser de voir l'Afrique de cette manière et la considérer comme un continent politiquement, socialement et économiquement égal à l'Europe, à l'Amérique et aux autres parties du monde parce qu'elle est indépendante et riche en valeurs sociales et en ressources naturelles. Ce n'est donc pas la partie du monde où il convient de semer incessamment le désordre pour mieux la piller et enrichir les autres. L'Afrique n'est pas cette terre maudite que croient ou font croire certains. Pour que les Occidentaux reconnaissent les vraies valeurs du continent africain, ils doivent venir voir l'Afrique ; ils ne doivent plus se contenter des préjugés véhiculés sur le continent ou des images à la télévision, parce que la vraie Afrique, ce n'est pas celle que Babylone a transformée en brasier. C'est ce message que véhicule particulièrement Viens voir (T. J. Fakoly, 2007) dont voici un extrait :


Viens voir, viens voir
Toi qui parles sans savoir
Mon Afrique n'est pas ce qu'on te fait croire
Pas un mot sur l'Histoire de ce continent
Sur les civilisations et les richesses d'antan
Aucun mot sur le sens des valeurs
Des gens qui t'accueillent la main sur le cœur

Cette chanson est un appel à la connaissance et au respect des valeurs africaines. Autant les valeurs occidentales, même les plus contradictoires à la morale de plusieurs sociétés africaines, sont acceptées en Afrique, les Occidentaux, à l'ère de la mondialisation et de la coopération, doivent apprendre à connaître vraiment l'Afrique et à la respecter. C'est ainsi que la coopération aura un sens et cessera de se confondre à l'exploitation et à la domination comme c'est le cas maintenant.
Dès lors, Tiken Jah Fakoly n'envisage pas la fin de la coopération entre l'Afrique et l'Occident. Il n'ignore pas qu'aujourd'hui la coopération s'impose. À l'instar des autres artistes, politiques et autres leaders d'opinion engagés contre les malversations occidentales en Afrique, il appelle à des relations fondées sur des valeurs démocratiques et humaines. La coopération Afrique-Occident doit profiter à tout le monde et non à une seule partie comme à l'esclavage et à la colonisation. Tant que la coopération ne profitera véritablement qu'à l'Occident, ce sera la continuation de la domination occidentale en Afrique et tous ceux qui aiment ce continent auront le droit de critiquer les Occidentaux. Ces paroles du Roots, personnage d'Afin qu'il ne soit trop tard (B. D. Koffi, 2013, p. 50) sont donc bien sensées : "Partout, je chantais du Tiken Jah et je disais-comme je continue de le dire-que Tiken Jah était un envoyé de Dieu pour éveiller la conscience des Africains, pour vendre leurs cultures et surtout pour favoriser le développement en prônant l'unité et en démasquant les politiques pyromanes".

Conclusion

Après le retour au multipartisme dans les années 1990, les populations ont nourri l'espoir de voir triompher les valeurs démocratiques sous des cendres des régimes à parti unique devenus la tendance après les indépendances. Cet espoir est très vite contrarié par plusieurs pratiques antidémocratiques et le déboire des populations fut immédiatement manifeste. Des chefs d'État démocratiquement élus ou parvenus au pouvoir suite à des coups de force ont visiblement transformé les régimes démocratiques en des autocraties et des monarchies patentes. La confiscation des pouvoirs publics par de groupuscules d'individus dirigeant pour leurs intérêts personnels détermine toujours l'actualité politique de plusieurs pays africains. Le tripatouillage des textes constitutionnels et l'organisation des élections truquées à travers le bourrage des urnes restent d'actualité. Pire, dirigeants comme opposants continuent de baser leur accession au pouvoir sur le culte du tribalisme qui porte atteinte à tous les efforts de patriotisme et de panafricanisme fournis par quelques pères des indépendances. Ces moyens attentatoires à la démocratie et au respect des voix des urnes engendrent des crises postélectorales qui sont de plus en plus sanguinaires et contradictoires aux aspirations à l'émergence, tant rêvée par les populations africaines incessamment instrumentalisées.
Ces agissements antidémocratiques qui ont replongé les pays africains dans plusieurs crises ridicules après le retour au multipartisme ont indigné plusieurs catégories d'Africains : des intellectuels, des leaders d'opinion, etc. Les artistes, surtout ceux qui ont choisi de décrypter la situation sociopolitique du continent et de dénoncer les dérapages des acteurs politiques font partie de ces indignés qui dénoncent sans cesse les responsables du malaise du continent africain. Ces artistes politiquement engagés se retrouvent pour une bonne part dans trois genres musicaux bien connus de l'Afrique multipartite : le reggae, le zouglou et le rap politique. Ces artistes constituent en vérité la branche musicale de la société civile en Afrique et représentent ainsi la voix des populations souffrant de la mauvaise gouvernance de leurs dirigeants et des malversations de la communauté internationale. La justice sociale reste l'enjeu fondamental de leur combat qui les conduit, à l'instar de la majorité des opposants politiques sérieux et des journalistes intègres à l'exil, aux arrestations arbitraires, etc.
Tiken Jah Fakoly, le plus grand critique des politiques ivoiriens et le dénonciateur sans ambages de la Françafrique apparaît justement comme le symbole de l'engagement politique des artistes en Afrique. Il reproche particulièrement à l'Occident de perpétuer l'esclavage, la colonisation et l'exploitation à travers les paradigmes de "coopération" et de "mondialisation". Malgré les indépendances pompeusement proclamées, l'artiste est convaincu, non sans diverses catégories d'Africains, que les puissances colonisatrices continuent de voler le "fric" (T.J. Fakoly, L'Afrique doit du fric, 2004) des Africains et de les maintenir dans leur statut paradoxal de "pauvres et riches" (T.J. Fakoly, Pauvre et riche, 2014). Se voulant la voix du peuple africain, Tiken Jah Fakoly demande aux Occidentaux de revoir leurs manières de coopérer avec l'Afrique qu'ils reconnaissent officiellement comme indépendante. Il réclame pour l'Afrique l'ouverture effective des frontières ; la fin des discriminations et la reconnaissance, au sens moral et au sens politique du terme.
Cette analyse de la participation politique de l'Occident en Afrique à travers la discographie de Tiken Jah Fakoly et d'autres musiques politiquement engagées peut avoir des implications à la fois d'ordre politique, scientifique et culturel. Il ressort, en effet, que la participation politique ne se limite pas à l'accession au pouvoir ou au sabotage perpétuel des efforts du Gouvernement. L'on peut contribuer au changement politique et à la bonne gouvernance sans forcément devenir dirigeant politique. La contribution des artistes engagés au renversement des pouvoirs antidémocratiques jadis considérés comme indéboulonnables est une preuve manifeste. Il vaudrait mieux que les artistes se limitent à leur fonction de dénonciateurs et d'éclaireurs pour éviter de se corrompre et d'oublier leur statut d'artistes engagés, très nécessaire à l'Afrique actuelle où des dirigeants se considèrent comme le Léviathan hobbesien ou comme le prince paradigmatique de Machiavel. Ces artistes doivent se comporter comme des philosophes dans la vision kantienne, devant se limiter à conseiller étant donné que le pouvoir corrompt parfois. Il ressort également que le reggae, et par ricochet l'art, peut évidemment contribuer aux débats scientifiques. Son introduction en sciences sociales s'avère légitime et il ne serait pas absurde de considérer Tiken Jah Fakoly et tous les artistes engagés comme de véritables penseurs pour la société civile. Il apparaît ainsi la valorisation de l'art africain qui se présente comme susceptible de contribuer à démocratiser davantage le continent.
Au regard de ces différentes implications de cette réflexion ne serait-il pas légitime de se demander : et si désormais le reggae s'enseignait dans les disciplines liées à la politique ?

Références bibliographiques

BLUM Bruno, 2000, Le reggae, Paris, Librio.
BLUM Bruno, 2010, Bob Marley, le reggae et les rastas, Paris, Éditions Hors Collection.
DIOP Momar Sokhna, 2008, Quelles alternatives pour l'Afrique ?, Paris, L'Harmattan.
FREUND Julien, 1965, Qu'est-ce que la politique ?, Paris, seuil.
KOFFI Brou Dieudonné, 2013, Afin qu'il ne soit trop tard…, Abidjan, Balafon.
KOFFI Brou Dieudonné, 2014, Tiken Jah Fakoly, les enjeux des coups de gueule, Abidjan, Balafons.
KOFFI Brou Dieudonné, 2015, "L'argent et la critique de la politique en Côte d'Ivoire. Considération de la musique de Tiken Jah Fakoly", Dezan, pp. 221-236.
KOFFI Brou Dieudonné, 2017, "Tiken Jah Fakoly et la critique de la politique postcoloniale en Afrique", Postcolonie, postcolonialisme et études postcoloniales : Bilan et perspectives pluridisciplinaires, Bayeux (France), Panafrika/ Silex/ Nouvelles du Sud.
MACHIAVEL Nicolas, 1986, Le Prince, trad. Jean Anglade, Paris, Librairie Générale Française.
NKRUMAH Kwame, 1994, L'Afrique doit s'unir, trad. Jospin, Paris, Présence africaine.
TAVARES Pierre Franklin, 2005, Sur la crise ivoirienne, considérations éparses, Abidjan, NEI.
TIGORI Kakou Ernest, 2005, Pauvre Afrique, comme ma chère Côte d'Ivoire, tu te relèveras, Abidjan, Assanglo.

Références discographiques

BILLY Billy, Bété a réussi, 2010.
BILLY Billy, Dioula a pris coupe, 2013.
BILLY Billy, Ma lettre au président, 2013.
BLONDY Alpha, 1985, Apartheid is Nazism, France, EMI.
BLONDY Alpha, 1998, Armée française.
EL GÉNÉRAL, Rais Lebled, 2010.
ESPOIR 2000 et al, 2004, David contre Goliath, Abidjan, Showbiz.
FAKOLY Tiken Jah, 1996, Mangercratie, Abidjan, Globe Music.
FAKOLY Tiken Jah, 1999, Cours d'histoire, Abidjan, Globe Music.
FAKOLY Tiken Jah, 2000, Le Caméléon, Abidjan, Universal.
FAKOLY Tiken Jah, 2002, Françafrique, Kingston, Barclay.
FAKOLY Tiken Jah, 2004, Coup de gueule, Kingston, Barclay.
FAKOLY Tiken Jah, 2007, L'Africain, Bamako, Barclay.
FAKOLY Tiken Jah, 2010, African revolution, Kingston, Barclay.
FAKOLY Tiken Jah, 2014, Dernier appel, Kingston, Barclay.
TOSH Peter, 1977, Equal Rights.

Signature :


Notes :
C'est ainsi que fut baptisé le pouvoir de Laurent Gbagbo (2000-2010).
Après le pouvoir de la Refondation, Alassane Ouattara appela le sien "Le Changement".
Le rap est né du reggae avec des toaster, des Dj.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamada_Ben_Amor, consulté le 01 novembre 2017.
Peter Tosh partage ce titre avec Bob Marley.
L'on peut traduire ces vers de la manière suivante : Lève-toi, lève-toi pour tes droits, n'abandonne pas le combat.

Ce sont des expressions qui reviennent constamment lorsque Tiken Jah explique le chant "Ouvrez les frontières" sur scène.
Demain ce sera l'Afrique.
Nous pensons particulièrement à la sociologie politique, à la philosophie politique, à la science politique, à l'histoire, etc.
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