Certaines nouvelles racontent de manière allégorique une expérience d’un fait bien réel, telle que Ancre ocre. D’autres sont un reflet contant une histoire sociale, politique, humaine parfaitement vraies mais lues au prisme de la science-fiction comme Plaidoyer pour une guerre d’usure ou Okinawa mon amour par exemple. D’autres comme L’aube de frère Wolfe ou Balade pour des châtaignes, contiennent des évènements traversés par l’auteur que je suis. Les dates des nouvelles sont une chronologie exacte qui s’arrête à la fin du vingtième siècle. L’ensemble n’est pas une histoire de ce temps, mais des traces de notre passé, de nos expériences, et de notre humanité. Je crois que le nouveau siècle ne sera pas meilleur ni pire que celui qui le précède, je pense qu’il est déjà différent socialement, politiquement et dans le cœur des hommes.
Ce qui le sépare déjà de son prédécesseur, c’est la façon de se voir, de parler de lui et de se mentir. La publication Des nouvelles du XXe siècle est une borne au bord du chemin. Elle est aussi un témoignage lucide et utile, ce dont parle Walter Benjamin : « Il y a un rendez-vous mystérieux entre les générations défuntes et celles dont nous faisons partie nous-mêmes. Nous avons été attendus sur terre. Car il nous est dévolu à nous comme à chaque équipe humaine qui nous précéda, une parcelle du pouvoir messianique. Le passé la réclame, a des droits sur elle. » – Walter Benjamin Thèse d’histoire, 1940.