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Julien Makaya Ndzoundou

Julien Makaya Ndzoundou

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Julien Makaya Ndzoundou

Descriptif auteur

Docteur en psychologie pathologique et clinique, défenseur de la Culture négro-africaine et partisan du dialogue des cultures.
Psychologue clinicien, psychothérapeute, expert en psychopathologie du Sida et en management des projets. Promoteur des projets socio-humanitaires.

Structure professionnelle : Consultant international

Fonction(s) actuelle(s) : Consultant, enseignant et chercheur

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2 livres

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AUTRES PARUTIONS

- Métempsychose constitutionnelle en République du Congo, La Doxa-éditions, 2016
- La saison des perversions, Éditions LC, 2019
- L'appel du Kilimandjaro, éditions KEMET, 2021
- Les ordonnances d'outre-tombe, Éditions Le Lys Bleu, 2020
- Les morsures obscures, Éditions Kemet, 2021.
- Insurrection libidinale, Éditions Kemet, 2022.
- Chroniques de l'école sous les tropiques, Éditions Kemet, 2022.

LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR

Articles de presse

DE L'OBSESSION DE L'IMMUNITÉ COLLECTIVE, À LA CONVOCATION DE L'HUMILITÉ COLLECTIVE, FACE À LA PROBLÉMATIQUE VACCINALE, DANS LA LUTTE CONTRE LE SRAS-COV2/COVID-19

Articles de presse

" Crise et décadence de l'Afrique noire" de Julien Makaya

Sur Internet

La saison des perversions: roman de Julien Makaya Ndzoundou

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

DE L'OBSESSION DE L'IMMUNITÉ COLLECTIVE, À LA CONVOCATION DE L'HUMILITÉ COLLECTIVE, FACE À LA PROBLÉMATIQUE VACCINALE, DANS LA LUTTE CONTRE LE SRAS-COV2/COVID-19

L'humanité toute entière est confrontée au Coronavirus et à ses effets dévastateurs, depuis la fin de l'année 2019 et le début de l'année 2020.
Face à ce tsunami sanitaire, les dirigeants ont raconté tout et son contraire. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les dirigeants des pays scientifiquement développés ont d'abord affirmé que le masque n'était pas indispensable, sauf pour les personnes infectées, avant de se raviser. Cette ambiguïté a certainement créée le doute auprès des populations, psychanalysant ainsi la parole des dirigeants et les directives des institutions internationales.
Devant le dénuement thérapeutique face à la flambée de la morbi-mortalité liée à la COVID-19, le confinement a été instauré dans la quasi-totalité des pays. Le personnel de santé qui prenait des risques pour soulager la souffrance des patients COVID+ a été qualifié de "héros". En France par exemple, un rituel d'applaudissement vespéral desdits soignants a été instauré. Aujourd'hui, face à la réticence de certains soignants à consommer le vaccin anti-COVID, ceux-ci sont traités comme des pestiférés.
Au bonheur des populations, des "vaccins" ont été inventés de façon expresse par des laboratoires pharmaceutiques des pays scientifiquement développés (USA, Chine, Fédération de Russie…). La plupart de ces vaccins mettent en évidence une nouvelle approche dans la conception des vaccins, appelée ARN messager. Tous les pays du monde se sont rués sur ces vaccins considérés comme une panacée, pour retrouver une vie normale. Ainsi, la presse occidentale a fait la promotion de ces vaccins vus comme une prouesse scientifique. Toutes les voix dissidentes, tentant de mettre en garde sur les conséquences néfastes des vaccins anti-COVID ont été discréditées et bannies des plateaux de télévision. C'est le cas du Professeur Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du SIDA et prix Nobel de médecine.
Ainsi, les pays riches ont signé des contrats avec les laboratoires pharmaceutiques, pour commander des doses suffisantes de vaccin anti-COVID, dans le but de vacciner la quasi-totalité de leurs populations, afin d'atteindre, disaient-ils, l'immunité collective et vaincre, par conséquent, la pandémie à Coronavirus.
À en croire les médias occidentaux, les laboratoires pharmaceutiques refuseraient d'assumer toutes les conséquences, à court, à moyen et à long terme, des effets de leurs vaccins sur les populations. Cette responsabilité doit-être assumée par qui ?
Si les essais cliniques étaient concluant et que les vaccins sont inoffensifs sur la santé des bénéficiaires, pourquoi les laboratoires pharmaceutiques refuseraient-ils d'assumer les conséquences d'éventuels effets nocifs de leurs vaccins ?
Aujourd'hui, même si les effets nocifs de ces vaccins comme les thromboses sont minimisés au regard de la balance bénéfice-risque ; même si le lien entre la vaccination de masse et l'apparition des "nouveaux variants" du SRAS-COV2 n'est pas scientifiquement prouvé, il faut noter que la confiance entre les populations et les experts de la science médicale est brisée, d'autant plus que la plupart de ces experts ne déclare pas leur conflit d'intérêt, puisqu'ils sont financés pour la plupart par les mêmes laboratoires pharmaceutiques qui nous livrent les vaccins anti-COVID.
Par ailleurs, les pays qui ont vacciné massivement leurs populations en 2020 et 2021, connaissent aujourd'hui une recrudescence de l'épidémie du SRAS-COV2 avec une hausse massive des cas. C'est le cas de la Belgique, de l'Angleterre, d'Israël, du Danemark, de la France… Aujourd'hui ces pays envisagent une nouvelle vaccination des personnes vaccinées. C'est ce qu'ils appellent "la troisième dose". Combien de doses faudrait-il inoculées aux populations d'ici 2024 ? L'immunité conférée par le vaccin serait-elle fugace ? Notons aussi que le vaccin ne protège pas d'une re-contamination et d'une transmission du virus à autrui. Les vaccinés devront toujours continuer à porter les "cagoules" et à respecter ce qu'on appelle communément et confusément "les gestes barrières". À l'évidence, l'argument mis en avant pour pousser les populations à se faire vacciner n'est plus celui de l'immunité collective, mais celui d'éviter de développer la forme grave de la COVID-19, en cas de contamination. Argument légitime pour ceux qui ont la responsabilité de protéger les populations. Mais, ce qui gêne dans ce cas, c'est la contrainte faite aux populations de se faire vacciner, sous peine de privation des droits et des libertés pourtant garantis par les Lois des pays concernés. Cette contrainte, d'une part, et, le refus d'appliquer le principe de précaution face aux vaccins pour lesquels la communauté scientifique reste divisée, d'autre part, alimentent la théorie du complot.
Notons aussi que les gouvernants ne prennent aucun engagement pour assumer les conséquences qui adviendraient à moyen ou à long terme, du fait de la consommation du vaccin "anti-COVID".
Malgré ces observations de bon sens, les dirigeants africains qui ne disposent même pas de laboratoire de contrôle de qualité des médicaments, envisagent de vacciner à coup d'intimidation et de privation, l'ensemble de leur population, dans un continent où le taux de mortalité reste très faible, malgré l'hécatombe annoncée par l'OMS au début de l'épidémie. Nos dirigeants devraient faire preuve d'humilité collective et surtout prendre la peine d'écouter à la fois les peurs légitimes des populations et l'éclairage des intellectuels non politisés et qui ne circulent pas dans les couloirs des ministères à la recherche des postes de conseiller.
Aujourd'hui, les laboratoires Merck et Pfizer annoncent l'imminence de la mise sur le marché des traitements qui auraient pour effet, de réduire la morbi-mortalité liée à la COVID-19. Les gouvernants africains feraient mieux de mettre à la disposition des populations les deux options : le vaccin et le traitement. Cela rassurerait les "anti-vaccins" qui, dans ce cas, pourraient alors envisager de prendre le traitement en cas de contamination. Tout miser sur la vaccination de toute la population est une stratégie risquée et contre-productive, dans un contexte caractérisé par le doute, la suspicion et la peur. Peur alimentée par l'absence de prospective sur les conséquences à long terme des vaccins anti-COVID.

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AUTOPSIE DE "LA COLERE DU FLEUVE" DE PRINCE ARNIE MATOKO

La colère du fleuve est un recueil de Nouvelles de 127 pages, publié en 2018, aux éditions Renaissance Africaine. Il est séquencé en sept Nouvelles dans lesquelles Prince Arnie Matoko traite des problématiques existentielles d'une Afrique en crise de valeurs et en perte de repères.
Dans L'expulsé, la première Nouvelle de ce recueil, Prince Arnie Matoko soulève la question de la "traque" des Africains "Sans papiers" en France, et de leurs expulsions forcées vers leurs pays d'origine. Pays pourtant anciennes colonies françaises, ayant contribué à la libération de la France occupée par les Nazis, pendant la deuxième Guerre mondiale. En effet, c'est à Brazzaville, la capitale de l'AEF et de la France-Libre, refuge de Charles De Gaulle, qu'on avait organisé l'enrôlement des anciens combattants de la sous région, pendant que Paris était sous le joug du führer Allemand.
Expulsion des Nègres en situation irrégulière en France, avez-vous dit ? Mais, il s'agit bien des Nègres dont les ascendants étaient morts dans les tranchés, pendant la Grande Guerre, pour défendre la terre de leurs "ancêtres Gaulois" ! Cette expulsion, bien que légitimée par les lois françaises, pose quand même une question morale. En effet, les indigènes de l'ex-empire colonial "n'envahiraient" certainement pas la France métropolitaine, si celle-ci ne pillait pas les matières premières de ses ex-colonies, par les contrats léonins imposés aux dirigeants nègres, arrivés au pouvoir souvent avec leur "bénédiction". Il parait tout de même insolent qu'après avoir participé à l'esclavage sauvage, à la colonisation brutale des Noirs et au néocolonialisme barbare ayant désorganisé la structure de gouvernance des États africains, la France organise des retours forcés des ressortissants des pays qu'il a colonisés et pillés sans répit. La France aurait une justification incontestable pour l'expulsion des "Sans papiers", issus de son ex-empire colonial, si son background expansionniste et impérialiste était pauvre. Aujourd'hui, le soutien inconditionnel de la France aux autocrates, pousse sans aucun doute les jeunes "indigènes", en désespoir de cause, vers l'immigration forcée, pour échapper aux conditions existentielles exécrables de la vie en Afrique. Ils sont, par conséquent, attirés vers d'autres horizons, notamment le pseudo-Eldorado européen, qu'ils tentent de rejoindre en pirogue au péril de leurs vies. Bravant ainsi le désert et la méditerranée, tout en domestiquant l'instinct primaire de conservation.
C'est le cas de Zola Mambou rapatrié manu militari par le vol régulier d'Air France, de "Rouassy-Charles-De-Gaulle où il était embarqué comme un colis inutile", vers l'aéroport de Bwala.
Au cours de ce vol de retour au pays natal, "Zola Mambou avait l'air affligé et pensif". Il "méditait sur son avenir (…) Comment supporter les regards des autres". En effet, un jeune qui réussit son aventure vers l'hexagone au prix d'"innombrables difficultés de voyage", honore sa famille qui le considère de facto, comme un investissement à rentabiliser. L'exilé social devient, pour sa famille, une forme d'assurance-vie, d'allocation familiale, de pension de retraite ou de trésor familial. "Je dois être quelqu'un dans ma vie, pour bien vivre et aider ma famille". Affirme l'auteur à la page 24. Par contre, le "Parisien refoulé", comme Zola Mambou, est l'objet de stigmatisation sociale. Son retour jette l'opprobre sur toute sa famille qui devient la cible de moqueries. L'échec de l'immigration du fils-aventurier est vécu comme un échec collectif, un drame familial.
Que ceux qui ne veulent pas de l'immigration clandestine et massive chez eux, arrêtent de piller les richesses du continent africain. Qu'ils cessent de soutenir l'insoutenable, d'admettre l'inadmissible, de tolérer l'intolérable, de justifier l'injustifiable dans la gouvernance des États africains, au nom de la défense des intérêts de la France métropolitaine. L'immigration massive des Nègres vers l'ancienne métropole, est la réponse légitime de la jeunesse africaine aux interférences françaises, dans cet espace qualifié honteusement de "pré-carré français"…
Antoine Lavoisier, chimiste français, n'avait-il pas raison d'affirmer : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" ? En tout cas ce sujet que soulève Prince Arnie Matoko, nous laisse le goût de l'inachevé, tellement qu'il y a des choses à dire.
Dans Demain je suis riche, Prince Arnie Matoko met à nu les pratiques éhontées d'escroquerie et le business juteux, mis en place par des administrateurs véreux, pour vendre à prix d'or, les "tickets" d'admission à la Fonction publique, aux diplômés déjà paupérisés par le chômage chronique. Des escrocs de tout acabit, se passant pour des rabatteurs et des courtiers du directeur général de la Fonction publique, abusent de la naïveté des jeunes diplômés désespérés, qui caressent, nuit et jour, le rêve de devenir fonctionnaire de l'État, pour la garantie d'un salaire stable et d'une retraite de notable. Ces courtiers sans pitié, sans foi ni loi, leur soutirent des fonds et s'évaporent dans la nature, provoquant ainsi chez les victimes de cette escroquerie, un tsunami émotionnel à l'origine des AVC. C'est ce qui est arrivé à Tanga Mingui qui a subi "un AVC, après avoir poussé un cri perçant qui déchira tout le ministère de la Fonction publique : ″ Ah ! Mé fuiri″". Page 34. Ceci après avoir été victime d'une escroquerie de la part de monsieur Moutounta qui lui avait soutiré deux cent mille francs, contre la promesse d'une hypothétique intégration à la Fonction publique. Par cette Nouvelle, l'auteur interpelle la société sur un phénomène social qui pourrait être à l'origine d'une explosion de colère de masse : le chômage des jeunes.
La Rue des sorciers est une Nouvelle qui met en évidence, l'une des problématiques centrales de l'anthropologie culturelle africaine : la sorcellerie ! Ici, dans la nuit après minuit, règne le monde lugubre des ténèbres. À la suite des "aboiements ininterrompus de Bobby" le chien, l'on retrouva dans les ténèbres, une maman nue comme un ver de terre "en train d'exhiber un rituel de danses cabalistiques".
Prince Arnie Matoko dénonce, à travers ce texte, les associations occultes des sorciers dans les quartiers des villes et des villages du continent, et qui ont pour mission de "détruire la vie de gens" par des pratiques occultes d'envoutement. L'auteur nous interpelle tous sur cette réalité de l'anthropologie africaine qui terrorise même les agents de la force publique qui, eux-aussi, redoutent d'être victimes des "missiles" nocturnes des sorciers. À ce propos, l'auteur écrit : "À cette réponse, le visage du commissaire avait sur-le-champ blêmi. C'était comme s'il tremblait des pieds à la tête. Comme s'il était charcuté par la frayeur." Prince Arnie Matoko, se rend à l'évidence de l'impossibilité pour le Juge de condamner un sorcier. En effet, la Justice est le lieu de l'administration par excellence de la preuve, pour condamner un Accusé. Or en matière de sorcellerie, seul le sorcier peut démontrer l'ensorcellement. Le Juge, n'ayant pas d'agrégation en sorcellerie ou en sciences occultes, ne peut donc prouver la véracité de l'attaque sorcière ou de l'envoutement. Le lynchage des personnes, supposées sorcières livrées à la vindicte populaire dans les ruelles de nos villes, ne sont-elles pas une réponse à l'inaptitude de la Justice classique ou étatique de statuer en matière de sorcellerie ? Cette réalité sociétale n'est-elle pas révélatrice d'une société en crise ?
Pour le commun des mortels, une amitié entre deux personnes de sexes différents est inenvisageable. Cela correspondrait à confier le Saka-Saka au cabri ou encore de mettre le mouton dans la cage du lion.
C'est la trame du drame dans C'est triste de perdre sa meilleure amie ! Dans cette Nouvelle, l'auteur décrit avec dextérité une relation amicale entre un homme et une femme. Cette relation fut gâchée par la pulsion, les impulsions et l'appétit libidinal dégoulinant de l'homme, éternel prédateur du genre féminin. Mu par l'instinct mâle, ce dernier voulait orbi et urbi obtenir la perversion de cette relation amicale. Hélas, un gâchis ! On peut pourtant être des amis de sexes opposés sans envisager des conjonctions génitales. Nous réussissons pourtant la sublimation et la canalisation de nos pulsions pour éviter un rapport incestueux avec nos sœurs de sang et du clan. En voulant trop gagner on perd, dit-on ! Prince Arnie Matoko, à ce propos, écrit : "Notre amour était noble, pur, ingénu, sincère. Il était désintéressé, voilà ce qui vivifiait notre relation, notre amitié, que les autres prenaient ou me demandaient de convertir en amour sexuel pervers". Page 73.
Dans Un fou pas comme les autres, l'auteur soulève la problématique des crimes rituels et des pratiques fétichistes pour conquérir ou se maintenir au pouvoir en Afrique. Dans cette Nouvelle, Prince Arnie Matoko, nous présente Monsieur Mayela Kilahou qui, au détour d'une promenade, surprend un homme politique qui abusait d'une malade mentale pendant que ses hommes de main, à la gâchette facile, assureraient la garde, Kalachnikovs en bandoulière et le doigt sur la gâchette.
L'auteur met en garde ses lecteurs et interpelle la communauté, sur l'ascension accélérée et la richesse instantanée de certaines personnes. Cela peut être le fruit des pratiques et des sacrifices rituels. Il faudrait certainement se tenir à distance pour ne pas en être une cible de prédilection. Ne vous posez plus la question de savoir comment les femmes affectées par les maladies mentales, et qui errent dans nos villes, tombent-elles enceintes. Prince Arnie Matoko, vous dévoile ici le théorème sacré.
Dans soleil de Fleuville, l'auteur met en exergue l'infantilisation du Nègre qui passe son temps à danser, à chanter, à prier et à jouir au lieu de réfléchir sur son avenir et son devenir. "Et tant que l'Afrique ne fera que danser et chanter, et ne cherchera qu'à fêter, il n y aura pas non plus un seul changement, aucun développement, aucune prospérité" Pages103-104. La colère du Fleuve, est le dernier texte de ce recueil. Dans celui-ci, Prince Arnie Matoko dénonce avec maestria, l'expulsion dans l'indignité des ressortissants d'un pays imaginaire. Ce n'est pas en soi l'opération d'expulsion des étrangers en situation irrégulière qu'il dénonce. Mais plutôt la brutalité des interpellations, les violations des Droits de l'homme et les atteintes à la dignité humaine. "À mon avis, le gouvernement fait fausse route. On devait plutôt chasser ceux qui ont commis de forfaits et ceux qui ne sont pas en règle. Mais chasser les innocents, c'est la pire des choses dont je n'ai jamais entendu parler. C'est le crime le plus ignoble jamais commis", Écrit-il à la page 118. Pas étonnant que cela soit secrété par la plume de Prince Arnie Matoko, dont l'écriture laisse transparaître son humanisme. Surtout lorsque des Africains, chassent d'autres Africains. Prince Arnie Matoko, par ses écrits, lance un cri panafricain ! Pourquoi des Africains devraient-ils être expulsés dans un autre pays africain, dont les frontières sont issues d'un partage ignoble fait en 1885 à Berlin, en l'absence des Africains ? Quelle ignominie ! Merci sacré Prince !
Chose étonnante et drôle de coïncidence, au terme de la lecture appétissante des textes contenus dans ce recueil de Nouvelles. Tenez ! La thématique de l'expulsion des Africains ouvre et ferme le livre de Prince Arnie Matoko. L'expulsé de France par les Blancs et La colère du Fleuve qui dénonce la maltraitance des Noirs par des Noirs. Colère partagée par Kouamé Nkrumah qui s'indigne dans sa tombe, en voyant des Africains qui siègent à l'Union Africaine, expulser sauvagement d'autres Africains, tout en s'offusquant du mauvais traitement infligé aux Nègres parqués dans les centres de rétention et des conditions inhumaines d'expulsion des Nègres "Sans papiers" dans les pays "civilisés".
Le monde est fou !
Julien Makaya Ndzoundou
Essayiste

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Analyse critique du livre de Jessy Loemba titré: Une peur morbide

Une peur morbide comme l'indique l'auteur en 4e de couverture se compose de quatre nouvelles qui peint et dépeint les réalités sociales de notre société bantoue en crise de valeurs.
Ce livre de 114 pages est publié aux éditions LC en 2018.

En épigraphe, Jessy Loemba convoque le philosophe congolais Christian Sédar Ndinga qui affirme dans "chroniques de l'ombre" publié en 1983 aux éditions du Silex à Paris que : "certaines personnes ont mal au cœur, au ventre, au foie, au rein. J'ai mal à mon pays".
Cette évocation n'est pas innocente. Elle dévoile l'état psychique de l'auteur qui s'indigne devant la crise multiforme que traverse douloureusement son pays.
Crise des valeurs morales et sociales qu'il met en orbite avec ironie et humour dans "Cour commune" et "Bwal bua fua".
"J'ai mal à mon pays" de Christian Sédar Ndinga qu'évoque Jessy Loemba en épigraphe, fait écho à l'interpellation du Musicien panafricaniste Tiken Jah Fakoly dans sa chanson "Mon pays va mal".
Le faisant, Jessy Loemba rappelle à la conscience collective que la sonnette d'alarme tirée par Christian Sédar Ndinga en 1983, retentit encore aujourd'hui, 35 ans plus tard à cause de nos turpitudes, de nos égoïsmes et de notre médiocrité collective.
La première nouvelle qui donne le titre à l'ouvrage s'étend de la page 13 à la page 27.
Une peur morbide. Ce titre en soi mérite une autopsie. Autopsie des notions de "peur" et de "morbidité" agencées et juxtaposée pour façonner le titre de l'œuvre Jessy Loemba. Le dictionnaire de la psychologie1 définit la peur comme "un sentiment d'inquiétude éprouvé en présence d'un danger". La morbidité par contre dériverait du latin morbus qui signifie maladie.

Ainsi, "une peur morbide" ou "une peur maladive", serait donc une entité nosologique qui se prêterait aux soins, aux thérapies et peut-être à la guérison ! Mais, peut-on donc guérir de la peur de la mort ? La question demeure au terme de la lecture de cette Nouvelle.
Le titre de l'œuvre de Jessy Loemba au-delà de son esthétique, est un sujet à la fois de philosophie, de psychologie et de psychanalyse. Car elle soulève la question existentielle de l'amour de la vie et de la hantise de la mort ; celle de dualité entre "Eros" et "Thanatos".
L'image de l'avion en plein vol surgissant des nuages donne un aperçu sur la peur morbide : la peur de l'avion qui hante les humains chaque fois qu'ils doivent empreinter cet engin géant qui apprivoise les lois de la gravitation.
"Prendre les airs me rebute". Telle est la première phase du texte. Jessy Loemba affirme qu'il n'est pas seul dans cette situation. Tout humain normalement constitué ressent le sentiment de peur chaque fois qu'il prend l'avion et cela est normal, car le biotope ou l'écosystème naturel de l'humain est la terre. Chaque fois que celui-ci doit quitter la terre pour les airs, qu'il soit civil ou militaire, Chef d'Etat ou simple citoyen, le sentiment de peur ressurgit malgré toutes les pratiques de self-control auxquelles l'humain se serait livré.
Jessy Loemba indique que chacun use des stratégies pour tenter de métaboliser cette peur, fruit du rêve d'Icare.
A la page 14, il fait le récit du voyage avec Monsieur Lopes dans un avion de Tropic Airways de fabrication soviétique, qu'il qualifie lui-même de cercueil volant. Il fait le récit des ronflements du voyageur Lopes qui dérangeaient les 42 passagers.
L'hôtesse de Tropic-Airways n'eut pas le courage de déranger le sommeil de ce descendant de Gaulois dont les ronflements indisposaient les passagers à bord.
Jessy Loemba use de l'humour voire de l'ironie en affirmant à la page 15 que "le sommeil est sacré (…) Déranger le sage qui dort peut déclencher une guerre sous l'équateur", faisant allusion à la cause immédiate de la guerre du 5 juin 1997 au Congo-Brazzaville.
L'auteur indique que certains s'enivrent ou s'empiffrent d'alcool pour tenter de dompter cette peur en salle d'attente avant l'embarquement. D'autres font preuve de solidarité en offrant à boire et à manger à leurs compagnons de destin dans les airs.
"Buvons, cadet ! Cette coupe est peut-être là-derrière, sait-on jamais. A l'heure de flirter avec les nuages, nul de nous ne sait s'il reviendra entier". Affirme l'auteur à la page 18.
Le débat survenu entre Blanc et Noir à la suite des applaudissements des Nègres lors de l'atterrissage, met en exergue la dissonance ou le décalage culturel. L'affirmation du Blanc à la page 19 que "l'émotion est Nègre" est très discutable voire détestable et fait écho à celle de Léopold Sédar Senghor : "l'émotion est nègre et la raison est Hélène".
L'auteur termine par rappeler les différentes catastrophes ferroviaires et ariennes qui ont endeuillé les Congolais. Celle de la tristement célèbre gare ferroviaire de "Mvoungouti" dont "la vindicte populaire voulut que ces âmes offertes à la géhenne eussent eu pour bourreau ou encore pour responsable un homme d'Etat aux abois". La catastrophe de Mvoungouti en septembre ne peut donc occulter le drame survenu aussi en septembre de l'année 1989 au-dessus du Ténéré, par le crash du DC10 d'UTA, endeuillant ainsi plusieurs familles congolaises. La mort est donc omniprésente partout !
La mise en relation totémique des catastrophes ferroviaires et aériennes survenant au mois de septembre, convoque une forme de mauvais sort à conjurer, un acharnement du destin sur les Congolais au mois de septembre. Mais, l'auteur s'est privé de cette opportunité pour stigmatiser le mois de mars qui de toute évidence, est aussi un mois maudit pour les Congolais. En effet, au-delà des célébrations frénétiques de la journée internationale des droits de la femme, le 08 mars de chaque année, le mois de mars rappelle aussi le coup d'Etat manqué de Kinganga en 1970, l'assassinat de Ngouabi, de Massamba-Débat, de Biayenda en 1977 et les tristes explosions des munitions de guerre à la caserne du régiment des blindés de Mpila en 2012. Une omniprésence de la mort. On peut tout de même affirmer qu'au-delà de la peur instinctuelle qu'il suscite, l'avion reste le moyen de transport le plus sûr, malgré les multiples crashs qui de toute évidence résulte plus de la mauvaise qualité des oiseaux géants, volant dans le ciel africain.
Dans "Cour commune" (P29-49). L'auteur dépeint avec finesse, humour et philosophie des faits de société au terme desquels des leçons de morale et de civisme devraient-être tirées.
Trois acteurs sont mis en scène. Petit-Mago, un officier cohabitant avec le soldat Ondongo dans l'une des casernes sales où Officiers, Sous-officiers et Soldats se toisent, se dégoisent et se côtoient, partageant les mêmes cours, les mêmes sanitaires en "Masasas" et les mêmes maitresses.
Cette promiscuité pose la problématique des logements sociaux des agents de la force publique congolaise. Par ailleurs, Jessy Loemba dénonce la transmutation des guerriers-combattants, qui selon lui, et c'est la vérité : "pillaient, cassaient, brulaient, violaient et tuaient sans états d'âme", avec leur maitre mot "kilikili okweyi", en soldat de l'armée régulière. Ce sont eux qui gonflent les casernes et arrêtent la circulation dans les avenues de la ville, lors des sorties de celui que l'écrivain Ernest Bompama Ikélé appelle "Papa national", qui est toujours accompagné de ses sbires lourdement armés.
Dans la cour commune de cette caserne sale ou règne les interactions sociales de tout genre, l'officier Petit-Mago profite du pouvoir d'achat que lui confère son grade et son statut d'officier, pour séduire et apprivoiser la femme du soldat Ondongo. Après avoir usé et abusé de l'intimité de la femme du soldat au mépris du règlement militaire, Petit-Mago résolu de déménager afin de s'éloigner du soldat cocufié, de cette cour commune sale et des sanitaires en Masasas.
Le soldat cocufié adepte de la musique congolaise qui ruminait sa vengeance vis-à-vis de Petit- Mago devrait chaque matin subir une autre humiliation en serrant ses fesses et ses talents pour saluer l'officier Petit-Mago ; disciple militaire oblige !
Au terme du déménagement, la femme de Petit-Mago revint à la caserne et tomba sur l'embuscade d'Ondongo qui tenta de la violer. Pendant ce temps, l'officier Petit-Mago s'était rendu à la morgue pour assister à la levée du corps de son frère d'arme, Richard-Dorian. Jessy Loemba nous livre à la page 41, les scènes de transe voire d'hystérie collective auxquelles l'on assiste autour du catafalque quand la dépouille sort de la morgue, dans les villes de chez nous. Une réalité sociale qui devrait faire l'objet d'analyses pertinentes des psychologues, des anthropologues et des philosophes congolais. Pleure-t-on le mort ou s'interroge-t-on sur notre prochaine mort ?
En passant, l'auteur nous gratifie des insultes qui fusent entre le Directeur de l'hôpital qui gère les recettes de la morgue et le Maire qui souhaiterait que le business de la mort (la morgue) revienne de droit à la municipalité. Au "Mbula mama ku" lancé par le Directeur de l'hôpital à l'endroit du Maire, "Ya ngué béni" avait rétorqué de dernier.
Par cette interaction conflictuelle, l'auteur met à nu l'immoralité et l'absence de grandeur des dirigeants qui "en vérité en vérité", sont des petits délinquants en cravate, sans honneur, sans dignité, sans respect, souffrant de "cleptomanie financière" et dont le trait psychique majeur est l'égoïsme primaire et l'égocentrisme grégaire.
Mais de quoi est mort Richard-Dorian qui a permis à Petit-Mago d'assister à l'intercation publique entre deux cadres de l'administration ? L'officier Richard-Dorian avait dépensé beaucoup d'argent pour séduire une belle femme capricieuse qui lui avait causé toutes les peines du monde et tous les caprices de la terre avant d'accepter une conjonction sexuelle avec lui. Le jour du rendez-vous, dans un hôtel de la place, Richard-Dorian avait décidé de se venger. Pour se mettre en condition afin de terrasser sa "proie" sur le "tatami érotique", il ingurgita coup sur coup, 4 bières chaudes estampillées "Turbo king", du viagra, des racines et des écorces d'arbres vendues par des phytothérapeutes. Il badigeonna aussi une poudre blanche aux propriétés aphrodisiaques sur son gland, afin d'obtenir une performance sexuelle digne d'un champion olympique du sexe.
Ce cocktail d'aphrodisiaques provoqua un arrêt cardiaque dans la chambre d'hôtel avant le lancement des hostilités. Et l'auteur d'ironiser à la page 44 : "Le derby n'eut plus lieu faute de combattant". La fille sauvée in extremis des missiles B52 et Tomahawks préparés par Richard-Dorian se volatilisa avec tout le salaire de l'officier Richard-Dorian. En voulant terrasser sa proie, en recherchant les prouesses sexuelles par le dopage, l'officier drogué est décédé d'overdose sans apothéose… En voulant trop gagné, on perd, dit-on !
Dans "Vanité" Jessy Loemba met en exergue l'histoire d'un brillant enfant de troupe évoluant sous le régime d'externat du fait de la destruction des infrastructures de son école, conséquence d'une guerre fratricide ayant eu lieu quelques temps avant. Guerre opposant le Nord et le Sud puisque la géographie dans ce pays, ne reconnais que deux points cardinaux.
L'auteur à travers l'histoire de l'enfant de troupe Charles Anghor, montre les paradoxes du système éducatif où l'élève brillant peut échouer au baccalauréat.
Le prétexte de l'onirisme moralisant révèle à tous égards, l'obligation de l'humilité. Ce qui a manqué à Charles Anghor, qui trop sûr de lui, se mit en costume et voulu que le taxi le laissa devant le portail de l'école militaire, pour bénéficier des ovations de tout le monde. Mais le sort en avait décidé autrement. Son échec avait engendré des réajustements comportementaux de ses alter-ego. C'est ce que firent Petit-faignand et Kerra qui esquivèrent l'élève brillant, échoué au BAC.
Le réveil en sursaut de Charles Anghor ne change rien à cet appel à l'humilité que convoque Jessy Loemba dans cette nouvelle et qu'il résume à la page 63: "le seul échec, c'est de cesser d'essayer". Cette assertion rejoint celle de Winston Churchill qui affirmait en son temps que "le succès est la capacité d'aller d'échec en échec son perdre son enthousiasme". De l'échec, on apprend à grandir et à murir, nous enseigne ici Jessy Loemba.
"Bual bua fua" qui peut être traduit en français par "le pays se meure", est un véritable manifeste d'un patriote qui dépeint avec maestria les dysfonctionnements sociaux et politiques qui expliquent, sans doute, les crises auxquelles le pays de l'auteur est confronté.
Le texte s'ouvre par un dialogue entre père et fils. Ce dernier s'appelle Machiti tandis que ses condisciples de classes s'appellent Georges, Rodrigue, Richard ; des noms d'origine européenne.
Machiti est victime de stigmatisation et de moquerie à l'école à cause du caractère insolite de son nom qui n'est pas de connotation occidentale.
Jessy Loemba pose ici le problème de l'aliénation et convoque le retour à l'authenticité sans faire référence à Mobutu Sese Seko Kuku Gbendo Wa Zabanga, à Kengo Wa Dondo ou encore à Gnassingbé Eyadema.
Dans Bual bua fua, Jessy Loemba replonge aussi le lecteur dans le Congo-révolutionnaire des années 70 et 80 en réexhumant la pratique des pionniers de la révolution.
Révolution ayant consumé ses propres fils et pour empreinter le vocabulaire de l'auteur à la page 71 : "révolution qui tue ses propres enfants (…) qui emporte son leader historique". Entendu par-là, le commandant-Président : Marien Ngouabi, qui échappa aux coups d'Etat des "réactionnaires" Kinganga et Diawara avant d'être assassiné le 18 mars 1977, à 14H30, dit-on, dans des circonstances non élucidées à ce jour.
L'auteur nous rappelle qu'au Congo-révolutionnaire la junte militaire au pouvoir pouvait vous appréhender, vous coffrer et vous conduire au "petit matin" pour le pays des allongés ! Ainsi dit-il Bual bua fua… Après avoir été fusillé au "petit matin", il fallait avoir de la chance pour que votre dépouille soit restituée à votre famille. Bon nombre de parents des cadres passés au "petit matin" en République Populaire du Congo, attendent toujours que les restes mortels de leurs pères ou oncles leur soient restitués pour enfin entamer le processus du deuil ! Comment ceux qui tentaient d'imiter Lénine, Mao et Castro ont pu refuser de restituer les cadavres des cadres à leurs familles ? Cette problématique non soldée par la Conférence Nationale Souveraine de 1991, reste encore un contentieux politico-historique du parcours sombre, mieux lugubre et abracadabrantesque du pays. Merci cher Jessy Loemba pour ce cours d'histoire !
Mais, on peut se poser la question légitime de savoir si les assassinats politiques n'ont pas survécu à la pseudo-démocratisation du pays ? La réponse à cette question est donnée par un autre officier-écrivain : Le général Benoit Moundélé-Ngollo. Dans son ouvrage intitulé "Micmacs et tripatouillages politiques en démocratie", publié en 2017 aux éditions Hemar, Benoit Moundélé-Ngollo affirme à la page 49 que "…Les putschs militaires sont actuellement remplacés, par les hold-up et les rapts électoraux tolérés, qui accompagnent toujours les nombreux coups d'Etat constitutionnels, actuellement en vogue, dont l'objectif camouflé mais connu, est de maintenir au pouvoir à vie, des dirigeants politiques détestés et vomis (…) Comme leurs peuples ne veulent plus les voir continuer à diriger leur pays, voire leur destin, ils réussissent à se maintenir au pouvoir malgré tout, à coups de gaz lacrymogènes, de bastonnades, d'emprisonnement illégaux, suivis quelquefois - sinon très souvent-, de mort d'hommes et de disparitions inexpliquées que subissent des citoyens innocents dont on retrouve les corps putréfiés et affreusement mutilés parce que, après avoir été criblés de balles, décapités et émasculés, ils flottent sur les eaux des fleuves, des océans, des mers, des lacs".
Dans Bual bua Fua tout passe au scanner du scrutateur des faits socio-politiques. Il y a par exemple, les Mfumus toto qui se complaisent à vendre des parcelles à plusieurs citoyens sans être inquiétés. Ces escrocs, "lorsqu'ils sont appréhendés par la police à l'aurore sont libérés au crépuscule", affirme Jessy Loemba.
L'auteur soulève ici la problématique de l'injustice et de la corruption qui gangrène notre administration publique du sommet à la base, au-delà des corps habillés, qu'il pointe à juste titre.
C'est impressionnant, la lucidité de cet officier-écrivain qui prend de la hauteur et de la distance pour évoquer des problématiques sociales qui éclaboussent la force publique à laquelle il appartient. C'est là, les qualités d'un intellectuel lucide et vertueux. Un capitaine de l'armée qui dénonce en rafale par les mots, les maux qui sont à l'origine de la constipation sociale qui retardent l'épanouissement intégral du citoyen ! Félicitation Jessy Loemba… L'écrivain engagé.
Dans la suite du texte, Jessy, à la manière d'un socio-anthropologue, prend le pouls de notre société anomique à travers la problématique du mariage et du rôle de la femme au foyer. Il affirme à la page 75 que "le mariage était considéré comme une fin en soi". Autrement dit, une femme sans mari est comme une symphonie inachevée. Le "yaka to fanda" dit l'auteur était reprouvé. Ainsi, la femme ne pouvait rejoindre le domicile conjugal qu'après le rituel du mariage coutumier caractérisé par le versement de la dot. Le "mbouila" et le "yaka to fanda" sont donc des déviances sociales.
Le respect de la norme autour de la synapse amoureuse chez les bantous et l'ethnocentrisme qui gangrène le Congo sont illustrés dans Bual bua fua, à travers la conduite sociale de l'oncle Makaya Makaya. Celui-ci manifeste de la colère et de la haine vis-à-vis du pêcheur originaire du nord qui vit en couple avec sa sœur sans verser la dot. Cette haine est exacerbée "par le fait que ce dernier n'est pas originaire du sud comme lui et surtout de la même tribu. L'auteur illustre cela par un dicton de son ethnie : "U fumun'e nzô, ku vutuk'u nzô". Entendu par-là "qui est du terroir doit nécessairement se marier avec quelqu'un du terroir", page 77.
Par les déclarations de l'oncle Makaya Makaya, Jessy Loemba met en lumière la problématique totémique du tribalisme et du régionalisme qui a tant fait du mal au Congo en 1959, 1993, 1997 et 1998 et dont le résidu est encore visible dans les cabinets ministériels actuels.
L'auteur affirme cela sans ambages à la page 77 : "Dans ce pays où les clivages ethniques ont la vie dure, on ne se marie pas avec n'importe qui. Dans ce pays où les gens aiment rester entre eux, travailler entre parents, comme c'est le cas dans certaines administrations publiques où le patronyme et la connaissance du dialecte prime sur tout. La haine de l'autre et l'intolérance sont érigées en religion absolue >>.
Paradoxe et l'ambivalence ! L'auteur fait observer que l'oncle Makaya Makaya adepte de la dot et opposé à toute union libre, avait lui-même épousé le cadavre de Ma Mado sa compagne avec qui il eut plusieurs enfants sans verser même du jus de gingembre à sa prétendue belle-famille. On comprend aisément que l'oncle Makaya Makaya se vengeait puisque lui à qui on obligea d'épouser le cadavre de Ma Mado n'acceptait pas que le pêcheur originaire du nord use et abuse du bas-ventre de sa sœur au demeurant bien préparé depuis sa tendre enfance par les massages spéciaux, à des prouesses libidinales inégalables, sans verser la dot.
Oui la libido ! Le sexe est aussi convoqué dans ce texte dont l'auteur est originaire du bassin du Congo. Ici le bassin du Congo devient la région lombaire de la femme congolaise qui a la souplesse du boa et la boulimie sexuelle du lapin, fruit des massages néonataux des parties génitales, d'une part et des totems familiaux, d'autre part.
L'auteur pour l'illustrer, évoque des anecdotes à la page 81. Madame Mambou, qui fut congédiée par son mari pour son appétit sexuel débordant. Telle une posologie médicamenteuse, celle-ci, incapable de domestiquer ses pulsions sexuelles, invitait son mari au lit matin, midi et soir certainement poussée de façon irrésistible par les binkoko ! Bual Bua Fua !
Cette boulimie érotique, cette addiction au sexe touche aussi les hommes bantous. L'auteur affirme à la page 86 que: "dans ce pays (…) les dirigeants ne pensent qu'au sexe à longueur de journée et ne jurent que par la fesse".
L'auteur se permet l'anecdote populaire qui "…raconte qu'un ministre fut une fois interdit de rentrer chez lui, au motif que le chef n'avait pas encore fini". De quel chef s'agit-il? L'auteur en bon stratège militaire ne l'a pas nommé.
Mais, Jessy Loemba a oublié d'indiquer que "radiotrottoir" affirme aussi qu'au bassin du Congo, un chef signait les documents, son "troisième pied" enfoui dans les profondeurs insondables de sa directrice de cabinet.
A la page 101, Jessy Loemba soulève la problématique de la crise identitaire des femmes congolaises qui se décapent la peau. Mais comment pouvait-il en être autrement cher Jessy, quand les poupées données aux filles depuis le berceau sont jaunes papayes, les représentations de la Sainte et Vierge Marie, des Anges et des Archanges dans l'église rappellent la couleur du caucasoïde. Le diable quand à lui est toujours représenté par la couleur du Nègre ! Au plan psychanalytique, cela favorise l'idéalisation de la beauté occidentale. Ne soyons donc pas étonné du blanchissement de la peau et du port obsessionnel des perruques par les Négresses.
Dans ce livre, Jessy Loemba étale aussi la richesse de sa bibliothèque et expose son addiction pour les livres des auteurs congolais qu'il cite abondamment ; Ernest Bompoma Ikélé, Florent Sogni Zaou, Henri Lopes, Henri Ndjombo, Célestin Panda, Benoit Moundélé-Ngollo, Noël Kodia Ramata, Rosin Loemba, Pierre Ntsemou, Prince Matoko... Le lecteur notera aussi la tentative de "tropicalisation", mieux de "congolisation" du texte par l'usage abusif des expressions du terroir telles : potopoto ya massangu ; kissita ; Bana makangu ; bokilo ; yaka to fanda ; mfumu toto ; mu ké fua yandi ; mbula mama ku…

Au moment de refermer le livre de Jessy Loemba, Le lecteur se questionnera sur l'anomie et la crise morale dans la société bantoue, sur les cohabitations dans les cours communes de nos casernes et de nos cités << d'indigènes >> héritées de la colonisation, sur la peur irraisonnée de l'avion, sur l'hypersexualité des Congolais dans un contexte où le Sida fait des ravages. Le lecteur s'interrogera aussi sur le caractère viscéral du tribalisme et sur la nécessité de bannir l'ethnocentrisme dans les administrations publiques.
L'écrivain pense, le lecteur dépense pour s'abreuver de connaissance, le critique littéraire lui, transcende la pensée de l'auteur, l'intellectuel compense les non-dits de ce dernier et les prix littéraires récompensent les œuvres de qualité. Seul l'imbécile dénonce sans élégance et avec arrogance. Jessy Loemba à penser ! C'est au lecteur de dépenser pour encourager le chevalier de cette "plume qui aboie sans langue de bois" pour emprunter le vocabulaire cher à mon Cher Pierre Ntsemou.

Notes :
1 Dictionnaire de la psychologie, Larousse, Paris, 1991
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