« La question de !'Éthique des Ingénieurs ne renvoie pas uniquement à l'examen des exigences sociétales et environnementales, mais au métier, à l'Ingénieur lui-même. Les pratiques des Ingénieurs ont un mode qui reste à analyser actuellement dans ses origines, dès la sélection à l'entrée des Grandes Écoles. La sélection et, ensuite, la formation favorisent, en effet, des aptitudes du cerveau gauche, qui se trouvent inopérantes dans une approche éthique des relations aux autres et à l'environnement. Ces aptitudes sont aujourd'hui encore attendues. Elles impliquent, cependant, des contradictions dans les pratiques, y compris dans les transformations technologiques du monde. Ainsi ces contradictions ont-elles leurs symétriques dans les aptitudes des Ingénieurs. L'état du monde est aussi l'état de notre rapport à nous-mêmes.
Voilà pourquoi la relocalisation industrielle ne sera pas un simple transfert du même, de l'ancien. Si, aujourd'hui, un faisceau de contraintes la rend déjà nécessaire, il exigera demain un dépassement des pratiques, des formations et leurs contradictions héritées de l'Âge d'or des Ingénieurs. »