Héritier d'une dette sensiblement égale à son produit national brut annuel, possédant un taux de scolarisation parmi les plus faibles du monde, le Mali doit affronter le défi majeur de cette fin de xxe siècle : scolariser ses enfants massivement et sans ressources financières.
Dans ce contexte naît l'école dite "de base" : un groupe d'enseignants au chômage s'entend avec une communauté urbaine ou rurale pour ouvrir une école - l'Etat formant les enseignants et contrôlant les programmes. Intermédiaire entre secteur public et secteur privé, la formule offre une éducation de qualité. Le mouvement des écoles de base aura scolarisé au Mali 10 000 enfants en moins de trois années hors budget de l'Etat.
Adaptée aux faibles moyens économiques des familles et des pays africains, la méthode peut s'étendre à d'autres nations pour éradiquer l'analphabétisme. Dans un continent où les enfants représentent plus de 50 % de la population, cette institution favorise l'ouverture au monde d'une jeunesse aujourd'hui majoritairement déscolarisée. Révolution tranquille, l'école de base peut renforcer l'intégration nationale et casser la marginalisation des pays d'Afrique.