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Philippe Delalande

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Philippe Delalande

Descriptif auteur

- Directeur des collections "Mémoires asiatiques", "Points sur l'Asie", et "Recherches asiatiques" à L'Harmattan.
- Membre d'Asie 21-Futuribles international, groupe d'étude prospective sur l'Asie
- Précédemment, Directeur du Bureau régional Asie Pacifique de l'Organisation internationale de la Francophonie à Hanoï.

Structure professionnelle : 23, rue Alfred de Vigny
37000 Tours
Tél. 02 47 64 84 06

Titre(s), Diplôme(s) : Diplômé Sciences Po Paris, docteur d'Etat ès sciences économiques

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AUTRES PARUTIONS

"Science économique et maîtrise de l'avenir" Economica, Paris, 1984 (ISBN : 2-7178-0790-X)
"Gestion de l'entreprise industrielle en Afrique", Economica, Paris, 1987 (ISBN : 7178-1209-1)

LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR

Sur Internet

La Chine de Xi Jinping. Ambitions et résistance

Comptes-rendus d'ouvrage

La Chine de Xi Jinping, ambitions et résistances

Articles et contributions

Economie du Vietnam ; le dragon émergent sera-t-il absorbé par l'économie chinoise ?

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

Les investissements chinois en France

Les flux d'investissement chinois en France et en Europe s'accélèrent. Faut-il les craindre ou les souhaiter ? Comment les accueillir sans en perdre le bénéfice économique ?

Chine
De nouveaux motifs pour investir en France

Lors de sa visite en Europe en mars dernier, Xi Jinping a exhorté les Chinois à y investir. Il fut accueilli à bras ouverts dans cette Europe en stagnation. Tout investissement semble bon à prendre si on ne mesure pas ses conséquences à terme.
Le stock d'investissements chinois en France est encore modeste : 250 entreprises chinoises sont établies en France, 9 000 entreprises françaises en Chine. Mais c'est la croissance des flux qu'il faut considérer.
 le flux d'investissement direct français en Chine fut de 1,7 Mds €, selon la banque de France, en 2012
 celui de Chine en France (Hong Kong inclus) de 4,2 Mds €, 16 fois plus qu'en 2005.

La stagnation économique française modifie les motifs d'investissement en France pour les Chinois.
 Une raison ancienne d'investir s'estompe : maîtriser des portes d'entrée sur le territoire français pour y exporter et éventuellement y investir. L'aménagement des 14 hectares d'entrepôts que la société de Hsueh Sheng Wang, Eurasia a achetés au Havre pour importer des matériaux de construction chinois a pris 10 mois de retard. Le secteur du bâtiment est en récession en France. Peut-on espérer des profits en fournissant un secteur en crise ? Même chose pour le "Business district" à Châteauroux et "Terra Lorraine" à Illange sur la Moselle. Ces deux projets n'avancent guère car ils peinent à convaincre les PME chinoises qu'elles peuvent gagner de l'argent dans un pays en stagnation.
 Un motif se développe : ramasser des entreprises françaises au bord de la faillite, pour pas cher. Mais comme il est difficile de les redresser sur le marché français stagnant, on les transporte en Asie où la croissance demeure forte. Fosun, qui tente une OPA sur le Club Med dont la santé s'était gravement dégradée depuis fin 2011 a pour but de développer ses activités en Asie où les industries de loisir explosent. L'intention de l'Italien Andrea Bonomi qui mène une controffensive est de poursuivre en priorité le redressement du Club sur le marché français et européen. De multiples exemples illustrent cette tendance des Chinois à acquérir une entreprise française pour transférer son activité en Asie.
 Un motif d'investissement chinois s'étend, la spéculation immobilière et foncière. La tentative, avortée, de la State administration of foreign exchange, SAFE, d'acquérir le Centre commercial Beaugrenelle reposait sur l'espoir d'une plus value garantie par l'emplacement exceptionnel de ce centre en bord de Seine. Les acquisitions chinoises qui s'accélèrent de vignobles français d'appellation contrôlée reposent sur le même calcul. Le prix de ces vignobles délimités ne peut qu'augmenter car la consommation de vin de qualité croît.
 Un motif est en plein essor. Les Chinois achètent en France l'État de droit qui leur fait défaut. La défaillance des contrôles et les scandales alimentaires ont renforcé la méfiance des Chinois envers leur alimentation. L'entrée de Biostime au capital de la coopérative laitière d'Isigny doit certifier au consommateur chinois que le lait infantile sera conforme aux normes sanitaires françaises. L'investissement de 100 millions € de Synutra dans la coopérative laitière bretonne Sodiaal avait le même motif. Les investissements dans le secteur vinicole ont aussi, en partie, ce motif. Un vin français, AOC, a peu de chances d'être frelaté.

L'enjeu est que l'investissement chinois soit profitable à la France. Dans un premier temps l'entreprise française acquise par un Chinois est satisfaite. Elle est sauvée de la faillite et va se développer sur les marchés asiatiques porteurs grâce à son actionnaire chinois. Mais jusqu'où ira le transfert d'activité vers l'Asie ? S'il n'en reste plus en France le pays aura perdu cette activité.
Les retards des projets d'accueil de PME chinoises en France, en Lorraine ou à Châteauroux sont moins dommageables mais fort décevants dans l'immédiat. Les régions à fort chômage en attendaient des emplois.
Les investissements chinois dans le foncier et l'immobilier motivés par l'espoir d'une plus value spéculative ont peu d'intérêt. Les acquisitions de vignobles, facteur de hausse des prix, entrave l'installation de jeunes vignerons français
Les acquisitions qui ne visent qu'à obtenir une technologie ou une marque en se désintéressant de l'avenir de l'entreprise en France sont nuisibles. Il faut étudier les conséquences de chaque type d'investissement chinois sur l'économie nationale. L'enjeu est déterminant pour l'avenir.
Mais des motifs bénéfiques antérieurs d'investissement chinois n'ont pas disparu. Des acquisitions industrielles récentes par des groupes chinois ont permis de sauver une entreprise française, d'y investir pour son essor en France. On peut citer les moteurs Baudouin, Adisseo, Manoirs industries, Valdunes, Cerruti, la raffinerie Inéos à Lavera reprise à 50 % par Petrochina… Après bien des atermoiements, à Saint-Dizier, le groupe de tracteurs chinois Yto investit 55 millions € dans l'usine de transmissions racheté à McCormick. Les Chinois investissent de plus en plus en fusions-acquisitions, en restant minoritaires, dans les secteurs qu'ils affectionnent, alimentation, infrastructures, transport, énergie, télécoms. Ces investissements, s'ils sont bien contrôlés, peuvent être bénéfiques. Il faut les encourager.
La Chine essaie de se prémunir contre des projets nocifs grâce à ses procédures d'agrément des investissements étrangers, assorties pour les plus importants de l'obligation de s'allier à une entreprise chinoise dans les secteurs stratégiques. La France n'a pas de moyens juridiques similaires. Elle devrait s'en doter, convaincre l'Europe de s'en doter, pour être à armes égales avec la Chine. Et des accords avec la Bank of China qui est au centre de tous les investissements, industriels, financiers, immobiliers chinois en France pourraient assurer une sélection plus efficace des projets chinois.
Philippe Delalande, économiste, Asie 21/ Futuribles

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