
Charles Henri Hüssy
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Descriptif auteur
Né en 1940, réside à Versoix canton de Genève. Sémiologue et géomaticien, professeur honoraire, passionné par les sujets touchant aux rapports de l'homme à son environnement, ainsi que par la théologie de la création.
Famille ouvrière, éducation catholique. Veuf, trois enfants. A étudié la théologie, la sociologie, la géographie et dirigé un centre universitaire d'écologie humaine.
Structure professionnelle
:
135a route de Suisse
CH-1290 Versoix
004179 225 82 30
Titre(s), Diplôme(s) : Dr ès Sciences Economiques et Sociales
Fonction(s) actuelle(s) : Chef de choeur
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AUTRES PARUTIONS
- Atlas du Bassin Genevois et de la Région Lémanique. Un espace transfrontalier au cœur de l'Europe., 1991, Encyclopédie de Genève.
- Atlas du Grand Genève. État des lieux pour un progrès durable., 2016, Genève éd. Slatkine.
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
La nouvelle alliance de Charles Hussy
Recension par Alain Dupraz de "Une Nouvelle Alliance. Nourrir une espérance pour l'après-effondrement"
Recension de la Revue Choisir No 701 Revue culturelle éditée par les jésuites de Suisse romande Recension de la Revue Choisir No 701
Le premier volume, intitulé " l'ancienne alliance ", conclut à une modernité dans l'impasse, même si le sous-titre porte un point d'interrogation. Ce premier volet regroupe de captivants exposés sur l'histoire de la géographie que l'auteur a enseignée à l'université, sur les atteintes à la Terre, " Gaia ", magnifique mais aussi maltraitée par une modernité débridée, et surtout sur les défis sociaux - " la pauvreté résiste au développement humain " - sur l'action publique insuffisante, sur les limites de la voie techno-humaniste. Il s'achève en dessinant une vision chrétienne de l'après-effondrement.
Le second volume que nous recensons plus particulièrement ici, se propose de " nourrir une espérance pour l'après-effondrement ". Selon Hüssy, l'humanité sortira de l'impasse dans laquelle elle s'est engagée, en suivant un chemin qui alliera la connaissance scientifique, sans cesse en progrès, l'intelligence qui anticipe les pratiques et la sagesse, et non pas grâce à la seule technique qui nous conduirait, selon l'auteur Y.N.Harari, à devenir des dieux. Il faudra découvrir un humanisme nouveau et enseigner maintenant une foi chrétienne crédible. Cela nécessite un renouvellement profond du langage chrétien. S'appuyant sur des auteurs renommés comme Pierre Teilhard de Chardin, Jürgen Moltmann, Joseph Moingt, l'encyclique " Laudato si " du Pape actuel et d'autres, Hüssy résume les idées forces qui soutiennent l'humanisme chrétien nouveau qu'il veut promouvoir.
La pensée de Charles Hüssy m'apparaît comme une forme de millénarisme. Ce dernier étant dans la tradition chrétienne la croyance selon laquelle le Christ reviendra sur terre pour y régner glorieusement pendant mille ans avec les justes ressuscités. A ce millénaire doivent succéder la résurrection des morts et le jugement universels, puis la fin de ce monde et l'établissement du règne de Dieu. Hüssy en reprend quelques éléments et en modifie d'autres. Le retour du Christ et la résurrection coïncident avec la nouvelle alliance scellée avec l'humanité parvenue à sa maturité grâce à la science, toujours en progrès, l'intelligence qui anticipe les pratiques et la sagesse qui ont sauvé l'humanité sortie de l'impasse. La résurrection concerne tous et toutes, soit - aujourd'hui - environ 106,4 milliards d'individus, nés depuis l'apparition des humains il y a 200 000 ans. Tous vont être transformés, suivant un principe dont la connaissance appartient à Dieu, " seul à même de rappeler à la vie ses enfants dispersés ".
Malgré quelques critiques qu'on peut lui adresser - notamment le trop plein de citations, des boursouflures et des développements qui nuisent à la clarté du propos - Hüssy apparaît comme un " visionnaire non fataliste " recherchant sans cesse à concilier les ressources scientifiques et celles spirituelles du christianisme.
Avec l'auteur d'une belle postface, le géographe roumain Corneliu Iatu, on espère qu'il sera lu et que "l'humanité trouvera le chemin d'un nouvel élan, une nouvelle alliance".
DES LENDEMAINS QUI CHANTENT DU CLUB DE ROME À UN DÉSASTRE ANNONCÉ
La seule parade à ces jeux de pouvoir, l'unique remède à ce mal qui gangrène le monde, la vraie réponse pouvant faire taire les discours productivistes, consuméristes ou laisser-fairistes et réduire les inégalités seront, le jour venu, faute d'alternative, une conversion à la sobriété, l'aspiration de tous les peuples à de nouvelles valeurs et finalement, le triomphe de l'amour.
Partant des réflexions du Club de Rome du début des années septante et d'auteurs divers dans les multiples courants de l'écologie, cet article analyse les racines profondes d'une logique vicieuse et en propose une interprétation à travers les mécanismes du pouvoir. Soulignant la capacité de réaction de l'espèce humaine aux ressources illimitées, il conclut sur une note optimiste : après les temps de crise, viendront ceux de la sobriété, obéissant à de tout autres valeurs.
La vision alarmiste des pays développés
Le Club de Rome avait déjà prédit le réchauffement climatique dans les années 1970. Émanation de l'OCDE, organe de coopération des pays développés, ce groupe de spécialistes s'est formé afin de dissiper l'illusion des Trente Glorieuses dans la conscience collective. Elle pointait comme dangers principaux :
- l'accélération de l'industrialisation ;
- la croissance forte de la population mondiale ;
- la persistance de la malnutrition mondiale ;
- l'épuisement des ressources naturelles non renouvelables ;
Un futur empoisonné
Le professeur Adolphe Nicolas, Grand Prix de l'Académie des Sciences en 2005, était physicien et géologue à l'université de Montpellier. On pourrait résumer ses prédictions par la formule choc: "Nous sommes bien des coupables et non de malheureuses victimes d'une augmentation de la température, nous sommes face à notre ennemi, à un redoutable emballement, car l'augmentation de la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère n'est pas d'origine'naturelle', mais une conséquence directe de l'action de l'homme, ce qui nous place, sans échappatoire, devant nos responsabilités". L'ampleur et surtout la rapidité du réchauffement changent les perspectives d'une "crise du gaz carbonique" que l'on escomptait, par myopie, voir se résorber en quelques centaines d'années. Le carbone est responsable de 60 % de l'effet de serre, 20 % revenant au méthane et 20 % aux oxydes d'azote. Leur action détruit un équilibre climatique jusqu'ici maintenu dans une fourchette autour de 17 degrés ayant autorisé la vie, en dépit d'épisodes extrêmes, sur trois milliards d'années.
L'ampleur et surtout la rapidité du réchauffement changent les perspectives d'une "crise du gaz carbonique" que l'on escomptait, par myopie, voir se résorber en quelques centaines d'années. Le carbone est responsable de 60 % de l'effet de serre, 20 % revenant au méthane et 20 % aux oxydes d'azote. Leur action détruit un équilibre climatique jusqu'ici maintenu dans une fourchette autour de 17 degrés ayant autorisé la vie, en dépit d'épisodes extrêmes, sur trois milliards d'années. En deux siècles, cet équilibre a été bouleversé, principalement dû à l'exode rural et à la concentration urbaine autour des manufactures, à l'origine de la révolution industrielle.
Développement humain et niveau de vie
L'IDH, indice composite de développement humain, mesure un niveau normalisé entre 0 et 1. Il intègre trois sous-indices, l'espérance de vie (santé, longévité), la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans avec la durée attendue de scolarisation pour les enfants d'âge scolaire (niveau d'éducation) et le logarithme naturel du revenu brut par habitant en parité de pouvoir d'achat (niveau de vie). De même dimension que l'IDH global, le calcul de chacun des composants s'opère par: (valeur réelle - valeur minimale) / (valeur maximale - valeur minimale). Ainsi normalisé, chaque ingrédient participe à la valeur moyenne de l'IDH. Revu depuis 2018, son calcul passe par la racine troisième du produit des trois sous-indices. Considéré comme un indicateur fiable, il est publié tous les ans par le PNUD.
On peut voir sur un graphe le contraste entre une soixantaine de pays à IDH élevé, qui présentent un profil relativement plat, et l'abîme creusé par la pauvreté. L'histoire et les conditions climatiques comptent certes parmi les raisons de ces disparités. Son aspect actuel, sa structure statistique, présentés en fonction de la capacité de consommation individuelle pays par pays, montrent le gouffre du clivage entre deux situations planétaires, que j'ai estimé en surimposant un repère au point d'inflexion. Ce point sur une courbe de régression logarithmique sépare en deux les pays du monde au seuil d'un IDH de 75 à 90 sur 100 dans les pays développés et en développement, pour un pouvoir d'achat de 2 à 15 sur 100 dans les pays sous-développés. En fait, l'IDH a une valeur heuristique assez trompeuse et médiocre, comme on peut le voir dans le petit nuage juste au-dessus de la barre d'inflexion; un fort niveau de cet indice peut dissimuler un pouvoir d'achat synonyme de pauvreté.
Sur le graphe dans son ensemble, on peut constater que l'IDH se redresse plus vite que le pouvoir d'achat moyen. Le Niger avec un indice de 0,354 se situe au 189ème rang, soit le der-nier. La Norvège et la Suisse caracolent en tête.
La répartition géographique de l'IDH selon l'ONU éclaire les données statistiques. Plus encore qu'au niveau socio-économique, la valeur de l'indice semble être corrélée à un gradient climatique. Il en va de même des conditions de vie et on aurait une carte analogue, en légende inversée, si on mesurait l'explosion présente et à venir de la population; la pauvreté engendre une croissance démographique débridée de vastes régions laissées à leur déréliction.
Combattre la pauvreté, c'est d'abord réformer un système financier vorace et injuste, mettre fin au maintien de l'économie sous sa dépendance et équilibrer les investissements entre le nord et le sud, cesser d'exploiter, ou au mieux d'assister, pour coopérer efficacement avec un tiers monde sinistré.
Le terme de futur empoisonné revêt une signification générale : à l'empoisonnement de l'atmosphère par les gaz à effet de serre, dont les effets nocifs se feront sentir durant des milliers d'années, vont s'ajouter un étouffement écologique par l'épuisement en cours des ressources non renouvelables facilement accessibles, un étranglement par asphyxie du système financier mondial et une explosion démographique accentuant le dénuement des pays pauvres.
Le risque de désastre écologique et social est systémique. En 1848, dans le Manifeste du Parti communiste, Marx et Engels proclamaient que l'histoire des sociétés jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes ; l'économiste Thomas Piketty préfère dire qu'elle a été l'histoire des idéologies et de la quête de la justice.
Un pouvoir mondial, source de pauvreté
La plupart des relations humaines sont à base de pouvoir, c'est-à-dire de recherche permanente d'une maîtrise de l'autre. C'est en effet une quête de pouvoir qui motive les acteurs adoptant des stratégies d'emprise sur les richesses naturelles, de spéculation boursière et d'actionnariat, de confiscation de la biodiversité ou de brevetage du vivant. À l'échelle mondiale, le pouvoir vampirise l'économie au profit des "nouveaux maîtres du monde", une centaine de "seigneurs du capital financier mondialisé" selon Jean Ziegler, pour lesquels le profit et la croissance unilatérale de leurs sociétés transnationales sont l'unique Credo.
Le productivisme se nourrit d'un pouvoir occulte, catégorie première du système mondial contemporain. Il a valeur de paradigme, non pas d'ordre scientifique, bien qu'il s'appuie sur des technologies sophistiquées, mais d'ordre géopolitique et pragmatique, visant la compétition, la domination comme une fin en soi, alors qu'il pourrait rechercher et poursuivre un pro-grès qualitatif, ce qui supposerait une autre mondialisation. Le secteur financier non régulé (shadow banking) tient lieu de quartier général où se décide l'allocation des ressources.
Selon Michel Foucault, le pouvoir "vient d'en bas"; la source de tout pouvoir est la captation des produits du travail par des sous-structures au détriment de la structure globale; le pouvoir ne dépossède pas, il exploite par le biais de mises sous dépendance d'entreprises et de travailleurs.
Le pouvoir est partout; ainsi le monde du gros commerce, de la banque, des assurances voire de l'immobilier s'appuie à dosage variable sur une captation d'argent d'autrui, abusive et sans merci. Idem des relations de travail, de toute hiérarchie car elles impliquent une asymétrie fondamentale.
Le pouvoir est constitué d'énergie et d'information: la tâche d'un gardien de prison représente une autorité à base d'énergie (l'enfermement) plus violente que celle d'un gardien de l'ordre public, ou d'un dirigeant politique qui exerce un pouvoir à la fois sur les budgets publics (territoire, santé, éducation, etc.) et sur l'information.
En cinquième lieu, Foucault fait remarquer que tout pouvoir suscite des résistances à l'intérieur même de sa sphère d'exercice. Le pouvoir met en tension le corps social.
Signature :
Charles Henri Hüssy
Conclusion : des lendemains qui chantent
La seule parade à ces jeux de pouvoir, l'unique remède à ce mal qui gangrène le monde, la vraie réponse pouvant faire taire les discours productivistes, consuméristes ou laisser-fairistes et réduire les inégalités seront, le jour venu, faute d'alternative, une conversion à la sobriété, l'aspiration de tous les peuples à de nouvelles valeurs et finalement, le triomphe de l'amour.
Un retournement complet des perspectives d'existence adviendra avec le temps. Un jour lointain, on évoquera cette situation de crise comme un simple épisode d'aberration écologique, comme un bref temps d'excès menaçant et de crainte viscérale, contractée lors de l'apparition du coronavirus. De graves crises s'ensuivront sans doute, mais la nature reprendra ses droits et l'histoire se chargera de mettre fin à ce gâchis. Car à long terme nous n'allons pas, comme beaucoup le pensent, vers des lendemains qui pleurent. Gabriel Péri, ancien député communiste fusillé par les nazis en 1941, a repris de Paul Vaillant-Couturier un texte d'entre-deux-guerres intitulé "Jeunesse". Il vante une jeunesse revigorée qui va rebâtir le pays, dans des "lendemains qui chantent" et qui seront joyeux.