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"Une si longue aventure": un roman publié par
Une si longue aventure. C'est le titre d'un livre très intéressant et captivant, qu'on nous a présenté hier à Saint-Louis, réalisé par Mamadou Kassé, ancien Rédacteur en chef central du Quotidien National "Le Soleil" et préfacé par Amadou Fall, Journaliste, écrivain, ancien Directeur de la Rédaction du Soleil.
ACTUALITÉS"Une si longue aventure": un roman publié par Mamadou Kassé, ancien Red-chef du SoleilPublié il y'a 1 an.. Date : 1 mars 2021Par Marie FALL
Une si longue aventure. C'est le titre d'un livre très intéressant et captivant, qu'on nous a présenté hier à Saint-Louis, réalisé par Mamadou Kassé, ancien Rédacteur en chef central du Quotidien National "Le Soleil" et préfacé par Amadou Fall, Journaliste, écrivain, ancien Directeur de la Rédaction du Soleil.
C'est une très belle uvre publiée depuis le 31 décembre 2020 par les éditions Harmattan (Sénégal et France). Ces deux intellectuels de gros calibre ont marqué profondément l'Astre National et n'ont pas baissé les bras après la retraite, préférant continuer à taquiner la muse.
Comme l'a souligné le Préfacier, "on entame une si longue aventure comme une plongée dans une vie qui devrait être à des années lumières de nos existences présentes, et qui pourtant est encore l'ordinaire des nombreux êtres dans le pays profond".
Selon Amadou Fall, le roman de Mamadou Kassé vous prend d'entrée aux tripes, en déchirant par touches subtiles, presque pudiques, le voile des charmes bucoliques des campagnes, pour vous faire entrevoir l'envers du décor, entrer dans un univers hideux, triste et mortifère, d'un incroyable anachronisme.
Alors, a-t-il poursuivi, que ce millénaire était dit celui de toutes les lumières qui autorisent tous les espoirs de bien-être et de mieux-être, on y meurt encore et abondamment de la malaria, ou en donnant la vie, comme la mère de Ma-Ndoumbé, dans un dénuement révoltant.
Mamadou Kassé parle de ces drames et d'autres, par l'écrit, brisant des silences."Ecrire, [ ] c'est hurler sans bruit", disait Marguerite Duras.
Ma-Ndoumbé, a-t-il souligné, "est le héros de cette si longue aventureque Mamadou Kassé nous conte dans les lignes admirablement ciselées qui suivent. Elles ne pâliraient point à côté de celles qui font la trame des romans classiques que l'on aime lire et relire et qui ont fini par entrer dans les anthologies d'ici et d'ailleurs. C'est tout le mal que l'on souhaite à cette uvre, tant ses qualités littéraires sont remarquables et indéniables".
De l'avis d'Amadou Fall, l'histoire de Ma-Ndoumbé n'est aucunement à l'image d'un long fleuve tranquille. C'est celle tourmentée de tous ces jeunes ruraux et citadins, matraqués par un destin dont les scories ont pour noms : manque de repères ou d'accompagnements parentaux, non-scolarisation, sécheresse cyclique et impossibilité conséquente de vivre décemment de la terre, marasme, chômage, mal-vivre et perte d'espoir dans la grande ville.
Il a fait savoir que Mamadou Kassé décrit, analyse et commente admirablement ces sinistres réalités, au fil de chapitres concis qui s'enchaînent comme les séquences d'un film documentaire, ou les articles d'un grand reportage de presse écrite. Il nous les fait sentir, toucher et vivre, avec son héros ordinaire mais très humain, du terroir à la capitale puis aux portes du mythique Eldorado occidental où il échouera avec ses rêves de faire fortune, d'honneur et de dignité à retrouver, pour lui et les siens.
Quand tu ne sais pas où tu vas, alors retourne là d'où tu viens. Je déclinerais autrement cet adage : Quand tu sais qu'on refusera de t'accueillir, de t'offrir une place au soleil, là où tu veux aller, alors retourne là d'où tu viens.
Pour Amadou Fall, c'est la très sage et réaliste décision que Kassé fait prendre à son héros, au terme de son aventureuse pérégrination jusqu'au pied d'un de ces murs derrières lesquels l'Ailleurs se barricade, brise des espoirs qui ne sont qu'illusions, le plus souvent. Faisant fi de l'opprobre, des quolibets et regards narquois en biais qui lui seront jetés, comme ils le sont toujours à ceux qui reviennent au pays matériellement plus pauvres qu'ils ne l'étaient, Ma-Ndoumbé s'est résolu à franchir le Rubicon dans le sens inverse, à revenir s'investir dans son terroir pour s'y réaliser par lui-même, avec les siens, dans son élément.
Là est une des grandes leçons de ce roman. Il nous rappelle, non sans insistance, que, dans ce pays où tout est à construire ou reconstruire, une foultitude d'opportunités d'épanouissement individuel et collectif existent qui ne demandent qu'à être profitablement valorisées, dans les campagnes comme dans les milieux urbains et suburbains, par cette jeunesse qu'il faut impérativement sortir de la désespérance suicidaire. A la condition évidente d'une politique économique et sociale bien pensée et d'investissements conséquents qui ne soient pas détournés de leurs objectifs. L'auteur ne l'exprime pas textuellement en ces termes que nous inspire la lecture de certains passages de l'ouvrage. Mais c'est tout comme
En effet, cet ouvrage n'est assurément pas un roman ordinaire. Il est également historique. Les péripéties de Ma-Ndoumbé s'entrelacent avec la saga du Sénégal en particulier et de l'Afrique en général, de l'Égypte ancienne à nos jours, en passant par les odieux moments de la traite négrière et de l'esclavage, les temps glorieux de la résistance à l'impérialisme occidental, la sombre nuit coloniale, les guerres mondiales, le temps euphorique des indépendances et les espoirs et illusions de renouveau d'après. La deuxième leçon est là, en filigrane : les adversités furent et demeurent nombreuses et de tous ordres ; il faut, en tout instant, continuer inlassablement à faire front, à rester digne, à croire en nous, à faire valoir notre capacité de transcender nos faiblesses structurelles ou imposées et de construire un avenir meilleur par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
Pour un coup d'essai, précise le Préfacier, ce premier livre est franchement une réussite ! "une si longue aventure" a été mené de très belle manière, de bout en bout. Il ne pouvait en être autrement. "Une plume de la trempe de Kassé excelle naturellement dans ce nouvel exercice, comme dans son cur de métier, le journalisme que nous avons pratiqué ensemble et en duo confraternel et fraternel, au quotidien national "Le Soleil", des décennies durant". "Les journalistes s'occupent de choses qui passent et disparaissent. Les écrivains sont des journalistes de l'éternel.",a écrit Jean-François Somain, un romancier canadien. Si cela est vrai, alors quoi de mieux que d'être tout à la fois journaliste et écrivain ? se demande Amadou Fall, Journaliste-écrivain.
Awa Diagne Sall Kharachi
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ACTUALITÉS"Une si longue aventure": un roman publié par Mamadou Kassé, ancien Red-chef du SoleilPublié il y'a 1 an.. Date : 1 mars 2021Par Marie FALL
Une si longue aventure. C'est le titre d'un livre très intéressant et captivant, qu'on nous a présenté hier à Saint-Louis, réalisé par Mamadou Kassé, ancien Rédacteur en chef central du Quotidien National "Le Soleil" et préfacé par Amadou Fall, Journaliste, écrivain, ancien Directeur de la Rédaction du Soleil.
C'est une très belle uvre publiée depuis le 31 décembre 2020 par les éditions Harmattan (Sénégal et France). Ces deux intellectuels de gros calibre ont marqué profondément l'Astre National et n'ont pas baissé les bras après la retraite, préférant continuer à taquiner la muse.
Comme l'a souligné le Préfacier, "on entame une si longue aventure comme une plongée dans une vie qui devrait être à des années lumières de nos existences présentes, et qui pourtant est encore l'ordinaire des nombreux êtres dans le pays profond".
Selon Amadou Fall, le roman de Mamadou Kassé vous prend d'entrée aux tripes, en déchirant par touches subtiles, presque pudiques, le voile des charmes bucoliques des campagnes, pour vous faire entrevoir l'envers du décor, entrer dans un univers hideux, triste et mortifère, d'un incroyable anachronisme.
Alors, a-t-il poursuivi, que ce millénaire était dit celui de toutes les lumières qui autorisent tous les espoirs de bien-être et de mieux-être, on y meurt encore et abondamment de la malaria, ou en donnant la vie, comme la mère de Ma-Ndoumbé, dans un dénuement révoltant.
Mamadou Kassé parle de ces drames et d'autres, par l'écrit, brisant des silences."Ecrire, [ ] c'est hurler sans bruit", disait Marguerite Duras.
Ma-Ndoumbé, a-t-il souligné, "est le héros de cette si longue aventureque Mamadou Kassé nous conte dans les lignes admirablement ciselées qui suivent. Elles ne pâliraient point à côté de celles qui font la trame des romans classiques que l'on aime lire et relire et qui ont fini par entrer dans les anthologies d'ici et d'ailleurs. C'est tout le mal que l'on souhaite à cette uvre, tant ses qualités littéraires sont remarquables et indéniables".
De l'avis d'Amadou Fall, l'histoire de Ma-Ndoumbé n'est aucunement à l'image d'un long fleuve tranquille. C'est celle tourmentée de tous ces jeunes ruraux et citadins, matraqués par un destin dont les scories ont pour noms : manque de repères ou d'accompagnements parentaux, non-scolarisation, sécheresse cyclique et impossibilité conséquente de vivre décemment de la terre, marasme, chômage, mal-vivre et perte d'espoir dans la grande ville.
Il a fait savoir que Mamadou Kassé décrit, analyse et commente admirablement ces sinistres réalités, au fil de chapitres concis qui s'enchaînent comme les séquences d'un film documentaire, ou les articles d'un grand reportage de presse écrite. Il nous les fait sentir, toucher et vivre, avec son héros ordinaire mais très humain, du terroir à la capitale puis aux portes du mythique Eldorado occidental où il échouera avec ses rêves de faire fortune, d'honneur et de dignité à retrouver, pour lui et les siens.
Quand tu ne sais pas où tu vas, alors retourne là d'où tu viens. Je déclinerais autrement cet adage : Quand tu sais qu'on refusera de t'accueillir, de t'offrir une place au soleil, là où tu veux aller, alors retourne là d'où tu viens.
Pour Amadou Fall, c'est la très sage et réaliste décision que Kassé fait prendre à son héros, au terme de son aventureuse pérégrination jusqu'au pied d'un de ces murs derrières lesquels l'Ailleurs se barricade, brise des espoirs qui ne sont qu'illusions, le plus souvent. Faisant fi de l'opprobre, des quolibets et regards narquois en biais qui lui seront jetés, comme ils le sont toujours à ceux qui reviennent au pays matériellement plus pauvres qu'ils ne l'étaient, Ma-Ndoumbé s'est résolu à franchir le Rubicon dans le sens inverse, à revenir s'investir dans son terroir pour s'y réaliser par lui-même, avec les siens, dans son élément.
Là est une des grandes leçons de ce roman. Il nous rappelle, non sans insistance, que, dans ce pays où tout est à construire ou reconstruire, une foultitude d'opportunités d'épanouissement individuel et collectif existent qui ne demandent qu'à être profitablement valorisées, dans les campagnes comme dans les milieux urbains et suburbains, par cette jeunesse qu'il faut impérativement sortir de la désespérance suicidaire. A la condition évidente d'une politique économique et sociale bien pensée et d'investissements conséquents qui ne soient pas détournés de leurs objectifs. L'auteur ne l'exprime pas textuellement en ces termes que nous inspire la lecture de certains passages de l'ouvrage. Mais c'est tout comme
En effet, cet ouvrage n'est assurément pas un roman ordinaire. Il est également historique. Les péripéties de Ma-Ndoumbé s'entrelacent avec la saga du Sénégal en particulier et de l'Afrique en général, de l'Égypte ancienne à nos jours, en passant par les odieux moments de la traite négrière et de l'esclavage, les temps glorieux de la résistance à l'impérialisme occidental, la sombre nuit coloniale, les guerres mondiales, le temps euphorique des indépendances et les espoirs et illusions de renouveau d'après. La deuxième leçon est là, en filigrane : les adversités furent et demeurent nombreuses et de tous ordres ; il faut, en tout instant, continuer inlassablement à faire front, à rester digne, à croire en nous, à faire valoir notre capacité de transcender nos faiblesses structurelles ou imposées et de construire un avenir meilleur par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
Pour un coup d'essai, précise le Préfacier, ce premier livre est franchement une réussite ! "une si longue aventure" a été mené de très belle manière, de bout en bout. Il ne pouvait en être autrement. "Une plume de la trempe de Kassé excelle naturellement dans ce nouvel exercice, comme dans son cur de métier, le journalisme que nous avons pratiqué ensemble et en duo confraternel et fraternel, au quotidien national "Le Soleil", des décennies durant". "Les journalistes s'occupent de choses qui passent et disparaissent. Les écrivains sont des journalistes de l'éternel.",a écrit Jean-François Somain, un romancier canadien. Si cela est vrai, alors quoi de mieux que d'être tout à la fois journaliste et écrivain ? se demande Amadou Fall, Journaliste-écrivain.
Awa Diagne Sall Kharachi
Roman : "Une si longue aventure" MAMADOU KASSE DÉPEINT UNE JEUNESSE DÉSUVRÉE ET FRUSTRÉE
Citation :
Pour son premier roman, Mamadou Kassé a choisi de raconter "Une si longue aventure". Ce roman, quelque peu documentaire, est un condensé de traitement de faits d'actualités arrangés dans un récit fictionnel qui interpelle plus les consciences que les émotions.
Le journaliste s'entiche toujours de l'actualité. Le journaliste Mamadou Kassé en donne la preuve par "Une si longue aventure", son tout premier livre paru en fin 2020 aux Éditions L'Harmattan Sénégal. Bien que d'un tissu fictionnel, son roman rend compte du contexte et des humeurs d'une certaine jeunesse désuvrée et frustrée, candidate obstinée à une émigration nourrie d'accablements sociaux et guidée par une folle soif de réussite. Hypothétique. Pathétique aussi, tel que le sont le personnage et la condition misérables de Mandoumbé autour desquels est construite la trame relatée sur 167 pages et en 27 chapitres.
Mandoumbé est l'un des ces jeunes, au lendemain du siècle 1900, violemment trahis de leur illusion d'un millénaire 2000 où l'or allait partout parer. La vie tumultueuse du bonhomme semble lui avoir été prédestinée. Lui dont la maman est décédée en accouchant de lui et dont l'aridité du temps et de l'économie agressait fiévreusement son environnement durant sa jeunesse. Il jurera par son âme de mériter la vie offerte par sa maman, Nogaye, au détriment de la sienne. Réussir pour cela mais aussi fuir l'"enfer" du décor de son village. Comme instruments de conscience, Mandoumbé puise aux malheurs mal cicatrisés des "atroces stigmates" du passé.
Cependant, sur un terrain trop peu fertile pour fructifier son courage et sa détermination, il tente l'émigration vers l'Europe ("le paradis") par la voie irrégulière. Sept mois d'odyssée malheureuse dans le Sahara ont durement suffi pour passer le mur pour l'Espagne, avec un groupe qui a compté ses morts et ses survivants mal lichés dont Mandoumbé et son compagnon Mandaw. Ces gus s'apercevront que les lanternes de l'Europe étaient en vrai des vessies.
GALÈRE
Convaincus par les tamponnements de la galère et sept mois de vadrouille en "eldorado", Mandoumbé consent à rentrer pour batailler et réussir au bercail. La plus sage décision, de l'avis de l'auteur. Une vadrouille pas si longue sur le temps mais étendue sur un flot de désillusions et d'échecs.
Le roman n'a rien d'inédit dans sa trame et ses lignes principales. Toutefois trouve-t-il son intérêt dans son ton journalistique, se calquant sur son but qui s'est usuellement voulu informatif. Ainsi l'émotion n'y a pas occupé un grand carré, mais le lecteur reçoit souvent un choc de conscience en parcourant. L'auteur Mamadou Kassé, ancien rédacteur en chef central du quotidien "Le Soleil" et formateur au Cesti, a d'ailleurs subtilement mais brillamment étalé tous les genres journalistiques dans le texte. Les reportages sur le parcours des émigrés irréguliers et le pouls des villages, les interviews à observation directe dans les dialogues, les portraits saisissants et fort imagés des personnages et des cadres, les analyses, commentaires et chroniques sur les sujets et les comptes-rendus de faits font le rythme du bouquin.
REVERS
Faisant parler son expérience de chef des desks Santé, Éducation et Environnement au "Soleil", Mamadou Kassé a pertinemment dessiné des situations. Comme en présentant le revers du système LMD et en soulignant le drame écologique et l'agression de l'environnement qui gagne chaque jour ses mètres carré de dévastation depuis la sécheresse des années 1970. Poussant sa responsabilité plus loin, il chante les vertus du syncrétisme médicinal à travers les bienfaits de la quinine. Ceci, comme pour le prescrire la solution contre la Covid-19 ; cette maladie qui ne rejoint toujours le tableau de la malaria dans sa létalité en Afrique. Le livre expose aussi quelque peu une maîtrise sociale par le choix de noms traditionnels typiques, les mauvais points du mariage précoce et de l'excision, etc. En somme, l'expression d'un journaliste qui passe écrivain. L'écrivain qui est, tel que le conçoit Jean-François Somain (écrivain canadien), journaliste de l'éternel.
Mamadou Oumar KAMARA
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Pour son premier roman, Mamadou Kassé a choisi de raconter "Une si longue aventure". Ce roman, quelque peu documentaire, est un condensé de traitement de faits d'actualités arrangés dans un récit fictionnel qui interpelle plus les consciences que les émotions.
Le journaliste s'entiche toujours de l'actualité. Le journaliste Mamadou Kassé en donne la preuve par "Une si longue aventure", son tout premier livre paru en fin 2020 aux Éditions L'Harmattan Sénégal. Bien que d'un tissu fictionnel, son roman rend compte du contexte et des humeurs d'une certaine jeunesse désuvrée et frustrée, candidate obstinée à une émigration nourrie d'accablements sociaux et guidée par une folle soif de réussite. Hypothétique. Pathétique aussi, tel que le sont le personnage et la condition misérables de Mandoumbé autour desquels est construite la trame relatée sur 167 pages et en 27 chapitres.
Mandoumbé est l'un des ces jeunes, au lendemain du siècle 1900, violemment trahis de leur illusion d'un millénaire 2000 où l'or allait partout parer. La vie tumultueuse du bonhomme semble lui avoir été prédestinée. Lui dont la maman est décédée en accouchant de lui et dont l'aridité du temps et de l'économie agressait fiévreusement son environnement durant sa jeunesse. Il jurera par son âme de mériter la vie offerte par sa maman, Nogaye, au détriment de la sienne. Réussir pour cela mais aussi fuir l'"enfer" du décor de son village. Comme instruments de conscience, Mandoumbé puise aux malheurs mal cicatrisés des "atroces stigmates" du passé.
Cependant, sur un terrain trop peu fertile pour fructifier son courage et sa détermination, il tente l'émigration vers l'Europe ("le paradis") par la voie irrégulière. Sept mois d'odyssée malheureuse dans le Sahara ont durement suffi pour passer le mur pour l'Espagne, avec un groupe qui a compté ses morts et ses survivants mal lichés dont Mandoumbé et son compagnon Mandaw. Ces gus s'apercevront que les lanternes de l'Europe étaient en vrai des vessies.
GALÈRE
Convaincus par les tamponnements de la galère et sept mois de vadrouille en "eldorado", Mandoumbé consent à rentrer pour batailler et réussir au bercail. La plus sage décision, de l'avis de l'auteur. Une vadrouille pas si longue sur le temps mais étendue sur un flot de désillusions et d'échecs.
Le roman n'a rien d'inédit dans sa trame et ses lignes principales. Toutefois trouve-t-il son intérêt dans son ton journalistique, se calquant sur son but qui s'est usuellement voulu informatif. Ainsi l'émotion n'y a pas occupé un grand carré, mais le lecteur reçoit souvent un choc de conscience en parcourant. L'auteur Mamadou Kassé, ancien rédacteur en chef central du quotidien "Le Soleil" et formateur au Cesti, a d'ailleurs subtilement mais brillamment étalé tous les genres journalistiques dans le texte. Les reportages sur le parcours des émigrés irréguliers et le pouls des villages, les interviews à observation directe dans les dialogues, les portraits saisissants et fort imagés des personnages et des cadres, les analyses, commentaires et chroniques sur les sujets et les comptes-rendus de faits font le rythme du bouquin.
REVERS
Faisant parler son expérience de chef des desks Santé, Éducation et Environnement au "Soleil", Mamadou Kassé a pertinemment dessiné des situations. Comme en présentant le revers du système LMD et en soulignant le drame écologique et l'agression de l'environnement qui gagne chaque jour ses mètres carré de dévastation depuis la sécheresse des années 1970. Poussant sa responsabilité plus loin, il chante les vertus du syncrétisme médicinal à travers les bienfaits de la quinine. Ceci, comme pour le prescrire la solution contre la Covid-19 ; cette maladie qui ne rejoint toujours le tableau de la malaria dans sa létalité en Afrique. Le livre expose aussi quelque peu une maîtrise sociale par le choix de noms traditionnels typiques, les mauvais points du mariage précoce et de l'excision, etc. En somme, l'expression d'un journaliste qui passe écrivain. L'écrivain qui est, tel que le conçoit Jean-François Somain (écrivain canadien), journaliste de l'éternel.
Mamadou Oumar KAMARA