Hispaniste et philosophe, Ricardo Tejada est aussi essayiste. C’est du croisement de ces trois activités intellectuelles qu’est né ce livre qui traite non seulement de la nature polymorphe de l’essai – genre littéraire et fer de lance de la philosophie moderne – mais plus encore de son fonctionnement et de ses fondements.
Comme il le souligne ici, l’essai, qui relève à la fois de la philosophie et de la littérature, acquiert une identité nette et distincte durant les quatre premières décennies du XXe siècle en France et en Espagne, ainsi que dans d’autres pays. Pour l’auteur, l’essayiste – « véritable braconnier » qui « capte des fragments du passé... mais aussi de la vie présente » – maniant l’art de la persuasion et de la rhétorique, embarque le lecteur dans un monde d’idées et de concepts. Ce n’est pourtant pas l’absence de fiction qui définirait l’essai mais une façon d’appréhender le temps et le réel avec lesquels, comme le dessin ou le documentaire, voire la poésie, il a des liens singuliers et assez immédiats.
En somme que nous dit Ricardo Tejada, sinon que l’essai propose « une manière de s’entretenir avec le monde » ? On comprendra que chacun sorte enrichi à la lecture de ces pages nourries d’exemples et de réflexion.