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Nicole Barrière

Nicole Barrière

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Nicole Barrière

Descriptif auteur

Poète, écrivain, essayiste, traductrice.
Elle a publié de nombreux recueils de poésie. Ses poèmes figurent dans de nombreuses anthologies et revues.
Directrice de la collection Accent tonique aux Éditions l'Harmattan
Membre de la Société des Gens de Lettres, de la Maison des écrivains et de l'AICL(Critiques littéraires)
En s'engageant de manière militante pour les femmes et la paix, elle a lancé en 2001 un appel aux poètes du monde entier : « 1001 poèmes pour la paix et la démocratie en Afghanistan » Elle défend la francophonie, les langues et les cultures menacées.
Grand prix européen Orient-Occident du festival Cuerta de Arges (Roumanie) en juillet 2010.
Prix de poésie féminine Simone Landry 2011 France
Prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre Liban 2011
Prix de poésie Premio Internazionale Don Luigi Di Liegro, Rome 2014

Travail avec d’autres artistes :
Depuis novembre 2002 mène une recherche de création de vidéo-poésie avec la plasticienne-vidéaste Claire Artemyz.
« Corps des accords » est la création d’une nouvelle forme alliant les images vidéo, la musique et la poésie. Onze vidéo-poèmes ont été réalisés et présentés dans différents lieux : CICEP Université Paris 8, Cinéma l’Ecran à Saint Denis lors du Printemps des Poètes 2003, Galerie « Délire en formation », Festival franco-italien des poètes du Piedmont, Centre culturel international de Cerisy La Salle.
Ces vidéo-poèmes ont été primés au festival international de photo et vidéo de Pin-Yao (Chine) en septembre 2005

Illustration poétique des cinq saisons du yoga (énergétique chinoise et philosophie tibétaine) d’un CD de yoga avec le professeur Roland Cadoz 2003

Poèmes pour les peintures de Louise Cara : ville maille, ville faille (peintre française) Exposition le grenier à sel Avignon 2010

Septembre 2005 : Et si c’était ELLE, 22 livres d’artistes avec la peintre Augusta de Schucani
Mai 2011 : quantum energy, poèmes sur des peintures d'Augusta de Schucani en faveur des sinistrés du Japon

Traduction d’autres auteurs
Révision de traduction (persan-français" de "Caravansérail, 1001 poèmes pour la paix" UNESCO 2003
Traduction de l’anglais du poète népalais Yuyutsu RD Sharma, l'Harmattan 2009
Traduction de l'anglais de la poète kurde Nazand Begikhani, prix de poésie féminine 2012
Révision de traduction de l’espagnol : Traversées poétiques, 18 poètes contemporains, l'Harmattan 2011
Révision de traduction du lituanien ; 17 femmes poètes de Lituanie, l'Harmattan 2012


Publications dans différentes revues de poésie
Arcade (revue québéquoise) et Sisyphe , (site québéquois)
Polyglotte
La braise et l’étincelle
Le manoir des poètes
A pierre vue
Rue des poètes
La porte des poètes(franco-chilienne)
AN+ (Belgique)
Montée des poètes
Moebuis (franco-québécoise)
Que peut la littérature en ces temps de détresse? (cahier du P.E.N club n°1 ; éditions
Calliopées)
Liberté d’expression en Europe et en Méditerranée (cahier du P.E.N club n°2 ; éditions
Calliopées)
Plaisance (revue italienne mise à l'honneur N°spécial poésie française 2012 )
Poésie sur Seine (mise à l'honneur n ° spécial 2012 )

Anthologies
Anthologie des poètes des PTT
Anthologie des deux siècles des Dossiers d'Aquitaine.2000
Livre d'or de la Ville de La Baule
Anthologie européenne Charles Baudelaire Edition La Versigliane (Florence - Italie)
Anthologie franco-persanne " Caravane pour la paix " 2003
Anthologie mexicaine " Femmes poètes au pays des nuages " 2005-2006
Anthologie des festivals italiens " les drôles "
Perles de poésie, Les dossiers d'Aquitaine, 2006
Anthologie mexicaine « Femmes poètes au pays des nuages »2005
Anthologie portugaise " Femmes dans la guerre " 2007-2008 (Pen club portugais)
Anthologie « Poésies de langue française » Éditions Seghers 2008
Anthologies Rouge, la Multitude 2009 , Le temps des Cerises , 2010
Attention Travail , l'Harmattan, 2010
Dictionnaire international des poètes contemporains Chine 2010
Anthologie bilingue franco-roumaine, l'Harmattan 2010
Poètes francophones contemporains, Ellipses 2010
Anthologie poétique : enchantons la vie , AESAL , 2010
Anthologie de poésie érotique féminine du XXème siècle, Herman 2011
Anthologie franco-italienne des poètes intuitistes (à paraitre 2012)

Titre(s), Diplôme(s) : Directrice de la collection Accent tonique

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14 livres

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AUTRES PARUTIONS

Le Maret sauvage  1987. Éditions la pensée universelle
La croisée des mots  1993 Éditions des Dossiers d'Aquitaine
Courants d’R,, 2000, illustré par Nicole Durand, Éditions les presses littéraires.
Longue vie à toi, marcheuse de l’impossible !, poème bilingue français/persan

Les ombres de Kaboul  : récit de voyage humanitaire en Afghanistan, Éditions Poèmes en gros et ½ gros  2004 
Mamnu’ : Poésie et témoignages sur la condition des femmes afghanes, Éditions Poèmes en gros et ½ gros  2005 
Trapèze sur le sable, poèmes d’amour . Éditions les presses littéraires. 2006

Afrique, Peuples de lumière et de paroles, Éditions Phoenix , 2010, USA

Le chat de Borges, chroniques de voyage à Buenos-Aires, Edition Createspace, 2012
La mort n’est pas facile à vendre, ECRIRE AIMER Edition Createspace, 2013
Là où il n’y a pas de gare, avec les photos de Philippe Barnoud , Edition Createspace 2013
Les larmes de Pasiphaé, Edition Createspace 2014
Sept carnets du Malmaret, Edition Createspace 2014
Du pays profond, la langue. Edition Createspace 2014

Essais critiques :
L’homme de Die, essai d’une poétique de la montagne dans l’œuvre d’Yves Bergeret, Createspace 2014
Et l’encre devient eau. Edition Createspace 2015
Deux ou trois choses que je sais d’eux, la grande humanité. Edition Createspace 2015

LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR

Prix littéraires

Nicole Barrière a reçu le prix Ménada de poésie du festival de Tetovo (Macédoine), le 22 octobre 2016 à Pristina Kosovo (bibliothèque de l'Université)

Comptes-rendus d'ouvrage

Critique littéraire de "Cœurs ébouillantés / Nuplikytom širdim. Dix-sept poètes lituaniennes contemporaines", ouvrage coordonné par Nicole Barriere et Diana Sakalauskaitė

Commentaires / Avis de personnalités

Les cinq ans d'Accent tonique

Critiques

Un grand merci

Critiques

Mamnu’ par P. Laranco

Critiques

Taliswoman

Comptes-rendus d'ouvrage

Transe poétique / Transpoétique : éteindre, restreindre le feu en nombre

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

Le carnet de la langue-espace d'Yves Bergeret

Citation :
Le vent te ressaisit
et te dépose dans un poème fracassant.
YB

Au centre du travail d'Yves Bergeret, est l'étranger, problématique la plus contemporaine et la plus urgente, concision extrême de tous les chaos de la planète. L'étranger, son visage comme l'océan, où du bord des lèvres ou du bout des lèvres, la parole pourrait surgir...

On pourrait se méprendre en parcourant les dernières pages du carnet de la langue-espace d'Yves Bergeret. On pourrait le croire affairé, s'éparpillant en projets hétéroclites qui mènent de la Réunion à la Sicile pour revenir dans le Diois.
Ce qui est en question n'est pas le temps nécessaire à l'accomplissement de ces tâches, à cette vision horizontale, substituons une approche verticale et d'engagement.
On pourrait aussi en voyant ce montagnard volontaire, croire que sa parole en acte est une forme d'empoignade du monde qu'il vilipenderait comme d'autres en donneur de leçons.
Yves Bergeret effleure les choses et les êtres afin qu'ils se livrent et consentent à être, à leur rythme, vivace ou lent.
Il a appris la discrétion, peut-être reconnu les limites dans les zones d'ombre, et il vient avec délicatesse sur d'autres chemins de la connaissance.
Connaitre la situation des îles par le timbre qui leur est propre, leurs habitants par l'inflexion de leurs voix, les pentes des montagnes par leur ombre.
Peut-être la vision du monde s'est enténébrée. Alors comment s'y prendre et quels modèles et quelles traditions culturels adopter ?
Dans sa marche, il nous revient presque sur la pointe des pieds, sans interrompre le bruit du monde, comme les humbles, presque les yeux baissés, non par prudence, par respect, par peur ? ou plutôt par ce qu'on ne dévisage pas la misère humaine sans effronterie du regard.
De l'homme inadéquat, à cinq hommes et un vide, apparaissaient des hommes et leur pénombre (peine-ombre ?) et les contacts imperceptibles, furtifs ressemblaient à des esquives ou des dérobades.
Dans un écart de grâce, de distance maintenue, voilà son art qui s'épanouit dans les arts du côté des femmes (assiettes de céramique, travail sur tissu).
Au centre du travail est l'étranger, problématique la plus contemporaine et la plus urgente, concision extrême de tous les chaos de la planète. L'étranger, son visage comme l'océan, où du bord des lèvres ou du bout des lèvres, la parole pourrait surgir comme une marque d'impolitesse, du désir de s'emparer du destin de l'autre et ne pourrait se faire entendre…
Parler à mi mots, car les mots en leur entier seraient trop gros et trop grossiers, face aux situations entrevues, il suffit de les inscrire sur les objets du quotidien, l'assiette ou le tissu pour qu'ils redeviennent des mots de tous les jours, sans craindre sottement, comme les doctes et les précieux, la banalité.
Les mots des poèmes de Bergeret sont des mots qui circulent dans les bateaux, dans les rues et les maisons sans donner de leçons de politique, de connaissances absconses, sans chercher à démontrer mais seulement devant l'injustice, dire que cela révolte ou fait de la peine.
Que dire à l'étranger ? aux étrangers ? qui osent à peine s'escamper, vagabonder tant ils ont à faire pour rêver.
Bergeret est en état d'alerte devant cette avant-guerre lointaine, à laquelle nous avons peine à croire tant elle est extravagante et aveugle. Aussi il ne ressasse pas des causes et de l'histoire, mais il réactive l'humanité, l'insère dans le cycle de la vie avec les objets de la cuisine et la couture, le temps morne de la fatigue, un moment où respirer et être en sécurité, se loger, se nourrir, des formes de bonheur tranquille, comme épaisseur de la durée.
En admirant ses dernières créations, je me suis laissée aller à cette image d'un homme, d'un artiste surpris dans son rêve de bonheur humain : un toit, des étoffes, des assiettes, pièces de vaisselle mais aussi d'équilibre, un homme surpris dans des bribes de bonheur, au hasard, à travers l'écran qui sépare des bavards, un artiste qui soulève le bruit du présent et à peine le sourire surgi du visage étranger, l'estompe, pour fracasser les masques des puissants. Et rendre palpable le rêve humain quotidien et banal des humbles, n'est-ce pas un moyen de leur donner un espace ?
Alors je me sens proche du berger de l'alpage qui considère la nuit d'été et prend acte de la puissance de la montagne et des éléments dans le repos des simples.

Poème d'Yves :
Le bouquet des montagnes
se penche au balcon de l'horizon.
Et toi, la parole te traverse
voluptueusement.
*
Ta peau sera moins dure.
Une grêle infime
effleure le village,
puis son léger nuage remonte vers le bleu.
*
Les gens dorment.
Les toits à forte pente bataillent.
Le village fait le hérisson.
Les gens ne doivent pas dormir.
Le vent glacé rage.
*
La montagne te fait rempart.
La vie vient y frotter son nez.
La montagne se regarde dans la forme du vent
pour se croire belle.
*
Le vent respire dans ton souffle.
*
Tu as disparu dans les pierres que tu dis.
Ton front, une fleur.
Ta main, le parfum.
Tes jambes qui fuient, deux éboulis.
Le vent te ressaisit
et te dépose dans un poème fracassant.

le 1er juillet 2015

Signature :
Nicole Barrière

Exposition à Die à la médiathèque en juillet 2015
et en Sicile en août 2015

Notes :
https://carnetdelalangueespace.wordpress.com/2015/07/
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Le carnet de la langue-espace d'Yves Bergeret

Citation :
Le vent te ressaisit
et te dépose dans un poème fracassant.
YB

Au centre du travail d'Yves Bergeret, st l'étranger, problématique la plus contemporaine et la plus urgente, concision extrême de tous les chaos de la planète. L'étranger, son visage comme l'océan, où du bord des lèvres ou du bout des lèvres, la parole pourrait surgir...

On pourrait se méprendre en parcourant les dernières pages du carnet de la langue-espace d'Yves Bergeret. On pourrait le croire affairé, s'éparpillant en projets hétéroclites qui mènent de la Réunion à la Sicile pour revenir dans le Diois.
Ce qui est en question n'est pas le temps nécessaire à l'accomplissement de ces tâches, à cette vision horizontale, substituons une approche verticale et d'engagement.
On pourrait aussi en voyant ce montagnard volontaire, croire que sa parole en acte est une forme d'empoignade du monde qu'il vilipenderait comme d'autres en donneur de leçons.
Yves Bergeret effleure les choses et les êtres afin qu'ils se livrent et consentent à être, à leur rythme, vivace ou lent.
Il a appris la discrétion, peut-être reconnu les limites dans les zones d'ombre, et il vient avec délicatesse sur d'autres chemins de la connaissance.
Connaitre la situation des îles par le timbre qui leur est propre, leurs habitants par l'inflexion de leurs voix, les pentes des montagnes par leur ombre.
Peut-être la vision du monde s'est enténébrée. Alors comment s'y prendre et quels modèles et quelles traditions culturels adopter ?
Dans sa marche, il nous revient presque sur la pointe des pieds, sans interrompre le bruit du monde, comme les humbles, presque les yeux baissés, non par prudence, par respect, par peur ? ou plutôt par ce qu'on ne dévisage pas la misère humaine sans effronterie du regard.
De l'homme inadéquat, à cinq hommes et un vide, apparaissaient des hommes et leur pénombre (peine-ombre ?) et les contacts imperceptibles, furtifs ressemblaient à des esquives ou des dérobades.
Dans un écart de grâce, de distance maintenue, voilà son art qui s'épanouit dans les arts du côté des femmes (assiettes de céramique, travail sur tissu).
Au centre du travail est l'étranger, problématique la plus contemporaine et la plus urgente, concision extrême de tous les chaos de la planète. L'étranger, son visage comme l'océan, où du bord des lèvres ou du bout des lèvres, la parole pourrait surgir comme une marque d'impolitesse, du désir de s'emparer du destin de l'autre et ne pourrait se faire entendre…
Parler à mi mots, car les mots en leur entier seraient trop gros et trop grossiers, face aux situations entrevues, il suffit de les inscrire sur les objets du quotidien, l'assiette ou le tissu pour qu'ils redeviennent des mots de tous les jours, sans craindre sottement, comme les doctes et les précieux, la banalité.
Les mots des poèmes de Bergeret sont des mots qui circulent dans les bateaux, dans les rues et les maisons sans donner de leçons de politique, de connaissances absconses, sans chercher à démontrer mais seulement devant l'injustice, dire que cela révolte ou fait de la peine.
Que dire à l'étranger ? aux étrangers ? qui osent à peine s'escamper, vagabonder tant ils ont à faire pour rêver.
Bergeret est en état d'alerte devant cette avant-guerre lointaine, à laquelle nous avons peine à croire tant elle est extravagante et aveugle. Aussi il ne ressasse pas des causes et de l'histoire, mais il réactive l'humanité, l'insère dans le cycle de la vie avec les objets de la cuisine et la couture, le temps morne de la fatigue, un moment où respirer et être en sécurité, se loger, se nourrir, des formes de bonheur tranquille, comme épaisseur de la durée.
En admirant ses dernières créations, je me suis laissée aller à cette image d'un homme, d'un artiste surpris dans son rêve de bonheur humain : un toit, des étoffes, des assiettes, pièces de vaisselle mais aussi d'équilibre, un homme surpris dans des bribes de bonheur, au hasard, à travers l'écran qui sépare des bavards, un artiste qui soulève le bruit du présent et à peine le sourire surgi du visage étranger, l'estompe, pour fracasser les masques des puissants. Et rendre palpable le rêve humain quotidien et banal des humbles, n'est-ce pas un moyen de leur donner un espace ?
Alors je me sens proche du berger de l'alpage qui considère la nuit d'été et prend acte de la puissance de la montagne et des éléments dans le repos des simples.

Poème d'Yves :
Le bouquet des montagnes
se penche au balcon de l'horizon.
Et toi, la parole te traverse
voluptueusement.
*
Ta peau sera moins dure.
Une grêle infime
effleure le village,
puis son léger nuage remonte vers le bleu.
*
Les gens dorment.
Les toits à forte pente bataillent.
Le village fait le hérisson.
Les gens ne doivent pas dormir.
Le vent glacé rage.
*
La montagne te fait rempart.
La vie vient y frotter son nez.
La montagne se regarde dans la forme du vent
pour se croire belle.
*
Le vent respire dans ton souffle.
*
Tu as disparu dans les pierres que tu dis.
Ton front, une fleur.
Ta main, le parfum.
Tes jambes qui fuient, deux éboulis.
Le vent te ressaisit
et te dépose dans un poème fracassant.

le 1er juillet 2015

Signature :
Nicole Barrière

Exposition à Die à la médiathèque en juillet 2015
et en Sicile en août 2015

Notes :
https://carnetdelalangueespace.wordpress.com/2015/07/
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Eric Sivry L'intuitionniste

Citation :
"nous, mon amour, nous appartenions aux vents, à la race des simples qui ne voulait rien pour soi-même, race en danger que parfois on écoutait par miracle,quand le monde trébuchait, qu'il avait mal à se débattre dans le lit du fleuve boueux de la conscience, mal à force de crier tout ce qu'il y a de force, et ne peut mieux qu'un cri sur la page, une suite de notes, un tableau, lumières obscures qui atteignaient parfois leur but".
(Eric Sivry)

Lorsqu'on a annoncé la venue d'Eric Sivry au Pont Mirabeau, on a dit c'est un poète intuitiste, j'ai été un peu surprise et me suis mise en quête de ce que cela voulait dire
Le mot latin intuitio désigne l'action de voir une image dans une glace, pour le sens du mot français "intuition", il s'agit de "voir à l'intérieur"…
Après avoir consulté les encyclopédies : j'ai trouvé de nombreuses définitions et forces exégèses qui couvrent de nombreux domaines de la pensée humaine :
Philosophique depuis Descartes jusqu'à Bergson et même Jean Paul Sartre
Mathématique qui s'oppose au formalisme hypothico-déductif
Psychologique qui s'apparente à la parapsychologie et là j'ai eu quelques doutes puisqu'il était question d'intuition délirante repérée par les psychiatres…
Alors j'ai lu Eric Sivry, avec bonheur car son magnifique petit livre Peniscola, est une quête, une marche singulière à travers lieux et à travers soi, où il est questions de routes, de pas, d'avancées, de voies et de voix.
J'ai été transporté dans l'univers singulier d'Eric Sivry, cette part du rêve qui devient lithurgie du poème puis religion des arts ainsi que le rappelle cette profession de foi de Bergson :
"Si le détachement de la vie était complet, si l'âme n'adhérait plus par l'action à aucune de ses perceptions, elle serait l'âme d'un artiste comme le monde n'en a point vu encore. Elle excellerait dans tous les arts à la fois, ou plutôt elle les fondrait tous en un seul.".

En réhabilitant cette primauté, cette possibilité pour l'imagination qui prend ses sources et s'incarne dans n'importe quelle discipline. Peut-on imaginer une telle convergence des arts autorisant la poésie à se faire musique, la musique, peinture, et la peinture à se déclarer symphonie. ?
En conformité avec les correspondances chères à Baudelaire et aux occultistes, véritables polyvalents de la création artistique, pouvant indifféremment exprimer leur rêve poétique dans les arts plastiques, dans les lettres ou en musique.
Terre de légende la Crête se devait de contribuer généreusement à ce rêve poétique d'Eric Sivry et faire vivre en ses écrits des légendes venues de temps immémoriaux et y célébraient les pierres, les éléments et les paysages de la terre crétoise qui prend couleur d'âme, de l'âme en tourmente et en méditation d'Eric Sivry.
Ce tempérament de poète possède plus que tout autre le sens de ce pays et la nostalgie qui constituent l'essence de l'âme humaine. Le parfum de son récit s'accorde bien avec ce "songe permanent" de l'imaginaire montrant pour cette modalité une particulière prédilection, en alliage de méditation studieuse et de mélancolie voilée.
La justesse et la rapidité avec laquelle Eric Sivry saisit l'essence d'un paysage, pour en rendre compte en de subtiles résonances, doit probablement autant à l'intuitionnisme bergsonien qu'à des affinités avec l'art grec. Encore celui-ci constitue-t-il une prestigieuse illustration de la réhabilitation par le poète des voies instinctives menant à l'essence des choses, en ce qu'il circonscrit l'univers à un ensemble de signes intuitivement révélés à la sensibilité de l'artiste décrypteur du mystère du monde, tout en le reliant à cette longue lignée de héros de la mythologie.
Subtile et âpre, hésitant entre une tristesse voilée et une guerre contre l'absurde, la poésie d'Eric Sivry peut apparaître comme une synthèse de l'existence, du sentiment poétique de la nature, et d'éléments hérités de la culture héllénique. De cette méditation, il fait un parcours d'expérience et de vie très significatif des inter-réactions qui peuvent s'établir entre la terre et l'homme, l'homme prenant à la terre le meilleur et le plus authentique de lui-même, et la terre exprimant par lui le plus profond de sa nature. C'est l'homme-sensible et capable de donner une réalité à sa sensibilité, d'exprimer dans ce langage dont la pudicité naturelle de ses sentiments s'accommode le mieux.
Par sa modernité, sa remarquable disponibilité d'esprit, ouvert

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Léopold Congo Mbemba

Citation :
Au milieu de mille images
ton visage apparaît
j'étreins la visite qui précède ton corps
et je remplis la maison qui t'attend
de chants d'accueil

(Léopold Congo Mbemba, Le chant de Sama N'déye)

J'emprunte ces vers à Maxime NDEBEKA un autre poète congolais
« C'est bien ta voix
cette voix-là dans le gosier des bambous »
Car pour moi Leopold Congo Mbemba est d'abord une voix, un voix qui trace sillon tel « ce grand vent à notre encontre qui courbe l'homme sur la pierre comme l'araire sur la glèbe » Saint John Perse
Dans son premier billet, Léopold Congo Mbemba écrit :
Un homme vient de mourir, le vieux forgeron Aïssa Aït Yafelman. Avec lui meurt toute une époque. Que t'a-t-il légué en héritage ? Une phrase qui se mêle au vacarme qui raisonne dans ta tête :"Ici, nos ancêtres ont bâti une œuvre superbe. Une harmonie de tous les éléments. Une beauté. Un chef d'œuvre de grâce impossible à reproduire même en imagination"
Alors dans « Déjà le sol est semé » son premier recueil, Léopold cultive les traditions poétiques : celle de la révolte, celle de l'engagement et celle de l'intimisme et de la méditation, ce qui lui permet d'habiter les mots pour nous donner sa vision poétique du monde.
Dans « Le tombeau transparent »l'actualité sinistre de la guerre civile de 1997 commande à l'écrivain un retour sur les tragédies qui ébranlent son pays, le conflit civil, le martyr de morts sans sépulture, jetés en pâture aux oiseaux de proie et aux chiens,dont le poète a pour charge et mission "de construire la tombe de chacun de vos noms, / jusqu'à ce que revienne / la saison des bruines pour la regermination...".
Cette "parole claire" est animé par le souffle puissant et exigeant de la langue.
Sa voix a l'accent mélancolique du sage et le lyrisme incantatoire du griot, c'est un chant qui ouvre les entrailles de la terre, pour lui rappeler la solitude et la misère de la Mère Afrique. Il est question des blessures et des plis secrets de la mémoire sous le joug de la tyrannie des contrastes et des contradictions les plus violents, sous la dictature des priorités, imposées t par les « partenaires » économiques et politiques extérieurs
L'oeuvre de Léopold Congo Mbemba interroge l'actualité et l'histoire récente africaine mais aborde aussi le destin individuel, par une mise en lumière du « je » de l'auteur, et par l'élargissement de l'espace de sa parole, de son imaginaire personnel. Leopold investit l' univers plus vaste des êtres, tandis que sa langue se soumet à la personnification du chant de Sama N'déye.
Ce chant sont les mots recueillis dans l'écoute et gardés dans la fidélité du sang, Babacar Sall écrit dans la préface du livre « en s'inscrivant dans le registre du chant, Léopold Congo Mbemba élève la poésie à un niveau d'exigence que seuls atteignent ceux qui ont déjà achevé d'exprimer « le firmament intérieur des mots »
Plus qu'un chant et au-delà c'est un appel, une prière pour parler de sa terre jusqu'au « bégaiement de la langue de l'oracle, sensibles aux supplices des cœurs meurtris, j'ai entendu les morts répondant à la détresse des vivants. J'ai vu, approchant l'enfant qui garde l'âme, les morts rendant visite aux orants - je crois à la pluie qui répond aux appels des terres qui calcine la soif... »
Ce chant prend une ampleur autre dans « Ténors-Mémoires » recueil dédié à Damas, à Senghor et à Césaire, les poètes de la négritude. Ce recueil a obtenu le prix Louise Labbé en 2004, Daniel Biyaoula, auteur de la préface écrit : « Ténors-Mémoires est un recueil qui exsude la sensibilité, la maturité et la maîtrise littéraire, où le fond ne sacrifie en rien à l'esthétique, à la forme, à un travail très poussé sur la langue. Au contraire tous se tiennent et se soutiennent pour former un texte poétique qui n'est pas hors du langage, qui est tout d'émotions, d'amour, d'humanité et de significations, traversé de part en part de beauté et de Négritude, un texte qui nous raconte le Nègre, l'homme.
Ce petit parcours de l'oeuvre de Léopold Congo Mbemba nous présente un écrivain qui appartient d'abord à l'espace littéraire mondial et à la francophonie car si la déterritorialisation de sujets sans frontières, l'oeuvre de l'écrivain

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Pour une poésie de l'embarquement Autour de la poésie de Philippe Tancelin et Geneviève Clancy Soirée Scribe l'Harmattan 8 décembre 2006

Citation :
Où est l'ombre de l'homme appuyé à l'ombre,
Où est son image oubliée aux fers,
Où est son cri sur le silence des éclairs » ?

Geneviève Clancy, Philippe Tancelin (extrait de « Un brasier dort sous l'écho » publié dans Multitudes en 2004, publié la 1ere fois en 1995)

C'est le monde pris dans la langue et qui tangue avec elle.
Des petits riens , des je ne sais quoi brisés et l'ouvert de « ces horizons qui nous précèdent », de garder le contact avec la réalité la plus proche pour en capter l'invisible et réveiller l'inerte, la dire là où elle déstabilise, au plus près, là où elle bouleverse toute l'existence, l'habitude qui rogne les rêves.
« Il faut laisser venir cette parole pour une existence exilaire, celle d'une conscience de rupture. » GC/ PhT
Brutal réel troué, déjà en ruines avant d'être advenu, les abords de la connaissance, les niveaux qui tentent de se parler aux interstices comme en secret des murs des casernes lorsque les soldats alignés en uniforme, s'inventent le désir d'être et d'aimer aux heures acides de la violence.
« On étouffe entre des mots où l'espoir s'éternise d'une indivisible langue » GC/ Ph T
Alors la langue se fait trouvaille pour restaurer le chant, dans l'air du poème. Curieux trouvères que ceux-là en attente aux stations du taire, au réverbère d'un carrefour ordinaire sur un monde banal.
Souvent ces poèmes tiennent du récit , du reportage, pour nous apporter des nouvelles de ce monde alarmant car il faut témoigner et atteindre un nouveau degré de conscience.
Dans quel regard perdu et morcellé de l'unité du monde intelligible s'invente le poème? Présence , intériorité à soi-même, les circonstances donnent l'impulsion, destinée seulement à qui sait la lire, ces morceaux choisis de la langue poétique de Philippe Tancelin et Geneviève Clancy sont un palimpseste où l 'écriture ne trafique pas, un temps où la frontière entre la vie et la mort passe par le guet de l'effroi quotidien de la brutalité contemporaine.
« Dans l'horizon glaciaire d'un rationalisme qui dissout la parabole, l'allégorie, la passion, la mémoire s'engloutit » GC/Ph T

Entre l'intime et le multiple, la fiction, la superposition détournent les silhouettes , reconfigurent les âges, elles mêlent le même et le semblable dans les accords et désaccords de l'écriture; elle accueille les rêves, les passions et les lassitudes d'un temps primaire de détresse à un autre temps complexe , sophistiqué de désarroi et de chimères qui nourrissent l'espoir.
Lorsque sur le temps, le rêve pose son aile, l'homme qui semblait plus que jamais seul avec sa plainte, reste dans la partance, le perpétuel entre-deux de cette nostalgie . Demeurer en partance, telle la barque tirant sur sa corde qui l'attache au rivage, pour choisir d' embarquer à des quais de haute mer, tout en élisant un lieu pour rester .
En les allées perdues de la mélancolie, s'éprouvant à jamais différent face à la braise de la chair déclinée en rêveries qui se perpétuent dans des figures d'oiseaux, comment ne pas être triste, l'oeil collé contre le carreau, quand on connait tout du vent , qu'à marée basse sur la grève toute nue reviennent ce qui reste du réel, ces silhouettes amantes, une fois l'irréel congédié, et une fois que s'avère définitivement perdue la figure même de l'homme .
Cette mélancolie résonne comme celle du premier homme, historique résistant quand sa poésie prend acte d'un temps désemparé
Quel chemin suivre dans ce bafouillement d' histoire qui aurait perdu la tête? il reste l'amour en son accompli : la poésie
Depuis l'aube des jours, il s'agit capter ce chant sans rancune ni nostalgie, se souvenir des objets d'amour disparus les fois où on tremblait parce qu'on était vivant, garder au coeur une promesse, à fleur de larmes : l'amour extrême
Etre heureux encore, bien que perdu, cependant dans la nuit épaissie , on croit aux mots que l'on chuchote. Aux derniers feux du soir , chercher aussi le juste chemin jusqu'au lieu le plus calme, qui passe à travers champs ou qui traverse la nuit jusqu'à l'apaisement.
Mais la poésie De Geneviève Clancy et de Philippe Tancelin est avant tout une affaire de langue, travaillée, tendue ou tordue jusqu'à rendre un son inouï, par son rythme, elle est à même de

Signature :
Nicole Barrière, 8 décembre 2006

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Geneviève Clancy et Philippe Tancelin

Citation :
Le poème fait jouir les mots jusqu'à cet avant d'ombre sur les choses et sa pensée rend à l'errance, son sens prophétique.
L'initial vient voir jusqu'en la déchirure des instants.
Là, si l'homme incarne des territoires, c'est pour qu'ils incarnent aussi son pas, le placent dans l'urgence assaillante de voir selon l'au-delà des coupures, de voir par l'éclair, Dans cette présence où l'écart de lui aux choses, se met à parler.

Geneviève Clancy, Philippe Tancelin
Le bois de vivre (Edition L'Harmattan, 1995)

J'ai dans l'esprit ces vers du poète persan Sohrab SEPEHRI :
" Toute présence ce soir
Ce soir
S'ouvrira à l'accès des paroles
La porte d'un songe étrange
Le vent aura son mot à dire
Et roulant sur les vertus de la glèbe nourricière
Atteindra la terre absente de la nuit. "

Et ceux-ci de Rilke :

" Arrêtons nous un peu, causons.
C'est encore moi, ce soir, qui m'arrête,
c'est encore vous qui m'écoutez "

Un peu plus tard d'autres joueront
aux voisins sur la route
sous ces beaux arbres que l'on se prête.

On sait l'importance des épigraphes : elles sont les indices de la constellation philosophique qui guide les étapes et le cheminement de la pensée, qui organise l'écrire, le désécrire de chaque livre, comme l 'écrit Yves Bonnefoy : " d' un captif qui secoue la porte " et par quoi il s'excède de la destinée poétique et du devenir singulier.
Il est des lieux où se déploie le poétique selon l'itinéraire géographique, biographique, esthétique, onirique, ce sont les territoires intimes et imaginaires que je qualifierais " les territoires de soi " et les territoires du rêve. Ces territoires où nous allons et venons, qui aspirent nos pas, inspirent nos désirs et nos délires, qui disent que là quelque chose s'est noué, ou délié, que notre vie a pu être mise en jeu, une géographie où les représentations sensibles que nous avons en partage, s'accordent au réel et manifestent l'essor d'une dimension d'utopie et l'urgence d'un autre rapport au monde.
C'est dans cette tension entre ici et là-bas, entre terre et oeuvre que les poésies de Geneviève Clancy et Philippe Tancelin font trace, recueillie par une mémoire, modifiée par l'intériorisation et l'appropriation. Ce sont des empreintes vives repérables dans les mots et les structures des poèmes mais également sur " les lèvres proférant de l'eau qui émettent des étincelles "
Dans une conférence récente, Philippe Tancelin retraçait les structures de ces présences mêlées d'absence, des sans mots, des sans voix, des exclus. Ce sont ces traces qui organisent souterrainement la pensée poétique en mêlant proximité et écart. La proximité intérieure, la possibilité de recueillir à même le sensible, de fuir seule vers le Seul.
Quel schéma déployer dans cette quête de dévoilement du sensible, autant d'explorations poétiques auxquelles nous convient Philippe Tancelin et Geneviève Clancy en traitant de la matière, de l'information, de l'épars, du hasard, de la beauté ou du rêve. De ces explorations je retiens le dessaisissement du moi, l'expérience esthétique et une certaine pratique du langage. Est-ce le sentiment d'inquiétude, est-ce le manque éprouvé aux carrefours d'exister, le choix de s'ouvrir à un autre pays, " le pays de soi ", le pays du rêve et de la lumière qui résonne bien au delà du sensible ou de la beauté, crypte rêvée au coeur du sensible-
Ce rêve et cette inquiétude comportent une certaine mélancolie qui fait de la terre un exil, un partage intime des mots détournés de l'incarnation.
Ce sont alors autant d'ombres qui ternissent la transparence, la présence, l'existence pour nous rendre étrangers à nous-mêmes.
Il suffit d'un rien pourtant pour dissiper ces figures spectrales,

" un et un et un
et une et autre
à chaque cime
d'Être
maintenant
étrange et beau
par tant de lettre d'écritures
ce visage de femme aimante
rapportant à son être
tout ce qu'éloigne
sur un quai
un train à son départ ". (les fonds d'éveil, Philippe Tancelin)
Ce remède contre l'étranger c'est la beauté sage qui attend que vienne le temps où on ne s'irrite pas mais où on aime paisiblement la beauté des êtres.
Alors tout s'explique et se résoud dans une irradiation intérieure et douce, où tout est juste, transparent, clair jusque dans l'intimité de la lumière à la lumière.
" A l'intérieur du mot " aube "
L'aube se lèvera "

Signature :
Nicole Barrière

Ouverture de la soirée consacrée à Geneviève Clancy et Philippe Tancelin, Le Scribe l'Harmattan, 25 novembre 2006.

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Geneviève Clancy, le beauté résistante Présentation Du côté du Pont Mirabeau octobre 2006

Citation :
« Accepter de ne plus combattre est un devenir dont la finalité est de vider l'infini »
Geneviève Clancy

Ces belles paroles sont de la grande poétesse Geneviève Clancy qui, avec Philippe Tancelin , aura été la nouvelle source de la poésie française de la résistance de la seconde moitié du vingtième siècle. Elle est à jamais cette parole souveraine qui fait taire toutes les voix de l'oppression et de la haine.
Elle semble trôner au milieu de nous comme une Pietà, avec sa douleur dans ses bras, son sourire las, sa présence intimidante, sa beauté haute, le portrait de la belle saison inaltérable de son visage.
Voix de basse sur les poèmes, elle incarne la douleur et la force de la résistance à toutes les dictatures. Si fortement, que de son œuvre poétique , on se souvient des poèmes écrits pour témoigner, avec des millions de gens, sur l'injustice et la disparition qui frappent les êtres : ce sont des textes qui passent de main en main sur les territoires occupés et sont le réconfort de populations soumises aux dictateurs fous et sanguinaires.
Son œuvre importante va de la poésie parfois hermétique et philosophique à celles des passeurs d'âmes au plein du ciel, aux œuvres de témoignage de la douleur du monde. Toujours elle apparaît comme une figure de la résistance, à chaque époque qui amène ses flots d'horreur, dont elle disait parfois dans les dernières années , qu'on avait atteint un point tel de deshumanisation qu'il y avait là un in-pensé de la philosophie. L'humain deshumanisé.
Et Geneviève Clancy souffrira beaucoup ces malades-dictateurs-psychopathes qui sévissent sur la planète ; elle leur survit par les mots en devenant l'étendard des pauvres , des persécutés et des martyrs. Tandis qu'elle est universelle, elle qui vivait sous l 'aile de la mort, ils resteront boue de l'humanité.
Son départ en octobre 2005, à l'automne des hêtres, en souveraine du verbe et de la dignité, après avoir traversé les épreuves de la vie comme une Pietà, une madone de la douleur, en étant jusqu'au bout proche de tous les fronts, y compris celui de son propre mal, traversant les frontières de l'existence comme les oiseaux migrateurs, avec son aura et sa faculté à universaliser la radicalité de sa conviction
Expérience de la perte dans sa mort : tant de poèmes non écrits nous manquent et marquent aujourd'hui la victoire des salauds. Cette voix d'au-dessus des camps doit encore faire son chemin car si elle est enracinée dans la langue et le coeur des poètes « aux pieds nus », par sa résistance , ses utopies, ses sentiments, elle attend que nous sachions rendre l'aveuglante simplicité, la pureté du feu de la poésie.
Il est douloureux de voir tant de fausses gloires en présentoir ou de serviles laquais du pouvoir (il n'est pas besoin de citer de noms) , alors que pour entendre quelques bribes de poèmes de Geneviève Clancy, un long chemin est nécessaire, quand même morte, elle est frappée d'interdit.
Nécessaire est sa poésie , nécessaire est la présence ce soir de son frère Philippe Tancelin pour retracer avec nous leur cheminement commun , nécessaire est le devoir de se souvenir de cette nature profondément aux aguets des signes de la vie et du destin. Profondément mystique, elle était en même temps totalement moderne dans ses relations à l'Autre, n'hésitant pas à proclamer ses convictions de femme et de poète et son attachement viscéral à la liberté.
Il est toujours hasardeux de tenter de décrypter la vie des autres : elle est née sous le signe de l'universalité, prédestinée à la quête de la vie. Et si ni la paix, ni l'amour, ni le rire ne sont abondamment donnés, la douleur est la plus proche amie du tragique de la condition humaine dont elle a témoignée, la liberté qu'elle affirmée et l'égalité qu'elle n'a cessé de clamer.
Geneviève Clancy est d'une certaine manière initiatrice dans les rencontres, non dans la vénération mais dans le mysticisme de l'acte créateur, mais dans la croyance absolue de la puissance de la Parole et de la force du Verbe. Sa personnalité la fait devenir la figure de proue de la poésie de résistance en France.
Jama

Signature :
Nicole Barrière

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Le grand peuple du poème de Philippe Tancelin Essai de critique poétique

Citation :
Dans la confidence claire obscure
du rêve à la réalité
surgit l'orgasme insistant
des mots

Philippe Tancelin (Les fonds d'éveil, L'Harmattan 2006)

Parmi les poètes contemporains qui n'appartiennent pas aux civilisations de la honte, Philippe Tancelin, poète, philosophe, professeur d'esthétique, metteur en scène, est l'un des grands célebrants engagés de la génération 1968, des peuples en lutte qui résistent pour leur liberté.
Présents, résistants , les peuples cheminent tout au long des recueils de Philippe Tancelin, par sa voix , ils dénoncent les nouveaux déluges qui recouvrent en houles de plus en plus nombreuses et de plus en plus serrées les fonds d'humanité de notre Terre.
Dès les pages du « Bois de vivre », cette résistance des peuples déploie en veilleuse irréductible, la vigilance et les questions du juste de l'Irlande à l'allemagne, de la Palestine à la guerre du Golfe.
Pourtant les mots-thèmes de l'auteur (devenir, justice, ,,,,) apparaissent aussi comme autant de marques d'un dialogue du poète avec lui-même en signes intertextuels qui courent d'un livre à l'autre.
Dans la « Poéthique du silence », la poésie fait resurgir ce qu'il reste d'un son (parole, musique..) sacrifié, le poème serait-il la voix sacrifiée de la musique ?ou le rappel d'une musique? Quelle est la musique sacrifiée qui fait naître le poème ?Cela revient à se demander qu'est ce qui est premier ?La voix ? La poésie nous vient d'un lieu dont nous captons le souffle, la voix , les mots mais avant cela, les éléments, les rêves, le corps et l'esprit. Puis un sacrifice de la voix , mais pourquoi , au nom de quoi et à quel moment de l'humanité ? à la première domination, à la première oppression ?
Il y a une tension à retrouver ce souffle, une souffrance à libérer cette voix.
Le lecteur ressent cette tension et cette souffrance mais l'écrit les libère , l'idée que l'écrit est une sorte de stelle mortuaire qui fait mémoire et marque un espace et un temps où se légitiment ce souffle et cette souffrance. Mais cela sait-on le parler, sait-on le dire, sans avoir l'impression de témoigner d'un ailleurs avec la peur de ne pas être compris.
Est-ce que le mot désespoir est juste pour qualifier ce texte, même si c'est le premier ressenti?
Est-ce une douleur contenue dans le poème, poignante, une prière à la douleur aussi dans le même temps, une sorte d'offrande comme, une prière dite dans une messe d'offrande, ce rituel aux morts, ou ce qui revient à chaque singuliere expérience de nos vies et rend compte des immémoriales mémoires qui nous ont précédés , ou à venir.
Qu'est-ce qu'il advient de la parole, sauf à en rechercher la naissance : est-ce la répétition d'un son entendu, des scènes primitives où le premier oui de l'enfant répond aux cris de l'étreinte ? l'accompagnement de ces scènes , chants, musiques qui une fois tues laissent place à la voix du poème, à la parole ?
La poésie est-elle cette rumeur, ce chuchotement ou ce silence ?
Des premiers vagissements aux futurs rugissements jusqu'aux balbutiements de la parole, les mêmes mots reviennent dans la voix de poètes : liberté , fragilité, mort, amour , lumière, terre, ciel, étoiles.
Faut-il vraiment s'évader de ce monde ? Et si on retourne aux origines de l'univers, on ne quitte pas ce monde, on va juste visiter d'où l'on vient. Quel est le bruit de fond de l'univers ? sont-ce ces signaux chuchotés que nous transmettent les ondes quand par hasard nous zappons sur une chaine désaffectée de nos téléviseurs ou sont-ce ces voix, ce bruissement de l'invisible, ces chœurs téléscopés en mots, en silences, en cris, en ombres, en lumières, en senteurs, en couleurs ?
Ce que nous promet la science et que nous désigne l'humain, toujours un peu surpris, un peu ligoté aussi dans les ordres souverains qui nous font vivre ensemble : c'est à dire nous combattre, nous haïr, mais aussi aimer, créer, repousser les frontières de l'intolérance, ranimer les flammes de l'utopie.
Le silence, un être de présence entrain de vaincre l'espace ou le résume dans l'intervalle précaire comme dans l'éternel infini, dans l'avènement qui illumine cette pohétique.
Cette poé

Signature :
Nicole Barrière

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Le peuple du Pays des nuages les services au bien public et au capital social L'économie des services pour un développement durable

Colloque de Cerisy (14-21 Juin 2006), atelier 2 :
« Pueblo del pais de las nubes »
Le peuple du Pays des nuages
Mexique


Rencontre Internationale des Femmes Poètes dans le Pays des Nuages

Origine et caractéristiques :
1.cette rencontre a été créée en 1993 par le Centre d'Études de la Culture Mixteca , elle est menée à bien dans une région où la population est d'ascendance principalement indigène et manque d'alternatives culturelles.
2.chaque année les femmes-poètes sont reçues par les Communautés des mixtecas pour échanger l' expression artistique contemporaine avec les manifestations des cultures traditionnelles.
3. les poètes qui participent viennent de tout le Mexique et de nombreux pays, l' essentiel de la rencontre se tient dans la région Mixteca d'Oaxaca, dans des forums populaires et universitaires, et se termine par un récital de clôture dans le Palais de Beaux Arts à Mexico.

Objectifs Communautaires :
1.créer un projet culturel de grande envergure dans une des régions les plus pauvres du pays et historiquement en marge de la politique culturelle.
2.développer une rencontre de poètes qui vienne réellement au coeur de la Communauté et ne passe pas inaperçue pour la population hôte comme cela arrive habituellement dans différents événements et festivals culturels. Insérer les Communautés des mixtecas dans un projet qui les met en contact avec des expressions d'art et de culture qui, normalement ne leur sont pas accessibles.
3.démontrer que les grands projets culturels ne sont pas exclusivement le fait des grandes capitales culturelles.
4.Mettre sur un pied d'égalité , des auteurs de la poésie contemporaine avec les expressions l'art et de la culture indigène du Mexique.
5.promouvoir les expressions de l'art, et dans ce cas la poésie, dans les couches de la population qui par leur situation géographique, économique et politique ne reçoivent pas les bénéfices des institutions culturelles.

Objectifs Littéraires :
1.créer au Mexique une Rencontre Internationale qui réunisse chaque année les plus importants auteurs de la poésie contemporaine.
2.promouvoir la création poétique et consolider la place des femmes poètes.
3.lier le poète avec la Communauté par l'échange de propositions, récitals, d'ateliers et de séjours dans les maisons de la Communauté.
4.Communiquer, échanger des projets et des rencontres entre les poètes de différentes nationalités.
5.définir le rôle de la poésie comme art dans le développement d'un peuple à travers la sensibilité des individus.
6. démontrer qu'il existe de nombreux poètes dont l'oeuvre atteint une très haute qualité, mais n'est pas connue à cause du manque de diffusion et d’attention des éditeurs et des institutions culturelles.

Résultats :
1.Création d' un projet culturel sans précédent, de très haut niveau et avec un esprit profondément communautaire.
2. Soutien d'une rencontre pendant 13 années en manière ininterrompue , contre vents et marées, que la Communauté défend.
3.Participation et présence de poètes provenant de 42 nations.
4.Participation de 150 Communautés mixtecas, comme hôtes de la rencontre.
5.Transformation de manière déterminante la poésie qu'écrivent les femmes dans de nombreuses parties du monde.
6.chaque année sont reçues au moins 500 propositions de poètes du Mexique et du monde qui veulent faire partie de la Rencontre.
7.Essaimage d'autres rencontres de poètes inspirées par ce modèle qui permet réellement le rapprochement avec la Communauté indienne : les poètes qui ont participé à cette rencontre organisanisent à leur tour de telles rencontres dans leur pays (l'Argentine, le Costa Rica, Ciudad Juarez, Chiapas, et l'Uruguay).
8.Eveil de l'intérêt de la jeune population.
9.Cette rencontre a engendré d'autres projets comme : Lulindí : le festival des prodiges, qui présente l'art et la pensée par le biais des enfants, et le Prix du Lecteur, qui sont sans précédents.
Perspectives
1.Orienter cette rencontre, la consolider comme étant la plus importante dans sa spécialité au niveau international.
2.Diffuser les oeuvres des participantes de manière à ce que

Signature :
Nicole Barrière

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"Le pays d’où on ne revient jamais" Film de José Vieira, 2006

Qu’est-ce qui pousse à retourner aux racines ? qu’est-ce qui pousse à un témoignage ultime au cœur de la souffrance et du déchirement : quels oublis, quels silences et de quels non-dits ouvrent, en partant de notre histoire les questions de notre devenir ?
Etre immigré – Partir revenir, être déchiré entre deux pays , entre deux vies , entre deux langues , entre deux cultures : telle est l’histoire sensible, militante, forte au ton juste que raconte José Vieira dans son film « le pays d’où on ne revient jamais »
C’est l’histoire d’un père, d’un fils, d’une famille, de familles, de l’exil, du travail, de la terre, de la langue, du retour, de la vie, de la pauvreté, de la solitude, du pays, de l’autre, de là-bas...des pertes de repères du temps , des dates, de l’absence quand il y a trop d’absences, on est absent où qu’on soit, on est absent à soi-même, aux autres, au monde.
José Vieira explore avec beaucoup de pudeur l’absence, le manque, le non-dit déchirant, le non-dit sur un drôle de voyage, l’exil – ou la mort- avec l’utopie, l’illusion vivace du retour et il nous rend singulièrement présents les visages de ces femmes , de ces hommes, et de ces enfants que l’histoire semblait avoir gommés.
Là-bas…on ne sait pas si c’est là-bas, le pays d’où on vient, les racines, l’enfance, Oliveira de Frades au Portugal, la dictature, la pauvreté d’une terre, l’exil ou là-bas le pays d’où on revient, la France, d’autres racines plus jeunes, des petits-enfants, la liberté conquise, acquise, l’autre exil de la terre d’adoption.
C’est une histoire, son histoire, et c’est toutes les histoires de tous les immigrés déchirés entre là-bas et là-bas, entre la terre natale et la terre d’accueil, entre la langue de mots du cœur et la langue d’autres mots de la vie, entre le pays où on revient en vacances et le pays des autres qui y viennent aussi en vacances.
Entre souffrance et souffrance, entre la vie rêvée et la vie vécue, l’entre-deux des départs, des retours, l’illusion du retour qui « est bon pour faire rentrer des devises ». Dans cette quête, dans ce voyage, José Vieira nous mène au cœur de l’intime, au cœur de soi, dans les ambivalences et les contradictions qui traversent tout immigré avec le manque, la nostalgie inscrits dans le cœur, dans la pensée, dans le geste retrouvé du forgeron, dans la musique et le chant, ces porteurs d’illusion, ces travailleurs de l’imaginaire et du réel tout comme le film qu’il a réalisé.
Ce sont des histoires de vie ordinaires, banales, terrifiantes peut-être mais uniques, transcendées par chaque parole, par chaque visage : autant de mots retrouvés avec la saveur du sud, du soleil et autant de questions posées en creux dans les brumes du nord, dans les paysages des chantiers des trente glorieuses.
Ces immigrés ont construit la France moderne, ils retournent, ultime voyage vers les lopins de terre en friches, à l’abandon et s’y effacent jusqu’à s’y perdre définitivement une fois leur force de travail épuisée. Que reste t-il d’eux, sur quelles traces leurs descendants marcheront-ils, quelles mémoires questionneront-ils , dans l’espace et le temps de l’exil, de l’immigration qui a « bousillé » autant de vies.
Le pays d’où on ne revient jamais est un beau, un grand film, un film au ton juste qui pose toutes les questions de l’immigration, sans prétention, sensiblement et avec force au moment où on s’apprête à légitimer dans la loi, tous les délits de sale gueule, où on statue sur l’étranger de façon inique.
Dans ce modeste voyage on entre par la grande porte dans l’histoire humaine, la vraie, la belle, la grande humanité et nos parlementaires feraient bien de s’inspirer de ce regard, de cette voix avant de voter : ce film devrait être projeté sur les chaînes de télévision du Parlement et pas seulement le 16 mai à 00h30 sur FR3, comme si là encore, il y avait une volonté d’effacement du témoignage.

Regardez, enregistrez ce film qui parle de chacun , du voisin, de l’Autre, du proche, à l’heure européenn

Signature :
Nicole Barrière

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Frans Krajcberg

Dans l’élégance du parc de Bagatelle se dressent d’étranges silhouettes : les êtres brûlés de Frans Krajcberg. Dans les troncs évidés des arbres brûlés de la forêt amazonienne, Frans Krajcberg a sculpté la singularité des espèces disparues, d’étranges nudités qui reflètent les dimensions perdues de la variété du biotope amazonien : les insectes , les animaux , les arbres pour en faire des totems. Cette procession immobile des arbres pénitents nous conduite au fil de l’exposition à une salle de photographies où on passe simultanément du paradis de la vie exubérante de la forêt tropicale au feu qui la ravage. Le feu c’est d’abord son bruit, son roulement sourd, angoissant qui déferle d’être en être, d’arbre en arbre , c’est le craquement du bois, le crépitement des branches, l’agonie des troncs calcinés d’où monte la plainte : mon tronc brûle , mes membres brûlent , mon âme brûle, ces longs gémissements des grands brûlés qu’aucun onguent n’apaise et que Frans Krajcberg résume en cette phrase-appel : « je suis un homme brûlé » . il nous rappelle ainsi la proximité de notre vie avec celle de l’arbre, notre intimité de corps humain avec le bois de l’arbre , notre humanité frémissante au bruit singulier de chaque feuille.
Nous sortons calcinés de ce lieu pour prendre corps dans le cortège des arbres brûlés qui nous mène sur une pelouse où il a installé les autodafés, les génocides collectifs, les villages indiens dévastés, la planète en feu. Inquiétants profils d’arbres qui ouvrent peu à peu l’intime de leur âme, comme s’ils étaient échouer sur la verte pelouse de Bagatelle, comme s’ils venaient nous confier leur ultime secret.
Dans la douceur du crépuscule, ils rougeoient, c’est l’heure de lumière dense où les arbres parlent comme parlent les êtres au moment de la mort. Nulle révolte mais la désolation, et pourtant au plein de la désolation, leurs squelettes montrent encore le vivant : « le mort saisit le vif » dans sa dimension la plus haute de la transmission et de la mémoire.
Poser son oreille contre le tronc calciné d’un de ces arbres, écouter sa plainte, écouter le vrombissement sourd du feu , écouter le chant des peuples qui luttent, écouter la nuit des peuples qui meurent. Pèlerins incendiaires, dans cette exposition nous sommes intégrés, nous ne pouvons nous soustraire à la marche, chaque œuvre est un appel singulier, un arbre nous parle de nous, un arbre nous parle du papillon et de l’oiseau, de l’orchidée et du serpent, du caïman et du renard et nous parle des indiens massacrés , nous parle des villages brûlés, nous parle de la destruction irrémédiable de la vie et de notre responsabilité d’être, de notre conscience d’arbre.
Allez voir cette exposition, allez écouter les être brûlés vous parler de la vie et de l’urgence à la protéger.

Exposition Frans Krajcberg
Parc de Bagatelle, 2005

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Hanacpachap y differencias

« Depuis longtemps, le musicien péruvien Javier Echecopar construit à partir du Pérou, une carte musicale qui n'existe pas pour l'instant sur le continent latino-américain.
Il est possible de construire la carte de la folie en Amérique latine à travers la littérature, l'histoire, l'économie... L'utopie est de tracer la carte de la musique depuis le Rio Bravo jusqu'à la Terre de feu, Cette dernière édition « 4 siècles de guitare au Pérou » est une avancée dans cette direction.
Les utopies font avancer le monde, celle d'Echecopar en est une et tous les amateurs de la musique doivent l'appuyer.
(Olver de Leon, professeur à la Sorbonne).

Quelle passion étrange conduit les mains de Javier Echecopar lorsqu’il compose « Hanacpachap y differencias » ? Cet étonnant chant quechua raconte une nativité différente et sensuelle ; l’évocation et la synchronie d’évènements d’ordres (naturel, humain, cosmique) , de niveaux (individuel, social, mystique) et d’époques (inca, espagnole, moderne) différents, en font une création totale et esthétique dont seule la musique est capable pour faire vivre les mythes.
L’invocation de la joie du ciel dans ce rituel de presque 6 minutes est un retour fusionnel à la nature, un hommage à la femme-mère et une prière à l’humanité où la langue mystérieuse de l’Inca résiste aux tambours sombres des conquérants qui veulent sonner le glas des civilisations.
Nous découvrons la tendresse d’un monde lumineux, depuis la conception de l’être, le prélude d’amour auquel la femme-guitare de Javier Echecopar se plie depuis sa mémoire d’arbre, les sonorités puissantes de la femme-mère donnant naissance à l’enfant, le moment où la beauté de la femme rejoint sa beauté de force animale jusqu’à devenir la mélodie ténébreuse de l’humanité. Dans cette célébration pudique, la mélodie de l’acte d’amour va crescendo, la prière a la sensualité profane des caresses, « la joie du ciel » est aussi la joie des amants que le musicien met en résonance avec la beauté et la force, la fierté et la douceur.
L’agilité des rythmes païens si éloignés de la solennité religieuse se trouvent indissolublement mêlés : profane et sacré se retrouvent sur les places des villages pour la fête et la danse où se nouent les rencontres, où l’amour mystique est réinventé par les amoureux, où les paysans se démarquent du folklore pour un intérêt plus essentiel et plus profond : celui de l’âge des peuples qui affirment leur identité. Le langage musical et poétique utilisé est populaire, d'une nécessité évidente, il cherche à réconcilier les âmes qui prient aux matines avec celles qui s’endiablent de plaisir jusqu’aux heures avancées de la nuit.
« Hanacpachap y differencias » est l’exemple même du travail minutieux du virtuose Javier Echecopar lorsqu’il embrasse styles, époques et modalités différentes pour produire ses oeuvres "métissées" et originales. Cette pièce choisie pour son nouvel enregistrement « 4 siècles de guitare baroque du Pérou » illustre l'un des aspects les plus fascinants de sa musique : en se libérant des contraintes des différentes formes musicales, il renouvelle le baroque par les chants villageois, avec la romance légère et heureuse pour atteindre le sacré.
Le compositeur démontre ici son génie par la réalisation de cette pièce riche et complexe, dans un de ses thèmes personnels : le rapport mystique à la nature et à l’humanité.
Par la Nativité il renoue avec un sentiment d'une coloration affective spéciale : celle des berceuses douces et tendres qu’il exprime ici : son retour dans les villages près de Cusco où il recueille les airs oubliés composés par les indigènes : avec le célèbre Hanacpachap quechua, il nous ouvre sa sensibilité la plus intime, sa joie de vivre et son apaisante tendresse humaine.

Signature :
Nicole Barrière

4 siècles de guitare au Pérou, Javier Echecopar Mongilardi (Edition Robert Martin).
Les partitions des oeuvres sont également en vente chez les Editions Robert Martin dans la collection Francis Verba.

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Présentation de Yadollah Royaï, poète en exil (Iran)

La Cave à poèmes, 15 avril 2002

Yadollah Royaï "la main de Dieu saisie par le rêve"

Quelle plus belle définition peut-on donner d'un poète ? "la main de Dieu saisie par le rêve"

Yadollah Royaï est un grand poète laïc du monde persan
Quand je l'ai rencontré, j'ai tout de suite été séduite par sa gentillesse, sa délicatesse et sa modestie.
J'ignorais l'ampleur de sa renommée dans le monde persan, je l'ai perçu lorsque j'ai eu le bonheur d'organiser une rencontre avec Guissou Jahangiri et Latif Pedram
Je cite Guissou Jahangiri :
"Pour les poètes, écrivains et ou penseurs libres des contrées persanophones - Iran, Afghanistan et Tadjikistan ces deux dernières décennies n'ont apporté que des années d'exil, d'errance, de solitude, de torture, de prison et de censure. La création littéraire sous le ciel national a été déniée pour toute une génération d'hommes et de femmes de plume. En revanche, des œuvres substantielles à travers l'expérience de l'exil et de la littérature de l'exil sont venues enrichir l'ensemble de notre littérature nationale et mondiale."

Yadollah Royaï est un des grands poètes de cette génération et cette qualité vient de lui être reconnue, ici en France, puisqu'il vient de recevoir la distinction de "Chevalier des Arts et Lettres" du Ministère de la Culture.

Petit à petit, je l'ai découvert, d'abord en lisant son dernier livre "Signatures"

"tout ce que nous laissons en blanc, en quelque sorte, nous le signons. Le blanc est signature libre, liberté de la signature"

Dans "Signatures" Yadollah Royaï déploie tout un questionnement sur l'identité et la mémoire
Nulle signature n'est sans passé

"quand je signe, j'incline la tête. Je regarde vers le bas. Personne ne signe la tête en l'air" ou encore "ma signature fait le vide de ma main"

Questionnement sur ce rapport qui nous interroge tous"qui suis-je ? et qui suis-je dans le rapport à l'autre, aux autres, ce rapport social et essentiel qu'est le rapport humain.
"la signature, qui fonde le pouvoir du signataire, lui en ôte toujours un peu"

Questionnement sur la langue :
"La signature a t-elle un rapport avec la langue ? avec le langage du poète ? par exemple, la signature de Nima avec la langue de Nima ? celle de Hafez avec la langue de Hafez ? ou au contraire,les deux participent-elles l'une de l'autre ?

Certains termes de ses poèmes m'étonnaient et j'ai compris lorsque j'ai su qu'il était spécialiste de droit international.

"Endosser, signature au dos, qui porte quelqu'un vers quelqu'un d'autre"

"comme le fouet une signature au dos, venue de l'avant"

"tout dos qui reçoit le fouet l'interroge aussitôt"

J'ai commencé par la fin ou presque : qui est Yadollah Royaï ?

Yadollah Royaï est né en 1932, ça encore c'est une surprise…lorsque je le vois, je ne donne pas tous ces années à ce sage jeune homme sauf les ans de la sagesse…
Il a fait des études de droit international à Téhéran. A la suite du coup d'Etat de 1953, il est emprisonné à plusieurs reprises en tant que jeune communiste. La censure littéraire et la répression exercées par le régime du Chah l'amène à quitter l'Iran en 1976 pour Paris, l'exil est d'abord volontaire, puis forcé en 1979, à la suite de la révolution dite islamique.

Il a beaucoup écrit : de la poésie, des essais. Sa bibliographie est impressionnante mais surtout il a été à l'origine, avec d'autres grands poètes du monde persan "le groupe des poètes d'avant-garde" de la modernisation de la poésie persane en créant "l'espacementalisme ou la poésie de volume"

Dans "qu'est-ce que la poésie" pour le centenaire d'Eluard en 1995, il écrit :
"je n'écris pas ce que je pense. J'écris ce que l'écriture me fait penser donc chaque fois que je veux penser, j'écris. et dans ce sens, l'écriture signifie écrire autrement.
La il y a toujours un mot qui m'attend quelque part en page
Il me met en parrallèle mentale avec le visible.
Car à ce moment, le mot et le blanc, eux-mêmes font partie de la vision. Et c'est alors que le mot - mot atte

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Message à l'union des écrivains marocains Congrès des écrivains marocains 2005

Mesdames, Messieurs
Chers confrères, chers amis

De l’autre rive, de l’Europe et de la France, je viens saluer l’ouverture de votre Congrès et les réflexions, travaux et échanges qu’il va générer.

Quelles questions se posent aujourd’hui aux écrivains européens? quels ponts jeter avec le reste du monde sous peine de devenir les marginaux de l’universel ?
Nous sommes orphelins de nos grandes idéologies , nous n’avons plus de grands penseurs, nos spiritualités sont marginales, l’heure est à la reconstruction.
Affirmer que l’Europe des écrivains ne peut pas faire l’impasse dans l’ère communicationnelle où nous vivons et d’exclure de ses débats la question de la mondialisation et de ses effets sur les civilisations.
Si nous dénonçons la mondialisation vue d’Europe , il faut nous interroger sur ce point de vue européo-centré : il existe d’autres perceptions et d’autres effets de la mondialisation qui sont différentes si on se place au cœur de l’Afrique, de Amérique Latine , Asie Centrale
Notre point de vue est relatif , il doit se laisser bousculer par d’autres points de vue sur le monde et il doit évoluer vers une mondialité : nous sommes devenus les écrivains des « sans-continent »
La mondialisation est totalitaire , économique , génocidaire des cultures qui ne sont pas standardisées et américanisées, il ne faudrait pas que l’Europe littéraire en soit une filiale servile.

Cela m’amène à parler de la question du vide :
Le constat terrifiant fait de nos pertes diverses : les religions, les idéologies, les spiritualités, nous sommes en quête et vous, chers confrères et amis, aux portes de l’Europe avec vos différences, vos langues, vos manières de voir le monde, vous n’êtes pas terrifiés par le vide, lorsque vous faires appel à nous pour vous réclamer de la démocratie, de la liberté, de l’Europe de Lumières, de la révolution française, de la philosophie allemande ou anglaise, de la littérature slave. Vous nous renvoyez dans ces appels les pleins que nous ne voyions plus, que nous négligeons, que nous laissons en friches, plus prompts que nous sommes à écouter les sirènes de la modernité.
Que répondons-nous à ces attentes ? pouvons-nous nous permettre de répondre par l’angoisse du vide qui nous tenaille ?
Si cette question nous traverse à ce point jusqu’au traumatisme, ne devons nous pas la sublimer et la dépasser pour aller à la rencontre de vos résistances et de vos rêves qui sont aussi nos propres résistances et nos propres rêves ? Lorsque nous nous y essayons, nous constatons la similitude de nos utopies.
Aussi avons-nous à penser avec vous les valeurs et l’histoire pour y apercevoir des futurs et des possibles souhaitables.
Il serait plus confortable de se replier dans le splendide isolement de la forteresse Europe déjà bien circonscrite économiquement et politiquement (les traités européens en matière économique et le traité de Schlengen par ex) et jeter sur les enjeux européens un voile esthétique et une mise à distance tellement élégants.

Aurions nous oublié le discours de Suède d’Albert Camus ? s’il est des passés de référence , prenons celui de l’engagement et du courage, osons aller vers vous, non avec nos petites particularités locales mais avec la grandeur des universaux à construire et reconstruire.
Ainsi dans la piscine de la modernité où nous sommes plongés, « côté profond », nous n’avons pas d’autres choix que ces ouvertures : c’est dans la création et l’ouverture à d’autres mondes et à d’autres imaginaires, que nos racines culturelles s’en trouvent régénérées , revivifiées, re-questionnées et cela fait un bien fou !
Cette « ardente obligation » ne nous soustrait pas à nos angoisses intimes, à ces bouleversements qui nous traversent collectivement et individuellement, nous devons en faire notre miel : individuellement et collectivement.
C’est la proposition que je fais pour vos débats où la littérature et les écrivains sont plus que jamais nécessaires comme vigies des temps nouveaux à constr

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Coup de cœur à Louise Cara

Ma mère s’appelle Louise.
Louise Cara peint, j’ai suivi ses itinéraires de femmes arrachées à la terre, à la pierre, au sable, aux cendres et aux épices.
Louise peint comme on jette au ciel le grain pour le purifier de l’ivraie et fait naître une femme . Depuis la tribu, dense, compacte, vivante et étouffante d’amour et de sang à ce fantasme masochiste de la cruci-fiction où la sensualité « étonnée » l’emporte sur le désespoir. A l’abandon du corps où s’invente le désir travesti dans le désordre des solitudes, un je t’as temps veille et compte à rebours, l’effrayant envers des sens mis au pas sévère : une rigidité à l’appel de la mort. Le désordre approché à l’extrême limite et la flamme renaît – Phénix écartelé dans l’ocre du désert – Est ce le fruit de la rencontre- le mouvement de danse dans le miroir noir du sens.
Dire Non !
Les cris échappés des massacres, au point de non retour car il faut bien payerla part de sacrifice pour renaître.
Je l’ai rêvée…dans la lumière de Lourmarin ou de Lacoste : cette femme ouverte en son accouchement – cendres et poussière- ange ou momie- , je l’ai rencontrée au fond de la grotte dans ses habits de pierre : femme primitive dans tous ses états de splendeur d’ocre ou de peur : la femme d’Oppède est née à la conjonction de la terre et du ciel. Lumineuse et racée dans les rayons éphémères du soir ; dans son refuge souterrain et sacré , j’ai reconnu vivante et fidèle, la mère primitive et aimante , soudain sortir de son exil et ouvrir mon regard à sa vérité.
Verité de terre, de pierre, de sable de cendres et d’épices qui n’est que l’autre verité de la boue, de la lave, du feu, du vent et cette essence humide du corps dans son enlacement à la vie.

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Sentires Flamenco sous influences

Des femmes passionnées , en révolte , en colère ? sensuelles , provoquantes , amoureuses ?
Elles dansent contre la disparition , contre l’exil d’elles-mêmes dans le monde des hommes.
Elles dansent la douceur, la nostalgie , la passion.
Elles chantent , elles vivent, elles sauvent , elles nous sauvent de la disparition.
Elles s’appellent Karine Gonzalez, Maria Ines Sadras, Macarena Vergara et Raquel Gomez.
Elles se font ombres, sillages, dérisions du sexe dans des passages d’écrans où elles miment l’envers de leur disparition , de jeux de robes où elles testent la séduction , de foulards qui tracent le sillage de l’émotion , d’éventails qui ouvrent et referment leur mystère et de castagnettes qui rythment leurs pas.
Les pas , la frappe des pas, pas à pas contre la violence , l’ exil et la disparition.
Elles se découvrent et se couvrent de lumière et d’ombres, de couleurs déclinées, rouge passion , violet , noir.
Elles dansent le chant des hommes , la nostalgie et l’ immobile sagesse , la tragédie , l’exil, la souffrance
Elles transforment ce chant , cette nostalgie, cette sagesse , cet exil et cette souffrance en une résistance au réel des violences, des larmes , des prières, elles résistent à l’énoncé tragique des hommes qui décident de leur disparition.
Flamenco-expression du dire des femmes en danger de disparition Flamenco-passion, Flamenco-révolution.

Théâtre Trevise


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Entrer dans la galaxie de Jean Ecaffre…

Si l'humanité devait disparaître, il resterait sans aucun doute la dureté des marbres de Jean Ecaffre dans lequel il a inscrit l'essentiel.

Il y a la lumière dans des "bornes lumineuses" comme autant d'étoiles d'une galaxie alimentée par Fée Electricité, un façon moderne de célébrer le progrès humain mais nous retenons aussi la lumière naturelle, intemporelle, presque originelle de la "lumière Asie", taillée dans l'économie du signe, la transcendance du nombre, le rapport constant de la circonférence du cercle à son diamètre. Dans ce travail d'alliance des cultures, le sculpteur donne à la raison de l'Occident, l'intériorité et la puissance méditative de l'Orient, un appel à l'universalité des cultures.
Dans cette observation galactique, nous sommes appelés par la courbe de "douceur pyrénéenne" qui semble alimenter le chant des fontaines, sur lesquelles on s'interroge : fontaine cosmiques, fontaine de sang, de sacrifices antiques ou fontaine où se retrouvent, dans l'offrande de la ronde des cœurs, les mains nouées des amoureux.
Ce chant de l'eau trouve t-il sa source dans la simplicité des rivières du Pays Basque? Ou plus universellement nous offre la plénitude cosmique? "le cycle de l'eau", du ciel à la terre, l'eau glisse des nuages jusqu'aux piliers du temple et découvre la magie des prairies dans les veines de marbre vert. Cette œuvre rappelle la patience du labeur achevé de l'homme et de dieu, la totalité de l'expérience de nature et de culture qui fait la grandeur des civilisations humaines.
C'est ce creuset de culture que nous offre Jean Ecaffre, avec les inventions humaines de la science (Hypothénuse) comme les créations de l'art (Jazz et Java).
Alors si l'humanité devait disparaître, le survivant ou l'extra-terrestre s'interrogerait sur les causes de ce désastre, peut-être pourrait-il trouver un début d'explication dans "la valse du dollar" et s'il lui venait'idée de manipuler "l'arche de liberté", il découvrirait que les noces étranges de la barbarie et du dollar ont eu raison de cette planète.

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Destins croisés En hommage aux photographies de Reza, à la musique des dafs et à la danse de Shahrock

Quand un daf tient le monde, bras tendus vers le ciel, la danse est une femme qui rêve et soumets son corps à la lune. De l’obscurité nous hantent les bruits de bottes et les mensonges d’un autre monde, le son du daf traque cette peur que nous avons de ne plus jamais voir le jour, cette confidence des profondeurs, des tréfonds de l’angoisse humaine jusqu’au tournoiement du danseur.
De cette obscurité que personne ne nomme, champs noirs , visages noirs de ces destins croisés, dans leur rencontre de lumière et de sel, de poussières et de nuées, dans l’eau de la tristesse , dans les regards d’abîme , dans l’alphabet secret des corps, habite la grande humanité.
Le corps-chant du danseur s’enroule de vague en vague, soutenu par la transe d’un daf rond comme la terre, d’un daf lumineux comme la lune, d’un daf aussi étourdissant que le soleil. Il suit l’inquiétude et l’angoisse du monde, jusqu’à fléchir et à se briser : ce moment où nous avons mal, les larmes serrées dans le creux de la poitrine, ce moment de Christ encore homme qui lutte contre la croix , contre la terre où il s’évanouit.
La danse est une femme qui rêve et soumets son corps à la lune, alors il se pénètre d’autres accords, redressé, avec ce voile de brume dénoué de sa chevelure, au seuil de ses pas, au seuil de ses mains qui libèrent la grâce de l’offrande, les paumes de l’amant à son aimée – la grande humanité- pleines de paix et d’extase et la guide hors du limon de la mort vers l’azur de la liberté.


Depuis longtemps nous savons
Le goût amer de la nuit
Noir , tard, profond
Nous savons le son du temps
Le blasphème de l’alarme
Depuis longtemps.
Nous savons la promesse, le serment ,
le rêve des étoiles .L’automne tomber dans l’or des feuilles
Un vertige d’espace nous sépare de l’éternité
Depuis longtemps.
Nous savons la poussière errant entre les arbres
L’ordre des tombes
Le cri du hibou et l’ombre de sa plainte
Nous savons le hâle de nos mains
Où fuit le sable
Grain à grain
Nos yeux ourlés de nuit
Quand nous scrutons les étoiles
Dans les endroits du vide.
Nous savons nos corps
Jointures du monde à la lumière
Nos mains ouvertes tremblent de solitude.
En limite du temps
Caracolent nos espoirs
Depuis longtemps.

Notes :
Jardin du Luxembourg le 28/09/03
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Reinaldo : ou la sculpture de l’universel

Comment survivre à l’histoire ? Témoigner, dénoncer, expliquer. Le geste du sculpteur Reinaldo courbe, tord le bois et le fer comme d’autres, -tortionnaires-tordent et broient l’humanité ; mais Reinaldo est un artiste et son art témoigne, dénonce et explique.
Survivre c’est sourire, car l’humour est au rendez-vous de cette pédagogie, avec des sculptures pleines de surprises. On avance dans le maquis des passions et des violences de ce monde, qu’il nous raconte avec une distance qui les rend dérisoires.

- Des titres chocs qui vont de « CIA à l’Etat en décomposition, en passant par Pinochet »
- Des portraits comme « Monsieur FELATIO, le ministre de l’intérieur ou le général étronisé »
- Des allégories : « le perchoir de sacristie, le poisson cocu » ou de plus récentes œuvres comme « l’A-VARICE, la gourmandise ou le tordu »
- Une collection étonnante de modèles de spermatozoïdes : « celui du jockey, du pyromane ou tire-condom » qui finiront dans les cercueils pour overdose de viagra .
- Des jeux de toujours : yo-yo, dé et bilboquet et …une toupie de Cupidon !
- à vous donner le tournis !
- Et des femmes …en flûte de gambe, en sainte recto-verso, des beautés dénudées à faire rêver les oiseaux !

On se promène dans l’imaginaire inquiétant et facétieux de l’artiste et la belle chaleur du bois. Comme des doigts qui se tendent (en bottes d’asperges), ces sculptures à facettes différentes et multiples sont des interrogations fortes et toujours nuancées, distanciées par le clin d’œil de Reinaldo, qu’il soit au cœur de la sculpture ou dans la légende.
La rencontre d’un grand artiste qui présente une biographie étonnante de voyageur du monde et donne la dimension universelle à sa sculpture. Car Reinaldo nous parle de nous, de notre temps, de notre condition et de notre responsabillité. Si « un masque peut en cacher un autre » Reinaldo nous montre sous sa chaleureuse bonhomie, le puzzle de la vérité humaine.

Exposition à la Galerie Argentine
6 rue Cimarosa 75116
à partir du 15 février 2005


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Hommage à Gérald Bloncourt

Quand on rencontre Gérald Bloncourt, on ne peut pas l’oublier : « il coupe la gorge au temps ».
J’ai rencontré Gérald Bloncourt en 1992 : une amie peintre me parle de lui un soir et organise une rencontre : il me reçoit le lendemain !
« je me souviens » de cette journée d’hiver où je lui rendis visite la première fois dans le 11ème arrondissement.
Ce fut un choc, la rencontre d’un monument de la peinture, de la photographie, de l’écriture poétique, des contes…ah! oui le contes : un magnifique talent de conteur. D’un coup je recevais l’ébranlement de sa petite île natale Haïti : les tableaux sur les murs étalaient les crimes contre l’humanité, les photos montraient la misère du monde car Gérald Bloncourt est un militant, un résistant, un agitateur, un témoin et un artiste engagé dans son époque.
Militant de la cause haïtienne, résistant dans toutes les luttes de tous les exploités de la Terre car il vit ici et maintenant et « dit merde à l’espace ! »
D’Haïti au Vietnam, au Sahara, au Portugal mais aussi témoin visuel des misères et des luttes du peuple : les banlieues d’après guerre, les luttes ouvrières, partout où la souffrance existe, Bloncourt témoigne inlassablement et « hurle à la lutte ».
Et pourtant quelle douceur, quelle paix, quelle poésie, quel humour : cet homme a le bon sens inné ; ce n’est pas un intellectuel de façade ou un manieur de concepts, non, Bloncourt peint, écrit, photographie, raconte avec ses tripes, avec son cœur, avec sa vie.
Une vie de rencontres, d’échanges avec les plus grands, poètes, écrivains, comédiens, politiques et avec les plus modestes.
Comment ne pas être émue devant la tendresse avec laquelle il photograhie les plus humbles, la dignité que son talent de photographe leur rend. Avec lui la photo ne joue pas sur l’esthétique du malheur mais a la rigueur du témoignage sobre et sensible.
Travailleur infatigable, ce géant prend plaisir à la rencontre et accueille toujours avec une grande simplicité
« Aimer c’est agir » écrivaitVictor Hugo à la veille de mourir
Exilé d’Haïti, Bloncourt est le Victor Hugo de ce tiers monde qu’il défend, pour lequel la lutte est sans cesse en action, dans cette amour de l’humanité qu’il ne cesse de clamer.
Il faut entendre Bloncourt dire un texte, qu’il soit politique ou poétique : son charisme et sa force font taire le brouhaha de vaines contreverses, des broutilles existentielles de ceux qui croient penser car l’urgence est autre. Oui Bloncourt est un homme qui vit en état d’urgence, c’est une pensée en acte, une œuvre en mouvement et une merveilleuse amitié, tranquille, fidèle, humaine…
Ce géant qui dit « Homme avec un grand F ! »


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Garcia Tella Peintre de l'anarchie

Il est des voix réduites au silence, il est des peintures que la cécité contemporaine de la médiatisation nomme "croûtes", tant il est inacceptable de se séparer des représentations oniriques et des fantasmes esthétiques stéréotypés de la beauté.
Qui oserait exposer la contemporaine horreur et pourtant immémoriale de l'humanité ?
N'errons-nous pas à travers un néant infini demande Nietzsche ?

Ce questionnement lucide semble avoir inspiré Garcia Tella, peintre espagnol anarchiste dont l'œuvre oblige à s'interroger sur quelques aspects fondamentaux de l'existence : la religion, le sexe, la mort. dans les tableaux de Garcia Tella, nous avons une radiographie surprenante et décapante, vision contemporaine de nos questions actuelles.
Les oeuvres de Tella ne se contentent pas de montrer, elles anticipent, elles scandalisent, elles politisent le monde. Parce qu'il était en avance sur son époque, Garcia Tella, peintre espagnol contemporain est mort oublié.
Un Christ arrivé à destination à Mathausen après un chemin de croix en wagon à bestiaux, l'accouchement de l'humanité en route vers ses cimetières après un passage dans les entrailles de la station Abbesses.
Comment sauver de l'oubli la mémoire de nos mémoires ? Le Christ n'a sauvé personne : ni les larrons, ni les juifs, ni les tsiganes, ni les autres, ni lui-même, ni l'idée de Dieu. L'humanité et la divinité ne sont que des représentations dans ces tableaux.
L'humanité - cimetière aux pieds du Christ, la divinité d'une sorte de Luna-park où des anges s'envolent dans les feux d'artifices des nuits de cristal. Précurseur, le peintre semble caractériser ici les feux et les paillettes de la société de médiatisation et de propagande que serait le paradis de Dieu le Père, Jésus-Christ Superstar !
On se surprend alors à penser au long de ce voyage vers la mort qui nous est présenté :un wagon à chevaux qui roule dans un paysage lumineux et où s'entassent les prisonniers dans les paysages industriels balisés par les croix de la "communication".
A la lecture de nos métaphores modernes, le voyage-évasion prend une sinistre tournure ; de ces instantanés picturaux pris sur le vif de l'horreur, le peintre a fait une synthèse qui nous renvoie face à face avec notre désespoir humain. Là où nous pouvions encore être leurrés : accidents de parcours de l'histoire, parenthèses sinistres, ces expressions toutes faites des médias, le tableau "Massacres" présente l'humanité dans un moribond placenta, un fœtus collectif où les traces de sang de chaque "évadé" du voyage conduisent aux champs de croix des cimetières.
Il ne reste de la divinité que la croix, nulle trace du paradis médiatique, ni anges, ni démons d'ailleurs, seul le destin humain, seule la conscience humaine interpellés par cette vision cernée par le cadre d'un tableau, élément de nos clôtures et de nos finitudes, avec la mort en perspective.
Il y a quarante ans, Garcia Tella, peintre espagnol inconnu, traçait lucidement l'universalité de nos destins : du Golgotha à Mathausen en passant par Guernica pour nous rappeler que ces évènements n'étaient pas des accidents de l'histoire mais un long processus qui s'est perpétué en Algérie, au Vietnam, en Amérique Latine, aujourd'hui en Palestine, en Tchéchénie ou en Afghanistan. Les sinistres desseins où les dictatures des sociétés humaines promettent via les médias toujours plus sophistiqués, des paradis artificiels afin de mieux anesthésier nos consciences pour nous conduire aux camps de la mort avec notre consentement délibéré.
Cette désespérance humaine, Garcia Tella l'affirme dans les thématiques qu'il explore, que ce soit la religion, la société vue d'en bas, du métro, des abîmes des bordels, des cris basculant dans le vide que sont les morts d'artistes.
Anarchiste espagnol revenu par "miracle" des camps de la mort, Tella est anti-religieux, homosexuel, innovateur comme le sont ceux que la pauvreté pousse au génie en récupérant les ombres et les ondes de son époque, en utilisant les outils vulgaires des peintres en bâtiments, en s'inventant un style impossible à restaurer parce que provenant de chez le droguiste du coin...
Il peint Dieu et la religion de manière blasphématoire et nous présente ses vrais démons : les apôtres, le clergé comme un fantastique bestiaire qui ne connaît ni charité, ni miséricorde. Les tableaux représentent des "cènes" où Tell a nous fait découvr

Exposition
Galerie délire en formation
12 rue Guénégaud
Paris 6ème

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Les Prolos Droit dans les yeux

Citation :
Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l'anime et qui le desespère
et sous ses saisons d'homme tout ce qui l'éclaire
son espoir et son sang son histoire et sa peine


Paul Eluard

" Le tout est de tout dire et je manque de mots ", en reprenant cette citation de Paul Eluard qu'il a connu et photographié, Gérald Bloncourt nous invite à la traversée photographique d'un demi-siècle d'histoire des peuples.

De cette sélection de photos écrite comme un poème, du Paris des années d'après-guerre à l'épopée du peuple soviétique, des mines du Nord aux combattantes du Front Polizario, des ouvriers des usines Renault à Mai 1968, des amoureux qui s'embrassent sur les quais aux enfants qui jouent dans les bidonvilles, les photographies de Gérald Bloncourt parcourent le vivant et l'humanité éternelle.
Cette plongée dans la mémoire collective est une exploration de celui qui " a recopié ce qu'il a vu " :témoignage de la misère " intemporelle " des sans-logis de l'abbé Pierre en 1954, de l'enfance dans les taudis d'après guerre, des institutions qui sont là posées dans leurs contradictions avec le réel :
" Tribunal pour enfants des régions minières, Ministère du Travail qui " place " les travailleurs, les élèves en classe de sport, les vieux, les solitaires, les isolés, les amoureux, la fierté, la noblesse du métier et sa transmission, l'affection entre génération, la force des femmes combattantes, les immigrés, les enfants, le savoir, l'art, la mixité, la misère, la guerre, la misère, la guerre la misère...et cette affirmation magnifique sur la photos d'égouttiers " du fond de l'égoût, j'ai cueilli ma fleur d'hommes "

La fleur d'hommes, c'est l'espoir et cet immense appétit de savoir, cette curiosité qui habitent autant Gérald Bloncourt que les êtres humains qu'il photographie : l'école toujours présente jusque dans les camps de refugiés, la classe ouvrière des lendemains qui chantent.
" j'ai recopié ce que j'ai vu " il faut ce regard de poète et de peintre pour saisir l'émotion et la vérité du travailleur mutilé, il faut ce regard de reporter du peuple d'amplitude sur son temps pour cerner celui de Jean Lurçat, ces portaits singuliers de personnalités qui ont traversé notre temps.

Pourquoi ai je eu les larmes aux yeux en scrutant les photographies de Gérald Bloncourt ? à cause de cette restitution de la mémoire proche et pleine d'actualité de la classe ouvrière en lutte et des peuples debout pour leur dignité, avec cet espoir et cet amour seuls capables de sauver l'humanité. Cet espoir et cet amour que les photographies de Gérald Bloncourt nous rendent, même si comme lui aujourd'hui " nous avons mal au monde que nous habitons ", même si " la faune pélican-pétrole "nous écrase de son obscénité. " Droit dans les yeux nous osons etcontinuons à regarder droit dans les yeux ce monde dont " il s'est souvenu " pour nous.
Des larmes à la gratitude et au respect pour le " métèque " d'Haïti, je veux remercier Gérald Bloncourt de nous rendre mémoire et dignité au travers de ce livre exceptionnel, splendide, nécessaireet immensément actuelle qui insiste sur la fragilité humaine avec ce beau vers de Nazim Hikmet
" toute une vie pour faire un homme, si peu de temps pour nous le prendre "

Livre de photographies de Gérald Bloncourt
Edition "au nom de la mémoire" 2004

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Présentation de Latif Pedram

Citation :
Il peut mourir cette nuit
une brûlure de balle sur la poitrine de son veston
il est allé cette nuit à la mort
de ses propres pas


Nazim Hikmet

La première fois que j’ai entendu Latif Pedram, il parlait de la langue persane comme langue de résistance ; c’était le 7 octobre 2001 , le jour où les bombardements américains commençaient sur l’Afghanistan.
La résistance c’est la vie de Latif, à la fois dans la réalité quotidienne de 23 ans de guerre , dans ses fonctions d’enseignant, de journaliste, d’essayiste, de directeur de bibliothèque, de poète et de porte-parole du Mouvement National pour la Congrès d’Afghanistan.
Il a 14 ans lorsque ses premiers poèmes sont publiés : c’est pendant l’occupation soviétique ; Latif s’est engagé tôt et il a maintenu cet engagement jusqu’à la dernière heure, jusqu’à ce qu’il soit obligé de partir il y a 3 ans.
A ce titre, il devenu un modèle, un sage que l’on consulte depuis l’Afghanistan .
Ne vous fiez pas à sa jeunesse, cet homme a vu , vécu ce que sans doute peu de personnes ont vu et vécu, mais il garde toujours sa discrétion et sa modestie d’homme ordinaire pour dire que d’autres ont vu et vécu pire peut-être.
L’écriture a été sa forme de résistance et de survie, mais peut-être plus encore l’idée , la vision et la fierté qu’il a de son pays. Alors on imagine vite son désespoir quand le destin de ce pays se trouve dans la ruine par la guerre et les différentes occupations, on imagine ce désespoir quand il voit les talibans arriver au pouvoir avec leur volonté de destruction , de réduction, de violence de la pire des dictatures.
Pourtant malgré cette situation ultime, il écrit : des essais, des poèmes, des lettres et c’est signe de son espoir, de l’idée qu’un jour ses textes seront lus, seront entendus et que pourra émerger l’idée de justice.
En postface du recueil « longue vie toi , marcheuse de l’impossible, Latif écrit « qu’il se sent protégé lorsqu’il lit ma poésie » j’ai pleuré parce que je ne mérite pas cet hommage, je lui ai répondu que dans l’ ignorance, l’indifférence où les pays occidentaux sont restés face au drame d’Afghanistan, sa résistance et son combat nous ont protégés, nous, ici qui nous croyions à l’abri des dictatures…
J’ai souvent eu des réflexions sur « l’Afghanistan c’est loin. » ; lorsque j’écoute Latif parler de son pays, je sais que ce pays est proche très proche, que les questions soulevées aujourd’hui dans ce pays sur la démocratie, sur la laïcité, sur l’éducation, sur la place des femmes et des minorités, sur la violence, sur la guerre, sur la domination et les enjeux géostratégiques sont aussi les nôtres ici en Europe et que nous ne pouvons pas faire semblant de les ignorer.
Ce qu’écrit et ce que dit Latif de l’Afghanistan nous concerne tous ici, maintenant.

L’œuvre de Latif est écrite en persan, certains textes ont été détruits, d’autres ont disparu ; peu de textes ont été traduits : des poèmes et des lettres.
J’espère que d’autres seront traduits très vite.

La traduction et l’adaptation française sont de Guissou Jahandiri

Les poèmes :
Latif cela veut dire Tendre : il y a beaucoup de tendresse dans les poèmes de Latif, une émotion saisie en lisière de la pensée, une douceur qui sont la grandeur de l’homme et du combattant. Jamais Latif n’oublie la tendresse, elle est là comme une de ces forces qui permettent à l’homme de survivre, d’être humain, de préserver quelle que soient les circonstances la grandeur de l’être.

« Lettres aghanes »
Un pays entier peut-il vivre dans un camp de concentration ? Cette question nous hante lorsqu’on lit les « lettres afghanes » de Latif Pedram

De 1979 à aujourd’hui, il a consigné dans ce reportage épistolaire le martyr de la population afghane : guerres, occupations, inquisitions, libérations. « nous avons créé une forme de littérature qui s’appelle « la littérature des chambres noires ». elle ne se répand que dans l’obscurité ». Des lettres de Kaboul, puis d’autres régions et d’autres villes, jusqu’à Paris ; des lettres de réponse de ses interlocuteurs, ses amis, avec les doutes où l’inquisition talibane peut faire tomber : à forc

Notes :
La Cave à poèmes
13 mai 2002
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La mémoire des poètes Caravanserail, 1001 poèmes pour la paix et la démocratie en Afghanistan

Citation :
De tant de visages brûlés par le vent, par le soleil,
De tant d’hommes déshonorés, désespérés
Qui rentrent avec une brassée de faim,
Avec un fardeau de plaies,
De quelque chose qui ressemble aux pleurs ,
De quelque chose qui ressemble au sang,
De quelque chose qui ressemble à Kaboul
Je dois écrire.


Latif Pedram

La parole poétique engage et porte: vérité, sincérité et justesse

Le corps du poème s’inscrit sur la page comme trace d’un son, d’une voix lointaine et inaudible parfois pour le poète lui-même.
« Le poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves , seules les traces font rêver » disait René Char.
Sur la page blanche , le poète trace les mots de l’oubli, qui sont autant de gestes et de réminiscence de son histoire et qui cherche à chaque pas d’écart à renouer la langue d’origine et la langue de l’être au monde.
En ce sens il est le laboureur des mots , du sens qu'il faut parfois construire, en faisant un long détour dans l'histoire pour retrouver leurs racines Michel Serres écrit. Le « pagus » terre des ancêtres le définit comme espace de la trace de l’écriture », ainsi se trouvent intimement mêlées les origines, la terre d’où l’on vient, avec ses zones de lutte , de combat, d’oubli et d’amour et la terre où on vit, qui aujourd ‘hui a acquis l’espace de la mondialité des êtres.
S'interroger sur les origines, le sens de l'existence, alors la création qu'elle soit scientifique ou artistique permet d'y accéder par des moyens différents. Il en résulte que le signifiant du travail de l'artiste se trouve également mis en évidence et se pose la question "qu'est ce que je transmets?"

Dans l’inventaire de notions et des concepts fondamentaux questionnés lors de ces rencontres, la poésie apparaît alors moins être un point de vue de Sirius
« héritage », « patrimoine », « conservation », « conservatoire », « communication » et « diffusion », « compétence », « métier », « expertise », « expérience » et « acquis de l’expérience »...
les contenus, les moments, les lieux, les formes, on peut dire les poètes font partie des ressources anthropologiques à « transmettre », des savoirs et des normes relativement formalisés, et celles en permanente innovation des poètes de notre temps qui se confrontent aux exigences éthiques « d’habiter poétiquement le monde »

Le voyage des oiseaux

Un des plus grands poètes mystique persan ; Farid al din Attar, raconte dans « le langage des oiseaux » le voyage initiatique que font ceux –ci
La métaphore de ce conte a inspiré « Caravanserail , 1001 poèmes pour la paix et la démocratie en Afghanistan », un appel à la création poétique pour porter la sagesse, l’histoire et la mémoire de 1001 douleurs, 1001 histoires, 1001 combats, 1001 rêves.
Faire mouvement ainsi que les oiseaux rassemblés par la huppe, partis en quête de leur roi, avec des élans fous et des reculs épouvantés dans les paysages redoutables et intimes de l’humanité.
Le but ultime du voyage est le « Simorg », l’oiseau mythique de leurs désirs si beau que nul ne peut le regarder, seuls quelques-uns l’atteindront en franchissant sept vallées pleines d’embûches.
Seuls trente oiseaux parviennent au but, nombre des autres disparaissent submergés par les océans, dévorés par la soif, anéantis par le soleil ou les bêtes sauvages, certains s’entre-tuent tandis que d’autres abandonnent la route.
La caravane des 1001 poèmes a eu à franchir les sept vallées, à rechercher et convaincre les compagnons de route, elle a trouvé l’engagement des poètes de plus de quarante cinq pays de l’Arménie au Chili, du Congo au Colorado et du Boutan au Canada, ils se sont rassemblés dans cette aventure de solidarité et d’amour humains, pour faire connaître la situation d’un pays dévasté par la guerre et la dictature.
Cette épopée les a obligés à la modestie et à l’humilité pour qu’ils apportent simplement leur contribution artistique et humaine, elle a permis à chaque être singulier de faire partie du tout dans une aventure où ont coexisté le doute, le désarroi mais aussi la démesure de cette entreprise , la foi en une culture de paix, l’émotion comme base de la langue universelle du poème et la joie de faire mouvement ensemble.
Partie d’ici, terre de France et d’exil pour aller trouver refuge là-bas en Afghanista

CARAVANSERAIL

- Diffusion d’un appel international, pour inciter à faire don d’un poème ou d’un texte, depuis novembre 2001, en français, anglais, dari (persan), russe, arabe, espagnol, italien, néerlandais, portugais, turc et allemand. Les poètes afghans ont été sollicités.
- Cet appel a été lancé à travers divers milieux artistiques, revues spécialisées et grand public, sites Internet, dans les écoles en France, dans le cadre du Printemps de la Poésie…

Résultats :
A ce jour, plus de 1000 poèmes de 45 pays ont été offerts au projet Caravansérail dont 150 de poètes afghans, ainsi qu’un centaine de photographies (provenant de France et de pays du monde entier)

L’UNESCO met à la disposition d'Open Asia une salle de conférence et un espace d'exposition dans leur siège à Paris.
Une soirée de prestige est organisée pour mettre en valeur l’élan de solidarité en France et débuter la vente des publications. 16 avril 2003

Organisation d’une lecture par le théâtre national tadjik à Douchanbé en juillet 2003

Diffusion du reportage de la soirée du 16 avril et remise des deux livres dont 1 pour les enfants

Edition en ligne sur le site d’Open Asia :
Une sélection des poèmes et des photographies est disponible en ligne http://aointernational.free.fr

Edition d’une anthologie de poètes afghans :
- Faire connaître des écrivains et poètes afghans inédits auprès du public français
- Une première publication a été faite en partenariat avec la revue de poésie « les dossiers d’Aquitaine »

Edition de recueils en français :
- La deuxième édition du recueil de poésie de Nicole Barrière « Longue vie à toi! Marcheuse de l'impossible », édité par Les Presses Littéraires, dédiée aux femmes afghanes, est vendu au profit du projet Caravansérail.
- Editer un recueil des textes qui ont été sélectionnés pour le spectacle de l’Unesco

Edition de 2 recueils en dari (persan) dont 1 pour les enfants

Edition d’un Disque Compact d’élèves de Saint-Etienne

Objectif : Générer une capacité d’autofinancement du volet culturel au profit du volet éducatif, par la récolte de fonds provenant de la société civile


Notes :
Université de Provence
IV èmes Rencontres APST - APRIT
"Transmettre" : Activité et transmission
24, 25 et 26 juin 2004
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Javier Echecopar Mongilardi Une vie de passion et d'amour pour la musique

Citation :
Ainsi passent les incas de diamant,
ceux dont le visage est datte de lune
et qui perdirent les yeux dans le rêve


Le Cuzco
Miguel Angel Asturias

Javier Echecopar a un destin tout à fait exceptionnel. Son écriture originale et un son de guitare hors-classe, lui valent une place unique dans le monde de la musique baroque péruvienne et la gloire d'une carrière internationale.
Le succès immense de ses concerts baroques donnés dans les églises en Europe, en Amérique du Nord et au Pérou, la recherche musicologique sur le baroque péruvien, la traque de sons oubliés des indiens quechua des Andes et ses propres compositions l'attestent.
Mais si la musique est au cœur de la vie du guitariste et du compositeur, l'homme fascine aussi par son charisme, une personnalité hors du commun. Même si les apparences sont trompeuses, on sent des remises en question dans "l'intranquillité de l'être" qui lui permettent de ne jamais stagner et d'aller jusqu'au bout de ses rêves.
Quel est donc le parcours de Javier Echecopar ?

Un besoin irrésistible de musique

Javier Echecopar Mongilardi est né à Lima en 1955 et a déjà dans l'enfance un irrésistible besoin de musique, on l'imagine seul dans la pénombre multicolore des églises écouter le souffle profond des sons. C'est là, auprès de sa mère, compositeur également, qu'il s'initie à la beauté musicale.
A huit ans, Il entre au Conservatoire National pour y étudier la guitare, et obtient son diplôme en 1978. Boursier de l'UNESCO, il continue ses études à l'École normale de musique de Paris et ensuite à la Guildhall School of Music de Londres. Il a eu comme professeurs Alberto Ponce, Abel Carlevaro et Javier Hinojosa en guitare, ainsi que Celso Garrido Lecca, Narcis Bonet et Antonio Ruiz Pipó en composition.

J'ai commencé le voyage avec Javier Echecopar, un soir d'octobre, il avait peu parlé, nous étions réunis par le poète Carlos Henderson pour un hommage à César Vallejo.
Plus tard, j'ai écouté Javier en concert, ses mains dansaient sur les cordes comme des oiseaux, entre les respirations des vagues, un long balancement, l'intervalle où s'abritait l'oiseau, le creux de la vague. Jeu entre l'air et l'eau, jeu où la profondeur, le silence et l'ombre se disputaient avec l'espace, la lumière et la vie.
La danse était contenue dans ses doigts sur la guitare, entre ses doigts qui se tendaient vers les étoiles et la paume qui plaquait les accords comme le vent sur l'abrupt des rochers.
La dualité première des éléments, l'harmonie fluide se coulait dans l'onde, la terre, la mer, l'éther, comme autant de sons superposés, comme autant de nuances dans un tableau.
De ces variations montait l'intime de l'être, la joie ou la mélancolie, de ces triolets s'ouvrait le grand large recouvert par les voix lointaines des ancêtres.
Qui de la mer ou des Andes aurait le dernier mot ? il était la mer et les Andes, un grand songe descendit la montagne pour venir hanter la mémoire des oiseaux, alors le rêve surgit de ses mains : une colombe dansait, son corps était une fugue, ses envols familiers et pourtant elle hésitait :"pourquoi colombe m'as tu donné la connaissance, pourquoi colombe m'as-tu fait dormir dans tes ailes, pourquoi colombe m'as-tu fait boire l'eau de l'oubli".
Elle ne se posa pas sur l'épaule du maître, elle l'enveloppa de ses ailes pour mieux fuir, elle avait la légèreté de la vie et le désespoir de la mort, elle traversa les nuages
comme dans un tableau surréaliste et s'enfuit dans le silence du soir.
Le rêve courait entre les cordes, libre comme le vent, le bonheur s'invitait, la nostalgie insistait, la reprise des mélodies oubliées, lentement reconquises dans la tension du visage de l'artiste : les notes perdues pour s'inscrire en "accord per due"
Le résultat de ce travail se concrétise par la publication de plusieurs recueils de partitions de musique péruvienne baroque et traditionnelle. Il a enregistré huit disques et des vidéos documentaires.

A présent il partage sa vie professionnelle entre l'enregistrement de ses nouveaux CD, les master-classes et des concerts partout dans le monde. Selon la programmation de ses concerts, il se sert des guitares différentes, nommément John Price (Australie 1998), Daniel Moncloa (Pérou 1997), Joseph Benedid (Espagne C. 1790), Miguel Farfán (Pérou 1863).

Dans les silences, il entend l'écho d'une musique qui cherche désespérément à naître : la sienne. Et puis une nuit, il arrive au bout d'un souffle d'origine incertaine, d'un air qui s'envole. Dans quelle langue parlons-nous dans nos rêves ? il est à bout de souffle, à corps perdu dans la musique, il retrouve le sens comme on retrouve un être dont on ne serait plus séparé : c'est la fusion de l'air avec l'être. Il suffit de rien, de retourner l'ombre au passage des équinoxes : plus d'ombre, cela se passe au Rapide du ciel, après on accède à la forêt amazonienne, au temps de la pierre tendre, au temps de la pierre bleue, dans le chant plein de l'instant, où cet enfant est si beau, fragile

Signature :
Nicole Barrière, Paris le 17/01/2005

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Présentation de Salah Al Hamdani

Citation :
"l'artiste qu'il le veuille ou non est embarqué. Embarqué me paraît plus juste ici qu'engagé. Il ne s'agit pas en effet pour l'artiste d'un engagement volontaire, mais plutôt d'un service militaire obligatoire. Tout artiste aujourd'hui est embarqué dans la galère de son temps…nous sommes pleine mer. L'artiste comme les autres doit ramer à son tour, sans mourir s'il le peut, c'est à dire en continuant de vivre et de créer"

Albert Camus

La Cave à Poèmes Théâtre Les déchargeurs
21 février 2005

Poète entre deux rives, Salah Al Hamdani nous trace la traversée des exils, depuis les rives de l'Euphrate jusqu'aux rives de la Seine (scène, cène) et de ses mots il nous ouvre le passage des traductions de notre humanité, de toute humanité :
- celle de l'enfance avec les souvenirs qu'il nous met en partage, l' enfance de nos exils avec ses émotions et ses blessures.
- celle de l'immigré qui cherche le numéro de sa rue dans une de ses nouvelles'le 44', extrait du "cimetière des oiseaux"
- celle du retour dans l'Irak en guerre après plus de trente d'exil
- celle du poète de l'errance entre les origines et sa nouvelle patrie.
Et c'est dans la trame de ces ressemblances que nous le suivons, dans le mouvement de sa poétique où il clame, réclame et déclame sans relâche la liberté, la justice, la fraternité, dans le sillon creusé jour après jour de l'écriture pour sauver ce qu'il reste à sauver, pour cerner l'âpreté des jours de désespoir et d'exil
Ce sont des titres évocateurs que les innombrables recueils de poésie de Salah Al Hamdani :
- L'arrogance des jours 1997
- ce qu'il reste de lumière 1999
- au large de la douleur 2000
- j'ai vu 2001

Sa dernière parution en France en septembre 2003 aux Editions de l'Aube : Le Cimetière des oiseaux, suivi de Bagdad mon amour nouvelles traduites de l'arabe (Irak), avec la collaboration d'Isabelle Lagny avec poèmes et récits en français.

A paraître :
- Poèmes de Bagdad.
- Le voyage à Bagdad (récits).
- Adieu mon tortionnaire (récits).

Qui est Salah Al Hamdani ?

Salah AL HAMDANI, poète et homme de théâtre d'origine irakienne, est né en 1951 à Bagdad.
Il est originaire d'une famille modeste du sud de l'Irak, son père était menuisier, sa mère paysanne, il a commencé à travailler tôt, dès 7 ans, il allait à l'école du soir à partir de 11 ans.
Pour vivre il s'est engagé dans l'armée et c'est là qu'il acquis sa conscience politique, lorsque que son régiment est envoyé à Kirkouk pour mater une rébellion kurde. Lorsque des enfants sont kurdes arrêtés et tabassés, il entre en action et se retrouve en prison où il écrit se premiers poèmes à 20 ans
A la sortie de prison, il est interdit de travail, menacé d'assassinat, il ne lui reste que l'exil et il vient en France.
Dans la communauté d'idées et de valeurs où nous nous retrouvons, il y Albert Camus, et ce regard d'homme et de lettré sur le monde, l'exigence de Camus qui a tracé pour nous l'itinéraire de l'artiste engagé d'aujourd'hui lors de la réception du Prix Nobel, dans son discours de Suède :
"l'artiste qu'il le veuille ou non est embarqué. Embarqué me paraît plus juste ici qu'engagé. Il ne s'agit pas en effet pour l'artiste d'un engagement volontaire, mais plutôt d'un service militaire obligatoire. Tout artiste aujourd'hui est embarqué dans la galère de son temps…nous sommes pleine mer. L'artiste comme les autres doit ramer à son tour, sans mourir s'il le peut, c'est à dire en continuant de vivre et de créer"

Cette leçon Salah la met en acte :
Exilé depuis 30 ans en France, opposant à la dictature de Saddam Hussein, à ses guerres et à l'occupation anglo-américaine de l'Irak.
Au début de la guerre en Irak, il me disait ceci qui résume de façon très imagée la situation : "nous avons deux rasoirs dans la gorge : Saddam Hussein et les américains"
Acteur et metteur en scène, il a joué dans plusieurs films français et étrangers, et a interprété également différents rôles au théâtre.
Et pour nous ce soir en partage sa poésie et sa vie, je vous demande d'accueillir chaleureusement Salah Al Hamdani.

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Le masque du poème* Hommage à César Vallejo

Citation :
Deux fois exilé,
mon frère,
de la tere et de l'air,
de la vie et de la mort,
exilé
du Pérou, de tes fleuves,
absent de ton argile.


Pablo Neruda

Hommage à Cesar Vallejo
Maison d'Amérique Latine
15 avril 2005

Le poème, énigme de la douleur de vivre, l'expérience-limite de cette traversée a habité ce jour l'auditorium de la Maison de l'Amérique Latine.
D'analyses en poèmes, l'hommage à César Vallejo a revêtu les différents habits où chacun cherche à se reconnaître et dans le miroir étrangement vide des mots maintes fois rassemblés, a posé le masque, artefact fragile des voix.
Voix de remémoration, de recherche au plus près de la vie avec l'énigme entière de l'être, César Vallejo reste mystère et c'est tant mieux !
La densité de son humanisme liée à l'amour présent et constant de Georgette, cette épouse humaine qui restitue la chair du destin de Vallejo, qui interprète l'intime du poète pour nous le rendre, défiant ainsi les autres, les poètes, les exégèses, ceux qui savent comment parle la langue.
Mais que savent-ils de l'épreuve de vivre qui fut celle de Vallejo, la révolte et l'inscription de cette révolte au cœur même du poème.
Georgette Vallejo sait moins que tout autre mais elle sait plus, elle sait l'amour d'un homme pris dans la tempête de son époque, la revendication passionnée de la liberté, la conscience de la solidarité humaine, le temps de tangage et de langage d'où surgit le poème, où se mêle et se démène la maladie et la mort, mais où la joie et l'amour furent les premiers mots de traverse de l'hôtel où il vécut à l'appartement où elle habitait avec sa mère.
Elle sait l'importance de ces textes trouvés sous le lit après la mort de Vallejo, elle qui ne savait pas ce que son mari écrivait, qu'il s'agissait de "poèmes humains", que les séparations qu'elle opère entre les périodes, quand elle change les titres, c'est toutefois pour faire connaître et défendre la poésie de son homme…envers et contre tous.
Des masques de Vallejo par lui-même et des masques produits par Georgette, n'est-ce pas le même rêve humain qui les réunit ? n'est-ce pas cette même apparence fragile de poètes qui les conduit ? n'est-ce pas ce drame de la perte qui anime Georgette d'absence en absence, de destruction en destruction, et par l'amour qui la guidera dans cette entreprise, rendra justice à son époux au-delà de la tombe.
Il est heureux que dans les passions que continue de soulever la poésie de Vallejo se lèvent des voix pour défendre la veuve, tant on sait la force et la conviction des femmes défendre la noblesse des hommes.
Il y eut ce moment privilégié et émouvant de ce jour où la promenade nous conduisit sur les traces dans la rue Molière et l'avenue de l'Opéra, les interrogations qui nous traversaient, pour tenter d'atteindre le fugitif trait d'un amour tendu entre deux rives.
Temps réversible et instant d'éternité de la poésie, son incertitude vitale et vigilante de l'attente et de l'offrande.
Tout comme Vallejo, nous ne savons pas, nous ne savons rien que ce que disent nos masques, nous brouillons les pistes de poèmes en poèmes, nous travaillons le mot à mot de la langue pour tenter d'en ouvrir le mystère, "nous sommes embarqués" dans notre époque et nous nous souvenons.
Car Vallejo fait partie de nos racines, de nos mémoires, des traces pleines "il est des coups dans la vie, si forts…Comment dire?"
De ces "poèmes humains" qui fut le titre-masque donné par son épouse avec un certain bonheur, aux poèmes de Vallejo à "Espagne, Eloigne de moi ce calice", nous sommes appelés sur les terres d'exil de la poésie.
Des terres d' exil qu'il a connues, j'en retiens trois :
- la terre d'exil du pays d'où il part, le Pérou,où son absence manque, car la perte d'un poète est d'abord une perte pour le pays d'où il part, de la communauté d'actions et d'idées qui se vide de sa substance. Le Pérou où il est aujourd'hui le plus grand poète mais où il aurait été arrêté et aurait pourri en prison à cette époque,
- la terre d' exil de la France et de l'Espagne où il vécut, la France d'où on l'expulse et où on tarde aujourd'hui à reconnaître son œuvre.
- exil enfin du territoire même du poème qui est le lieu de reliance entre l'exilé et les aut

Notes :
* Intervention de Stéphen Hart sur les masques de C. Vallejo
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