La psychiatrie vit son pire déclin, d'une ampleur inégalée depuis ses origines. Les raisons de ce désastre ne relèvent pas seulement d'une actualité socio-économique défavorable, souvent incriminée. Car, de manière beaucoup plus inattendue, elles sont aussi à rechercher dans les soubassements même de l'édifice institutionnel inventé par Philippe Pinel. L'humanisme porté par le « traitement moral » et « l'abolition des chaînes » fut une mythologie qui a forgé un idéal professionnel, mais qui n'es...
La psychiatrie vit son pire déclin, d'une ampleur inégalée depuis ses origines. Les raisons de ce désastre ne relèvent pas seulement d'une actualité socio-économique défavorable, souvent incriminée. Car, de manière beaucoup plus inattendue, elles sont aussi à rechercher dans les soubassements même de l'édifice institutionnel inventé par Philippe Pinel. L'humanisme porté par le « traitement moral » et « l'abolition des chaînes » fut une mythologie qui a forgé un idéal professionnel, mais qui n'est jamais parvenue à s'imposer face à l'option scientifique voulue par son fondateur. Il sera ici mis à jour, dans les plis de son œuvre et de sa personnalité, l'ambiguïté fondamentale qui conduira à ce que la psychiatrie soit aujourd'hui désemparée. Engagée dans une surenchère scientiste, elle ira jusqu'aux portes du transhumanisme, mais pour se confronter à une civilisation du numérique qui refuse cet héritage.
Dimitri Kijek après une formation de psychiatre des hôpitaux, puis de linguiste à l'université Paris VII, intègre l'École lacanienne de psychanalyse. Il est responsable du Centre de psychothérapie institutionnelle à l'hôpital psychiatrique de Clermont de l'Oise et de l'Intersecteur du couple et de la famille à Chantilly.