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Mohamed Abdel Azim

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Descriptif auteur


Mohamed Abdel Azim est docteur en science politique. Né en Égypte, il est spécialiste du monde arabe et du Moyen-Orient. Il publie plusieurs ouvrages tels que : Israël et la bombe atomique ; Israël et ses deux murs, ou encore D'Oussama Ben Laden à Saddam Hussein, la politique de G. W. Bush au Moyen-Orient. Ses derniers romans donnent un aperçu de la société égyptienne avent 2001. Dans Boulaq (roman), Mohamed Abdel Azim relate les conditions sociales de l’Égypte, en 2010. Dans son deuxième roman, Luna Park, il met en évidence le phénomène de violeurs des rues et révèle l’un des malaises sociaux dans le pays des pharaons, où le viol a été l’un des facteurs qui poussent les femmes égyptiennes à soutenir la révolution de la place Tahrir, en 2011.

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mohamed.abdelazim@euronews.com

Titre(s), Diplôme(s) : Doctorat en Science politique

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Nucléaire : l'aveu d'Olmert qui embarrasse

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Article en langue arabe : Egypte, la démocratie ou la stabilité mais pas les deux simultanément...

Articles de presse

Article en lange arabe : Israël et la bombe atomique, la face cachée de la politique américaine

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

The Missing Chapter Israeli nuclear weapons

In all the regional history of the Middle East and since the creation of the State of Israel in 1948, one important chapter is missing : Israeli nuclear weapons.

In all the regional history of the Middle East and since the creation of the State of Israel in 1948, one important chapter is missing : Israeli nuclear weapons. It gives a clear vision and explains how conflicts between Arabs and Israelis have been managed during the past fifty years.

However, this missing chapter heavily affects the relations between countries in the area. It also affects the international powers' role and especially conflict resolution in the region. Given the secrecy surrounding it, research on Israeli nuclear weapons is difficult. There is not much scientific literature on this subject.

Among the considerable quantity of existing works and in the research devoted to the history of conflicts in the Middle East, those on this hidden part of the history are rare. This missing chapter is deliberately surrounded by a policy of ambiguity and is well hidden by the Israelis themselves.

The problem of the investigation is that it could lead to error. In fact, does any one knows the truth of this matter? The main problem of our research lies in the fact that the object is not easily accessible. It is well hidden and surrounded by a national, regional and an international taboo.

There are very few witnesses to it and often integrated, by the rare witnesses, in a subtle game of evocation. Unlike other nuclear weapon’s holders, the case of Israel is at the same time singular and striking. That’s due to its non-transparency and its ambiguity on a historical and technical level.

All occurs as if the Israeli government -while affirming its intention not to introduce nuclear weapons to the Middle East- had held onto its intention indirectly to let the world knows how it’s nuclear arsenal would be used, if necessary. In our investigation, we don’t seek to bring scoops or revelations on weather or not Israel has nuclear capacities.

That is no longer a secret. What we intend here is a question of How. We try to emphasise how leaders, as actors, are often far from their calculations. That’s to say how deterrents seeking to deter, do not. How the actor supposed to be deterred, is not either?

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Le chapitre manquant de l'Histoire officielle Israël face aux non-dissuadables

Par opposition aux autres pays détenteurs de l’arme nucléaire, le cas d’Israël est à la fois unique et frappant, du fait de sa non-transparence et de l’ambiguïté sur le plan historique et technique.

Tout se passe comme si le gouvernement israélien -tout en affirmant son intention de ne pas vouloir nucléariser le Moyen-Orient- avait tenu à ce qu’indirectement le monde sache comment le nucléaire serait utilisé, le cas échéant. Dans toute l’histoire régionale du Moyen-Orient et depuis la création de l’État hébreu en 1948, il manque un chapitre important.

Ce chapitre est celui des armes nucléaires israéliennes. Il complète le tableau et donne ainsi une vision plus claire de la manière dont se gère la conflictualité entre Arabes et Israéliens depuis cinquante ans. Ce chapitre qui manque est pourtant un socle lourd qui affecte lourdement les rapports et les relations entre les pays dans la région.

Il affecte aussi le rôle des puissances internationales dans la gestion de la conflictualité régionale. Objet secrètement gardé, entouré de flou et d’opacité, la recherche de sa trace s’avère difficile. La littérature scientifique n’abonde pas de recherches à son égard. Parmi la quantité considérable d’ouvrages existants et dans les travaux de recherche consacrés à l’historicité des conflits au Moyen-Orient, rares sont ceux qui abordent cette partie cachée de l’histoire.

Comment et pourquoi le dissuadant cherchant à dissuader, ne dissuade-t-il pas ? Comment et pourquoi l’acteur supposé être dissuadé, ne l’est pas non plus ? Nasser souhaitait, en 1967, aboutir à une situation de mise à l’agenda international du nucléaire israélien. Il voulait aussi sortir de la situation de menace qui pèse sur son pays par l’entrée en service du réacteur nucléaire israélien. Il entreprend une série d’actions et se trouve, suite à la guerre des Six jours, dans une situation d’humiliation militaire.

Israël qui cherchait la sécurité avec le nucléaire ne parvient toujours pas vraiment à l’acquérir. Retrait du Sinaï, retrait prématuré du Liban, retrait du Gaza ou encore perspectives de retrait du Golan ; l’arme nucléaire n’a pas préservé l’hégémonie régionale espérée par les Israéliens.

Sortant d’une défaite militaire écrasante en 1967, Nasser, deux ans plus tard, déclenche la guerre d’usure (1969-1970). Sadate, en 1973, malgré une situation militaire en sa défaveur, défie la dissuasion israélienne et déclenche la guerre.

Il se trouve, durant la guerre, confronté à une situation dans laquelle sa 3ème armée frôle une catastrophe militaire sans précédent. Saddam Hussein, en 1991, envoie 36 missiles Scuds sur Tel-Aviv, défiant ainsi toutes les menaces de recours aux armes nucléaires faites par les Israéliens avant la guerre du Golfe.

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La naissante pratique démocratique en Egypte La révolte des juges

Depuis avril 2006, le régime en Egypte se heurte de nouveau à des protestations menées par des magistrats. Soulignons que depuis le début des années 90, les juges ont exigé, par la voix de leur association officielle, l'indépendance de la justice par rapport au pouvoir exécutif.

En 2000, la Cour suprême constitutionnelle a jugé que toute élection devrait être tenue, conformément à la constitution égyptienne, sous les auspices du pouvoir judiciaire. Dans un rapport rendu public en juillet 2005, les juges ont remis en question les résultats des élections, affirmant que les mécanismes de supervision par les instances judiciaires n'avaient pas été mis en place de façon efficace.

Deux juges, Hicham el-Bastawissi et Mahmoud Mekki , sont alors accusés d'avoir porté atteinte à la justice pour avoir affirmé que d'autres magistrats, favorables au pouvoir, avaient participé au trucage de scrutins qu'ils supervisaient, lors des législatives et de la première présidentielle multipartite dans le pays en 2005.

Ces deux vice-présidents de la cour de cassation égyptienne sont introduits devant la justice et des manifestations presque hebdomadaires sont organisées en soutien à l'action entamée par les magistrats.

Les services de la police anti-émeutes sont de nouveaux mobilisés et la répression revient, mettant fin à l'accalmie survenue durant la présence des caméras du monde entier pour couvrir la campagne électorale. Le 11 mai 2006, la situation prend un tour particulièrement violent : des dizaines de manifestants sont passés à tabac, des centaines d'autres emprisonnés, plusieurs journalistes sont agressés. Les États-Unis et l'Union européenne dénoncent alors une “répression disproportionnée”.

La presse de l’opposition, de son côté, met l'accent sur la violation des droits de l'homme. Des photos de la police habillée en civil battant des femmes ou des jeunes manifestants, font leurs apparition sur Internet. Des cas de viol sont alors répertoriés et amenés devant la justice. L'affaire des juges prend une allure de confrontation sérieuse et met le pays devant une question de choix. Ce que beaucoup qualifient comme “une révolte de juges”, est vécue par les magistrats comme un défi à remporter.

Les juges sont ainsi vus par les Égyptiens comme des héros porteurs d’espoirs d’un vent de démocratie. Ils sont devenus en quelques semaines un symbole d’espoir. Ces garants de la justice se voient désignés comme les futurs gardiens d’un possible futur démocratique, s'ils arrivaient à remporter ce défi seuls devant Moubarak et son héritier. La grogne se généralise et la presse gouvernementale commence à son tour à passer le cap.

« Adieu donc aux réformes», écrit le politologue Mohammed al-Sayed Saïd, dans le journal gouvernemental Al-Ahram du 18 mai 2006. La « crise des juges », écrit-il, « a discrédité un régime dont la politique répressive, illustrée par la prolongation, le mois dernier, de l'état d'urgence en vigueur depuis 1981, n'a mis fin ni au terrorisme, ni aux affrontements interconfessionnels, illustrations de la déliquescence de la société égyptienne. » écrit Saïd. « Cela signifie que la philosophie politique de Moubarak, appliquée pendant un quart de siècle, n'a pas porté ses fruits. L'Égypte est revenue à la case départ, c'est-à-dire aux grands défis qu'elle affronte depuis le milieu des années 70 . » (2)

Notes :
1. Mahmud Mekki, Hisham Bastawisi, “When judges are beaten, Democracy in Egypt must grow from the streets, not be imposed by western self-interest”, The Guardian, 10 mai 2006.
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/story/0,,1771473,00.html
2. Tangi Salaum, “Égypte : deux juges défient Moubarak”, Le figaro, 19 mai 2006.
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Pouvoir et contestations en Egypte La grogne ne fait pas le poids

Le régime est confronté à une vague de protestation sans précédent en Egypte. Il y a d’une part la protestation de l'opposition et d’autre part les protestations des juges. Le rapport entre le pouvoir et ces deux pôles de protestations est de plus en plus tendu.

La situation s’est compliquée lorsque deux magistrats, sur fond d'intimidation, sont accusés et introduits devant la justice. L’affaire remonte aux élections présidentielles et législatives en 2005, depuis lesquelles on parle de trucage des résultats de ces deux élections.

Suite à ces contestations, on a largement évoqué le cas de la fin des régimes provoquées par ces mouvements de protestations internes et paisibles contrairement à un passé révolutionnaire qui a marqué l’histoire du pays. On s’attendait à la mobilisation générale.

La faiblesse et la division entre les forces de l’opposition égyptienne, voire au sein même de chaque formation politique, explique le fait qu’une mobilisation générale n’a pas pu avoir lieu. La grogne gagne du terrain et se heurte à un durcissement de ton de la part des services de sécurité. La répression prend le dessus et l’affrontement monte d’un cran.

C’est alors que le parallèle avait été fait avec la Géorgie et l'arrivée de Mikhail Saakachvili au pouvoir en 2004, et également avec l’Ukraine et l’arrivée de Viktor Youchenko. Mais il y le cas de la Biélorussie et la résistance du régime d’Alexandre Loukachenko à l’opposition interne conduite par Alexandre Milinkevitch.

L’opposition égyptienne est fragile. Elle n’arrive pas à s’imposer car elle est largement dispersée et divisée. De plus, le régime au pouvoir, soutenu par Washington, maîtrise l’art du bâton et de la carotte envers les forces qui l’opposent.

C’est d’abord le cas envers l’opposant Ayman Nour. Il est accusé d'avoir falsifié des documents pour la création de son parti El-Ghad. Il est détenu durant six semaines et relâché avant la tenue des premières élections présidentielles multipartite dans le pays. Il mène la campagne électorale et termine en seconde position lors des l'élections présidentielles derrière Hosni Moubarak.

Nour est par la suite condamné en décembre 2005. Il dénonce un “verdict politique” et fait appel. Nour voit son pourvoi en cassation rejeté. Il reste en prison ferme pour 5 ans et est privé de ses droits civiques. Cette décision reçoit de vives critiques de la part des États-Unis qui la qualifient d' « erreur judiciaire. »

L’art du bâton et de la carotte est aussi pratiqué envers les manifestations tenues par les forces de changement. Ces derniers bénéficient, provisoirement et avant les élections en 2005, d'une tolérance hors de commun de la part des services de sécurité. Les services d’ordre, qui n'autorisaient aucune forme de protestation ou de rassemblement contre le régime, se montre tolérants envers les manifestants. Ce climat fait naître une impression d'un vent de démocratie.

Contrairement au passé, le début de l'année 2005, voit une accélération des manifestations dans les rues du Caire contre le régime de Moubarak. D'abord par le mouvement Kefaya (assez), doublé par les mouvement qui prônent le changement, puis par ceux qui demandent la libération de Ayman Nour de sa prison.

Nour est libéré et on attribue cette tolérance inhabituelle ainsi que la libération de Nour tu te répètes , à la pression continue de la part de Washington sur le Caire. Toutefois, ces manifestations sont timides et ne donnent lieu à aucune forme de mobilisation de masse, comme ce fut le cas à Kiev.

Cette situation nouvelle dure quelques mois jusqu'à la fin des élections. La pratique de la fraude massive et l'absence d’observateurs dans les bureaux de vote provoquent une confrontation sans équivalent entre le régime et les juges qui dénoncent ces pratiques.

Les protestations se multiplient et dès la fin des élections législatives, les manifestations sont de nouveau réprimées. Depuis que les juges se montrent critiques envers les pratiques d

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Les Frères musulmans en Egypte Un instrument pour casser l'opposition

La trahison (Khiana), ou l’infidélité (Koufr), sont deux axes sur un continuum de patriotisme utilisés respectivement par le pouvoir et les Frères musulmans, pour désigner toute forme d’opposition. (1) Traîtres, manipulées, sont les termes utilisés par le parti au pouvoir contre l’opposition. C’est par opposition au patriotisme, réservé uniquement au PND.

Par ces accusations, ils se réfèrent ainsi à une possible collaboration entre l’opposition et ce qu’ils appellent des forces étrangères, qui veulent renverser le régime et s’emparer du pouvoir. Infidèles est le terme utilisé par la confrérie islamiste contre l’opposition en référence à l’Islam. L’Islam est la solution, est d’ailleurs le slogan de la confrérie durant la campagne des élections législatives en décembre 2005. Qui oserait donc parler de liberté et pourrait alors viser la démocratie ?

La confrérie islamiste est vue comme un outil à double usage entre les mains du pouvoir égyptien . Le premier est interne le deuxième est externe. Premièrement ce mouvement, a une fonction de fractionnement de l’opposition, par son appui sur des bases religieuses. Alors qu’il ne représente pas une formation politique reconnue, il affaiblit les partis politiques traditionnels qui ont déjà du mal à convaincre l’électorat de les rejoindre.

En l’absence d’un débat sur les questions essentielles dans la société, la rue égyptienne fonctionne à l’économie d’effort et le mouvement séduit plus que les formations politiques toutes tendances confondues.

D’autre part, cet outil a une fonction à vocation externe de la part du pouvoir égyptien : dissuader l’occident par la peur et notamment Washington. La logique est basée sur le constat de rationalité. Un choix rationnel, de la part de l’occident, tend à favoriser toute autre formation politique se situant loin des Frères musulmans. Mais puisque cette opposition est manquante voire quasi inexistante, l’alternative qui s’offre est le seul parti national démocrate.

En l’absence d’une opposition forte avec une alternative basée sur un vrai projet politique solide, le pouvoir égyptien tend à miser sur la politique de la carotte et du bâton. Le pouvoir relâche de temps en temps la pression pour utiliser les Frères musulmans comme une soupape à la colère populaire contre sa politique.

Puis, il resserre la vis, en arrêtant, en torturant ou en éliminant plusieurs des membres de la confrérie islamiste. Ce mouvement boycotte ainsi les élections présidentielles et refuse de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux candidats opposés à Moubarak. Ce dernier libère les figures du mouvement quelques semaines avant le vote.

Cette libération permet au mouvement de mener sa campagne pour les législatives et empêche alors les formations politiques traditionnelles, notamment le Wafd (délégation) ou les formations nouvelles, comme El-Ghad (demain) de bénéficier d’une majorité au parlement. On parle alors d’un accord secret entre la confrérie et le pouvoir égyptien. Derrière cet accord se trouverait un homme : le jeune Gamal Moubarak.

L’hebdomadaire égyptien Al-Maydan, parle, dans son 1er numéro du mois de juin 2006, d’une volonté américaine de rapprochement entre Gamal Moubarak et le mouvement des Frères musulmans. Les deux sont invités à l’ambassade américaine au Caire lors de la célébration de la fête nationale le 4 juillet. Cette volonté vient appuyer les soupçons autour du soutien, voire de l’imposition, de Gamal comme le seul successeur à son père.

En l’état actuel des choses aucun parti politique ne peut présenter un candidat lors des prochaines élections présidentielles. En effet, aucune formation politique ne dispose d’un quart des sièges à l'Assemblée du peuple - 454 au total - afin de pouvoir le faire comme le stipule la loi électorale égyptienne.

Le champ est donc ouvert devant le seul et unique parti de Moubarak qui dispose de 338 sièges. Les Frères musulmans constituent le seul groupe qui dispose de 88 sièges au parlement.

Notes :
1. Le mouvement est fondé en1928, par Hassan el-Banna, après l'effondrement de l’empire Ottoman, dans le but d'instaurer un État islamique égyptien basé sur l'application de la charia. Dès 1954, la confrérie islamiste est dissoute par les autorités. En 1957, Nasser, qui craignait pour sa personne, décide d'interdire le mouvement.
2. Al-Quds Al-Arabi, Londres, 26 mai 2006, (p. 8).
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Le nouveau Pharaon L'Egypte comme un patrimoine familial

Citation :
Durant 25 ans, Moubarak est au pouvoir sans nommer un vice-président. Cette situation d’homme seul au pouvoir fait que les Égyptiens voient en lui un Pharaon qui n’accepte pas l’idée d’être un jour succédé par un homme issue du peuple.

Le Président Moubarak est désigné par certains égyptiens comme un grand Pharaon. Parmi eux, on trouve le sociologue égyptien Saad Eddine Ibrahim(2), qui voit en Moubarak un homme qui se place au rang du sacré, ou encore de semi-dieu et que le pouvoir lui est destiné par la divinité.

La famille Moubarak est désignée comme une dynastie qui détient un bien : le pouvoir. Ce patrimoine familial est donc un objet transmissible du père en fils. Ce fils, Gamal, se voit attribuer le rôle d’un gardien du temple de gouvernance par le parti unique au pouvoir : le PND (Parti National Démocrate).

Il doit donc veiller à sa continuité. La famille, soutenue par un entourage solide, prépare le terrain à la succession et au transfert du patrimoine. La préparation à l’héritage de Gamal Moubarak se déroule sur deux fronts : national (au sein du NPD) et international (envers Washington).

a) Sur le plan national, c’est au sein du NPD que la préparation est la plus visible. En l’absence de concurrents sérieux, puisque systématiquement éliminés de la course, cette préparation commence par la nomination de Gamal Moubarak en tant que secrétaire général de la commission politique du parti qui règne sur l’Égypte depuis plus de 30 ans. Il est le plus jeune qui accède à une telle fonction dans un parti habituellement dirigé par ce que les Égyptiens appellent les vieux rouquins (Hitanes).

L’accession au pouvoir se précise peu à peu. La position de Gamal au sein du parti, même en tant que numéro deux, ne lui permet pas d’avoir la légitimité requise afin de briguer le poste le plus haut de l’État. Sa nomination en tant que secrétaire général susciterait un conflit majeur au sein du PND. C’est pourquoi on parle d’un possible changement radical dans l’orientation du Président Moubarak dans les mois à venir.

Le premier étant la nomination de l’actuel chef de renseignement, Omar Solayman, comme son vice-président. Puis, la deuxième étape serait le choix de Gamal Moubarak comme Premier ministre. Ce dernier serait alors en position d’apporter les modifications nécessaires à la constitution et de faciliter ainsi sa candidature pour le poste de chef de l’État. (2)

Gamal Moubarak est l’un des deux fils du Président Moubarak. Il a 43 ans et vient d’être fiancé à l’unique fille de l’un des richissimes hommes d’affaire et parmi les plus influents promoteurs immobiliers en Égypte. Gamal est désigné par les Égyptiens comme le président parallèle.

Il supervise toutes les orientations politiques du parti, ainsi que la nouvelle réorganisation au sein de cette structure, notamment la campagne présidentielle et les élections législatives de 2005. Il place ses hommes au sein du gouvernement comme le Premier ministre Nazif, et élimine la vieille garde des postes clés.

Diplômé de l’université américaine au Caire, il est passé, en quelques mois, de la commission jeunesse, à l’exercice de la fonction la plus importante au sein de l’immense machine du parti unique au pouvoir. Il se base pour cela sur deux hommes, le Premier ministre actuel, Ahmad Nazif et le ministre de l’Intérieur Habib El-Adli.

Le reste de l’ancienne garde des hommes politiques est peu à peu écarté comme notamment l’ancien ministre de l’Information Safwat El-Sherif. Gamal réorganise le parti et promet de nommer Habib El-Adli comme son premier Premier ministre lorsqu’il accède au pouvoir. Ce dernier, qui use de la loi d’urgence, impose la pratique de l’intimidation sous toutes ses formes contre les opposants au régime lors de arrestations ainsi que l’emprisonnement.

Cette pratique de l’oppression contre l’opposition, comprenant la torture, le viol des femmes mais aussi des hommes, est étendue aux manifestants et aux journalistes.(3) La tradition forme une chape lourde de silence sur ces pratiques. En effet la honte des victimes les empêche d’en parler. Mais cette pratique commence à être dénoncée par les organisations des droits de l’homme et certaines victimes, comme la journaliste Abeir El-Askari, qui fait éclater l’affaire au grand jour, ou encore celui de Mohamed El-Charqaoui. (4)

« En l’absence des institutions, l’État est absent », explique M. H. Haikal. D’après cet ancien ministre sous Nasser, « un coup d’état est possible et le pays retourne alors à la case

Notes :
1. Saad Eddin Ibrahim, “Egypt needs a President not a Pharaoh”, Daily Times, Pakistan, 9 novembre 2004. Voir aussi : Saad Ibrahim, “Promises To Keep In Egypt”, Washington Post, 24 spetembre 2005, p. a23.
2. Abdallah El-Senaoui, “L’été de l’héritage”, Al-Arabi, Le Caire, 11 juin 2006.
3. “Egypt : Police Severely Beat Pro-Democracy Activists, One Activist Also Sexually Assaulted”, Human Rights Watch, Le Caire, 31 mai 2006.
4. Mohamad Abdel Hakam Diab, “Égypte : le dossier de la torture et du viol devant l’opinion”, Al-Quds Al-Arabi, Londres, 3 juin 2006 (p. 19).
5. Hasaneen Krom, in Al-Quds Al-Arabi, Londres, 13-14 mai 2006, (p. 8), citant Al-Masri Al-Youm du 12 mai 2006.
6. “Mubarak’s Son Met Secretly With Cheney”, Salah Nasrawi, Associated Press, Le Caire, 15 mai 2006.
7. Peter Baker, “Mubarak’s Son Met With Cheney, Others, Secret Visit Came After Cairo Unrest”, Washington Post, 16 mai 2006 (p. A04).
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Démocratie et stabilité en Egypte La démocratie : persona non grata

Les deux pays les plus importants dans la région (L’Égypte et l’Arabie Saoudite), sont farouchement opposés à la conception de George W. Bush d’un Grand Moyen-Orient. Ces deux pays se trouvent confrontés à des fortes pressions internes d’entamer les réformes démocratiques. Alors qu’à Riyad comme au Caire la question de succession commence à se poser de par l’age de leurs dirigeants, la stabilité est fragile dans ces deux pays. La préoccupation de la stabilité prévaut aux choix de démocratisation. Si la démocratie ne trouve pas sa place, c’est parce qu’il faut garder la stabilité dans une région propice à l’instabilité.

Si l’administration Bush souhaite démocratiser le Moyen-Orient, il lui faut repenser la stabilité conçue depuis plus de 50 ans, lorsque Washington avait écarté les anciennes puissances coloniales à la sortie de la crise de Suez en 1956.

Lors de sa visite au Caire en juin 2005, la secrétaire d’État Condoleezza Rice déclare que, pour le Moyen-Orient, son pays s’est rangé du côté de la stabilité au dépens de la démocratie. « Dans le passé, les États-Unis ont opté pour la stabilité au dépens de la démocratie, mais Washington n’a obtenu aucun des deux » (1)

Le rapport entre le régime égyptien et Washington, en ce qui concerne les reformes démocratiques, est basé, du côté américain, sur la prudence. Washington, qui ne trouve pas d’alternative, craint, en cas d’élections démocratiques, de se trouver avec les Frères musulmans au pouvoir. Le régime au pouvoir au Caire use de cette crainte pour mettre à mal le fameux MEPI (Middle East Partenership Initiative).

Cette invention de l’administration de Georges W. Bush, a pour objectif de modeler la région. Le rêve d’un Grand Moyen-Orient basé sur la liberté, est trouvé après quelques hésitations, suite à la guerre contre Saddam Hussein, en 2003. Depuis, ce projet se volatilise et perd son élan.

Washington, qui exerce une pression sur le Caire durant l’année 2004, recule devant les craintes d’une possible arrivée des formations à tendance religieuse dans l’exécutif en Égypte. Le raïs ne trouve donc aucune difficulté de faire replier l’ambition de Washington et revoir ses exigences à la baisse.

Le Caire oppose alors les choix de la stabilité au choix de la démocratie. Face à ces alternatives, les signes montrent de quel côté les Américains se sont rangés. Le Grand Moyen-Orient, basé sur une pratique démocratique et rêvé par l’administration Bush, est d’ailleurs mal accueilli de la part de l’homme fort d’Égypte. Il s’oppose clairement à une telle conception et explique que la démocratie ne peut pas être imposée par l’extérieur.

C’est en 2005, que les États-Unis exercent de nouveau une sérieuse pression sans précédant sur le Caire afin d’initier des reformes démocratiques et de permettre la tenue des élections libres. La secrétaire d’État Condoleezza Rice va même rencontrer les membres de l’opposition en juin 2005, afin d’inciter le pouvoir à accélérer les reformes démocratiques .

La pression de Washington monte et le régime de Moubarak se voit contraint de se plier devant la menace de réduire, voire d’arrêter l’aide américaine. Cette aide américaine accordée à l’Égypte est de l’ordre de 2 Milliards de Dollars. L’Égypte est le deuxième pays dans la région qui bénéficie d’une aide annuelle aussi importante après celle de l’État hébreu.

Suite à ces pressions, le gouvernement modifie l’article 76 de la constitution en février 2005. L’opposition croit alors à un exercice de vote libre et au changement dans la transparence. L’amendement de l’article 76 de la Constitution donne lieu à l’organisation d’une élection présidentielle à candidatures multiples et ouvre la voie au premier exercice de vote depuis l’indépendance.

C’est alors qu’un événement majeur se produit et change toutes les donnes. Les pression et l’exigence américaine se transforment par la suite en un soutien plus fort au régime en Égypte, comme ce fut le cas durant un quart de siècle. A deux mois des élections présidentielles, en juillet 2005, trois bombes explosent à Charm el-Cheikh. On compte alors 60 victimes qui sont majoritairement des égyptiens.

L’administration Bush recommande d’intensifier la lutte anti-terroriste tout en affirmant sa volonté de voir continuer les reformes démocratiques. Depuis la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, les craintes de Washington se confortent et prennent une dimension de peur.

Moubarak, qui avait renouvelé ses quatre précédents mandats par referendum se trouve alors face à 9 autres candidats, dont deux sérieux conquérants. Le premier est No

Notes :
1. “Rice Criticizes U.S. Allies in Mideast Over Democracy”, Washington Post, 20 juin 2005.
2. La secrétaire d’État Condoleezza Rice a rencontré, au Caire, Ayman Nour, en tant que président du parti libéral Al-Ghad, le 21 juin 2005.
3. Le premier a lieu à l’étranger, à Addis-Abeba (le 26 juin 1995). Le deuxième a lieu en Égypte, le 6 septembre 1999, dans la ville portuaire de Port Saïd.
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Qui succèdera à Moubarak ?

Le 6 octobre 1981, l’Égypte, vit en direct à la télévision d’État, l’assassinat de son Président Sadate, par un groupe d’intégristes. Cet assassinat intervient lors des célébrations du 8ème anniversaire de la guerre de 1973.

Le vice-président Hosni Moubarak, un militaire de l’armée de l’air, accède au pouvoir et devient l’homme fort du pays. Les années qui suivent voient une montée de l’intégrisme qui aboutit au durcissement social et religieux.

L’Égypte se trouve alors confrontée à une vague d’attentats sans précédent qui secoue le pays durant les années 90. La démocratie n’est pas alors à l’ordre du jour et la lutte contre les groupes terroristes est la priorité d’un régime qui détient le pouvoir absolu. Moubarak, qui ne trouve pas d’écho concernant son appel à la tenue d’une conférence internationale sur le terrorisme, fait face aux intégristes avec une main de fer.

Il instaure le calme et rétablit la stabilité dans son pays, puis il entame les réformes économiques voulues par la Banque Mondiale. Moubarak, qui bénéficie du soutien de Washington, n’a pas pour autant voulu engager son pays sur la voie de la démocratie.

L’Égypte vit actuellement l’un des moments les plus cruciaux de son histoire politique depuis l’indépendance. Ce pays s’interroge sur qui serait son Président après Moubarak. Le raïs est en fin de règne et sa succession est une question qui n’a pas de réponse claire à l’heure actuelle.

Agé de 78 ans, Mohamed Hosni Moubarak est le 3ème président à la tête de la République Arabe d’Égypte depuis le coup d’état des officiers libres conduit par Nasser en 1952.

Depuis son accession au pouvoir, il y a 25 ans, Moubarak, n’a jamais nommé un vice-président. Opterait-il pour le scénario de l’héritage de son fils au pouvoir ? On serait sans doute loin d’un héritage paisible.

Le scénario de l’héritage à la togolaise, avec le fils Eyadema, ou celui de Joseph Kabila, en RDC, est déjà rodé dans un pays arabe (la Syrie). Il est prêt chez le voisin libyen pour le fils Kadhafi. Mais un tel scénario aura certainement la couleur des troubles au Caire. En Égypte, pour un tel scénario, se dessine l’ombre de l’inconnu politique.

Depuis l’assassinat de Sadate, l’Égypte, avec ses 70 millions d’habitants, vit sous l’état d’urgence. Passer d’un régime unique vers une pratique démocratique multipartite est l’étape la plus difficile face à laquelle se trouve l’un des pays les plus peuplés du continent africain.

En 2005, l’article 76 de la constitution est modifié, mettant fin à 50 ans d’exercice d’un régime unipartite. Cette modification, qui ouvre la voie au multipartisme, n’a pas vraiment changé la vie politique des égyptiens. Selon les dispositions actuelles de la loi électorale, aucun parti politique ne peut présenter un candidat aux prochaines élections présidentielles.

La question que se posent les Égyptiens n’est alors pas “qui succèdera à Moubarak”, car ils n’ont pas de doute sur la question, c’est son fils. En revanche, la question qui s’impose est celle du “comment cela pourrait se faire et quelles pourraient être les conséquences politiques d’un tel scénario ?”

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Les hésitations américaines Un nouveau ou un Grand Moyen-Orient ?

Dans le Moyen-Orient et depuis l'écartement des anciennes puissances coloniales en 1956, les Etats-Unis faisaient la pluie et le beau temps. Depuis 1991, Washington penche pour la première et ignore le deuxième.
Avec l'occupation de l'Irak, dans cette région, les Etats-Unis font la pluie plutôt que le beau temps. Tandis que les Européens ne cessent d’ouvrir les parapluies pour éviter que l’inondation se transforme en un déluge qui gagne la terre épargnée jusqu'à présent.

Dans le monde arabe, la guerre au Liban sud est vécue comme une tentative supplémentaire de la part de Washington d’inonder les Arabes. La résistance de Hezbollah à Tsahal est alors considérée, par les populations arabes, comme une fierté car elle sauve l’honneur et rétablit la confiance perdue.

Au Caire comme à Damas ou à Amman en passant par Riyad, il y a alors une analogie avec la difficulté des Etats-Unis en Irak. Nous assistons ainsi à la évaporation des rêves américains d’un nouveau Moyen-Orient. Suite à la guerre en Irak, en 2003, l’administration Bush rêvait d’un Grand Moyen-Orient, basé sur un processus démocratique ambitieux. Ce projet ne verra pas le jour.

Faute d’avoir réalisé son projet, Washington rêve de nouveau de mettre en place un processus aboutissant à un nouveau Moyen-Orient. Ces deux orientations montrent l’hésitation de l’administration Bush dans sa vision de l’avenir politique de la région.

La particularité de la situation actuelle au Moyen-Orient soulève le problème de l’écart entre les scénarios “prédissinés” à Washington et les imprévisibles scénarios régionaux avec peut-être l’Iran comme nouvelle puissance nucléaire. Les orientations des États-Unis, montrent à quel point Washington suit des calculs basés sur des évaluations approximatives donnant lieu à des scénarios et des résultats non prévisibles.

La question est donc de quel Moyen-Orient s’agit-il ? Y a-t-il un scénario de Yalta bis dessiné unilatéralement par les seuls américains ? Il est évident que cette guerre qui affaiblit déjà les régimes arabes aura des conséquences régionales néfastes.

Les régimes arabes et notamment celui de Moubarak, sont dès à présent considérés, par les populations, comme dépossédés de leurs décisions et ne peuvent pas agir lorsqu’un État arabe se trouve en crise. Les efforts des ministres des Affaires étrangères de la Ligue Arabe, réunis à Beyrouth début août, en vue d’un cessez-le-feu ont échoué.

Considérés comme faibles et pro-américains, les régimes arabes perdent de leur crédibilité et de leur légitimité aux yeux de leurs populations. Ces dernières les accusent de corruption et de trahison à la cause palestinienne. Cette situation fait surgir un vide et pousse des groupes, comme le Hamas et le Hezbollah, à jouer un rôle sur la scène régionale et ainsi se substituer à ces régimes.

Un axe chiite, passant par Damas, Beyrouth, les territoires occupés et Bagdad, est en phase de constitution. Cet axe qui rallie les sentiments anti-américaines et qui a des ramifications fortes en Iran et en Syrie, commence a avoir des échos dans des grandes capitales arabes comme le Caire, Amman ou Ryad.

En Egypte, ces cinq semaines de guerre ont sérieusement entamée la crédibilité des Etats-Unis en tant qu’intermédiaire au Moyen-Orient. La gestion de la crise au Liban par l'administration Bush bat de l’aile, même si Washington continue à être considéré comme un acteur majeur dans la région.

34 jours d'offensive israélienne contre la milice chiite libanaise du Hezbollah, n’a pas donné les résultats escomptés qui permettraient aux États-Unis de parler d’un nouveau Moyen-Orient. Il y aura peut-être un Moyen-Orient mais défavorable à Washington. Le Etats-Unis sont de plus en plus isolés de leurs alliés arabes mais aussi européens. Cette guerre risque de déséquilibrer les rapports de forces entre les Américains et les Russes dans la région.

Même si le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack écarte l'idée d'une perte d'influence de Washington au Moyen-Orient, l'administration du président George W. Bush, déjà sérieusement affaiblie par sa gestion de la crise en Irak, se retrouve dos au mur en soutenant trop strictement Israël durant l'offensive.

Les Etats-Unis ont ainsi donné le sentiment de pencher fortement en faveur d'Israël et de n'être guère préoccupés par les victimes arabes ou musulmanes. C’est le sentiment présent dans le monde arabe et particulièrement en Egypte. La théorie du complot amér

Notes :
1. Fisnik Abrashi, “NATO says Taliban use Hezbollah tactics”, Associated Press, 15 août 2006.
2. Jim Rutenberg, “Bush Defends U.S. Handling of Lebanese Conflict, Asserting That Hezbollah Is the Loser”, New York Times, 15 août 2006.
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L'Iran a gagné la bataille Moscou revient sur scène

Le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban cache une autre campagne militaire en préparation : celle que veulent mener les Etats-Unis contre l'Iran s'il ne respecte pas les appels des Nations unies sur l'arrêt de son programme nucléaire.
« Israël avait conçu un plan pour attaquer le Hezbollah et l'avait partagé avec des fonctionnaires de l'administration Bush bien avant les enlèvements du 12 juillet dernier ».

En s'appuyant sur des sources proches des milieux militaires et du renseignement, le journaliste Seymour Hersh, du magazine The New Yorker, considère que l'enlèvement à la frontière israélo-libanaise de deux soldats de Tsahal par le Hezbollah, n'aurait été qu'un prétexte pour déclencher l’offensive. (1)

Une semaine auparavant le quotidien britannique The Guardian écrivait, de son côté, que l’offensive israélienne au Liban sud était préméditée. (2).

Seul pays à ne pas reconnaître l’existence d’Israël, l’Iran est accusé par les Israéliens de développer un programme nucléaire clandestin. Cette guerre desserre l’étau international et allège les pressions internationales sur le programme nucléaire iranien. Elle montre aussi à quel niveau Téhéran peut, de loin, affecter la stabilité et toucher la sécurité de l’Etat hébreu à travers la milice chiite de Hezbollah.

Le Liban est redevenu le champ de bataille de rivalités régionales, quinze ans après avoir tourné la page de la guerre civile. Cette fois-ci la formation chiite soutenue par l'Iran et la Syrie affronte directement l'armée israélienne. Le retrait israélien du Liban sud en mai 2000 et le retrait syrien en avril 2005, semblaient porteurs d'espoir pour les Libanais qui croyaient après la guerre du Liban (1975-90) qu'une nouvelle ère s'ouvrait, débarrassée de toute influence étrangère.

Mais c'était ignorer les difficultés de ce petit pays -où toutes les communautés religieuses du Moyen-Orient sont représentées- à vivre loin des secousses affectant la région : guerre en Irak, conflit israélo-palestinien, controverse sur le nucléaire iranien, isolement international de la Syrie etc, sans oublier le nouveau Moyen-Orient promis par Washington, et dont le Liban devait être la vitrine.

De fait, il a suffi que le Hezbollah chiite libanais décide de rompre, le 12 juillet, le statu quo qui prévalait depuis six ans à la frontière libano-israélienne, en capturant deux soldats israéliens, pour mettre le feu aux poudres.

En plus des chiites irakiens, dont le jeune Moqtada Al-Sadr en est le symbole, le soutien de l'Iran à des mouvements comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien fait partie de l'objectif stratégique de Téhéran pour devenir la puissance régionale dominante. Son influence sur la communauté chiite irakienne lui a déjà permis de s'imposer en Irak, pays en proie à une quasi guerre civile entre sunnites et chiites. Ces violences intestines en Irak n'ont cessé de nourrir les craintes des Libanais car deux ministres du Hezbollah siègent dans le gouvernement à majorité anti-syrien.

La crainte d'un retour en force de Téhéran sur la scène libanaise a éclaté au grand jour lorsque le chef de la diplomatie iranienne s'est invité, début août, à Beyrouth pour exprimer ses réserves concernant le plan de règlement du conflit frontalier israélo-libanais présenté par le Premier ministre libanais.

Pour marquer notamment leur soutien au Liban face aux velléités iraniennes, les ministres arabes des Affaires étrangères ont tenu une réunion extraordinaire à Beyrouth. Dès le début du conflit, les pays arabes sunnites comme l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Jordanie n’avaient pu que dénoncer l’aventurisme du Hezbollah.


Contrairement à la position modérée des Arabes, les Iraniens se sont montrés sur la scène. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le 13 juillet 2006, a mis en garde Israël contre toute agression à l’égard de la Syrie. « Si Israël commet une autre idiotie et agresse la Syrie, cela sera synonyme d'une agression contre l'ensemble du monde musulman et il recevra une réponse cinglante », a déclaré M. Ahmadinejad.

Le Hezbollah est considéré comme étant la main et l’épine iranienne au Liban. Il est l’ennemi farouche de l'Etat hébreu et des Etats-Unis, qui l'ont classé dans la liste des "organisations terroristes. Il peut aligner plusieurs milliers de combattants aguerris par la lutte armée engagée contre Israël au Liban, comme ça a été le cas en 1985.

Notes :
1. Seymour M. Hersh, “Watching Lebanon, Washington’s interests in Israel’s war”, The New Yorker, 21 août 2006. http://www.newyorker.com/fact/content/articles/060821fa_fact
2. George Monbiot, “In a military democracy, it is the warriors who call the shots, The failure of the attack on Lebanon has left the Israeli people less secure, but it has done nothing to dent the generals' power” The Guardian, 15 août 2006.

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Hezbollah La "RealPolitik"

Comme il l'a montré une fois de plus, en capturant les deux soldats israéliens, Hezbollah décide lui-même le plus souvent du moment opportun pour lancer ses actions militaires anti-israéliennes ou respecter le cessez-le-feu. La capture des deux soldats a été précédée par les tirs de dizaines de roquettes de type katioucha et d'obus de mortier à partir du Liban sur la Haute Galilée dans le nord d'Israël. Le moment choisi pour l'opération du Hezbollah ne semble rien devoir au hasard, bien au contraire, obligeant l'Etat hébreu à des choix difficiles. Cette opération intervient alors qu'Israël est déjà empêtré dans une offensive majeure contre la bande de Gaza à la recherche d'un caporal capturé le 25 juin 2006, par un commando palestinien qui veut l'échanger contre des détenus palestiniens.

La capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah montre une fois de plus que le parti chiite libanais est un acteur incontournable du Moyen-Orient, obligeant l'Etat hébreu à se battre sur plusieurs fronts. (1)

Allié de Damas et de Téhéran, mais “bête noire” d'Israël et des Etats-Unis, qui l'ont inscrit sur la liste des mouvements terroristes, critiqué à l'intérieur même du Liban par la majorité parlementaire pour son refus de désarmer, le Hezbollah agit avec un sens aigu de la "realpolitik".

Dans le monde arabe, le chef de Hezbollah, Hassan Nasrallah, est devenu le nouveau héros des Arabes. (2)
« Que Dieu te donne la victoire », est la phrase que le monde arabe répète depuis que le défi est lancé par Nassrallah contre l’armée israélienne.

En effet, le fait que la puissance militaire israélienne soit défiée, lors d’une guerre directe, par la guérilla du Hezbollah est une nouveauté. Après un mois de guerre, la puissance militaire du Tsahal est défiée par un ennemi numériquement et technologiquement beaucoup plus faible, mais qui a contraint plus d'un million d'Israéliens à se terrer ou à fuir.

Les objectifs que se sont fixées les autorités militaires et gouvernementales israéliennes -la fin des tirs de roquettes à courte et longue portée du Hezbollah, la libération de deux soldats enlevés le 12 juillet- ne sont pas atteints quatre semaines après le début des combats.

Ni la chasse israélienne, qui a effectué plus de 8.000 sorties depuis le déclenchement des hostilités, ni l'artillerie qui a déversé plus de 100.000 obus sur le Liban, ni l'offensive terrestre dans plusieurs secteurs qui mobilise près de 20.000 hommes, ne sont parvenues à réduire les bombardements de roquettes. Et, encore moins à mettre le Hezbollah en déroute.

Le Hezbollah compte sur des gains à remporter de son défi au Tsahal. Plus le conflit dure, plus les gains psychologiques sont assurés pour les milices chiites. Hezbollah compte aussi sur le doute en Israël relatif aux capacités de Tsahal au Liban sud. C’est le cas en Israël, après un mois de combat où la population israélienne commence à douter d’une défaite du Hezbollah. (3)

Des villes israéliennes comme Haïfa, Tibériade, Safed, à plusieurs dizaines de kilomètres de la frontière, se sont trouvées à la portée des Katiouchas. Leurs rues sont désertes et leur activité économique considérablement ralentie, sans parler des missiles à plus longue portée de fabrication iranienne qui peuvent toujours atteindre des villes plus éloignées de la frontière, y compris dans le secteur central de Tel-Aviv.

La Syrie, alors maître du jeu au Liban, conforte le Hezbollah dans son rôle face à Israël. En fin stratège, cheikh Nasrallah tisse des liens privilégiés avec Damas, et consolide sa stature après l'échec d'une autre importante opération militaire israélienne, "Raisins de la colère", en avril 1996. Il devient alors un "symbole de la résistance", et sa réputation se diffuse dans le monde arabe.

La stature de Hassan Nasrallah croît encore avec la mort en 1997 de son fils aîné Hadi sur le front libano-israélien. Son parcours est couronné avec le déploiement en force de ses hommes le long de la frontière libano-israélienne lors du retrait israélien en mai 2000, et ce après 22 ans d'occupation du Liban sud. (4)

En dehors du Liban, Nasrallah affiche un appui sans limite à l'Intifada palestinienne et ne reconnaît pas l'existence de l'Etat d'Israël. Se réclamant de la lignée du prophète Mahomet, que sont les Seyyed, Hassan Nasrallah a étudié la théologie dans la ville sainte chiite de Najaf, en Irak.

Il est marié et père de cinq enfants. Sous sa direction, le Hezbollah s'est intégré à la vie politique libanaise et est représenté au Parlement. Fort de l'appui du président libanais Emile Lahoud, cheikh Nasrallah refuse toujours que ses combattants cèdent la place à l'armée régulière dont le déploiement dans la région est réclamé avec insistance par l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne.


Notes :
1. Membre actif du gouvernement libanais aux côtés de la majorité anti-syrienne, le Hezbollah était sorti gagnant aux élections législatives libanaises en mai-juin 2005, lui assurant la représentation de l'importante communauté chiite.
2. Hassan Nasrallah est un brillant orateur, manie l'humour avec aisance. Agé de 46 ans, il s'est imposé au fil des ans comme un habile chef de guerre et négociateur incontournable sur la scène politique libanais. Après avoir milité au sein du mouvement chiite Amal, il est depuis 1992 à la tête du Hezbollah (Parti de Dieu), une formation politico-militaire, fer de lance depuis le milieu des années 1980 de la résistance anti-israélienne. Il a accédé à ce poste après la mort de cheikh Abbas Moussaoui, tué dans un raid israélien ciblé. Cheikh Nasrallah reçoit son baptême du feu un an plus tard, lorsque la Résistance islamique, bras armé du Hezbollah, équipée et financée par Téhéran -et seul mouvement à n'avoir pas désarmé à la fin de la guerre du Liban (1975-1990)- résiste à une opération israélienne d'envergure, "Justice rendue" en juillet 1993.
3.Selon deux sondages publiés le 11 août 2006, les Israéliens croient de moins en moins à une victoire sur le Hezbollah et sont de plus en plus critiques vis-à-vis de la conduite de la guerre au Liban. 43% des Israéliens estiment qu'il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu si les combats s'arrêtaient à ce stade et 30% croient qu'Israël n'aurait pas gagné. Seuls 20% estiment que l'Etat hébreu l'aurait emporté, selon cette enquête. 48% des personnes interrogées se disent satisfaites de la conduite de la guerre par le Premier ministre contre 40% de mécontents. Des représentants de l'opposition de droite ont mis en garde le gouvernement contre une acceptation d'un cessez-le-feu imposé par l'ONU.
4. Selon le Jane's Defence Weekly, du 10 août 2006, le Hezbollah disposerait d'une centaine de missiles Zelsal-1 (tremblement de terre) d'une portée estimée à 150 km, assez puissant pour atteindre la capitale israélienne. Les combattants du Hezbollah, présents en force à la frontière libano-israélienne, sont difficilement repérables. Cette "armée de l'ombre" se cache dans les talus, au fond des vallons ou dans les monts boisés. Elle déplace en cas de besoin les rampes de lancement de roquettes montées sur des camions, après avoir été cachées dans des garages aux abords des villages du sud Liban.
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La sixième guerre L'érosion de la dissuasion israélienne

« Les combats ont modifié l'équilibre stratégique de la région », affirme le chef du gouvernement israélien Ehud Olmert devant la Knesset le 14 août 2006. Suite à cette guerre, le succès de la dissuasion israélienne considéré comme acquis depuis des décennies est pour la première fois mis en doute en plein jour.
Les menaces israéliennes n’ont pas dissuadé le Hezbollah, qui se qualifie de "Parti de Dieu", d’envoyer ses roquettes sur les villes et les villages israéliens comme Haïfa. La guerre n’a pas été rapide pour les soldats israéliens.

En juillet 2006, au Liban sud, Tsahal a du faire face à un scénario de “déjà vu” en Afghanistan par les combattants afghans contre les Soviétiques et par les Combattants vietnamiens contre les Américains. C’est encore le cas des Talibans contre les forces américaines en Afghanistan.

La résistance farouche des combattants chiites met à mal les plans sophistiqués des généraux israéliens. La puissance israélienne, avec ses satellites, ses bombardiers, ses sous-marins et navires de guerre ainsi que ses chars indestructibles, sans oublier les missiles anti-missiles Patriotes, n’a pas pu faire face aux quelques centaines de combattants déterminés à challenger Tsahal (1).

Cette situation montre que la dissuasion israélienne est en phase d’érosion, si elle n’est pas déjà érodée. (2)

La puissance nucléaire israélienne n’avait pas dissuadé Nasser ou Sadate d’initier des guerres. Elle n’avait pas dissuadé Saddam Hussein d’envoyer ses missiles Scud sur Tel-Aviv en 1991. Elle ne dissuade pas les Iraniens qui appellent toujours à rayer Israël de la carte.

Cette doctrine de dissuasion qui a échoué face à des décideurs “non dissuadables”, qui dirigent des armées régulières, se voit en difficulté de dissuader des groupes armés tel que le Hamas ou le Hezbollah de mener des actions d’attaque contre Israël et prendre ses soldats en otages. La grosse bombe semble ne pas dissuader ces petits groupes de combattants déterminés. C’était déjà le cas des combattants afghans contre l’Union soviétique ou encore des combattants algériens face à l’armée française.

On oublie que ces groupes comptent sur l’auto-dissuasion des puissances nucléaires qui n’auront pas recours aux armes nucléaires dans les champs des batailles car cela repose sur la conception de la dissuasion rationnelle. Les guerres ont été et resteront, dans ces conditions, des guerres classiques.

C’est au point que le chef d'état-major, le général Dan Haloutz, a même admis publiquement que ce nouveau conflit « est plus important que tous ceux qui l'ont précédé, à l'exception peut-être de la guerre de 1948 ». Cité par la presse, le général Haloutz estime que « cette guerre doit restaurer la force de dissuasion de l'armée sérieusement érodée, craint-il, aux yeux d'un monde arabe qui encense son nouvel héros, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah. D'autant que l'armée semble avoir été surprise par l'audace et l'opiniâtreté des combattants du Hezbollah.

Malgré cette disparité, l'inquiétude en Israël est réelle. « Si Nasrallah continue de sévir, cela peut déclencher un processus qui mettra en danger l'existence du pays », écrit Ben Caspit, un éditorialiste du Maariv (populaire). Résultat, Israël se bat depuis un mois, soit plus que le temps que dura la guerre du Kippour en octobre 1973 », note encore le quotidien. Comme en 1973, en 2006, Tsahal est en difficulté.

« C’est la surprise » écrit Haaretz le 11 août 2006. En 1973, Sadate avait surpris les Israéliens par la traversée du canal de Suez et le fait d’avoir franchi la ligne Bar Lev, puis par les missiles sol-air qui formaient un mur infranchissable pour l’aviation israélienne tout le long du canal.

Cette sixième guerre voit de nouveau apparaître des surprises que les Israéliens n’imaginaient pas un seul instant. Les missiles antichars infligent de lourdes pertes à Tsahal. Les Katiouchas tuent les civils et causent la terreur au sein de la population. En effet, ces missiles antichars modernes tirés par les combattants embusqués du Hezbollah au Liban sud ont infligé, en un mois, des pertes douloureuses à l'armée israélienne, qui en est encore à chercher la parade.

On dénombre près de 90 militaires tués au combat. Les missiles, se sont avérés efficaces aussi bien contre les blindés que contre l'infanterie. Le quotidien Yediot Aharonot rapporte que « sur les 25 missiles téléguidés tirés contre des chars, un quart de ces missiles a pénétré le blindage et causé des pertes parmi les membres de l'équipage ». Le Hezbollah «

Notes :
1. Selon les experts, Israël dispose de moyens militaires autrement plus sophistiqués que ceux de la milice chiite, notamment près de 4.000 chars, 470 avions de chasse, 15 navires de guerre et 3 sous-marins, pour une armée de près de 600.000 hommes, réservistes compris. Le Hezbollah aligne quant à lui 600 à 1.000 combattants, 3.000 à 5.000 combattants mobilisables et 10.000 réservistes, avec un arsenal d'environ 10.000 roquettes à courte portée et des missiles de plus longue portée fournis par l'Iran.
2. Yoel Marcos, Haaretz, 15 août 2006.
3. Les chars lourds israéliens Merkava, en particulier les Merkava III et IV de la dernière génération sont considérés comme les chars les plus puissants du monde, et pour lesquels l'accent a été mis sur la protection et le blindage. Ils sont dotés d'équipements électroniques ultrasophistiqués, d'un puissant moteur de 1200 chevaux et d'un blindage, spécialement étudiés leur assurant à la fois une grande mobilité et une bonne protection. Ces engins se sont néanmoins avérés vulnérables aux attaques des miliciens du Hezbollah, aussi bien à cause de la qualité des missiles employés, que des conditions du terrain, vallonné, couvert de verdure, jalonné d'obstacles naturels et peu propice au déploiement de blindés, surtout dans les agglomérations.
4. "Les missiles les plus efficaces sont les Metis-M, et les Kornet, fabriqués par la Russie, qui ont été livrés à la Syrie dans les années quatre-vingt-dix" "Ils sont redoutables, car ils ont été conçus pour surmonter les blindages actifs des chars modernes que les Israéliens ont été les premiers à mettre en service avec un grand succès au début de années quatre-vingt". Le Hezbollah dispose aussi de nombreux Sager de nouvelle génération, une arme de conception russe fabriquée en Iran, ainsi que de deux autres missiles de fabrication russe le Spigot et le Kuntrus. Ces missiles ont des portées de 1,5 km à 5 km et sont capables de percer des blindages de 400 mm à 1.000 mm.
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La sixième guerre Guerre à somme nulle

Citation :
Cette guerre a eu un impact majeur sur le plan régional. D’abord l’effet néfaste de cette guerre sur la dissuasion israélienne dans la région. En deuxième lieu les profits que le Hezbollah attendait, il a pu les relever. En troisième lieu, le renforcement du rôle de Téhéran dans la sécurité régionale est manifeste. Cette guerre a accéléré l’affaiblissement des régimes arabes modérés dont l’Égypte en est l’exemple et marque le début de l’affaiblissement de l’influence américaine dans la région. Ce constat fait surgir un possible retour des Russes dans la gestion des crises au Moyen-Orient.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a exclu, le 28 septembre 2006, une nouvelle confrontation entre le Hezbollah et Israël dans l'immédiat, exigeant néanmoins des garanties pour achever son retrait du Liban. "Les chances pour que le Hezbollah se laisse entraîner à court terme à une confrontation militaire globale comme celle que nous avons connue cet été sont des plus faibles", affirme M. Olmert dans une interview à la radio publique. "La réalité a changé et le Hezbollah le sait parfaitement", ajoute le Premier ministre. "Mais je n'exclus pas la possibilité que les Iraniens et dans une certaine mesure les Syriens s'efforcent de manipuler le Hezbollah (...) nous devons nous attendre à être testés", a-t-il toutefois poursuivi.

Cette sixième guerre que mène l’État hébreu, s’est terminé sans vainqueur ni vaincu. Elle marquera le point de départ d’un changement dans l’environnement régional et les rapports avec les groupes armés au Moyen-Orient.

Ce conflit aura un impact sur l’équilibre fragile des forces dans la région car elle modifiera non seulement les rapports avec les groupes armés au Liban en Irak et en Palestine, voire ailleurs, mais aussi aura un impact sur les régimes modérés dans le monde arabe comme c’est le cas en Egypte.

« C’est une guerre à somme nulle », écrit le JCSS. (1) Les paradoxes de cette guerre sont multiples. Au lieu d’être une guerre courte et rapide, elle s’est installée dans la durée et a altéré l’image puissante du Tsahal. Les forces israélienne sont alors confrontées au défi des milices chiites.

Cette puissance se trouve impuissante face à quelques combattants du Hezbollah et la grosse machine de guerre israélienne n’a pas pu écraser ce petit groupe d’une armée de l’ombre. Au lieu de renforcer la puissance israélienne, cette guerre a créé une fissure dans le solide mythe de Tsahal.

Elle fait ainsi surgir l’évidence de l’érosion de la dissuasion israélienne. Nous assistons pour la première fois au fait que la doctrine de la dissuasion israélienne est brisée par le défi d’un groupe armé et non pas par une armée régulière. L’image de Tsahal est alors affaiblie et les forces israéliennes sont montrées du doigt par les populations israéliennes.

Malgré ses lourdes conséquences, l'offensive terrestre au Liban était, selon M. Olmert, « inévitable ». Reconnaissant pour la première fois les « échecs » d'Israël dans la guerre au Liban, Ehoud Olmert déclare : « Nous n'étions pas préparés comme nous aurions dû l'être. Nous n'avons pas toujours obtenu les résultats escomptés.

Il y a eu des manquements, voire des échecs. Même si le bilan général est positif, nous ne devons pas masquer ces défaillances », déclare le Premier ministre. Il souligne que « la guerre n'est pas totalement finie et que les menaces peuvent reprendre ». Visant plus particulièrement l'Iran, qui soutient le Hezbollah libanais. M. Olmert ajoute : « Nous devons nous préparer à la menace que représente l'Iran et son président, qui est un ennemi haineux d'Israël ».

Le conflit éclate le 12 juillet et le 11 août 2006, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte, sa 1701ème résolution. Élaborée par Paris et Washington, cette résolution appelle à un cessez-le-feu au Liban sud (2).

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert ordonne à l'armée, le jour même de la résolution de l’ONU, de lancer une offensive terrestre en profondeur au Liban. Israël met fin à son offensive, contre les milices de Hezbollah, le 14 août au matin. Cette deuxième guerre de Tsahal au Liban est la sixième qui l’implique dans une guerre directe contre l’un des pays voisins.

«Aucune armée au monde n'aurait pu désarmer le Hezbollah avec seulement des moyens militaires. Nous savions qu'un effort parallèle serait nécessaire sur le plan diplomatique», explique Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères. « Nous avons fini plus ou moins vainqueurs sur le plan politique et militaire », déclare Shimon Pérès. Le tout est dans le « plus ou moins » de l’ancien Premier ministre Shimon Pérès. Du point de vue gains et pertes, le moins sera du côté des Israéliens, des Américains et des régimes arabes modérés, tandis que le plus sera du côté du Hezbollah, des Iraniens et des Russes.

Tsahal a mené 34 jours d’opérations et une offensive terrestre au Liban sud, sans vraiment mettre fin aux 3500 Katiouchas tirés par les combattants de Hezbollah. L’ennemi de Tsahal, qui a pu tirer sur les populations jusqu'à Haïfa, la troisième ville du pays, et qui a fait des victimes, a pu toucher des navires israéliens au large des côtes libanaises. Les combats contre le Hezbollah ont coûté la vie à 119 soldats et 41 civils. Une vingtaine de chars de la quatrième armée la plus puissante su

Notes :
1. Ephraim Lavie, “The Israel-Hizbullah War: A Zero-Sum Game For Everyone?” Jafee Center For Strategic Studies, N. 182, 6 août 2006.
2. http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N06/465/04/PDF/N0646504.pdf?OpenElement
3. Le 9 août 2006, la colonie de Kyriat Shmona dans le nord d’Israël, est évacuée. Lors de cette opération, le bus commence à partir mais une roquette de Hezbollah s’abat sur la zone. La panique gagne et au lieu de monter dans le bus, il faut aller dans l’abri. Dans la confusion, une femme, avec son enfant au bras, court vers l’abri. Un soldat, qui veillait à la bonne marche de l’évacuation, se dirige à son tour parmi les civils en panique vers l’abri. En arrière plan, on entend les sirènes d’alarme hurler pour inciter la population à descendre dans les abris. Quelques minutes plus tard, on s’apprête à repartir mais de nouveau une alerte et de nouveau la panique. Le cameraman court et filme l’explosion de la roquette. Les batteries anti-missiles Patriotes n’ont pas pu arrêter cette attaque et durant un mois Tsahal n’arrive pas à arrêter les attaques de la milice chiite Hezbollah. Le même jour, alors que le cabinet israélien décide d’étendre l’offensive au Liban et lorsque Tsahal commence à masser ses troupes le long de la frontière libanaise, des tires de roquettes de Hezbollah atterrissent non loin des chars provoquant un mouvement de panique.
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