Les compositeurs, du 20e siècle à nos jours, ont interrogé notre perception du monde en travaillant différemment et en élargissant leur matériau, tout en repensant la question de la forme et celle de l’écriture. Pour un certain nombre d’entre eux, ces questions ont pu être liées au politique et à la possibilité d’une transformation du monde et d’une modification de sa perception au moyen même de leur art.
Poursuivant le travail autour de la notion d’écriture mené par l’équipe C.I.S.I. (Composition Interprétation Scène Improvisation) du laboratoire Musidanse de l’Université Paris 8, cet ouvrage réunit des articles qui posent plus particulièrement la question du rapport entre écriture musicale, perception, engagement et utopie, à travers des exemples pris chez des compositeurs issus non seulement de la tradition écrite (de Nono à Neuwirth, en passant par Berio, Huber, Bussotti, Kurtág, etc.), mais aussi du jazz (d’Ellington à Coleman), dont la pratique est interrogée à la lumière de théories esthétiques et politiques puisées notamment chez Benjamin, Marcuse, Whitehead, Bloch, Adorno ou encore Derrida.
Dans l’axe de réflexion choisi ici, parmi les différentes acceptions qui avaient été proposées dans l’ouvrage précédent (Les possibles de l’écriture : forces, formes, sens), l’écriture sera d’abord envisagée :
- comme tissu sensible et perméable au monde qui en traverse la trame ;
- comme médiation critique du réel ;
- comme ouverture des possibles ;
- comme lieu de trans-formation.