Il est neuf heures, nous nous arrêtons en périphérie de la ville, dans une station-service abandonnée, pour enfiler les gilets et faire un topo sécu. À quelques pas stationne un pick-up camouflage. Des soldats font des vols d’essai avec un petit drone de reconnaissance. Ambiance western, le vent s’acharne sur les arbustes, la poussière s’enfuit. Même elle a la trouille d’y aller.
Quatre roues, un gilet pare-balles et une bonne dose d’ironie : l’équipement de base pour arpenter l’Ukraine en guerre.
Entre convois brinquebalants, débats existentiels sur la qualité du café soluble et paperasse kafkaïenne, ce récit mordant plonge dans un monde humanitaire où l’improvisation et la débrouille règnent en maîtres. Au fil des rencontres — humanitaires paumés, militaires épuisés, civils intrépides —, il capte les bouleversements d’un pays en pleine métamorphose : rejet de la culture russe, ferveur de la résistance populaire et montée d’une conscience nationale plus affirmée que jamais. Un texte qui oscille entre gravité et légèreté, où l’humour demeure le dernier rempart contre l’absurde du conflit.