
Eric Courthès
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PASSIONNE D'AMERIQUE LATINE, ANCIEN ROUTARD DEVENU PROF, CHERCHEUR, TRADUCTEUR, VOYAGEUR, ETC
J'AI PASSE TOUTE MA VIE A VOYAGER AUX QUATRE COINS DE LA PLANETE, ET A DIFFUSER MES PASSIONS: QUECHUA, GUARANI, BONPLAND, BOGGIANI, MANGORé, VOYAGES, BILINGUISME, ROA BASTOS, ETC
Structure professionnelle : CITE SCOLAIRE ROBERT WEINUM LA SAVANE 97 150 SAINT-MARTIN
Titre(s), Diplôme(s) : DOCTEUR ET AGREGE EXTERNE D'ESPAGNOL
Fonction(s) actuelle(s) : ECRIVAIN ET TRADUCTEUR
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AUTRES PARUTIONS
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LA ÍNSULA PARAGUAYA, Asunción, Universidad Católica, CEADUC, Biblioteca Paraguaya de Antropología, Vol.49, marzo de 2005, 88 p. http://spaces.msn.com.members/ROABASTOS/PersonalSpace.aspx
L’INSULE PARAGUAYENNE, París, Editions Le Manuscrit, marzo de 2006, 142 p., (traducción y ampliación de La ínsula paraguaya), http://www.manuscrit.com/catalogue/textes/fiche_texte.asp?idOuvrage=6773
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LO TRANSTEXTUAL EN ROA BASTOS, Asunción, Universidad Católica, CEADUC, Biblioteca de Estudios Paraguayos, Vol. 67, noviembre de 2006, 66p. http://spaces.msn.com.members/ROABASTOS/PersonalSpace.aspx
http://www.ceaduc.uca.edu.py/estupara.html
LA ISLA DE ROA BASTOS , Asunción, Servilibro, noviembre de 2009, (compilación de mis tres ensayos sobre Roa y el Paraguay), http://www.servilibro.com.py/v2/detalles_libro.php?id_catalogo_libro=1029
B) Ficciones y poesías :
LE LIVRE ET AUTRES DELIVRES, París, La Société des Écrivains, 153 p., marzo de 2006.
http://www.societedesecrivains.com/pc/viewPrd.asp?idcategory=7&idproduct=756
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“MEMORIAS DE UN MUERTO, EL VIAJE SIN RETORNO DE AMADO BONPLAND”, Asunción-Corrientes, Servilibro-Subsecretaría de Cultura de Corrientes-Museo Bonpland, julio de 2010, http://www.servilibro.com.py/v2/detalles_libro.php?id_catalogo_libro=1004
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OS CADUVEOS/ LOS CADUVEOS, Guido Boggiani, Belo Horizonte, Brasil, 1975, Editora da Universidade de São Paulo, Livraria Itatiaia Editora Limitada; I Caduvei, Roma, Ermanno Schroeder, 1895. Traduction du brésilien, notes et compilation, Universidad Católica, C.E.A.D.U.C., Biblioteca Paraguaya de Antropología, Vol. 95, Asunción, août 2014. ISBN: 978-99953-76-69-7 http://www.ceaduc.uca.edu.py/index.php/el-ceaduc/staff/87-libros/autores-nacionales/109-los-caduveos http://www.ipebras.com/shopping/index.php?rt=product/product&product_id=240
YO, GUIDO BOGGIANI, EL BLANCO INDIO, Asunción, FONDEC, Servilibro, août 2017, ISBN: 978-99967-52-69-8,
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LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
"Aimé Bonpland, les passages d'un homme libre"
"Et telle est l'histoire de Bonpland, il classifia de nombreuses plantes du continent américain mais il vivait à l'intérieur de Nounou. Oh Nounou. Celle de la lune sur les genoux, celle aux multiples poitrines d'amour, celle aux planètes éteintes comme "la rue du chat-qui-pêche", celle qui volait en ouvrant sa moitié pour le français qui l'aimait tel un jardin. Oh Nounou. Telle la nuit, Nunu Nunu." Juan Gelman, Anunciaciones y otras Fábulas, "El botánico"
I) Présentation
Depuis la célèbre Expédition de l'Orénoque et de l'Amazone, au début du XIX siècle, jusqu'à la mort, -et même au delà-, de notre Personnage, à Paso de Los Libres, -littéralement Passage des Hommes Libres -, dans la Province de Corrientes, le 11 mai 1858, je m'attacherai à démontrer dans cet exposé qu'Aimé-Jacques-Alexandre Goujaud, dit Bonpland, né à La Rochelle, le 29 août 1773, fut un "Franchisseur" de tous les Espaces : physiques, scientifiques, politiques et même historiques, où il lui fut donné d'évoluer.
Le plan suivi sera non pas chronologique, -comme semble l'indiquer cette introduction-, mais conceptuel. Nous évoquerons tout d'abord l'aspect transfrontalier d'Aimé Bonpland, qui peut être considéré en ce sens, comme un Précurseur de l'Intégration Régionale dans le Cône-Sud.
Puis, nous nous attacherons à démontrer, que ces différents franchissements n'étaient pas que géographiques : des montagnes, des forêts ou des rivières, d'incertaines frontières à l'époque, mais aussi que de par ses connaissances d'Encyclopédiste et celles recueillies sur place de façon empirique, Aimé Bonpland était totalement transdisciplinaire, passant allégrement de la médecine à la botanique, à la géologie, à l'ethnographie, voire à la linguistique, tout en étant un formidable chef d'entreprise.
De plus, de par ses contacts multiples avec tous les caudillos locaux, à l'époque des Guerres Civiles, à Corrientes avec Ramírez, au Brésil avec Gonçalvez da Silva et ses Farrapos et en Uruguay avec Fructuoso Rivera, sa "transfrontéralité" le rendit aussi "transpolitique" et même transhistorique, car certains de ses rêves, comme celui d'une Confédération Indépendante Guarani, réunissant Corrientes, Entre Ríos et l'actuel Uruguay, pour contrebalancer le Pouvoir de Buenos Aires, ne purent jamais se réaliser
Pour finir, puisqu'il m'a été donné d'écrire et de publier récemment les premières mémoires apocryphes d'Aimé Bonpland, je m'attacherai à démontrer la "trangénéricité" et la "transtextualité", qu'il n'a cessé de provoquer depuis sa mort chez les différents créateurs qui lui ont consacré une de leurs uvres ces dernières années.
II) Aimé Bonpland, un dromomaniaque fugitif, solitaire et transfrontalier
Aimé Bonpland, à cheval, ou bien plus souvent, tel un Sancho Panza bonhomme, à dos de mule, ou encore en empruntant le fleuve Uruguay sur sa chalana, était toujours en mouvement et semblait de ce fait insaisissable. Tel son complice de Candelaria, le chef indien Aripí de Misiones, qui transitait par des sentes secrètes traversant les marais de l'Yberá, on ne savait jamais trop où on allait le trouver. Selon Julio Rafael Contreras Roqué, il était atteint de dromomanie mais on peut aussi supposer à juste titre, qu'il était une espèce de fugitif permanent, tant les expériences souvent malheureuses qu'il avait accumulées sur sa route l'obligeaient à aller toujours de l'avant, vers une nouvelle "entreprise de progrès", souvent au mépris de ses sentiments les plus profonds, tant envers sa famille que ses conquêtes amoureuses.
Sa transfrontéralité, dans cette région des trois frontières de Corrientes, où il passa le reste de sa vie, après sa libération par le Docteur Francia, en 1831, se prêtait parfaitement au jeu de l'homme insaisissable, toujours en déplacement entre Sao Borja et sa ferme de Piratiní dans le Río Grande do Sul, de 1831 à 1848, soit dix-sept années passées au Brésil. De Sao Borja à Santa Ana de Yapeyú, à Corrientes, au sud de Paso de los Libres, à partir de 1848, de Sao Borja et Santa Ana à Montevideo pour toucher sa pension, pendant plus de vingt ans, de Santa Ana à la Serra de Santa Cruz dans le Río Grande do Sul, en 1849, et enfin jusqu'à Asunción, à bord du cuirassé français Le Bisson, du Commandant Mouchez, en 1857, un an avant sa mort.
En fait, seul le Docteur Francia put l'immobiliser, de 1821 à 1831, et encore n'y parvint-il que de façon très partielle malgré son confinement, mais avant et après cette période, Bonpland passa son temps à bouger, si l'on excepte les quatre ans consacrés à la publication de ses Plantes équinoxiales, à son retour de l'expédition de l'Amazone et de l'Orénoque, de 1804 à 1808, et les cinq ans passés ensuite à La Malmaison avec Joséphine, qui aura sans doute usé de tous ses irrésistibles appâts antillais pour enraciner notre intenable bon plant charentais
Mais n'était-ce pas aussi la seule façon pour lui de vivre sa pesante solitude, de la surmonter, en bougeant sans cesse, le seul remède qu'il eut trouvé, avec sa considérable correspondance avec tous ses amis et associés, en particulier avec Alexandre de Humboldt, mais aussi avec les grands chefs politiques de cette région alors très agitée du monde, qu'il croisa pendant les 27 dernières années de sa vie ?
Nonobstant, malgré toutes ses relations épistolaires ou ses contacts directs avec les caciques locaux, on sait peu de choses de la psychologie de Bonpland, on ne peut donc émettre que des suppositions, dont le refuge suprême est la Fiction historique
Ce qui est certain, qu'il eût été atteint de dromomanie ou d'un mal plus profond, c'est que les mouvements de Bonpland dans cette région furent légion et si on les compare aux entraves dressées de nos jours par les obstacles douaniers ou policiers aux frontières de ces différents pays, ou même d'une province à l'autre dans le système pseudo fédéral de l'Argentine, on ne peut que s'émerveiller et prier les technocrates du Mercosur d'éditer et de méditer les dizaines de journaux de voyages de Bonpland, inédits à ce jour
III) Aimé Bonpland, entrepreneur de progrès et naturaliste voyageur transdisciplinaire
Si l'on en croit ce que dit Eduardo G. Ottone des grands naturalistes voyageurs du XIX comme Aimé Bonpland, Auguste de Saint-Hilaire ou encore Alcide d'Orbigny, pour ne parler que des français, ceux-ci s'inscrivaient dans la lignée des Encyclopédistes du XVIII quant à leur polyvalence :
" Ces hommes portèrent un intérêt particulier à différents aspects de la science tels que la physique, la chimie, l'astronomie, la biologie, la géologie, la paléontologie et l'archéologie. Le naturaliste voyageur observait la nature comme un tout et dans son ensemble, il décrivait et il rassemblait toutes sortes de roches et de minéraux, il herborisait des plantes exotiques et recueillait des graines pour les jardins botaniques européens, mais il chassait aussi des oiseaux, des reptiles, des insectes et des mammifères, et il pêchait des poissons afin qu'ils soient préparés et exhibés dans les vitrines des musées européens, comme s'ils avaient été vivants."
Aimé Bonpland n'échappait pas à la règle, médecin de marine de formation, il s'intéressa très jeune à la botanique et commença à fréquenter régulièrement le Muséum d'Histoire Naturelle afin de se perfectionner en cette matière. De plus, de par son voyage avec Humboldt aux sources de l'Orénoque, on peut supposer qu'il put acquérir sur le terrain d'importantes connaissances en géologie, minéralogie et astronomie, grâce à son illustre compagnon prussien. Ils avaient prévu par exemple, lors de ce célèbre voyage, de situer par des "observations astronomiques", le point exact où confluent l'Orénoque et l'Amazone, mais à cause du temps couvert, ils ne purent réaliser leur mission.
A partir de Candelaria, et ensuite de son séjour forcé au Paraguay, mais surtout à Sao Borja et à Santa Ana, Bonpland prend une dimension de chef d'entreprise, qui réussit tout ce qu'il entreprend. En ce sens, je diffère de Eduardo G. Ottone, quand il prétend que celui-ci se retire du Paraguay avec un "modeste pécule". Au contraire, on peut supposer que ses troupeaux et ses biens étaient si nombreux qu'il mit un an et demi à tout liquider à Ytapúa, et si le bénéfice retiré de cette vente, retardée et compromise par la vénalité des commerçants brésiliens de la place, avait été si modique, comment aurait-il pu obtenir en échange une petite estancia à Piratiní, dans le Río Grande do Sul et s'acheter une propriété à Sao Borja ?
Ensuite, à partir de 1837, après que le gouvernement brésilien eut mis sa tête à prix, il dut se retirer de son exploitation de San Juan Mini et les troupes brésiliennes s'emparèrent de tous ses troupeaux. C'est à partir de ce moment-là, qu'il commença à miser sur une propriété de 13 500 hectares à Santa Ana, cédée en emphytéose par son ami et ex gouverneur de Corrientes Pedro Ferré, et qui comptait déjà 5 000 mérinos à cette époque, qu'il avait pu acheter grâce à l'octroi des arriérés de sa pension impériale.
Mais là-encore, à la suite du revers des troupes de Berón de Estrada, à Pago Largo, le 30 mars 1839, il est victime d'une double spoliation. D'abord celle des déserteurs de son allié Berón de Estrada, en route vers l'Uruguay, et ensuite la réquisition par la Province d'Entre Ríos, alliée alors de Buenos Aires, de "130 000 têtes de bétail et 60 000 pesos." On voit bien à la lumière de ces chiffres qu'Aimé était un éleveur prospère et que sans ses revers militaires de ses alliés, il le serait resté.
Malgré toutes ces occupations, Aimé ne cessa jamais d'être le naturaliste voyageur polyvalent et transdisciplinaire qu'il fut toujours au fond de lui. Il ne cessa en effet d'envoyer des caisses d'objets naturalistes récoltés lors de ces nombreux voyages à travers le Littoral argentin, l'Uruguay et le Río Grande do Sul, au Muséum d'Histoire Naturelle, " en particulier des invertébrés et du bois pétrifié, des minéraux et des roches ", mais aussi des "écorces, des graines et des racines, [ ] des oiseaux embaumés et des fossiles" et évidemment des échantillons de nombreuses plantes et arbres locaux.
Bonpland est à ce moment-là un électron libre, un aventurier-chercheur dont la chaire est mobile et il ne se contente plus d'herboriser. On sait par exemple qu'en juin 1856, à la demande de son ami le Gouverneur Pujol, il partit sur son habituel chaland à La Cruz, pour y explorer une mine de cuivre, tout en conservant au fond de lui l'espoir secret de revoir Victoriana Cristaldo, hélas il ne découvrit pas la mine, pas plus qu'il ne put revoir la mère de trois ses enfants
Il publia peu lors de ces presque trente années après sa libération du Paraguay mais la variété de ses publications en dit long sur sa polyvalence. On remarquera parmi celles-ci, "des observations thermométriques réalisées à Sao Borja, des mentions au sujet de la présence de fossiles dans cette région, des descriptions de l'irupé, et des commentaires sur la distribution et la culture de l'herbe maté."
En 1836 déjà, il avait étudié en détail les rochers de Itá Pucú, "des colonnes rocheuses de près de neuf mètres de haut qui constituent un reliquat d'érosion d'un ancien champ de dunes de l'ère mézozoïque." Situés près de la petite ville de Mercedes, au sud de la capitale Corrientes, ces affleurements de grès étaient sacrés pour les indiens guaranis, ce qui lui permit aussi de faire un peu d'ethnologie, tout comme à ses débuts avec Alexandre de Humboldt en Amazonie. Selon une légende locale, la grande pierre grandissait, en bon esprit cartésien, notre Bonpland la mesura et revint le faire plusieurs années de suite, afin de démontrer à la population locale que ces rumeurs n'étaient pas fondées.
Mais pour bien vous convaincre de la polyvalence de notre bon Aimé, il vous suffira de consulter l'excellent catalogue du Musée Bonpland de Corrientes, grâce auquel on prend conscience de l'incroyable frénésie de voyages et de recherches d'Aimé, et surtout de la quantité impressionnante de manuscrits inédits qu'il nous laissa, sur les sujets les plus divers. Pour finir, on sait aussi qu'en 1821, lors de sa tentative frustrée de négoce et d'exploitation du maté à Candelaria, il se mit à apprendre la langue guarani et rédigea des notes sur celle-ci, consultables au Musée de Pharmaco-Botanique de Buenos Aires.
Bien entendu, il serait exagéré de dire que Bonpland était aussi linguiste et ethnologue mais on peut sans détour affirmer que dans ce domaine encore, il a fait office avec Humboldt de précurseur de ces deux sciences, qui tarderont plus d'un demi-siècle après sa mort, avant d'affirmer leur existence.
Il ne serait pas exagéré non plus de dire, que Bonpland et Humboldt, -dans la foulée du transformisme de Lamarck, que Bonpland fréquenta au Muséum-, dans leur frénésie de classification de la nature, -le Baron ne rêvait-il pas en effet de décrire toutes les pierres du monde ?-, dans leur volonté de tout décrire in situ avec la plus grande rigueur scientifique et leur capacité à détecter les anomalies et les différences entre les espèces, selon leur milieu et selon la sélection naturelle, sont à l'origine de la géniale théorie de Charles Darwin sur l'évolution des espèces.
Il convient de noter à ce sujet que si Bonpland et Humboldt étaient de grands admirateurs de La Condamine et Azara, Darwin l'était pareillement de Bonpland et Humboldt, et sa grande uvre, au-delà des observations faites sur le terrain, est en partie le fruit de cette admiration. Celle-ci parut en 1859, deux ans après la mort d'Aimé et quelques mois après celle d'Alexandre
IV) Aimé Bonpland, transpolitique et transhistorique, utopiste de génie
Bonpland, dès son arrivée à Corrientes, prit parti pour les unitaires argentins, dans leur lutte farouche contre les fédéralistes de Buenos Aires, menés par Rosas, en soutenant d'abord Ramírez, puis Berón de Estrada, alliés à Lavalle et Paz, et enfin les frères Madariaga. Ces alliances lui coûtèrent très cher comme nous l'avons vu précédemment, puisqu'il perdit par deux fois ces troupeaux à Santa Ana, à la suite des défaites des troupes de Corrientes.
Comme si cette grande implication politique avec les caciques locaux n'avaient pas suffi, il était aussi en relation étroite avec Gonzalvez da Silva, le chef des farroupilhos dans le Río Grande do Sul, qui rêvaient de briser l'hégémonie de Río. Et là encore, il perdit tous les biens de son estancia de San Juan Mini, à la suite de la défaite de son ami, en 1837.
Mais il était aussi en relation avec Fructuoso Rivera dans la Bande Orientale, il se rendit même sur le champ de bataille de El Palmar pour le rencontrer en mai 1838, porteur d'une missive de Berón de Estrada, lui demandant le soutien de ses troupes. Il y retourna en octobre 1840 et obtint de celui-ci un financement important pour soutenir les troupes de Corrientes.
Il joua aussi un rôle prépondérant d'interprète, d'informateur et de messager lors du séjour de la flotte française de l'Amiral Dupotet, allié de Rivera et de Berón de Estrada contre Rosas, à Corrientes puis à La Bajada, en mars et avril 1840. Il se rendit même en mai chez le Consul de France à Montevideo, Buchet de Martigny, pour essayer d'obtenir à nouveau le soutien de la France mais en vain
Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, il fut reçu aussi à Buenos Aires par Rosas en personne, en janvier 1832 et y passa deux mois, honoré par tous les grands de la ville, à conter ses exploits de l'Amazone et son confinement du Paraguay, en passant d'une réception à l'autre. Il logea même chez son ami Pedro de Angelys, l'un des alliés les plus convaincus du Général Fédéral, qui chercha par tous les moyens à le convaincre de rejoindre leurs troupes
Qui était donc Bonpland ?
Un franc-maçon c'est certain, même si son adhésion officielle ne se fit qu'à la fin de sa vie à Sao Borja, grâce à l'intromission du Père Gay. Un agent double, un espion à la solde de la France et de Buenos Aires? C'était là en tout cas l'hypothèse du Docteur Francia.
Ce que l'on peut affirmer sans détour, c'est qu'à l'exception du Dictateur paraguayen, Bonpland provoqua une grande fascination chez les gens qu'il rencontra, y compris les plus grands et les plus dangereux comme Rosas. Il était devenu après ses exploits de prime jeunesse et son incroyable détention au Paraguay, une espèce de mythe vivant, intouchable, qui servait de lien entre les chefs locaux car sa parole était respectable
Seul le Docteur Francia ne comprit pas tout à fait son importance scientifique, humaine et diplomatique, il en fit un otage au lieu d'en faire un précieux allié
Evidemment, tous ces contacts avec les plus grands en ces périodes de troubles intenses avivèrent ses capacités à rêver de mondes meilleurs, à construire des utopies et les rendre réelles.
Il passa donc rapidement du transpolitique au transhistorique, en effet, dans l'uvre magistrale de Gasulla, on suppose qu'à la fin de son entrevue avec Rivera d'octobre 1840, il aurait conversé avec son secrétaire don José Luis Bustamante d'une alliance possible entre Corrientes, La Bande Orientale et les troupes du colonel Ángel Nuñez d' Entre Ríos, dont il était le seul à détenir les clés puisqu'il connaissait intimement tous les protagonistes. De plus, après le traité de paix entre la France et Buenos Aires, celle-ci s'imposait pour lutter efficacement contre Rosas. Mais hélas, on sait que malgré cette alliance forte entre ces deux régions, le rêve s'acheva pour tous, lors de la bataille d'Arroyo Grande en décembre 1842.
Evidemment, tout ceci n'est que de la fiction historique, mais ce qui semble certain c'est que là encore Bonpland aurait fait office de précurseur, une telle alliance, en y rajoutant le Paraguay, -vieux rêve de Ramírez-, libéré du joug de Francia, aurait eu un impact certain sur cette guerre et en aurait sans doute changé le cours.
Mais hélas, là encore, comme l'aurait dit le grand Nietzsche en parlant de lui-même évidemment, " certains naissent de façon posthume", et cette belle utopie d'une Confédération Indépendante guarani transfrontalière dans cette région, pour contrecarrer le pouvoir centralisateur de Buenos Aires, est demeurée lettre morte jusqu'à nos jours, tout comme le Panaméricanisme de Bolivar, l'idée était beaucoup trop en avance sur son temps
Pour finir, il conviendrait de dire que Bonpland atteint aussi le transpolitique et le transhistorique par la variété de ses profils. En effet, il était tout à la fois une espèce de post-jésuite de par sa passion pour le maté et sa grande transculturation avec la culture guarani, un pré-communiste dans son approche collectiviste de l'entreprise agricole, mais aussi un pré-hippie avec sa ferme volonté de bâtir des utopies et ses mouvements perpétuels et enfin un entrepreneur libéral efficace et productif.
Tout ceci dans le même homme, ce qui le fait allégrement transcender les époques et les idéologies et pourrait, pourquoi pas, le faire servir dans le futur, de modèle de réconciliation entre des camps à priori antagoniques
V) Aimé Bonpland, générateur de ré-écritures transgénériques et apôtre laïc de la Liberté
Selon Julio Rafael Contreras Roqué, les références bibliographiques sur Bonpland seraient supérieures à cinq cent, ce qui nous donne d'emblée une idée de la puissance évocatrice de ses différentes trajectoires, tant scientifiques qu'historiques ou privées.
Il serait vain ici de les énumérer toutes, mais au-delà des articles scientifiques dans différents domaines, en synthèse on peut affirmer qu'il est représenté dans tous les genres, depuis les biographies du début du siècle de Brunel et Hamy, en passant par les romans historiques des années 70 aux années 90, avec les uvres magistrales de Luis Gasulla, puis de Philippe Foucault déjà citées, et le dernier essai historique sur son dernier voyage au Paraguay de Julio Rafael Contreras Roqué, jusqu'aux récentes adaptations au théâtre et au cinéma de ses exploits et ceci sans oublier la vision poétique qu'il inspira à Juan Gelman et à un groupe de rock argentin des années 70, nommé Canturbe.
Cependant, même si on a déjà publié des bandes dessinées sur notre personnage, il y est comme d'habitude traité dans sa relation d'infériorité avec Humboldt, dans ce rôle obscur voire ambigu, de simple accompagnateur, voire de valet ou encore de Sancho Panza du Grand Maître de Cosmos.
Il existe là un évident déficit bonplandien vis-à-vis du Maître de Tegel, pour ma part, à l'aide de Carlos Meyer, l'un des plus grands dessinateurs paraguayens, je pense fortement à adapter en B.D. mon roman de Bonpland, en donnant à notre illustre charentais le grand rôle qu'il mérite, tout au long de son incroyable vie, et pas seulement au cours de l'expédition de l'Amazone.
Car il y a chez lui du Tintin mais aussi du Corto Maltese, ce personnage historique dans son incroyable naïveté et sa remarquable philanthropie mais aussi de par son caractère de doux rêveur et de solitaire, s'apparente à l'un et à l'autre de ces grands personnages de bande dessinée.
On ne cesse donc de ré-écrire Bonpland depuis sa mort et tous les genres sont représentés, mais jusqu'à présent nul n'avait fait dans la transgénéricité, c'est pourquoi, j'eus l'idée en 2007 de combler cette lacune
Mon roman de Bonpland, c'est à la fois un récit de voyages par procuration, une biographie de Bonpland voire une autobiographie feinte puisque le récit de sa vie et de sa mort si étrange se fait à la première personne, il s'agit donc aussi de mémoires apocryphes. C'est évidemment un roman historique voire historiographique, car j'ai inclus dans cet ouvrage un nombre considérable de notes, non seulement de bas de page mais qui occupent parfois le corps du texte, ce qui le rapproche aussi de l'essai.
Sa transgénéricité ne fait donc aucun doute, mais il se caractérise aussi par sa transtextualité. En effet, il s'agit avant tout d'un travail de ré-écriture, en m'inspirant des passages les plus transcendants des meilleurs ouvrages dédiés à Bonpland mais aussi du film de Roche, en me glissant dans les interstices des textes qui m'ont le plus marqué pendant ces quatre années de préparation, en éliminant les excès de ces hypotextes et en comblant leurs carences, j'ai écrit ces mémoires en m'identifiant totalement au personnage.
En oscillant entre le plagiat assumé et la création la plus pure, je fus Bonpland durant tout ce temps. Quels voyages ce furent mes amis ! Tant de déroutes et de découvertes, tant de routes et d'amours, tant de vies et de départs, tant de douleurs et de joies, tant de guerres et de retraites paisibles au fond de la jungle ! En un mot, tant de vies et à la fin, cette infâme double mort, qui fait démarrer le discours-récit d'outre-tombe de mon défunt tant aimé et le fait certainement revivre ses multiples vies, depuis le Haut Orénoque jusqu'à Santa Ana de Yapeyú, en concluant par sa naissance à La Rochelle, afin de le resituer dans le contexte charentais qu'il ne reverra jamais mais dont il n'aura jamais dû sortir non plus
Et à travers tout cela, tel un fil conducteur de sa vie et de ma fiction, un Amour confinant à la Folie de la Liberté, dans l'un des 71 exergues sur la mort et l'écriture qui introduisent le récit, où je m'amuse de l'ambigüité qui règne dans toute l'uvre au sujet de son auteur, me qualifiant moi-même d' "usurp-auteur" et donnant l'illusion au lecteur que c'est bien le mort qui conte sa vie, je fais dire à mon Bonpland : "A l'intérieur de vos mémoires je demeurerai, tel l'homme libre des marais."
Car le Maître-Mot dans toutes les trajectoires de notre personnage, c'est bien la Liberté, et pas seulement celle philosophique de l'Esprit des Lumières qu'ils surent si bien transmettre dans de nombreux pays d'Amérique Latine, avec son ami le Baron de Humboldt mais plutôt celle de tous les jours, pour laquelle il faut lutter pied à pied
Il n'est que de voir dans le catalogue du Musée Bonpland de Corrientes déjà cité auparavant, le passeport de Monsieur Bonpland de 1837, émis par Le Gouverneur de la Province de Buenos Aires, pour bien comprendre de quoi il s'agit. Celle des franchissements de notre personnage au-delà des fleuves et des frontières, qu'il abolissait par sa Soif Inextinguible de Liberté.
En voici l'extrait le plus significatif, tout en précisant que dans les deux tampons qui l'ornent en haut à droite, on peut lire : "Que meurent les unitaires", dont il était. Il y est écrit en effet :
"Par lequel [le Gouverneur] a donné la permission à Amado Bonpland de passer librement à Sao Borja, [ ], par lequel il ordonne à toutes les autorités civiles et militaires de sa dépendance, et à tous ceux qui n'en font pas partie, qu'on ne mette aucune entrave à son voyage, sans une juste cause."
Bonpland était bien l'Homme des Passages, des Franchissements, tant géographiques que scientifiques, ou historiques et politiques, et à la lumière de ce document, on peut constater qu'après ses exploits amazoniens et sa réclusion paraguayenne, il était devenu un Esprit Libre en mouvement perpétuel, que ni les guerres, ni les amis, -et encore moins les ennemis-, ni les nombreux amours, ni même l'absence sans doute douloureuse de ses propres enfants, ne pouvaient arrêter
VI) Biblio-disco-filmo-webo-graphie
Arbelo, De Mazzaro, Aurora, Schinini, Aurelio, "Bonpland naturalista, 2008 año bonplandiano, 1858-2008, sesquicentenario del fallecimiento del Dr Amado Bonpland", Aurora Arbelo de Mazzaro, Aurelio Schinini, Musée Bonpland, Corrientes, 2008, http://www.corrientes.gov.ar/portal/files/catalogo%20bonpland.pdf
Bonpland, Aimé, Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent de A.Humboldt, "Les plantes équinoxiales ", vol. I et II, Paris, éditions Levrault et Schoell, 1805-1817, "Monographie des mélastomées", vol. III et IV, Paris, éditions Schoell, 1806-1823.
Brunel, Adolphe, Aimé Bonpland, Paris, Editions L.Guérin et Cie, 1871
Canturbe, "Bonpland", RCA Corporation, Buenos Aires, 1983
Contreras Roqué, Julio Rafael, "Amado Bonpland, un misterioso viajero entre plantas y espadas", Vida silvestre, n° 90, octobre-décembre 2004, pp. 22-25, http://www.vidasilvestre.org.ar
"El Paraguay en 1857, un viaje inédito de Aimé Bonpland", avec Boccia Romañach, Alfredo, Asunción, Servilibro, 2006
Courthès, Eric, L'insule paraguayenne, Paris, Editions Le Manuscrit, 2006
Lo transtextual en Roa Bastos, Asunción, Universidad Católica, CEADUC, BEP, Vol. 67, 2006
"Amado Bonpland, generador de re-escrituras transgenéricas", Paris IV La Sorbonne, Ateliers du SAL, mars 2009, http://www.crimic.paris-sorbonne.fr/actes/sal4/courthes.pdf
La isla de Roa Bastos, Asunción, Servilibro, novembre 2009
Le voyage sans retour d'Aimé Bonpland, explorateur rochelais, Paris, L'Harmattan, Collection L'Autre Amérique, avril 2010, http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no_revue=&no=31196
Memorias de un muerto, el viaje sin retorno de Amado Bonpland, Asunción, Servilibro, juillet 2010, http://www.servilibro.com.py/
Darwin, Charles, L'évolution des espèces, Londres, John Murray, 24 novembre 1859.
Foucault, Philippe, Le pêcheur d'orchidées, Paris, Seghers, "Etonnants voyageurs", 1990
Gasulla, Luis, El solitario de Santa Ana, Buenos Aires, Rueda, 1978.
Gelman, Juan, Anunciaciones y otras Fábulas, Buenos Aires, Seix Barral, 2001
Genette, Gérard, Palimpsestes, La littérature au second degré, Paris, Seuil, Essais, 1982
Hamy, Ernest Théodore, Aimé Bonpland, médecin et naturaliste, explorateur en Amérique du Sud, Paris, Editions Guilmoto, 1906
Humboldt, Alexandre de, Cosmos. Essai d'une description physique du monde, Paris, Editions Utz, 2000, (1847-1859)
Martínez, Ibsen, Humboldt y Bonpland, taxidermistas. Tragicomedia con naturalistas en dos actos.", Venezuela, 1981
Nietzsche, Friedrich, Aforismos y otros escritos filosóficos, Corrientes, Ediciones Libertador, 2009 (1888)
Ottone, Eduardo G., "Bonpland, un naturalista en la cuenca del Plata", Todo es historia, "Suplemento Educativo: pensar el Bicentenario", Buenos Aires, n° 504, juillet 2009, p. 9, http://www.todoeshistoria.com.ar
Paso de los libres, Corrientes, http://www.pasodeloslibres.gov.ar/index.php?option=com_content&view=article&catid=55%3Adireccion-turismo&id=84%3Ahistoria&Itemid=1
Roa Bastos, Augusto, Yo el supremo, Madrid, Cátedra, 1987, (1974)
Roche, Luis Armando, Aire Libre, Venezuela, 1996
Metaforismos, juegos de armar de la Escritura y del Hombre, de Augusto Roa Bastos"
En todo caso, aquellos juegos de armar de la escritura y del amor, en un punto se tocan, la alteridad, sin la percepción exacta y apasionada del otro, sea texto o ser humano, no existimos, o entonces muy parcialmente, John Fante en su tiempo ya lo acertó: "Para escribir hay que amar y para amar hay que comprender.", (Fante, 2002, 142).
I) Resumen:
Los Metaforismos que vamos a analizar constituyen un doble de la obra existente y ausente de Augusto Roa Bastos, proviniendo de un palimpsesto cuya extensión nadie hoy en día puede medir, y del cual ciertos estratos no han conocido la edición, tejiendo entre sí su propia coherencia interna, al destacarse de sus respectivas ficciones.
En aquel terreno pluritextual, -tan polifónico como el tema Elegguá de Omar Sosa-, (Sosa, 2001), Roa nos enseña a jugar a volver a construir su obra, (Zé, 2002) y sobre todo su pensamiento, a partir de metáforas aforísticas, habitadas también por la trascendencia del lenguaje y de tres ejes dominantes: la Escritura, el Hombre y la Mujer, y el Amor Para estos últimos dos puntos, véase mi reciente artículo de Palabras Escritas, (Courthès, 2006 h).
Y entonces, el texto que vamos tejiendo nosotros mismos, el genotexto, deja entrever algunas zonas de significado, a partir de las cuales se puede apreciar su genio de la escritura endotextual, su extraña poética de la ausencia y su innegable dimensión filosófica.
En todo caso, aquellos juegos de armar de la escritura y del amor, en un punto se tocan, la alteridad, sin la percepción exacta y apasionada del otro, sea texto o ser humano, no existimos, o entonces muy parcialmente, John Fante en su tiempo ya lo acertó: "Para escribir hay que amar y para amar hay que comprender.", (Fante, 2002, 142).
Eric Courthès
Universidad de París IV,
CRIMIC SAL,
La Sorbona
"Metaforismos", juego de armar de la Escritura y del Hombre,
de Augusto Roa Bastos
I) Resumen:
Los Metaforismos que vamos a analizar constituyen un doble de la obra existente y ausente de Augusto Roa Bastos, proviniendo de un palimpsesto cuya extensión nadie hoy en día puede medir, y del cual ciertos estratos no han conocido la edición, tejiendo entre sí su propia coherencia interna, al destacarse de sus respectivas ficciones.
En aquel terreno pluritextual, -tan polifónico como el tema Elegguá de Omar Sosa-, (Sosa, 2001), Roa nos enseña a jugar a volver a construir su obra, (Zé, 2002) y sobre todo su pensamiento, a partir de metáforas aforísticas, habitadas también por la trascendencia del lenguaje y de tres ejes dominantes: la Escritura, el Hombre y la Mujer, y el Amor Para estos últimos dos puntos, véase mi reciente artículo de Palabras Escritas, (Courthès, 2006 h).
Y entonces, el texto que vamos tejiendo nosotros mismos, el genotexto, deja entrever algunas zonas de significado, a partir de las cuales se puede apreciar su genio de la escritura endotextual, su extraña poética de la ausencia y su innegable dimensión filosófica.
En todo caso, aquellos juegos de armar de la escritura y del amor, en un punto se tocan, la alteridad, sin la percepción exacta y apasionada del otro, sea texto o ser humano, no existimos, o entonces muy parcialmente, John Fante en su tiempo ya lo acertó: "Para escribir hay que amar y para amar hay que comprender.", (Fante, 2002, 142).
II) Introducción
Primero, debemos confesar que habíamos excluído de nuestros recientes estudios sobre la transtextualidad en la obra de Roa Bastos, (Courthès, 2006, a, b, c, d, e), Metaforismos, la última obra publicada por al autor solito, en efecto, después de 1997, Roa sólo publicó obras colectivas, (Roa Bastos, 2001), (Maciel, 2002).
Y esta lectura posterior a los artículos y ensayos ya mencionados no pudo sino agudizar nuestra visión del texto roabastiano, rico en intertextualidad, hipertextualidad y sobre todo endotextualidad. De hecho, este librito de metáforas aforísticas vuelve a decir la obra entera en filigrana e incluso la obra ausente, no faltan en efecto los borradores u obras acabadas que Roa nunca publicó, y que han sido elegidos por el autor para completar estos pensamientos breves y complejos. Roa afirma de antemano en la tapa lo endotextual de esta obra, sacada de su propia obra, presente o ausente: "Esta selección está entresacada de algunas de mis obras que se mencionan aquí por orden cronológico; de borradores inacabados o destruidos; también de cuadernos de apuntes y de cartas con amigos lejanos ", (Roa Bastos, 1996, tapa)
Los Metaforismos no sólo dicen una Escritura que se mira y se analiza, sino que también constituyen una profunda reflexión sobre él mismo, el Hombre y la Mujer, y el Amor, para sólo mencionar los ejes más relevantes, en esta obrita más bien ignorada por la crítica, pese a su innegable carácter de confesiones últimas e intimas
II) Marco teórico de la transtextualidad
Como ya lo hicimos en nuestros estudios anteriores de semiótica textual ya citados, nos parece importante distinguir, y hasta cuestionar, los habituales conceptos de semiótica sacados habitualmente de Julia Kristeva y Gérard Genette, (Genette, 7-18). Primero porque las nociones de intertextualidad e hipertextualidad tienden a sobreponerse en la crítica actual, y luego porque la hipertextualidad, tal como Genette la define, no diferencia la naturaleza de "la operación transformativa", (Genette, 14) que forzosamente separa un hipertexto auctorial, muy presente en la obra de Roa, de un hipertexto alógrafo.
Por último, porque en el caso de don Augusto, la interrogación sobre el texto de por sí, la Escritura de la Escritura, de un texto que se pone en escena y se genera a sí mismo, es tal, que la categoría de hipertexto auctorial tampoco alcanza. Y ello sin tene
Signature :
Eric Courthès
IX) Escribir el Hombre
Si la escritura y todos los datos conexos ocupan el centro de este librito, hay otra entrada que sobresale, el hombre, y más aún la mujer, desempeñan un papel muy relevante.
En efecto, ¿de qué o de quién nos hablan estos metaforismos? Pues de modo paradójico, para un autor que rechaza su estatuto, nos hablan del mismo autor, en este "espejo primordial", (R.B. Pujol, 18), es su propia cara la que va perfilándose.
Carlos Pujol incluso sostiene que se trata de una especie de ficción, compuesta de un colage de ficciones, sin trabazón narrativa, que terminan formando un autorretrato: "Todo eso, que originariamente formaba parte de sus novelas, desgajado en "metaforismos", compone un nuevo corpus que no tiene ilación narrativa, pero que en su totalidad dibuja la silueta del escritor, acaba por ser como una larguísima e indirecta metáfora de sí mismo.", (R.B.Pujol, 19).
Lo seguro desde un punto de vista pragmático es que el lector sin horizonte de espera definido, o confrontado con varios al mismo tiempo, tiende a destacar estos metaforismos de su semiotopos ficticio original, (Ezquerro, 24), hasta el Supremo pasa por el trapiche de esta re-lectura específica. Por último, frutos de textos ausentes o presentes, y organizados según su propia coherencia:'escribir-yo-hombre-mujer-vida-muerte-Dios', sin retomar necesariamente la cronología de los diferentes hipotextos, crean nuevas interpretaciones al tejer entre sí nuevos enlaces. Otra vez, a uno le tocaría inventar un nuevo concepto para decir esta capacidad transfinita para provocar la re-lectura, y finalmente, golpe supremo, para tejer su propia imagen, -cuando hizo de la ausencia su poética-, en filigrana
En este afán endotextual de la escritura, es a sí mismo a quien el autor está buscando y son fragmentos de verdad suya los que deja que trasluzcan: "El hombre más sensato y más virtuoso lo es sólo en apariencia gracias a las locuras menores que se permite en privado.", ([52], 38, Yo el Supremo). También cuando nos habla de "un hombre de edad avanzada, (que) estaba habitado por una juventud clandestina que le permitía jugar furtivamente al Rey David con adolescentes quinceañeras ", ([60], 39, Yo el Supremo). ¿No será en realidad una alusión al abuelo de Félix Moral, que aparece luego en El fiscal, (Roa Bastos, 1996, 16), bajo los rasgos de Ezequiel Gaspar, mediante la cual el autor, otra vez, nos hablará de él, o de sus pulsiones atávicas?
Empero, de seguro es cuando nos habla de la mujer que Roa nos habla más de él, sin duda porque fue una de las mayores preocupaciones de su vida, de "su no siempre dichosa experiencia humana", (Roa Bastos, 1993, 26), tal como la de Félix Moral, el personaje-narrador más autobiográfico de su obra, (Courthès, 2006 e).
En cuanto al hombre, en su acepción filosófica, cada vez lo encuentra menos humano, hasta los hombres dominantes no son sino hombres, y no dioses, como a algunos les encantaría demostrarlo. Hallamos en este último metaforismo uno de los pilares de su obra entera, "la imagen del hombre", (Courthès, 2006 e) ocupa ahí un lugar céntrico, confrontado con sus límites y con Dios en Hijo de hombre, con su propio ego y locuras del poder en Yo el Supremo, con la mujer en El fiscal: "Los hombres más hombres no son más que hombres, y éstos cada vez menos hombres.", ([53], 38).
De la Escritura al Hombre, a no ser que resulte ser al revés, la trayectoria toda de la obra de Roa vuelve a surgir en esta última obrita, bajo las múltiples facetas metaforísticas de un talento literario sin igual, ni siquiera entre los mayores escritores latinoamericanos
09 01 2007
Entrevista de Paz Encina, realizadora de "Hamaca paraguaya" por Eric Courthès
Es que el guaraní es para nosotros un cotidiano, yo nunca pensé en reafirmar una lengua ni en salvarla y ni en nada de eso. Yo quería que Ramón y Cándida sean dos personas que viven en el fin de Paraguay, lejos, lejos de todos, y esas personas que en Paraguay viven como si estuvieran en el fin del mundo solamente podrían hablar guaraní. Igualmente aquí en Paraguay el 80% de la población habla guaraní, es nuestra lengua oficial, y no nos es extraño para nada.
Paraguay, 1935. Todavía es otoño y hace calor, el calor nunca desaparece. En un lugar remoto del Paraguay, una pareja de ancianos campesinos, Cándida y Ramón, esperan a su hijo que se fue a la Guerra del Chaco. También esperan a la lluvia, que se anunica hace tiempo pero no llega; y al viento que tampoco llega; y que el calor amaine pero no lo hace a pesar de la estación. Pero sobre todo esperan a que las cosas mejoren. La pareja encara esta época de espera con diferentes actitudes: Ramón espera con optimismo; Cándida cree que su hijo está muerto, por tanto no tiene sentido continuar esperando. Estos roles se van intercalando mientras la pareja está sentada, mientras espera eternamente a que pase el tiempo en la hamaca paraguaya. Paz Encina.

(Sinopsis del film y entrevista de Paz Encina por Eric Courthès, diciembre de 2007)
E.C.: Paz, en el making off, declaraste que en el Paraguay "se está viviendo un pasado en presente todo el tiempo", de ahí la elección tuya de disociar imagen y sonido, con voces en off, para reflejar "dos tiempos que se vayan encontrando". ¿Podrías aclararlo a nivel histórico y técnico, para un espectador que no sepa nada del Paraguay?
P.E.: Básicamente, hasta hoy, Paraguay es un país que al lograr su independencia, tiene como presidente a un dictador: el Dr. Gaspar Rodríguez de Francia. Luego, las cosas parecían andar mejorando con el presidente Carlos Antonio López, pero de manos de su hijo, nos viene la guerra de 1870, contra Brasil, Argentina y Uruguay, un verdadero holocausto para Paraguay, luego, poco después, en 1932, la Guerra del Chaco, donde se sitúa Hamaca Paraguaya, y donde Paraguay gana la guerra, lo que sube mucho la autoestima del ser Paraguayo, pero luego nuevamente 35 años de dictadura con Alfredo Stroessner, también otro holocausto, que vino con un tinte distinto, silente, escondido, velado, pero fue también un holocausto. Siempre pienso, y casi te diría que con mucha certeza, que el ser paraguayo debe ser uno de las más nostálgicos de Latinoamérica. Creo que esto tiene que ver un poco porque a nivel histórico Paraguay no tuvo líneas ascendentes, sobre todo a nivel humano, y entonces, siempre se añora un pasado que pareciera haber sido mejor En Paraguay, se peleó mucho para que Stroessner saliera, pero hoy por hoy, mucha gente lo añora "porque tenía las heladeras llenas" olvidando con esto, la violación a los Derechos Humanos, la falta de Libertad, el miedo, el espanto, y otras tantas cosas muy características de su gobierno. Tenemos a veces una memoria muy frágil, por ejemplo, en Argentina, se da por hecho que la Época del Proceso fue un espanto, pero aquí los Paraguayos, no reconocemos esos 35 años de dictadura Stronista como lo que fue, y entonces, se vive siempre esperando un tiempo que ya se fue, esperando que vuelva, que se repita, y buscándolo, hasta que se encuentra. Siento a veces que el paraguayo necesita añorar para vivir,
E.C.: También en el making off, Ramón del Río, magistral en su papel de peón de chacra, declara citando a Augusto Roa Bastos que "el infortunio se enamoró del Paraguay". ¿Cómo reflejaste esa desesperación por un pasado funesto y bélico que subyace en el presente?
P.E. : Creo que algo que tiene la película es en sí una estructura como circular los diálogos lo son, las locaciones lo son igualmente no sé si es algo como que busqué más que algo que me salió porque simplemente ese es mi cotidiano en Paraguay.
E.C. : Centrándose en la muerte de un protagonista ausente, Máximo, el hijo muerto en la Guerra del Chaco, con una madre y un padre en los cuales alternan esperanza y desesperación, tu película es muy roabastiana, o sea muy paraguaya, siendo una prosopopeya, algo muy recurrente en la obra de Roa. ¿En qué influyó este autor en vos?
P.E. :
Roa Bastos, es el único autor que nos hacen leer de chicos en los colegios, y entonces creo que eso influye mucho, pero también hubo un autor paraguayo que influyó mucho en mi escritura que es Bareiro Saguier, contemporáneo de Roa y que todavía está. Pero también tengo que confesarte algo, y es que en Rulfo es para mí donde yo veía a Hamaca interminablemente.
E.C : También resulta sumamente paraguayo el aspecto lingüístico, o sea el trabajo tuyo de doble traducción del español estándar al guaraní, para terminar con subtítulos en español paraguayo y voces en guaraní. ¿Qué simboliza para vos esta afirmación de la lengua indígena?
P.E. :
Es que el guaraní es para nosotros un cotidiano, yo nunca pens
Signature :
Eric Couthès
E.C.: Paradójicamente de lo estático sale una estética de lo profundamente humano, en aquel tiempo estancado de la muerte, las almas de los personajes nos están hablando. Estoy escribiendo una novela al respecto sobre Amado Bonpland, titulada Memorias de un muerto, intuyendo lo mismo que vos, sólo la voz de un muerto o los comentarios que conlleva su muerte, pueden darnos el compás exacto de su vida y de la nuestra desde luego. ¿Qué opinás al respecto?
P.E.:
Lo único que puedo decirte de esto, es que no sé porqué, pero nosotros los paraguayos, tenemos como el mal vicio de andar llevando nuestros muertos a cuestas, no nos podemos desprender de ellos, y algunos, los llevan o los lloran como si todavía vivieran. Pienso a veces que los paraguayos todavía no nos volvimos del todo individualistas, y que entonces, el solo pensar en una separación puede llevarnos a la muerte y andar entonces todos, como almas en penas transitando los mismos caminos.
" La rébellion des femmes", conte d'Augusto Roa Bastos (1960), traduction d'Eric Courthès
Ensuite un avion commença à survoler la ville à basse altitude durant toute la nuit.
Nous pensions qu'il s'agissait d'un de ces vols d'agrément, tout aussi routiniers, que selon la propagande de l'opposition, a coutume de faire le Général avec ses intimes et les vestales de service, pour changer de scène et d'ambiance.
On raconte qu'il se passe de drôles de choses là haut, de délicieuses orgies, des choses qu'on ne peut même pas s'imaginer.
Les acteurs de la campagne de discrédit des "cercles opposés" ne se gêne pas pour parler de la vie privée des gouvernants.
Comme s'il avait été atteint par elle, Muleque s'exclama en entendant l'avion : "lls sont encore en train de niquer !"
- Eh papy!, -lui dis-je-, laisse-les donc s'amuser un petit peu, ils se sacrifient eux. Il sont dans leur droit. Tu ne serais pas un petit peu jaloux ?
- Eh merde !- marmonna-t'il en roulant furieusement les yeux.
J'adorais le provoquer, faire bouillir en lui cette indignation qui le possédait tout entier quand je plaisantais sur les sujets qui lui tenaient à cur. Une colère sourde d'impuissance, de courage, de dégoût, le faisait frémir de haut en bas et lui faisait trembler le moignon de la jambe dans une espèce de spasme presque épileptique.
- Le Général -insistai-je- combine son hobby de l'aviation avec celui des femmes. Tu sais ce qu'on dit sur ses performances aériennes ? Tu connais la dernière ? Il se laisse tomber en piqué sur le Panthéon des Héros de la Patrie, pendant qu'il
- Qu'est-ce que j'en ai à foutre !-me dit-il avec rage. Ses grosses lèvres tremblaient, en laissant entrevoir ses gencives sanguinolentes, dévorées par la pyorrhée.
- En voilà un qui ne mourra pas dans son lit, dis-je encore-, un jour il va se choper un infarctus dans la descente et va finir en jus de boudin sur le Panthéon avec les putes et tout
le reste. Ça serait super de voir le nez du Douglas présidentiel cloué dans la coupole ! Tu ne crois pas ?
La Rébellion
Conte d'Augusto Roa Bastos
tiré du recueil El baldío, 1967 (1960)
Traduction d'Eric courthès
Personne ne sait comment elles ont commencé à se réunir, ni comment elles ont pu traverser les cordons de troupes. Le plus étrange dans tout ça c'est comment ils ont pu les laisser se rassembler. Etait-ce du respect, une négligence ou de l'indifférence ? En plus, juste à ce moment-là et en ce lieu, où pèse la menace d'une catastrophe depuis l'aube.
A quatre heures pile un fort détachement sous les ordres d'un officier de communications, fit irruption dans la Centrale Téléphonique. Ce fut le premier indice du soulèvement des casernes. Les choses commençaient comme d'habitude, ce qui fait qu'au début nous n' avons pas trop paniqué. La "crise"- c'est ainsi que les journaux qualifient prudemment ces coliques endémiques du régime- n'était un secret pour personne. Mais depuis quelques temps elles étaient si fréquentes qu'on avait cessé d'y penser.
Un peu avant minuit, les correspondants des agences étrangères avaient envoyé la dépêche habituelle ; le même texte pour tout le monde, qui était déjà rédigé sur du papier à en-tête du service de presse de la présidence :
" Il règne un calme absolu dans tout le pays. Le gouvernement garantit l'ordre et la liberté de travail à la population. Les mouvements de troupes qu'on a observés ces derniers jours correspondent à des exercices de routine, que les cercles opposés au gouvernement tentent d'exploiter, comme toujours, avec d'évidentes motivations subversives."
Donc rien de nouveau.

Conte d'Augusto Roa Bastos
tiré du recueil El baldío, 1967 (1960)
Traduction d'Eric courthès
Personne ne sait comment elles ont commencé à se réunir, ni comment elles ont pu traverser les cordons de troupes. Le plus étrange dans tout ça c'est comment ils ont pu les laisser se rassembler. Etait-ce du respect, une négligence ou de l'indifférence ? En plus, juste à ce moment-là et en ce lieu, où pèse la menace d'une catastrophe depuis l'aube.
A quatre heures pile un fort détachement sous les ordres d'un officier de communications fit irruption dans la Centrale Téléphonique. Ce fut le premier indice du soulèvement des casernes. Les choses commençaient comme d'habitude, ce qui fait qu'au début nous n' avons pas trop paniqué. La "crise"- c'est ainsi que les journaux qualifient rudemment ces coliques endémiques du régime- n'était un secret pour personne. Mais depuis quelques temps elles étaient si fréquentes qu'on avait cessé d'y penser.
Un peu avant minuit, les correspondants des agences étrangères avaient envoyé la dépêche habituelle ; le même texte pour tout le monde, qui était déjà rédigé sur du papier à en-tête du service de presse de la présidence:
" Il règne un calme absolu dans tout le pays. Le gouuvernement garantit l'ordre et la liberté de travail à la population. Les mouvements de troupes qu'on a observés ces derniers jours correspondent à des exercices de routine, que les cercles opposés au gouvernement tentent d'exploiter, comme toujours, avec d'évidentes motivations subversives."Donc rien de nouveau.
Ensuite un avion commença à survoler la ville à basse altitude durant toute la nuit. Nous pensions qu'il s'agissait d'un de ces vols d'agrément, tout aussi routiniers, que selon la propagande de l'opposition a coutume de faire le Général avec ses intimes et les vestales de service, pour changer de scène et d'ambiance.
On raconte qu'il se passe de drôles de choses là haut, de délicieuses orgies, des choses qu'on ne peut même pas s'imaginer. La campagne de discrédit des "cercles opposés" ne se gêne pas pour parler de la vie privée des gouvernants.
Comme s'il avait été atteint par elle, Muleque s'exclama en entendant l'avion :
- Ils sont encore en train de niquer !
- Eh papy!, -lui dis-je-, laisse-les donc s'amuser un petit peu. Ils se sacrifient eux! Il sont dans leur droit. Tu ne serais pas un petit peu jaloux ?
- Eh merde !- marmonna-t'il en roulant furieusement les yeux.
J'adorais le provoquer, faire bouillir en lui cette indignation qui le possédait tout entier quand je plaisantais sur les sujets qui lui tenaient à cur. Une colère sourde d'impuissance, de courage, de dégoût, le faisait frémir de haut en bas et lui faisait trembler le moignon de la jambe dans une espèce de spasme presque épileptique.
- Le Général, -insistai-je-, combine son hobby de l'aviation avec celui des femmes. Tu sais ce qu'on dit sur ses performances aériennes ? Tu connais la dernière ? Il se laisse tomber en piqué sur le Panthéon des Héros de la Patrie, pendant qu'il
- Qu'est-ce que j'en ai à foutre !-me dit-il avec rage. Ses grosse lèvres tremblaient en laissant entrevoir ses gencives sanguinolentes, dévorées par la pyorrhée.
- En voilà un qui ne mourra pas dans son lit-dis-je encore-. Un jour il va se choper un infarctus dans la descente et va finir en jus de boudin sur le Panthéon avec les putes et tout
le reste. Ça serait super de voir le nez du Douglas présidentiel cloué dans la coupole ! Tu ne crois pas ?
Il mollarda de rage mais rata le crachoir ; il se raccorda au morse et commença à tambouriner mécaniquement sur l'appareil, avec la mâchoire presque enfoncée dans la poitrine.
L'avion continua à tournoyer bruyamment au dessus des rues. Il s'é
Je restai seul avec Muleque. Je le décollai de la balustrade. Je posai délicatement ses béquilles sous sa tête en guise d'oreiller. Il me regarda de ses yeux à l'agonie, mais il
devait entendre encore le fracas du combat, le bruit des pas, des milliers de pas sur les pierres, et parmi tous ceux-ci, les siens, même ceux de ce pied que lui mangea la révolution, en cette victorieuse marche dont il avait rêvé si longtemps. Il me tenait par la main. Ses lèvres violacées remuèrent avec difficulté.
- On y va aux commutateurs -eut-il encore la force de murmurer-. Aide-moi, Miguel
- Oui, Muleque.
- Nous devons transmettre la nouvelle les derniers mots se confondirent avec les ultimes gargouillements d'un mort.
J'eus beaucoup de peine à fermer les paupières de ces yeux où brillaient le sourire d'un défunt. Ensuite je suis descendu en courant.
Rioux Grande, le 01/07/03
"LA ÍNSULA PARAGUAYA", Eric Courthès, Ponencia del X Congreso del C.E.L.C.I.R.P, Charlottetown, Isla del Príncipe Eduardo, Canadá, 6-8 de julio de 2006
" Cualquier hombre lleva en sus adentros una isla, una isla cuyos contornos van cambiando según sus fantasías, como una nube va deformándose a merced del viento. Imagen del refugio, o esperanza de exotismo, la isla puede ser también promesa de aventura, o reto ante lo inasequible." Yves La Prairie, prefacio de L'Ile de Pâques, journal d'un aspirant de La Flore, Pierre Loti[14]
17 abril
LA ÍNSULA PARAGUAYA
LA ÍNSULA PARAGUAYA
(Ponencia del X Congreso del C.E.L.C.I.R.P, Charlottetown, Isla del Príncipe Eduardo, Canadá, 6-8 de julio de 2006)
"Era vea un solo ver agua. Agua y después más nada. Más nada.
Aparece en eso una islita. Apenas vea si usté podía hacer pie de tan chiquitita que era. Cabía a lo más uno solo parado, derecho, y sin moverse porque sinó se iba al fondo Y pura agua alrededor. Aparte de eso, más nada. Más nada.
En eso, a unos veinte metros, la misma islita. No otra, no vaya creer, no, la misma, vea, igualita. La misma, únicamente que dos veces, una a unos veinte metros de la otra, chiquititas las dos, tan chiquititas que arriba de ellas no cabía más que uno parado, derecho. La misma islita dos veces, pura agua alrededor, y después más nada, más nada.
Al rato había tantas, digo había aparecido tantas veces, la misma islita, que usté podía pasar saltando de una a la otra, sin miedo de meter la pata en el agua. Y no bien usté había terminado de saltar de una islita y me va creer vea si le digo que era siempre la misma, no había vea terminado de saltar que ya estaba apareciendo otra vez la islita entre las dos, cosa de que si usté esperaba vea un minuto, vea, podía haber pasando caminando lo más tranquilo. Así hasta que se vio que todas las islitas estaban queriendo formar una sola. Quedó la islita grande y alrededor pura agua. Pura agua y después más nada. Más nada.", El limonero real, Juan José Saer, B.S.A.S., Seix Barral, Biblioteca Breve, 2002, (1974), p.149.
1) La Ínsula Barataria
En nuestro ensayo epónimo[1], procuramos demostrar que el Paraguay en diacronía, desde la Cédula real de 1527, hasta las comunidades menonitas de hoy en el Chaco, y en otras partes[2], pasando por un sin fin de comunidades sin transculturación[3] con las demás, tal como fue el caso de las ínsulas jesuitas[4] en el XVIII, y en sincronía, por las actuales comunidades indígenas y extranjeras, que vuelven a formar una Babel[5] horizontal en el Chaco, conforma hoy una constelación multicultural y multilingüe, un archipiélago cuyas ínsulas no se conectan entre sí, o peor son víctimas de presiones de parte de los otros grupos, como es el caso de las comunidades indígenas[6].
Un archipiélago de ínsulas por lo tanto que no conforman netamente una homogeneidad nacional y en lugar de transculturar entre sí, deculturan e incluso aculturan a los grupos dominados, en especial a los indígenas del Chaco bajo la tutela de menonitas, misiones religiosas de diversas índole y O.N.G, cuyos intereses se extralimitan a veces de lo proselítico y/o humanitario[7]
La ínsula paraguaya
Eric Courthès
(Universidad Católica de Asunción)
C.E.A.D.U.C.
"Era vea un solo ver agua. Agua y después más nada. Más nada.
Aparece en eso una islita. Apenas vea si usté podía hacer pie de tan chiquitita que era. Cabía a lo más uno solo parado, derecho, y sin moverse porque sinó se iba al fondo. Y pura agua alrededor. Aparte de eso, más nada. Más nada.
En eso, a unos veinte metros, la misma islita. No otra, no vaya creer, no, la misma, vea, igualita. La misma, únicamente que dos veces, una a unos veinte metros de la otra, chiquititas las dos, tan chiquititas que arriba de ellas no cabía más que uno parado, derecho. La misma islita dos veces, pura agua alrededor, y después más nada, más nada.
Al rato había tantas, digo había aparecido tantas veces, la misma islita, que usté podía pasar saltando de una a la otra, sin miedo de meter la pata en el agua. Y no bien usté había terminado de saltar de una islita y me va creer vea si le digo que era siempre la misma, no había vea terminado de saltar que ya estaba apareciendo otra vez la islita entre las dos, cosa de que si usté esperaba vea un minuto, vea, podía haber pasando caminando lo más tranquilo. Así hasta que se vio que todas las islitas estaban queriendo formar una sola. Quedó la islita grande y alrededor pura agua. Pura agua y después más nada. Más nada." (Saer 1974: 149)
1) La Ínsula Barataria
En nuestro ensayo epónimo, procuramos demostrar que el Paraguay en diacronía, desde la Cédula real de 1527, hasta las comunidades menonitas de hoy en el Chaco, y en otras partes, pasando por un sin fin de comunidades sin transculturación con las demás, tal como fue el caso de las ínsulas jesuitas en el XVIII, y en sincronía, por las actuales comunidades indígenas y extranjeras, que vuelven a formar una Babel horizontal en el Chaco, conforma hoy una constelación multicultural y multilingüe, un archipiélago cuyas ínsulas no se conectan entre sí, o peor son víctimas de presiones de parte de los otros grupos, como es el caso de las comunidades indígenas.
Un archipiélago de ínsulas por lo tanto que no conforman netamente una homogeneidad nacional y en lugar de transculturar entre sí, deculturan e incluso aculturan a los grupos dominados, en especial a los indígenas del Chaco bajo la tutela de menonitas, misiones religiosas de diversas índole y O.N.G, cuyos intereses se extralimitan a veces de lo proselítico y/o humanitario
Eso en cuanto a insularidades internas, respecto de las insularidades externas, basta con mirar un mapa para fijarse en el carácter sumamente aislado del país, limitado por el Chaco al este, desierto-pantanal, vestigio del mar interior Eupana, y al oeste perfectamente cercado por tres ríos, Paraguay, ¨Paraná y Apá, y las cordilleras gemelas de Amambay y Mburucayú lindantes con Brasil.
Es más por su situación de país enclavado entre dos superpotencias, Brasil y Argentina, pese a la voluntad aparente de integración regional del Mercosur, el Paraguay sigue siendo hoy en día "la isla de tierra sin mar" evocada por Roa y otros intelectuales paraguayos.
Su insularidad antigua y natural también es detectable, como era de pensar, en una de las etimologías guaraní del país, PARA/GUA/Y, con el lexema base para-' mar', el infijo de procedencia -gua-'de', y el súper monema -y, de sufijo,'agua, río', vendría a significar'río procedente del mar', o sea que el Río Paraguay viene a designar todo el país, (y su capital en su forma oxítona: para/gua/ý), y en sus propias formas y contenidos, alude al brazo de mar que enlazaba Eupana con el Atlántico
Ahora bien, ¿por qué elegí titular esta parte así, qué tienen que ver las diferentes comunidades heterogéneas que componen el país con la ínsula de Sancho Panza? El término'ínsula', además de ser un arcaísmo por'isla', (< lat. insula), designaba antes un gobierno terrestre de poca importancia, o sea una'isla terrestre', tal
También el Paraguay es un caso especial en el Mercosur y así lo entiende y manifiesta su actual presidente Nicanor Duarte Frutos, con acentos de Rodríguez de Francia, en una rara y reciente asociación con Tabaré Vásquez, por las papeleras, Morales y Chávez, en contra de las dos súper-potencias, Argentina y Brasil, -que ponen trabas a sus exportaciones y van hundiéndolo al país en una insularidad mayor aún-. En efecto, el Presidente paraguayo a la par que su alter ego uruguayo, cuestiona la utilidad y viabilidad del Mercado Común del Río de la Plata, nacido en Asunción en 1991
Además, tal como lo sugiere el precioso exergo de Saer, parece ser un país en el cual las ínsulas van regenerándose a sí mismas, desdoblándose como los pólipos de los corales, hacia lo infinito, y sobre todo en los momentos de mayor tensión, por ejemplo los estudiantes que se renovaron toda la semana durante el marzo paraguayo, a pesar de las muertes, en marzo de 1999, que crearon un último foco de resistencia, una aporía, (como el Quilombo del Gran Chaco), frente a los malos hábitos y hálitos de las dictaduras: "¿El país soñado sólo puede construirse en una plaza convertida en Isla de la Utopía durante seis días?, (Colman Gutiérrez 2004: contratapa)
Por último, para darle un improbable fin a este tema tan complejo de la utopía/distopía/aporía insular del Paraguay, vamos a dejarle la última palabra a Juan Carlos Herken, -citado por René Frégosi en su magistral trabajo sobre el Paraguay: "El Paraguay no es un país, es una obsesión ", (Frégosi 1997: 7)-. O sea que en la atracción que produce en la gente aquel país secreto, sea paraguaya o no, se nota clarito un puro caso de "transferencia insular", -como dirían los psicoanalistas-, en todo caso es lo que trasciende de aquella cita tan hermosa y polisémica
De verdad que el Paraguay atrajo y sigue atrayendo a muchos, fue un refugio, el último reducto para muchos condenados de la tierra, que tornaron en un sin fin de aporías y distopías, que hoy día muestran la mayor riqueza y variedad a nivel antropológico, una nueva Babel horizontal en el Chaco No obstante nuestros análisis, desde una perspectiva crítica, revelan una sociedad fragmentada y con poca transculturación entre sus grupos, en la cual proselitismo y dominio económico siguen siendo las peores armas de aculturación, sobre todo para el mundo indígena, en proceso de extinción en ciertos casos
"Hipertextos roabastianos", recueil de poesías y micro relatos inspirados en Roa Bastos, Eric Courthes
A DON AUGUSTO ROA BASTOS
EN EL DIA DE SU FALLECIMIENTO 26-04-2005
________________________________________
El Genio nuestro se murió,
Quien cuestionó
Significante Y Significado,
Revolucionó el Signo,
La Escritura,
Y por si fuera poco,
El Mismo Texto !!!!!
Nos hizo soñar con
Sus Supremos Personajes,
De Pensar y Escribir
Harto capaces,
Nos hizo escribir
A la vez,
El Transfinito Libro
Babeliano
Hipertextos inconexos
En apariencia,
Que brotan
tales rizomas,
Del Árbol
De su Ciencia
Tan humana,
Que lo sublima
tanto al Hombre,
Que muchos creyeron encontrar
A un nuevo ..
Todas las banderas
Quisieron recuperarlo,
Sus detractores
Enlodarlo,
Pero nadie consiguió
Entenderlo todo
De su Supremo ."
Eric Courthès
CANTITO PARAGUAYO
Paraguay,
para gallos,
con todas las pilas.
Chaco arenoso,
MAR,
tan hermoso
sin ribera
alguna
Desiertos,
Alaska al revés,
cárcel,
jaula del
HOMBRE,
esclavo de
sus creencias
Ensimismado
Ni un alma
alguna,
a las inservibles
cuatro de la la tarde
ESTEROS
ALEPH
FILADELFIA

CANTITO PARAGUAYO
Paraguay,
para gallos,
con todas las pilas.
Chaco arenoso,
MAR,
tan hermoso
sin ribera
alguna
Desiertos,
Alaska al revés,
cárcel,
jaula del
HOMBRE,
esclavo de
sus creencias
Ensimismado
Ni un alma
alguna,
a las inservibles
cuatro de la la tarde
ESTEROS
ALEPH
FILADELFIA
NÁHUAL
¿ Qué Imperio regía
el Doctor Francia ?
¿ El Ano de Dios
o la Garganta del Diablo ?
¿ Qué Eldorado ?
Un infierno social
a lo diario
¿ Qué hacemos acá
HOMBRES,
Dobles
El Uno del Otro ?
Igualitos y opuestos
Atrapados en un metro,
Un último beso,
Y ya sale el
"enemigo irreconciliable "
De Luna-Macho
y Sol-Hembra
somos frutos,
cáscara-sombra-huevo
Por la Ruta TransChaco,
tan opuestos
y tan igualitos,
vamos de paso
a los Nivaklés
Sencillos y dobles
Dualidad, duplicidad
y doblez
BRITANNIA
En el Ano del Mundo,
Están unos cuantos rufianes,
Unos cuantos rockeros,
Unas cuantas putas,
Unos cuantos remates,
Unos cuantos asaltos,
Unos cuantos secuestros,
Y
ESTÁ
DON AUGUSTO
ROA
BASTOS !!!
PAROAGUAY
(Último poema apocalíptico mío)
En un jardincito africano
Allende mozambicano
Está colgando
Una hamaca de Ypacaraí,
Y dentro está soñando
Un viejo loco,
Con agujeros en los textos
E Ínsulas de Paraguarí...
Su voz suena allá lejos
Como Celacanto pirirí,
Lástima Latimeria
De pez humano,
Soñando con Eupana,
Y teniendo que vivir Aquí...
Según Kundera
Lo pasado ignorará,
Ya que no es lo mismo,
Su Paraíso libresco,
Apenas entrevisto...
Pero él sabe que Allá
Su destino ha cambiado,
Y que le queda
Una Tierra sin Mal
Un Paraíso
En un rinconcito de su Memoria-Olvido...
Óbito será
Por el Tsunami,
Que algún día
Se llevará
Nuestro campamento,
Frágil y eterno...
Pero qué importan
Los Apocalipsis ????
Ajenjo de sabiduría
Va corriendo por sus ojos,
Y en el grito último
Está la mirada tierna
De un recién nacido...
Eric Courthès
17/01/05
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A DON AUGUSTO ROA BASTOS
EN EL DIA DE SU FALLECIMIENTO 26-04-2005
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El Genio nuestro se murió,
Quien cuestionó
Significante Y Significado,
Revolucionó el Signo,
La Escritura,
Y por si fuera poco,
El Mismo Texto !!!!!
Nos hizo soñar con
Sus Supremos Personajes,
De Pensar y Escribir
Harto capaces,
Nos hizo escribir
A la vez,
El Transfinito Libro
Babeliano
Hipertextos inconexos
En apariencia,
Que brotan
tales rizomas,
Del Árbol
De su Ciencia
Tan humana,
Que lo sublima
tanto al Hombre,
Que muchos creyeron encontrar
A un nuevo ..
Todas las banderas
Quisieron recuperarlo,
Sus detractores
Enlodarlo,
Pero nadie consiguió
Entenderlo todo
De su Supremo ."
Eric Courthès
TAXI-MOMIA
Iker ahora recordaba, extraño encuentro y rara coincidencia otra vez, a un viejo taxista de Asunción, capital del lejano y mítico Paraguay, a donde solía viajar, como investigador y escritor de los domingos y días feriados .
Vino a buscarlos en la entrada del Manduará, por una noche oscura, para bajar hasta la Vieja Estación de la Plaza Uruguaya
El vehículo era tan antiquísimo como el chófer y parecía levitar tranquilo, libre de gravedad, en un espacio y tiempo dignos de Amoité
Literalmente se deslizaba por los rieles del tranvía y bifurcó hacia Mariscal Estigarribia
Taxi-Momia era muy chiquitito, otro chófer que lo cruzara no habría visto sino una gorra, manejando con destreza un antiguo Ford Falc
ROA DE-CONSTRUCT-ORA
A Richard Astudillo Olivares
Roa deconstructora
Del Texto,
Supremo Pasquinero,
Traspasando
Sus fronteras,
Del Discurso polimorfo
A la vindicación
De un Nuevo
Lenguaje .
Nada
ha sido contado,
de aquella Historia,
Histeria de Poder,
De la Escritura,
No ha sido
Relato,
Pues que lo vuelvan a
Empezar todo
En la primera
Página .
Y que lo re-escriban
Todos
Toditos,
De modo transfinito,
Nada de Derrida,
Roa
Re-Constructora,
Carolina
Orlando .
A ella le resultará
Raro
Encontrar su nombre
Acá,
Pero dio en el blanco
Del endotexto,
Del exotexto,
De la Gran Serpiente-Textual
Enrollada,
Augusto Roa
Bastos,
Cual Hija de Hombre
Suya .
" Mémoires d'un écrivain, contes basés sur des récits d'Augusto Roa Bastos", Carolina Orlando, traduction et préface d'Eric Courthès
"Les fables doivent finir en épousailles ",
Don Quichotte de la Manche
Cahier de Notes
A celui qui le trouvera :
La peur détruit le corps et aujourd'hui on vit avec la peur. Mais personne ne détruira l'écriture. C'est pourquoi je laisse ces notes d'informations sur le début d'un projet qui, de par son caractère infime, ne prétend pas changer le rythme qui régit mon peuple. Régime d'oppression, de mort, d'emprisonnement ; dans un style opposé à celui de la liberté. Et j'ai lu quelque part que la littérature c'est la liberté. C'est cette liberté que j'utilise. Un jour vous écouterez Rodolfo Walsh, Conti Un jour on découvrira l'immortalité de cette liberté.
" tu ne prendras pas le pouvoir avec ce poème" dit-il/ tu ne feras pas la Révolution avec ces vers" dit-il/ ni avec des milliers de vers tu la feras" dit-il/ il s'assied à sa table et écrit."
Ah Gelman
Evidemment que personne ne sait pourquoi je vais en France. Seule ma mère peut le savoir. Même pas la grand-mère qui pourrait en parler avec les voisins.
Pour des raisons évidentes, je ne peux pas sortir et leur expliquer à tous qu'on nous prive d'une littérature dont on parlera encore longtemps. Je ne peux pas leur raconter que ceux qui la dirigent depuis l'exil en France m'attendent
La feuille, impeccable, s'emplit de lettres.
Le cristal et l'insipide liquide jouent. Les lettres de la couverture augmentent et aussi la taille d'une figure qui, à cause de l'ondulation du verre, semble sans visage. Je la déplace de son centre. J'enlève du milieu la barrière d'eau. La figure est toujours déplacée. C'est ainsi que comprit le Suprême Dictateur Carlos Alonso : corps sans visage, figure qui observe à travers son contour obscur et vide, des yeux attentifs, un regard sévère, qui me menace, qui semble parler. Il vous faut bien saisir que vous devez en finir avec les métaphores, me dit-il, que vous les aplatissiez ou que vous les disiez à voix haute, continue-t' il. J'ouvre le livre et il se tait. Une fois à l'intérieur, je ne vois plus le dessin.
Le roman se résume plus ou moins à ça : le Suprême fut un dictateur du Paraguay avec une autorité, évidemment, Suprême. Son nom : José Gaspar Rodríguez de Francia. Les opinions sont diverses, opposées. Je vous renvoie à ces deux informations :
"Les paraguayens virent un homme qui ayant convoqué et réuni en Congrès les habitants de la Province, présida celui-ci et se fit proclamer par ses partisans : Suprême Dictateur Perpétuel de la République du Paraguay", se prévalant de l'ignorance des paraguayens, qui ne connaissaient même pas l'autorité sans limites de la dictature ; et que le fait de donner à un citoyen dans une République une autorité illimitée est le plus grand de tous les maux ( ) Il commença par devenir un despote, dégénérant ensuite en tyran et bourreau de ses sujets : et s'imaginant tout d'un coup que la dignité épiscopale lui faisait de l'ombre et s'offusquait de sa dictature, s'ingénia à persécuter l'Evêque et finit par le faire empoisonner ." (Molas, Mariano Antonio, Description historique de l'antique Province du Paraguay, Editions princeps, 1868, troisième édition, Asunción, NIZZA, 1957, chapitre V : "La dictature").
Bien sûr que j'ai écrit quelque chose don Roa, je vous ferai parvenir une copie de mes contes.
Il les reçut en 1984. Un ami commun me fit parvenir son opinion. Il me suggérait, me dit-il, de ne jamais les publier parce que je n'avais pas su retranscrire les faits tel qu'il me les avait contés, que j'aurais pu les avoir écrit mieux que ça, que j'avais utilisé une langue trop baroque, parfois abstraite et confuse.
Mon avertissement en fait c'est que le protagoniste de ces contes est en désaccord avec ceux-ci.
En cherchant les causes d'une telle désapprobation, j'en finis par conclure que peut-être à l'époque l'idée de mon exil m'occupait trop l'esprit, ou que mon manque d'expérience comme écrivain mit à bas cette première oeuvre.
Je n'écartais pas non plus, pour éluder ma responsabilité, la possibilité que Roa Bastos se soit laissé guider par sa volonté de ne pas révéler des histoires intimes, quelque secret ou texte dont il ne veut pas se rappeler.
Cependant, je crois pour ma part que la parution de ceux-ci est indispensable, afin de démontrer comment les circonstances: des instants de vécu qui ne semblent pas laisser de traces, en firent l'écrivain génial qu'on connaît.
Je laisse entre vos mains lecteur, le loisir de la critique. Afin d'étayer mon point de vue, je rajoute les notes de mon cahier qui, je le crois, éclaireront quelques uns de vos doutes. (Vous pouvez toujours vous en passer si vous n'aimez pas les premiers pas).
Ce que je promets en revanche, c'est de revoir ces récits dans quelque temps. Pendant ce temps-là, je rechercherai de la documentation digne de foi et, comme preuve de mon humble condition d'apprenti permanent, je ferais cas des sages conseils d'un maître que j'ai transformé, de façon irresponsable, en Personnage de ces contes.
"Les fables doivent finir en épousailles ",
Don Quichotte de la Manche
Cahier de Notes
A celui qui le trouvera :
La peur détruit le corps et aujourd'hui on vit avec la peur. Mais personne ne détruira l'écriture. C'est pourquoi je laisse ces notes d'informations sur le début d'un projet qui, de par son caractère infime, ne prétend pas changer le rythme qui régit mon peuple. Régime d'oppression, de mort, d'emprisonnement ; dans un style opposé à celui de la liberté. Et j'ai lu quelque part que la littérature c'est la liberté. C'est cette liberté que j'utilise. Un jour vous écouterez Rodolfo Walsh, Conti Un jour on découvrira l'immortalité de cette liberté.
" tu ne prendras pas le pouvoir avec ce poème" dit-il/ tu ne feras pas la Révolution avec ces vers" dit-il/ ni avec des milliers de vers tu la feras" dit-il/ il s'assied à sa table et écrit."
Ah Gelman
Evi
Faire des recherches sur la langue guarani. Lire les contes de ce "septième écrivain". Rédiger les questions de l'entrevue.
Je le répète : ne pas se laisser éblouir par l'objet.
Pendant l'entrevue, ne pas faire référence à la "plume-mémoire" (comme il aime la qualifier). Ne pas prendre de risques.
Situation à éviter finalement : il sollicite le questionnaire avant la rencontre, il lit la question qui mentionne le porte-plumes, il se refuse catégoriquement à me recevoir et la possibilité de démontrer la supercherie s'évanouit. Quel dommage, car la discussion, sur un ton de joute verbale, pourrait s'avérer pittoresque. D'autant plus que je le sais grand affabulateur, comme on me l'a raconté.
Il vaudra mieux, une fois à l'intérieur de son appartement, saluer cordialement et respectueusement, j'obtiens les réponses à mes questions et avant de m'en aller : - Pourrais jeter un coup d'il sur la plume-mémoire du Suprême ?-, ou quelque chose dans ce genre. Ecouter ses excuses, le surprendre. Cessez de mentir génial Augusto ! Car la plume est à moi.
Regardez, lisez, aucun des mordillages n'a effacé l'inscription.
"Un país tras la lluvia", entrevue de Roa Bastos par Eric Courthès, 06 septembre 2000
A.R.B: Sí, claro, porque este país es un país bastante desiquilibrado desde el punto de vista idiomático, del bilingüismo, no porque el guaraní sigue siendo la lengua popular y nacional, digamos, no? Y hay una permanente colisión entre el español y el guaraní.
= Oui, bien sûr, parce que ce pays est un pays assez déséquilibré d'un point de vue idiomatique, en ce qui concerne son bilinguisme, non pas parce que le guaraní continue à être la langue populaire et nationale, n'est-ce pas? Et il y a une collision permanente entre l'espagnol et le guaraní.
A.R.B: Sí .., muy cordial ..Yo recuerdo con mucha felicidad mi tiempo de infancia, yo en realidad, como suelo decir, nací dos veces,una acá en Asunción, pero de corta edad me llevaron a Iturbe, y eso fue para mí un verdadero nacimiento, porque yo crecí un poco en medio de la mitología local, de los usos y costumbres populares, pero como digo, como cosa prohibida, porque mi padre no era partidario de esos elementos de cultura baja, como lo llamaba él, ¿no?
= Oui....très cordiaux..Je me souviens avec le plus grand bonheur de l'époque de mon enfance, car en réalité, comme j'ai coutume de le dire, je suis né deux fois, une fois ici à Asunción, mais très jeune mes parents m'emmenèrent à Iturbe. Et ceci fut pour moi une véritable naissance, parce que je grandis un peu au milieu de la mythologie locale, des us et coutumes populaires, mais comme je le dis, comme quelque chose d'interdit, parce que mon père n'était pas partisan de ces éléments de culture inférieure, comme il disait lui, n'est ce pas?
UN PAÍS TRAS
LA LLUVIA


Comienzo de la entrevista de A.R.Bastos por Eric Courthès, en su casa, el seis de septiembre de 2000
E: Yo fui alumno de Mario Goloboff. ¿Lo conoce?
= J'ai été élève de Mario Goloboff. Vous le connaissez?
A.R.B: Ah sí estábamos juntos los dos, entonces nos habríamos conocido, porque yo era bastante amigo de Mario también.
= Ah oui, bien sûr, nous étions ensemble tous les deux, alors, on aurait pu se connaître, parce que moi aussi, j'étais assez ami avec Mario.
E: No, pero lo que pasa es que fui alumno de él en París.
= Non, en fait, j'ai été son élève à Paris.
A.R.B: ¡Ah en París!
= Ah bon, à Paris!
E: En París X Nanterre.
= A Paris X Nanterre.
A.R.B: No ya en Toulouse sino en París
= Il n'était déjà plus à Toulouse mais à Paris
E: Me saqué el concurso a cátedra en el 94 y vi la grabación de usted de aquel entonces, porque me tocaba "Hijo de hombre", y tenía de profesor a Mario Goloboff...
= J'ai passé l'agrégation en 94 et je vis à l'époque votre enregistrement sur Hijo de hombre, car cette uvre était au programme et j'avais comme professeur à l'époque Mario Goloboff, très bon professeur de littérature latino-américaine.
A.R.B: Muy buen amigo, hace mucho que no lo veo.
= C'est un très bon ami, cela fait très longtemps que je ne le vois pas.
E: Yo tampoco, yo no lo vi desde el 94
= Moi non plus, je ne l'ai pas vu depuis 94.
A.R.B: ¡Ah del 94!
= Ah c'était en 94!
E: Bueno, yo soy lingüista, trabajo con Bernard DARBORD que es émulo de Bernard POTTIER
= Bon, moi je suis linguiste, je travaille avec Bernard DARBORD qui est l'émule de Bernard POTTIER.
A.R.B: Ah aha, claro.
= Ah oui, je vois.
E: y hasta ahora trabajaba en las influencias del quichua en el habla de Santiago.
= et jusqu'à présent je travaillais sur les influences du quichua sur le parler (espagnol)de Santiago (del Estero. Nord-Ouest Argentin)
A.R.B: ¡Ah qué bien!
= Ah, comme c'est intéressant!
E: y presenté mi tesis de doctorado sobre este tema, y acaban de publicarme este articulito, que es la síntesis de la tesis digamos.
= et j'ai soutenu ma thèse de doctorat sur ce thème, et on vient de me publier ce petit article, qui est en fait la synthèse de ma thèse.
A.R.B: Ah le agradezco muchísimo.
= Ah je vous remercie beaucoup.
E: No, nosotros lo agradecemos.
= Non, c'est nous qui vous remercions.
A.R.B: Porque la lingüística a mí me interesa mucho, no como especialista sino como un testimonio muy profundo antropológico.
= Parce que la linguistique m'intéresse vraiment beaucoup, non pas en tant que spécialiste mais comme un témoignage anthroplogique très profond.
E: Claro, una de las ramas esenciales de la antropología, y estamos en el mismo tema, porque a usted le interesa mucho el bilingïsmo.
= Bien sûr, il s'agit d'une des branches essentielles de l'anthropologie, et nous avons les mêmes préoccupations, car vous êtes très intéressé par le bilinguisme.
A.R.B: Sí, claro, porque este país es un país bastante desiquilibrado desde el punto de vista idiomático, del bilingüismo, no porque el guaraní sigue siendo la lengua popular y nacional, digamos, no? Y hay una permanente colisión entre el español y el guaraní.
= Oui, bien sûr, parce que ce pays est un pays assez déséquilibré d'un point de vue idiomatique, en ce qui concerne son bilinguisme, non pas parce que le guaraní continue à être la langue populaire et nationale, n'est-ce pas? Et il y a une collision permanente entre l'espagnol et le guaraní.
E. Y pasa lo mismo en Santia
Signature :
interview d'Augusto Roa Bastos par Eric Courthès, 06 septembre 2000