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LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Identités vulnérables dans les inscriptions urbaines les positionnements narratifs par les images
Citation :
MAIA-VASCONCELOS, Sandra. Identités vulnérables dans les inscriptions urbaines: les positionnements narratifs par les images. 1er webinaire CERAFAV. Paris, janvier, 2022.
Introduction
Le discours social a toujours été mené par les évènements quotidiens, par les pratiques sociales, politiques et humaines. Nous suivons le rôle narratif de l'homme raconteur, de ce sujet qui est venu au monde pour raconter et juger tout ce qui devient matérialisé devant soi, soit par des images, par les mots, les significations corporifient les positionnements du sujet dans le monde, mais, et surtout, dans son histoire. Après avoir observé un innombrable ensemble d'images dans les rues un peu partout dans le monde, je me suis demandé dans quelle direction ces images allaient. Mais aussi je me suis souvenue d'un temps où j'étais enseignante au collège et je me demandais pourquoi les élèves écrivaient sur leurs chaises d'école, sur les portes de toilettes. Je n'ai jamais écrit sur les portes de toilettes, même lorsque j'étais à l'école. Je toujours trouvé cela une exposition à laquelle je ne me sentais pas prête. En observant les tags dans les murs, je me suis posée d'innombrables questions : Pourquoi ne pas traiter des problèmes moraux des choix pratiques que chacun fait en termes de contenu, sans traiter de la manière dont cela est dit ? Certes, la morale ne se réduit pas au discours qu'on en a. La plupart des discours sont accomplis sans parole, mais par des actes de parole. Et la manière d'être, les modes de vie, les coutumes ou toute autre subjectivité est sans doute encore plus vrai. Cela se produit naturellement dans chaque discours. Et même lorsqu'il y a un discours au préalable (MAINGUENEAU, 2018), il sera jugé sur ses réalisations effectives : l'écrit et le dit. C'est pour cela que nous tendons à discuter la valeur de la vulnérabilité, quoique les termes puissent paraître contradictoires.
Qui est vulnérable ? Nous allons essayer quelques réponses :
- Vulnérable est celui qui est exposé aux atteintes d'une maladie ou qui peut servir de cible aux attaques d'un ennemi, dont les conditions physiques ne lui permettent pas de réagir ;
- Vulnérable est celui qui est exposé aux conditions sociales de pénurie, de guerre, de pédophilie, de violences domestiques et qui ne trouvent pas, dans la société, moyens de s'en sortir.
...
Ainsi, cette étude vise à analyser comment les valeurs du des inscriptions urbaines se manifestent et s'organisent discursivement en relation avec les composantes sociales et individuelles de l'identité et de la mémoire, en considérant les expressions culturelles transmises par le sentiment de non-conformité morale et sociale (JERTFELT - GUSTARFFSON, 2019) à partir de positions de base discursives (MAINGUENEAU, 2016).
Méthodologie : un chemin à construire...
Dans cette étude nous faisons référence à l'analyse du discours des discriminations, des ségrégations, des inégalités et dominations à laquelle est subie une population qui se sent trahie par son pays, ainsi qu'à l'analyse des représentations, des stéréotypes et des idéologies qui semblent interférer sur les modalités d'affirmation, les pratiques, les places, les rôles et les interactions, du conformisme social à la répétition d'une pratique d'oppression sociale. Ceci advient peut-être d'une histoire hors lutte, fondée sur l'image d'un peuple qui aime les fêtes, le Carnaval, le football et les belles plages. Mais un peuple aussi qui est devenu le portrait mondial de la corruption, de la déforestation de l'Amazonie, de l'exportation des femmes et des enfants sans éducation.
La haute de l'exportation de nos produits engendre la haute de prix et par conséquent la famine et la misère. En contrepartie, dans les classes privilégiées, nous pouvons identifier la polarisation entre les changements et les résistances aux changements ainsi que les contradictions et les tensions, engendrés par la juxtaposition des modèles traditionnels, industriels, contemporains, avec la référence à la mobilité des identités comme vecteur de transition et les déplacements, les décentrages, les recentrages qui en résultent.
La tranche de la population qui s'insère dans notre étude et qui, par cause de la pandémie nous n'avons pas pu interviewée in-live, était les graphiters et les tagueurs des murs et rues.
Nous avons pu collecter près d'une centaine de différentes inscriptions urbaines pendant les mois de janvier à octobre de 2020. Ces images ont été cataloguées et classées dans notre portfolio, ensuite nous avons constitués notre corpus à partir des catégories suivantes :
1- Inscriptions verbales publiques - donc les deux premières images vues dans la suite de cet article n'entrent pas dans notre analyse finale ;
2- Inscriptions qui révèlent un positionnement discursif social - puisque je considère les tags et les graphites comme une manifestation communicationnelle et historique.
Nous avons présenté un rapport à l'université avec des étudiants, et les tags e graphites que je vous présente ici sont inédits et ont été collectés par mon groupe d'étudiants, mais ces images n'ont pas été utilisées dans le rapport de l'université.
De quoi parlent-ils ces écrabouillages ?
Par les quelques images à suivre, nous allons essayer de voir les aspirations et les revendications accompagnant les affirmations de la subjectivité, dans un contexte en mutation, caractérisé par les effets de la mondialisation et la transformation des rapports entre le privé et le public dans une société du tiers monde qui passe en même temps par une pandémie (covid-19) et par un gouvernement qui a perdu le contrôle de sa gestion et surtout des bonnes manières vis-à-vis de son peuple (le moins qu'on puisse dire). Les forces contradictoires ne permettant même pas une vision entre-deux (SIBONY, 1991), la polarisation semblant rendre la population à la complicité muette, à l'impasse. Ces inscriptions nos surgissent comme une position discursive des sujets devant des situations sociales les moins favorables. Nous nous attachons au concept de Positionnement de Maingueneau (2019 ; p. 190) afin de constituer ce qui nous contemplons au-delà de ces inscriptions.
Les notions de champ discursif et de positionnement vont dans le même sens, mais à condition qu'on les emploie d'une certaine manière, que ce ne soit pas seulement une affaire de textes et d'"idées". Le positionnement ne se réduit pas à une doctrine ou un ensemble de textes référés à un même locuteur col- lectif ; c'est une activité incessante, et celle-ci implique des institutions et des acteurs diversifiés qui doivent se légitimer à travers leurs énonciations.
Homme, femme, paternité, maternité, enfant, jeune, éducation, familles, générations, minorités, corps, identité plastique, communication, sexualité, pornographie, violence, culture de l'intimité seront aussi envisagés, autant que faire se peut, dans une perspective pluridisciplinaire.
Les images et leurs contextes
Il faut d'emblée avouer qu'il n'y a aucune précision de localisation, rue, auteur pour les images collectées, sauf des étudiants engagés dans le groupe de recherche (GELDA). Il est nécessaire aussi de dire que nous ne consacrerons pas ici le temps d'expliquer les concepts de tag et de graphite, et que nous considérerons pour les analyses tout juste la notion d'inscription urbaine.
La recherche a débuté par une étude expérimentale et pilote, réalisée para mon groupe, via Google Forms, qui a saisi que dans la représentation sociale des gens, les tagueurs et graphiter sont toujours des personnes des favelas. Trois entre cinq personnes ne connaissent pas la différence entre les deux choses. Les données et les résultats officiels de cette recherche ne sont pas encore disponibles.
Donc, l'image des inscriptions urbaines est fréquemment liée à celle de la marginalité, des favelas, et pour association à la drogue, au trafic, à la criminalité. Et c'est pour cette raison que j'ai décidé de commencer à traiter par la classe riche, justement para les inscriptions que la classe favorisée fait aussi dans les rues, mais, par manque peut-être
de courage à un certain moment, dans des lieux très particuliers : les portes et les murs des toilettes. Comme cela n'est pas l'intérêt central de notre recherche, je me fixerais à deux petits exemples, qui ont été collecté au hasard, par des collègues de mes étudiants6.
Dans l'image 1, nous voyons ce qui est devenu fréquent depuis la campagne du candidat Bolsonaro à la présidence de la république : des attaques racistes, homophobie, symbologie naziste e la manifestation phobique d'expulser les pauvres des universités. Le message écrit dans l'Image 1 incite : "Bolsonaro va nettoyer la EAUFA de pauvres, gays e noirs". Ceci provoque ce qui deviendra un récit de haine particulière, mais surtout une narration qui dénonce le positionnement inhumain vis-à-vis d'une société dont l'égalité devait être la norme. La dernière phrase de l'image, où se voit le symbole nazi comme sujet de la proposition adjective dont l'attribut prédicatif est le numéro 17, qui représentait le candidat Bolsonaro, marque le verso du positionnement démocratique.
Dans l'image 2, nous voyons un peu le même message raciste, sauf que l'émetteur maintenant n'utilise pas la métaphore "nettoyer", mais directement incite la mort des marginalisés. Le texte propose : "#Bolsomythe17 - mort aux noirs, gays et lesbiennes". Il est intéressant de commenter que pendant la campagne, l'actuel président s'est fait connaître par ses "disciples" comme le sauveur et, par cela, comme un mythe. En portugais du Brésil, lorsque l'on dit que quelqu'un est un mythe cela signifie un éloge vraiment magistral. En ce qui concerne un positionnement éthique, nous ne pouvons jamais concevoir des propositions comme celles-ci d'un point de vue démocratique, éthique ou politique, dans les termes platoniens. Des propositions come celles-ci engagent des récits d'expériences au-deçà des droits de l'homme, et en-dessous des sentiments d'appartenance à une société où tous sont égaux devant les lois et la Constitution. Aujourd'hui les "disciples" du président ne se gênent plus de montrer leur face et ce qui nous appelons leur récit devient leur drapeau.
Les exemples que nous montrons ici n'est qu'un petit paquet de tout un ensemble de tags et de graphites que nous pouvons voir dans les grandes villes, mais qui souvent passent inaperçus, comme passent inaperçues les vies qui y sont. Les inscriptions sont comme le reflet d'une réalité que nous ne voyons pas, de ce qui est derrière le miroir des grands projets architecturaux des métropoles industrielles, justement celles qui dissimulent les misérables dans leurs immenses bâtiments brillants vitrifiés qui éclaboussent le luxe et la matière grasse du pouvoir écrasant le peuple. L'image 3 ne distingue aucun message compréhensible, ce qui peut amener à penser qu'il ne s'agit que du vandalismeurbain, sans sens, juste dans le but de détruire le patrimoine public ou privé. Est dans cette situation, la plus courante, en fait, dans les villes, qui va s'appuyer toute sorte de discrimination contre les personnes qui sont déjà assez vulnérables socialement. De façon précise, on peut penser que la discussion permet souvent l'invention ou l'irruption de ce qui n'était pas inscrit a priori dans les points de vue des uns et des autres. Positivement, dès qu'une illumination par le discours est récente, une révélation vient très
bien de l'observation. La plus fréquente est l'expérience de convergence ou de décalage entre la langue et ce qui n'est pas la langue. L'homme n'est, certes, pas un être de langage, mais le fait qu'il parle, ou parle d'une manière ou d'une autre, contribue au sens global de sa manière d'être ou d'agir. Amossy défend qu'il soit impossible de régler définitivement le problème du rapport entre langage et non-langage, notamment entre violence, langage, mais aussi langage, silence, action ou vie qui se pose sans chercher à se justifier.
Voyons l'Image 4, où le graphiter a dessiné o système de l'alphabet et en haut il a mis une couronne. Ceci n'est pas une inscription comme celles que nous avons vu dans les trois images précédentes. Ceci est quasiment une uvre d'art. Mais, nous pouvons tout de même voir des aspects du graphite dans le dessin et de la critique du tag, lorsque les lettres sont quelque peu bouleversées les unes par les autres, et nous voyons de gouttes noires qui coulent et des éclaboussements un peu de partout dans l'image. Est-ce le portrait de comment la scolarisation se porte au Brésil ? Comme un droit strict qui écrase en même temps ? Est-ce dire que seul celui qui est scolarisé a des droits ? Histoire à découvrir
C'est pourquoi les inscriptions urbaines blessent les yeux dépourvus de conscience sociale. Les inscriptions marquent une montée narrative dans les murs, à ciel ouvert, comme marque de présence et de droit de participation de la population la moins favorisée d'être vue et perçue. L'Image 5 porte le message suivant : "Evitez agglomération #covid19danslesfavelas". Cette actualisation par rapport à la pandémie par le virus SarsCov19 demeure un sujet très polémique au Brésil, qui touche déjà les presque 600 mil vies perdues. Gouvernement Fédéral et gouvernements des états ne se sont pas unis dans le travail contre la Covid, au contraire, les oppositions se sont montrées très évidentes. Le président de la république n'ayant pas accepté depuis le début la gravité de la pandémie, maintient même aujourd'hui les nombreuses difficultés d'accès aux vaccins, des fake news et les accusations de corruption contre sa famille n'arrêtent pas de surgir. En dehors de cela, des abus de pouvoir, des actes contre la Constitution et l'assassinat d'une politicienne activiste des favelas dont l'assassin est lié à la famille du président ce sont des sujets qui viennent aux murs des villes.
Il faut aussi reconnaître qu'un discours ne peut jamais dire définitivement son propre sens car cela pose a priori la question du degré de survol e de compréhension que l'on fait par rapport à ce qui est hors langage.
Marielle Franco, illustrée dans l'Image 6, a été une représentante politique de la ville de Rio de Janeiro. Noire, lesbienne, vivant dans une favela, Marielle était le symbole de l'antagonisme de la droite. Son meurtre s'est transformé dans un des évènements le plus commentés dans les derniers dix ans, depuis sa mort en 2018, avec 6 millions de résultats dans le Google. Dans les murs de toutes les capitales du Brésil il est possible de voir le visage de Marielle, car elle est devenue un symbole de résistance, de confrontation et, peut-être pour cela, quelqu'un aura voulu la voir en dehors du circuit politique. Le visage de Marielle est mise dans divers modèles ; ici nous en avons choisi un graphite par une question personnelle de respect par le rôle de cette politicienne dans la politique brésilienne, par ce que les dessins représentent sur les murs des villes : un regard serein, beau, de celle qu'un jour a pris la place de tous ceux qui continuent dans le monde invisible des communautés marginalités, vulnérables et sujets aux caprices et humiliations du discours de pouvoir qui, malgré tout, se maintient ferme. La voix des rues sont tues, mais crient dans les murs.
Si Jésus Christ est devenu si odieux par le pouvoir, Socrate aussi, comme bien d'autres, tout cela à cause de leurs discours, nous pouvons penser que les facteurs langagiers de ces personnes relativement indépendants d'une formulation discursive jouent des valeurs vis-à-vis du public.
D'une part, nous sommes plus portés à croire que nous pouvons percevoir les choses elles-mêmes à travers le discours habituel que l'on a à leur sujet. Inversement, nous pouvons souvent nous laisser emporter et amener les autres à voir des choses différentes à travers un échange de mots utilisés dans le discours par les idéologies suivies para le chercheur.
Notes :
MAINGUENEAU, Dominique. Retour critique sur l'éthos. In: Langage et Société, 2014, v. 149, n. 3, p. 31-48. [https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2014-3-page-31.htm]. Acesso: 13 dez 2020.
AMOSSY, Ruth. Por uma análise discursiva e argumentativa da polêmica. Trad. Angela Maria da Silva Corrêa. EID&A - Revista Eletrônica de Estudos Integrados em Discurso e Argumentação, Ilhéus, n. 13, p. 227-244, jan/jun.2017.
MAIA-VASCONCELOS, Sandra; GOMES, Dannytza Serra; FREITAS, Maria Leidiane Tavares. Argumentação e debate: reflexões para uma teoria da discussão segundo Mcburney e Hance. Revista Eletrônica DECT, Vitória (ES), v. 7, n. 1, p. 80-102, abr. 2017.
GUSTAFSSON-JERTFELT, Isa. La non-conformité morale: une étude phénoménologique des personnes qui ont maintenu leurs convictions morales. Tese de doutorado. Université d'Amiens, Jules Verne, Picardie, França, 2019.
À disposition sur demande.
SIBONY, Daniel. Entre-deux: l'origine en partage. Paris : Editions du Seuil, 1991.
Maingueneau, Dominique, et Thierry Guilbert. ""Subvertir la distinction même entre texte et contexte". Entretien avec Dominique Maingueneau réalisé par Thierry Guilbert", Mots. Les langages du politique, vol. 120, no. 2, 2019, pp. 185-198.
https://grupogelda.wixsite.com/ppgl/artigos
Escola de Administração da Universidade Federal da Bahia.
Disponible in : https://covid.saude.gov.br. Access: 13 sept 2021
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MAIA-VASCONCELOS, Sandra. Identités vulnérables dans les inscriptions urbaines: les positionnements narratifs par les images. 1er webinaire CERAFAV. Paris, janvier, 2022.
Introduction
Le discours social a toujours été mené par les évènements quotidiens, par les pratiques sociales, politiques et humaines. Nous suivons le rôle narratif de l'homme raconteur, de ce sujet qui est venu au monde pour raconter et juger tout ce qui devient matérialisé devant soi, soit par des images, par les mots, les significations corporifient les positionnements du sujet dans le monde, mais, et surtout, dans son histoire. Après avoir observé un innombrable ensemble d'images dans les rues un peu partout dans le monde, je me suis demandé dans quelle direction ces images allaient. Mais aussi je me suis souvenue d'un temps où j'étais enseignante au collège et je me demandais pourquoi les élèves écrivaient sur leurs chaises d'école, sur les portes de toilettes. Je n'ai jamais écrit sur les portes de toilettes, même lorsque j'étais à l'école. Je toujours trouvé cela une exposition à laquelle je ne me sentais pas prête. En observant les tags dans les murs, je me suis posée d'innombrables questions : Pourquoi ne pas traiter des problèmes moraux des choix pratiques que chacun fait en termes de contenu, sans traiter de la manière dont cela est dit ? Certes, la morale ne se réduit pas au discours qu'on en a. La plupart des discours sont accomplis sans parole, mais par des actes de parole. Et la manière d'être, les modes de vie, les coutumes ou toute autre subjectivité est sans doute encore plus vrai. Cela se produit naturellement dans chaque discours. Et même lorsqu'il y a un discours au préalable (MAINGUENEAU, 2018), il sera jugé sur ses réalisations effectives : l'écrit et le dit. C'est pour cela que nous tendons à discuter la valeur de la vulnérabilité, quoique les termes puissent paraître contradictoires.
Qui est vulnérable ? Nous allons essayer quelques réponses :
- Vulnérable est celui qui est exposé aux atteintes d'une maladie ou qui peut servir de cible aux attaques d'un ennemi, dont les conditions physiques ne lui permettent pas de réagir ;
- Vulnérable est celui qui est exposé aux conditions sociales de pénurie, de guerre, de pédophilie, de violences domestiques et qui ne trouvent pas, dans la société, moyens de s'en sortir.
...
Ainsi, cette étude vise à analyser comment les valeurs du des inscriptions urbaines se manifestent et s'organisent discursivement en relation avec les composantes sociales et individuelles de l'identité et de la mémoire, en considérant les expressions culturelles transmises par le sentiment de non-conformité morale et sociale (JERTFELT - GUSTARFFSON, 2019) à partir de positions de base discursives (MAINGUENEAU, 2016).
Méthodologie : un chemin à construire...
Dans cette étude nous faisons référence à l'analyse du discours des discriminations, des ségrégations, des inégalités et dominations à laquelle est subie une population qui se sent trahie par son pays, ainsi qu'à l'analyse des représentations, des stéréotypes et des idéologies qui semblent interférer sur les modalités d'affirmation, les pratiques, les places, les rôles et les interactions, du conformisme social à la répétition d'une pratique d'oppression sociale. Ceci advient peut-être d'une histoire hors lutte, fondée sur l'image d'un peuple qui aime les fêtes, le Carnaval, le football et les belles plages. Mais un peuple aussi qui est devenu le portrait mondial de la corruption, de la déforestation de l'Amazonie, de l'exportation des femmes et des enfants sans éducation.
La haute de l'exportation de nos produits engendre la haute de prix et par conséquent la famine et la misère. En contrepartie, dans les classes privilégiées, nous pouvons identifier la polarisation entre les changements et les résistances aux changements ainsi que les contradictions et les tensions, engendrés par la juxtaposition des modèles traditionnels, industriels, contemporains, avec la référence à la mobilité des identités comme vecteur de transition et les déplacements, les décentrages, les recentrages qui en résultent.
La tranche de la population qui s'insère dans notre étude et qui, par cause de la pandémie nous n'avons pas pu interviewée in-live, était les graphiters et les tagueurs des murs et rues.
Nous avons pu collecter près d'une centaine de différentes inscriptions urbaines pendant les mois de janvier à octobre de 2020. Ces images ont été cataloguées et classées dans notre portfolio, ensuite nous avons constitués notre corpus à partir des catégories suivantes :
1- Inscriptions verbales publiques - donc les deux premières images vues dans la suite de cet article n'entrent pas dans notre analyse finale ;
2- Inscriptions qui révèlent un positionnement discursif social - puisque je considère les tags et les graphites comme une manifestation communicationnelle et historique.
Nous avons présenté un rapport à l'université avec des étudiants, et les tags e graphites que je vous présente ici sont inédits et ont été collectés par mon groupe d'étudiants, mais ces images n'ont pas été utilisées dans le rapport de l'université.
De quoi parlent-ils ces écrabouillages ?
Par les quelques images à suivre, nous allons essayer de voir les aspirations et les revendications accompagnant les affirmations de la subjectivité, dans un contexte en mutation, caractérisé par les effets de la mondialisation et la transformation des rapports entre le privé et le public dans une société du tiers monde qui passe en même temps par une pandémie (covid-19) et par un gouvernement qui a perdu le contrôle de sa gestion et surtout des bonnes manières vis-à-vis de son peuple (le moins qu'on puisse dire). Les forces contradictoires ne permettant même pas une vision entre-deux (SIBONY, 1991), la polarisation semblant rendre la population à la complicité muette, à l'impasse. Ces inscriptions nos surgissent comme une position discursive des sujets devant des situations sociales les moins favorables. Nous nous attachons au concept de Positionnement de Maingueneau (2019 ; p. 190) afin de constituer ce qui nous contemplons au-delà de ces inscriptions.
Les notions de champ discursif et de positionnement vont dans le même sens, mais à condition qu'on les emploie d'une certaine manière, que ce ne soit pas seulement une affaire de textes et d'"idées". Le positionnement ne se réduit pas à une doctrine ou un ensemble de textes référés à un même locuteur col- lectif ; c'est une activité incessante, et celle-ci implique des institutions et des acteurs diversifiés qui doivent se légitimer à travers leurs énonciations.
Homme, femme, paternité, maternité, enfant, jeune, éducation, familles, générations, minorités, corps, identité plastique, communication, sexualité, pornographie, violence, culture de l'intimité seront aussi envisagés, autant que faire se peut, dans une perspective pluridisciplinaire.
Les images et leurs contextes
Il faut d'emblée avouer qu'il n'y a aucune précision de localisation, rue, auteur pour les images collectées, sauf des étudiants engagés dans le groupe de recherche (GELDA). Il est nécessaire aussi de dire que nous ne consacrerons pas ici le temps d'expliquer les concepts de tag et de graphite, et que nous considérerons pour les analyses tout juste la notion d'inscription urbaine.
La recherche a débuté par une étude expérimentale et pilote, réalisée para mon groupe, via Google Forms, qui a saisi que dans la représentation sociale des gens, les tagueurs et graphiter sont toujours des personnes des favelas. Trois entre cinq personnes ne connaissent pas la différence entre les deux choses. Les données et les résultats officiels de cette recherche ne sont pas encore disponibles.
Donc, l'image des inscriptions urbaines est fréquemment liée à celle de la marginalité, des favelas, et pour association à la drogue, au trafic, à la criminalité. Et c'est pour cette raison que j'ai décidé de commencer à traiter par la classe riche, justement para les inscriptions que la classe favorisée fait aussi dans les rues, mais, par manque peut-être
de courage à un certain moment, dans des lieux très particuliers : les portes et les murs des toilettes. Comme cela n'est pas l'intérêt central de notre recherche, je me fixerais à deux petits exemples, qui ont été collecté au hasard, par des collègues de mes étudiants6.
Dans l'image 1, nous voyons ce qui est devenu fréquent depuis la campagne du candidat Bolsonaro à la présidence de la république : des attaques racistes, homophobie, symbologie naziste e la manifestation phobique d'expulser les pauvres des universités. Le message écrit dans l'Image 1 incite : "Bolsonaro va nettoyer la EAUFA de pauvres, gays e noirs". Ceci provoque ce qui deviendra un récit de haine particulière, mais surtout une narration qui dénonce le positionnement inhumain vis-à-vis d'une société dont l'égalité devait être la norme. La dernière phrase de l'image, où se voit le symbole nazi comme sujet de la proposition adjective dont l'attribut prédicatif est le numéro 17, qui représentait le candidat Bolsonaro, marque le verso du positionnement démocratique.
Dans l'image 2, nous voyons un peu le même message raciste, sauf que l'émetteur maintenant n'utilise pas la métaphore "nettoyer", mais directement incite la mort des marginalisés. Le texte propose : "#Bolsomythe17 - mort aux noirs, gays et lesbiennes". Il est intéressant de commenter que pendant la campagne, l'actuel président s'est fait connaître par ses "disciples" comme le sauveur et, par cela, comme un mythe. En portugais du Brésil, lorsque l'on dit que quelqu'un est un mythe cela signifie un éloge vraiment magistral. En ce qui concerne un positionnement éthique, nous ne pouvons jamais concevoir des propositions comme celles-ci d'un point de vue démocratique, éthique ou politique, dans les termes platoniens. Des propositions come celles-ci engagent des récits d'expériences au-deçà des droits de l'homme, et en-dessous des sentiments d'appartenance à une société où tous sont égaux devant les lois et la Constitution. Aujourd'hui les "disciples" du président ne se gênent plus de montrer leur face et ce qui nous appelons leur récit devient leur drapeau.
Les exemples que nous montrons ici n'est qu'un petit paquet de tout un ensemble de tags et de graphites que nous pouvons voir dans les grandes villes, mais qui souvent passent inaperçus, comme passent inaperçues les vies qui y sont. Les inscriptions sont comme le reflet d'une réalité que nous ne voyons pas, de ce qui est derrière le miroir des grands projets architecturaux des métropoles industrielles, justement celles qui dissimulent les misérables dans leurs immenses bâtiments brillants vitrifiés qui éclaboussent le luxe et la matière grasse du pouvoir écrasant le peuple. L'image 3 ne distingue aucun message compréhensible, ce qui peut amener à penser qu'il ne s'agit que du vandalismeurbain, sans sens, juste dans le but de détruire le patrimoine public ou privé. Est dans cette situation, la plus courante, en fait, dans les villes, qui va s'appuyer toute sorte de discrimination contre les personnes qui sont déjà assez vulnérables socialement. De façon précise, on peut penser que la discussion permet souvent l'invention ou l'irruption de ce qui n'était pas inscrit a priori dans les points de vue des uns et des autres. Positivement, dès qu'une illumination par le discours est récente, une révélation vient très
bien de l'observation. La plus fréquente est l'expérience de convergence ou de décalage entre la langue et ce qui n'est pas la langue. L'homme n'est, certes, pas un être de langage, mais le fait qu'il parle, ou parle d'une manière ou d'une autre, contribue au sens global de sa manière d'être ou d'agir. Amossy défend qu'il soit impossible de régler définitivement le problème du rapport entre langage et non-langage, notamment entre violence, langage, mais aussi langage, silence, action ou vie qui se pose sans chercher à se justifier.
Voyons l'Image 4, où le graphiter a dessiné o système de l'alphabet et en haut il a mis une couronne. Ceci n'est pas une inscription comme celles que nous avons vu dans les trois images précédentes. Ceci est quasiment une uvre d'art. Mais, nous pouvons tout de même voir des aspects du graphite dans le dessin et de la critique du tag, lorsque les lettres sont quelque peu bouleversées les unes par les autres, et nous voyons de gouttes noires qui coulent et des éclaboussements un peu de partout dans l'image. Est-ce le portrait de comment la scolarisation se porte au Brésil ? Comme un droit strict qui écrase en même temps ? Est-ce dire que seul celui qui est scolarisé a des droits ? Histoire à découvrir
C'est pourquoi les inscriptions urbaines blessent les yeux dépourvus de conscience sociale. Les inscriptions marquent une montée narrative dans les murs, à ciel ouvert, comme marque de présence et de droit de participation de la population la moins favorisée d'être vue et perçue. L'Image 5 porte le message suivant : "Evitez agglomération #covid19danslesfavelas". Cette actualisation par rapport à la pandémie par le virus SarsCov19 demeure un sujet très polémique au Brésil, qui touche déjà les presque 600 mil vies perdues. Gouvernement Fédéral et gouvernements des états ne se sont pas unis dans le travail contre la Covid, au contraire, les oppositions se sont montrées très évidentes. Le président de la république n'ayant pas accepté depuis le début la gravité de la pandémie, maintient même aujourd'hui les nombreuses difficultés d'accès aux vaccins, des fake news et les accusations de corruption contre sa famille n'arrêtent pas de surgir. En dehors de cela, des abus de pouvoir, des actes contre la Constitution et l'assassinat d'une politicienne activiste des favelas dont l'assassin est lié à la famille du président ce sont des sujets qui viennent aux murs des villes.
Il faut aussi reconnaître qu'un discours ne peut jamais dire définitivement son propre sens car cela pose a priori la question du degré de survol e de compréhension que l'on fait par rapport à ce qui est hors langage.
Marielle Franco, illustrée dans l'Image 6, a été une représentante politique de la ville de Rio de Janeiro. Noire, lesbienne, vivant dans une favela, Marielle était le symbole de l'antagonisme de la droite. Son meurtre s'est transformé dans un des évènements le plus commentés dans les derniers dix ans, depuis sa mort en 2018, avec 6 millions de résultats dans le Google. Dans les murs de toutes les capitales du Brésil il est possible de voir le visage de Marielle, car elle est devenue un symbole de résistance, de confrontation et, peut-être pour cela, quelqu'un aura voulu la voir en dehors du circuit politique. Le visage de Marielle est mise dans divers modèles ; ici nous en avons choisi un graphite par une question personnelle de respect par le rôle de cette politicienne dans la politique brésilienne, par ce que les dessins représentent sur les murs des villes : un regard serein, beau, de celle qu'un jour a pris la place de tous ceux qui continuent dans le monde invisible des communautés marginalités, vulnérables et sujets aux caprices et humiliations du discours de pouvoir qui, malgré tout, se maintient ferme. La voix des rues sont tues, mais crient dans les murs.
Si Jésus Christ est devenu si odieux par le pouvoir, Socrate aussi, comme bien d'autres, tout cela à cause de leurs discours, nous pouvons penser que les facteurs langagiers de ces personnes relativement indépendants d'une formulation discursive jouent des valeurs vis-à-vis du public.
D'une part, nous sommes plus portés à croire que nous pouvons percevoir les choses elles-mêmes à travers le discours habituel que l'on a à leur sujet. Inversement, nous pouvons souvent nous laisser emporter et amener les autres à voir des choses différentes à travers un échange de mots utilisés dans le discours par les idéologies suivies para le chercheur.
Notes :
MAINGUENEAU, Dominique. Retour critique sur l'éthos. In: Langage et Société, 2014, v. 149, n. 3, p. 31-48. [https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2014-3-page-31.htm]. Acesso: 13 dez 2020.
AMOSSY, Ruth. Por uma análise discursiva e argumentativa da polêmica. Trad. Angela Maria da Silva Corrêa. EID&A - Revista Eletrônica de Estudos Integrados em Discurso e Argumentação, Ilhéus, n. 13, p. 227-244, jan/jun.2017.
MAIA-VASCONCELOS, Sandra; GOMES, Dannytza Serra; FREITAS, Maria Leidiane Tavares. Argumentação e debate: reflexões para uma teoria da discussão segundo Mcburney e Hance. Revista Eletrônica DECT, Vitória (ES), v. 7, n. 1, p. 80-102, abr. 2017.
GUSTAFSSON-JERTFELT, Isa. La non-conformité morale: une étude phénoménologique des personnes qui ont maintenu leurs convictions morales. Tese de doutorado. Université d'Amiens, Jules Verne, Picardie, França, 2019.
À disposition sur demande.
SIBONY, Daniel. Entre-deux: l'origine en partage. Paris : Editions du Seuil, 1991.
Maingueneau, Dominique, et Thierry Guilbert. ""Subvertir la distinction même entre texte et contexte". Entretien avec Dominique Maingueneau réalisé par Thierry Guilbert", Mots. Les langages du politique, vol. 120, no. 2, 2019, pp. 185-198.
https://grupogelda.wixsite.com/ppgl/artigos
Escola de Administração da Universidade Federal da Bahia.
Disponible in : https://covid.saude.gov.br. Access: 13 sept 2021