Les Pensées de Marc Aurèle, dites aussi pensées pour soi,pour moi-même ou pour lui-même selon le titre octroyé, qui ajoute à l’énigme, sont un classique où tout serait donc « délibéré, fatal, profond comme le cosmos et susceptible d’interprétations sans fin ». De fait, c’est d’abord un texte d’inspiration stoïcienne sur la mort si proche, les dieux si bienveillants, le monde si harmonieux, la rébellion si inopportune, les choses si éphémères et la temporalité tragiquement réduite à un présent si instable qu’il est à la fois tout et puis plus rien. Mais cette méditation portée à incandescence, au rythme haletant et au style sinueux, trace en même temps un itinéraire d’une tout autre nature : Marc Aurèle démontre en se l’enseignant à lui-même que philosopher, c’est être à la fois maître et disciple - maître de soi et disciple de soi. Les Pensées peuvent alors se lire comme un traité de pédagogie pratique de cette conversion à soi-même modifiant le regard sur toutes choses qu’est une éducation philosophique.